CHRISTIAN MOUSSET




Regardons 
les choses 
en farce



SKETCHES   SCENES


drôlatiques, décalés
quiproquos, contresens
comiques
désirs en désordre
Suivies de Tranches de Pensées

Préface du spectacle « Contresens »

Les mots ont un sens.

Détournés, retournés ou contournés,

les mots ont un contresens.

Des mots et des idées qui s’accrochent, bizarrement,

mais qui retrouvent parfois sens et raison

à des carrefours improbables.

Ou bien alors, des mots

qui n’en font qu’à leur tête,

à contre-pied,

en quittant l’autoroute et les sens uniques.

Ces textes choisis nous entraînent

dans des sentiers vagabonds.

L’esprit s’envole. L’imaginaire décolle.

Attachez vos ceintures!!

(Hugor Victo)

"L'intellect, ce maître du travestissement" (Nietzsche)

Les textes de ce livre ont, pour la plupart, été joués sur scène.

Ils ont fait l'objet de passages télés et radios.

MAGASIN DE SUJETS (2 personnages)

LUI.- (lisant l’enseigne d’un magasin):

SUJETION. MAGASIN DE SUJETS EN TOUT GENRE.

(Il entre dans la boutique).

VENDEUSE : Bonjour, monsieur!

LUI : Bonjour madame...

VENDEUSE : C’est à quel sujet?

LUI : Ben justement, je ne sais pas. je m’ennuie un peu en ce moment... Qu'est-ce que vous auriez comme sujet intéressant?

VENDEUSE: Toutes sortes de sujets, monsieur. Sujets de satisfactions, sujets de mécontentements, sujets à caution, sujets pour verbe et complément...

LUI : Et tout votre choix est là!

VENDEUSE: Eh bien c’est-à dire que non...Il y a aussi les sujets tabous mais je ne peux les montrer qu'en cabine privée.

LUI : Je sais pas trop... conseillez-moi... Un sujet de satisfaction?.

VENDEUSE : Oui, nous avons un catalogue... Prenez un sujet de mécontentement!

LUI : Un mécontentement? Comme par exemple l’indice du coût de la vie qui augmente... le pouvoir d’achat qui baisse...?

VENDEUSE : Ne prenez pas ça, vous allez les recevoir gratuitement.

LUI : Ah bon! C'est bien!... Non, je verrai plutôt un sujet de satisfaction....

VENDEUSE : Oui, c’est ce que tout le monde prend... c’est assez banal... Enfin, si je peux me permettre... un bon sujet de mécontentement... c’est pas mal.

LUI : Attendez. Je ne vous suis pas, vous dites un sujet de mécontentement ça satisfait, mais alors un sujet de satisfaction...

VENDEUSE : Ils déçoivent souvent, monsieur.

LUI : Comment ça, ils déçoivent? Admettons que je vous prenne une augmentation de salaire. ..là... C’est une satisfaction!

VENDEUSE : Une augmentation ? Accordée... mais vous êtes muté à Meaux, vous aurez 3 heures de transport par jour et vous serez viré si vous n’atteignez pas votre objectif.

LUI : Oui, heu... non...

VENDEUSE : Vous voyez! croyez-moi, un sujet de mécontentement peut vous procurer beaucoup plus de plaisir..

LUI : Comment ça... du plaisir dans le mécontentement?

VENDEUSE : D'abord, ça vous donne un motif pour être de mauvais poil, ça soulage, ça rejette sur les autres des raisons d’être mécontent de soi, ça peut vous donner de bonnes raisons pour ne rien faire, avec un bon mécontentement, on peut se faire craindre et donc se fait respecter et même éventuellement, ça peut vous faire gagner des procès... Le mécontentement est une source inépuisable variée...

LUI : Il y a quand même des sujets de satisfaction...

VENDEUSE : Ah, oui, bien sûr... vous savez... un bon sujet de satisfaction c'est généralement un sujet de mécontentement qui a raté.

LUI : (étonné) ...Un sujet de satisfaction c’est un mécontentement raté... Par exemple?

VENDEUSE: Par exemple, vous avez perdu votre portefeuille, avec tous les papiers, carte de crédit, permis de conduire, carte d’identité, argent liquide, etc....

LUI: Gros mécontentement.

VENDEUSE: Vous voulez vous rendre au commissariat pour faire une déclaration de perte ou de vol... Il se met à pleuvoir...

LUI: Ah, ben oui, il y a des jours comme ça où rien ne va.

VENDEUSE: Non!... Il pleut, vous allez sortir... (LUI ne comprenant pas où veut en venir la vendeuse)… Qu’est-ce que vous faites?

LUI: Je prends mon imper...

VENDEUSE: Et qu’est-ce que vous trouvez dans une poche de votre imper?

LUI: (Bafouillant de joie): Non! Non! Mon forte p...porte feuille...!Alors ça, c’est un gros sujet de satisfaction.

VENDEUSE : Quand l’accroissement du nombre de chômeur ralentit ou quand l’augmentation du prix du pétrole est moins importante que prévu... c’est formidable. Autre cas, dans la rue ou en voiture, vous avez une grosse envie de faire pipi. Impossible de trouver un endroit propice... si j'ose dire. Ça presse, c'est urgent,

LUI : Ah oui, je connais. C'est horrible.

VENDEUSE :Vous dansez sur place en remontant une jambe après l'autre. Ça vous prend à la gorge. Ça fait mal. Enfin vous apercevez un endroit, des toilettes ou dans un parking vous vous planquer derrière une voiture. Vous courrez, et là, et là, vous lâchez tout.

LUI : Ah !!!

VENDEUSE : C'est un jaillissement de bonheur qui vous étreint.

LUI : Ah oui, Ah oui, Ah oui !... C'est bon !...

VENDEUSE : Ou encore en entrant chez vous, vous découvrez qu'il y a une énorme fuite d'eau venant de l'étage au dessus inondant tout votre salon.

LUI : Oh, la cata !

VENDEUSE : Pas du tout ! Justement vous aviez décidé de faire des travaux dans votre salon, donc ?

LUI : Donc ? (ne comprenant pas)

VENDEUSE : C'est l'assurance qui va payer vos travaux... Ou, autre genre, quand on va au sport d'hiver, souvent, le bonheur c'est quand on retire ses chaussures de ski ! Alors là, hou, c'est bon !

LUI : Ah oui, que c'est bon ! Là c'est le pied.

VENDEUSE : Le mot est juste...

LUI : Donc les sujets de mécontentements, c’est ce qui « marche » le mieux... Et pourtant, admettons qu’un jour tout le monde soit content...

VENDEUSE : Impossible! Le mécontentement, c'est la base du système ... on l'entretient. Les gens satisfaits sont des gens qui n'ont besoin de rien. C'est pas bon pour les affaires.

LUI : Mais alors à votre avis qu’est-ce qu'il faut faire?

VENDEUSE : Qu’est-ce qu'il faut faire, pour quoi?

LUI : J'sais pas moi, ... pour être heureux?

VENDEUSE : Ah mais ça c'est pas mon problème, monsieur. Attention, je ne vends pas des solutions, je vends des sujets, un point c'est tout. Pour les solutions il y a des boutiques spécialisées... ça c'est pas mon rayon... et pour le bonheur il y en a (esquissant un signe de croix) en haut, en bas, à gauche, à droite.. partout...

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LUI : (s'apprêtant à sortir) J’y pense tout d’un coup... J'ai invité à dîner ce soir des gens qui m'ennuient... enfin, je suis obligé... Est-ce que vous auriez aussi des sujets de conversation?

VENDEUSE : Bien sûr, monsieur, Il y a différents modèles... vous avez le choix entre les sujets à thème ou les sujets dits “à bâton rompu"... Les sujets sensibles...

LUI : A baton rompu” c'est quoi?

VENDEUSE : Ce sont les idées reçues, les phrases toutes faites, les phrases à monter soi-même... en kit.

LUI : Les phrases toutes faites, c’est pratique?

VENDEUSE : Oui... la pluie, le beau temps, la politique, la télé, le foot. Par exemple, il y a celle-ci: “Que voulez-vous les gens sont bêtes à un point, c’est pas croyable” vous verrez, à tous les coups, quelqu’un enchaînera “ tenez, l’autre jour...” et là, il vous racontera une histoire sans intérêt. Ça marche très fort.

LUI: Cela dit, c'est vrai, les gens sont bêtes... avant-hier, j’ai rencontré quelqu’un qui me soutenait que la guerre en Ir... (réalisant qu’il est entré dans le mécanisme de la phrase).

VENDEUSE: Vous voyez? ça marche!

LUI: D'accord!

VENDEUSE: Alors, les phrases toutes faites ou à monter soi-même se glissent telles quelles dans la conversation, au moment d’un silence. Par exemple, vous avez “Tiens un ange passe” ou alors, pour relancer la conversation vous pouvez glisser “On a beau dire, la France c’est quand même un beau pays”... Ou bien, ça marche fort, ça : vous dîtes « 40/% ».

LUI : 40/%... de quoi ?

VENDEUSE : De rien. Juste 40/%. Comme ça ? Ça se glisse dans n'importe quel sujet. Dans presque tout on peut trouver 40/% ou presque : en matière grasse, en politique, en prélèvement obligatoires, en pollution, en sport... Pour les soldes, il y aura toujours quelqu'un qui enchainera : Attendez un peu, bientôt ce sera 50/%.

LUI: Vous êtes sûr ? Et si personne ne parle ?

VENDEUSE : Vous dîtes : « Quand je pense qu'il y 40/% des gens qui... utilisent leur smartphone en voiture, ou Ne partent pas en vacances... ou : Sont en sur poids ».

LUI : vous êtes sûre qu'il y a 40/% d'obèses ?

VENDEUSE : Non, mais on s'en fout, ça lance la discussion...

LUI : Mouais...

VENDEUSE : Vous pouvez prendre l'option, les émissions de télé,,, les films, « J'ai vu un truc à la télé, l'autre jour, c'était, heu..., avec heu... Ah !... comment il s'appelle déjà... on l'avait vu dans... il jouait avec...», là, ça peut durer un bon bout de temps... le temps qu'on trouve !

LUI : Oui, c'est bien: Et les phrases à monter soi même, C'est quoi ?

VENDEUSE : Les phrases à monter soi-même sont à adapter à la situation évidemment

LUI : Oh, là, c’est compliqué.

VENDEUSE : Mais non... comprenez-moi ... si on vous demande “Comment voulez-vous la viande? bleue, saignante ou à point”, vous n’allez pas répondre “Moi, je les préfère brunes petites et rigolotes”.

LUI : Oui! Et des idées reçues?... Qu’est-ce qui se fait en ce moment?

VENDEUSE : Heu (cherchant dans ses fiches. À adapter en fonction de l'actualité) « Les LGBT je ne suis pas contre mais faut pas exagérer ». « Le monde est dirigé par les américains et la Chine va nous envahir avec leurs produits...”, « Les trottinettes sont un problème...», «  Le smartphone est devenu indispensable... mais trop c'est trop», « A la télé les programmes sont de moins en moins bons », les réseaus sociaux sont dangereux pour les jeunes... etc...

LUI : Vous pouvez me faire un petit assortiment ?

VENDEUSE : Bien sûr, monsieur,

VENDEUSE : Ah j'y pensais pas, j'ai une phrase toute faite qui ira très bien pour votre dîner justement:

LUI : Ah bon, montrez-moi...

VENDEUSE : Heu... voici-.  « Bah! de toute façon, hein, Que voulez-vous... il fallait s'y attendre... depuis le temps... enfin, de toute façon, hein?... on n’y peut rien... c’est comme ça... c’est la vie... et puis, finalement, c'est peut-être pas plus mal ». Et vous reprenez au début: « Bah! de toute façon, hein, Que voulez-vous... il fallait s'y attendre... » vous pouvez répéter plusieurs fois, ça meuble...

LUI : Qu’est-ce que ça veut dire?

VENDEUSE : Rien, mais ça se place très facilement...Soit tout d'un coup, soit par petits bouts.

LUI : Très bien.

VENDEUSE : Je peux vous mettre aussi une ou deux phrases à monter soi-même, en kit...

LUI : J'ai pas bien compris ça...les phrases à monter soi-même; en kit. C'est pour se faire sa propre idée?

VENDEUSE: Ah non! Il faut être outillé pour ça, non, la phrase à monter soi-même, c’est une pochette contenant un sujet avec sa garnitures verbe, compléments et attributs divers... et qu’on peut monter de différentes manières.

LUI : C'est pas trop difficile à utiliser ce machin là?

VENDEUSE : Ce sont des éléments que vous montez de différentes manières. ça permet de s'adapter quasiment à n'importe quelle conversation. Par exemple ce kit sur les vacances, on peut faire: « Le problème des vacanciers en août, c’est que c'est plein partout » mais on peut faire aussi: « Partout en août, les vacanciers c'est plein de problème » ou bien « Le problème en août c'est que c'est plein de vacanciers partout » ou bien « Partout en plein août les vacanciers sont un problème ».

LUI : C'est pas mal,

VENDEUSE : oui... avec une base réduite, ça peut durer longtemps.

LUI : Vous avez autre chose comme ça?

VENDEUSE : Oui....  « Peut-on parler de rapport entre la diminution des naissances et le préservatif ».

LUI : Ça donne quoi?

VENDEUSE : « Peut on parler de diminution des rapports entre le préservatif et la naissance » ou bien: « Peut-on diminuer les préservatifs en parlant de naissance pendant les rapports ». « Peut-on diminuer les naissances en parlant de préservatif pendant les rapports ».

LUI : Bien... mettez moi le préservatif !

VENDEUSE: Pardon?

LUI : … Le thème... Bon, avec tout ça, je vous dois?

VENDEUSE : 50 €, monsieur.

LUI : Tenez !

VENDEUSE : Merci, au revoir monsieur et bonne soirée.

LUI : Ben, j'espère, bonne soirée, parce que avec 50€ de sujets, ça doit bien se passer.

VENDEUSE : Normalement oui, mais il y a toujours un petit coefficient personnel qui compte.

LUI : C’est quoi le coefficient personnel, vous ne m’en avez pas parlé!

VENDEUSE : Mais enfin c’est évident, pour que ça marche, il y a un apport personnel, le facteur humain.

LUI : Le facteur ?... Il n'a pas été invité, le facteur!

MINUTE DE SILENCE (interview)

JOURNALISTE: Il nous a paru intéressant de faire venir Mr. DUTILLEUL. Mr. Dutilleul, vous êtes président de l'A.M.S. l'Association pour la Minute de Silence. Vous préconnisez l'utilisation de règles pour l'observation de la minute de silence. Nous voudrions vous poser des questions à ce sujet.

DUTILLEUL: Oui, Observer une minute de silence. C'est très important. Moi, j'observe ceux qui observent cette minute sans son...

JOURNALISTE: et... Dalila... Pardon... Samson et Dalila.

DUTILLEUL: (surpris) Oui, pour Véronique Sanson et Dalida aussi,... J'observe les gens... voir comment on se comporte à ce moment là: grattements de gorge, regards furtifs, mouvements des mains. Visiblement tout le monde pense à autre chose...

JOURNALISTE: La minute de silence doit elle vraiment durer une minute?

DUTILLEUL: Absolument et j'entends protester contre la réduction scandaleuse du temps de silence dans la minute du même nom. Celle ci ne dure parfois que 20 secondes.

JOURNALISTE: Quelles mesures concrètes proposez vous contre cette réduction de la minute de silence?

DUTILLEUL: Eh bien par exemple, j'ai enregistré moi-même une minute de silence, qu'on peut télécharger, ou sur CD, même sur vinyle, à condition de la passer à bonne vitesse, bien sûr! Comme ça, on peut l'exécuter celle-ci en play back,

JOURNALISTE: Mais alors il n' y a rien sur votre enregistrement!

DUTILLEUL: Mais si! Il y a plusieurs ambiance: campagne avec des animaux de la ferme, en ville avec de la circulation, en bord de mer avec des muettes...

JOURNALISTE: Avec des mouettes... vous avez dit avec des muettes. Pour une minute de silence... c'est drôle.

DUTILLEUL: J'ai dit muettes... Vous êtes sûr.... Bon, donc la minute commence par: "Nous allons observer une minute de silence"... et au bout d'une minute, elle se termine par "Merci".

JOURNALISTE: Peut-on s'exercer à faire une minute de silence?·

DUTILLEUL: Oui; bien entendu, en jouant par exemple à: "Je te tiens, tu me tiens par la barbichette". Celui qui rit avant une minute reçoit une claque.

JOURNALISTE: Les ordres religieux qui ont la règle du silence, ne peuvent pas faire la minute de silence

DUTILLEUL: Pour eux exceptionnellement la minute de silence se remplace par une minute de parole.

JOURNALISTE: Et pour ceux qui sont muets?

DUTILLEUL: La minute de silence consistant à faire semblant d'être muet, les muets pendant la minute de silence feront semblant de parler.

JOURNALISTE: Et pour les mimes, que devront-ils faire?

DUTILLEUL: Comme ils ont déja le silence, ils n'ont plus qu'à mimer la minute. Par exemple, la trotteuse!

JOURNALISTE: Mais alors qui peut échapper à la minute de silence?

DUTILLEUL: Les porte paroles. Un porte parole qui observe une minute de silence commet une faute professionnelle. Il doit raconter ce qui ne se dit pas pendant une minute. Parler pour ne rien dire est assez fréquent.

JOURNALISTE: Puisqu'on dit que le silence est d'or et que le lingot est à 120.000 €, combien coûte la minute de silence?

DUTILLEUL: Rien,... la minute c'est du temps et le temps c'est de l'argent. Cet argent rembourse le prix du silence

JOURNALISTE: Mr. DUTILLEUL, pour bien observer une minute de silence faut-il un équipement spécial?

DUTILLEUL: Oui, des lunettes noires, pour éviter les regards éloquents.

JOURNALISTE: Une dernière question: Peut on rire pendant une minute de silence?

DUTILLEUL: Oui, quand il s'agit de la minute de silence pour ceux qui sont morts de rire. Je vous invite d'ailleurs à en faire une immédiatement.

DE PERE EN FILS

1 femme, un homme ou 2 hommes

L'UN: Alors, comme ça, monsieur, vous êtes fabricant?

L'AUTRE: Oui monsieur, effectivement, c'est ça, je suis fabricant!

L'UN: Ah bon! C'est bien... de fabriquer... (il attend que L'AUTRE.: lui en dise un peu plus... En vain... Un temps) Et vous êtes... sans vouloir être indiscret, vous êtes fabricant... heu... de...

L'AUTRE: Je suis fabricant de père en fils.

L'UN: Ah! d'accord...(la réponse n'est pas celle qu'il attendait. Gêné il se gratte la gorge, puis il ose enfin): De père en fils?

L'AUTRE: Oui de père en fils, oui, on est fabricant de père en fils.

L'UN: Ah! d'accord... c'est bien... ...et de quoi?...

L'AUTRE: De quoi, quoi?

L'UN: Vous êtes fabricant ?...

L'AUTRE: (Ne comprend pas la question)....!

L'UN: ...De... de quoi?

L'AUTRE: De père en fils, je vous l'ai dit!

L'UN: Oui, mais, bon, c'est bien, excusez-moi encore... !... de père en fils!... Dites-donc, hein?... Mais de quoi vous êtes fabricant... Vous fabriquez quoi depuis que vous êtes de père en... fils, enfin depuis si longtemps...

L'AUTRE: Comment ça depuis si longtemps?

L'UN: Eh bien, de père en fils... quand même...

L'AUTRE: Ah, ça ne fait pas longtemps, ça fait 2 ans...

L'UN: Et vous êtes quand même de père en fils?

L'AUTRE: Bien sûr!

L'UN: Il a fait vite votre père... enfin si je peux me permettre!

L'AUTRE: Mon père n'a rien à voir avec la fabrique! En fait, mon père, je ne l'ai pas connu. J'ai été élevé par mon beau père!

L'UN: Ah! Donc vous êtes fabricant de beau père à fils... de beau père à beau fils...!

(tous les 2 essaient de comprendre. Il réfléchissent)... Puisque c'est votre beau-père.. qui a... finalement... transmis en 2 ans... C'est quand même un rapide!

L'AUTRE: Mais mon beau-père, il n'a rien à voir!

L'UN: Mais cette entreprise a bien été transmise à quelqu'un de la famille?

L'AUTRE: Non, et comme je n'ai pas d'enfant, je la transmettrai à la fille de ma femme, ma femme a une fille, si elle veut continuer. Elle n'a que 8 ans, alors, vous savez!

L'UN: Donc vous serez fabricant de père à belle fille, si je comprends bien!

L'AUTRE: C'est ça, si on veut... de beau-père à belle fille...!

L'UN: Et donc votre belle-fille continuera, alors votre fabrique de... heu...

L'AUTRE: La fabrique de père en fils!

L'UN: (faisant comme s'il avait compris) Ah mais oui, c'est bête, c'est vrai... Donc, vous avez une entreprise de père en fils... Mais, elle ne vient pas de votre père et vous n'êtes pas le fils...

L'AUTRE: Voilà... Ah, si! Je suis le fils de mon père, mais je vous l'ai dit, on ne se connait pas!

L'UN: J'y suis!, en fait vous fabriquez des pères en fils!

L'AUTRE: C'est ça!

L'UN: Ah, voilà... Je n'avais pas compris... ... et... c'est quoi, des pères en fils?

L'AUTRE: Mais je n'en sais rien, moi... Mon beau père m'a dit : Tiens, il y a une fabrique de père en fils, qui marche bien et qui est à vendre... alors j'ai acheté!

L'UN: Ah... Donc, vous avez racheté une affaire où ils sont fabricants de père en fils.

L'AUTRE: C'est ça, Il y a un gestionnaire qui s 'en occupe.

L'UN : Mais maintenant c'est vous qui fabriquez ....qui fabriquez quoi ?

L'AUTRE: Heu !. C'est vrai, ça, il faudrait que j'aille y faire un tour... !

L'UN : Vous n'allez pas me dire que vous fabriquez des pères en fils.

L'AUTRE : (haussant les épaules) Fabriquer des pères en fils.

L'UN : Comme pour les Matriochka...les poupées russes.

L'AUTRE : C'est quoi ?

L'UN : C'est russe....

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