Marc-Antoine

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La pièce suit le parcours de Marc-Antoine à partir de la victoire en Gaule à Alésia. Sa relation avec Cléopâtre joue un rôle important dans l’intrigue.

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Liste des personnages (12)

Marc Antoine Homme • Adulte
Il s'agit du général de César et de l'époux de Cléopâtre qui a défié Octave
César Homme • Âgé
consul victorieux, empereur assassiné.
Cléopâtre Femme • Adulte
Magnifique reine d'Egypte
Octave Homme • Jeune
Fils adoptif de César. Jeune ambitieux
Paulus Homme • Adulte
serviteur de Marc Antoine
Ptolémée Homme • Adulte
roi d'Egypte
Sertor Homme • Adulte
esclave de César
Cynthia Femme •
esclave de Cléopâtre
Amasis Homme • Adulte
esclave de Ptolémée
Cassius Homme • Adulte
sénateur romain
Brutus Homme • Adulte
sénateur romain
devin Homme • Adulte
devin

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ACTE PREMIER

Scène première en Gaule

 

Marc Antoine, Paulus, Sertor, 

 

Une voix

Pendant que les oiseaux, par leurs chants amoureux,

Prouvent au monde entier combien ils sont heureux,

Et que, montrant le ciel, les platanes immenses

Interprètent sans fin leurs poétiques danses,

César, alors consul, dans cet endroit lointain,

Pour revenir vainqueur sur le mont Palatin,

Combat tous ceux qui sont à sa Rome rebelles,

Ayant douze légions à leur maître fidèles,

Comprenant des soldats, courageux et zélés,

Et des héros qui sont à tant d’héros mêlés,

Dont le plus distingué est, sans l’ombre d’un doute,

Marc Antoine, qu’alors chaque Gaulois redoute :

 

Marc Antoine

César, à Alésia, aurait besoin de moi.

Si j’étais ce héros, dont, je ne sais pourquoi,

Tout le peuple romain, dans sa candeur extrême,

Me targue d’être bien, j’irais, de ce pas même,

Courir à son secours. Néanmoins, mon humeur

Ne me pousse pas trop à jouer l’agresseur ;

Mais si, demain, le ciel, se recouvrant de brume,

Aura à la gaieté substitué l’amertume,

Peut-être verras-tu mon glaive meurtrier

Rapporter des combats la gloire et le laurier.

Aujourd’hui je dis non ; le soleil étincelle,

Il fait bon, l’oiseau chante, et la nature est belle.

 

Paulus

Il faudrait cependant, avant qu’il soit trop tard,

Que tu viennes aider l’impatient César

Pour qu’il dise à chacun qu’il te doit sa victoire,

Et que, dans le sénat, te recouvrant de gloire,

Devant tes ennemis, contraints à rester cois,

Il fasse aux sénateurs connaître tes exploits.

Si tu crains de mourir, tu peux toujours attendre,

Caché au dernier rang, sans devoir te défendre,

Que notre immense armée écrase les Gaulois

Et impose sur eux ses éternelles lois.

 

Marc Antoine

Tu as raison, Paulus. Allons, l’âme zélée,

Nous mêler aux assauts que livre notre armée,

Et que, me protégeant, le dieu Mars tout puissant

M’inspire son ardeur et son air menaçant…

 

Sertor

Marc Antoine, je viens hors du champ de bataille

Te dire que César a maté la canaille,

Et que son front vainqueur, avec le tien aussi,

Sera par le laurier dès demain épaissi.

 

Marc Antoine bas, à Paulus

Comment ?! il a osé mettre fin à la guerre

Sans avoir mon avis concernant cette affaire ?!

Pourquoi a-t-il fait ça ? Paulus, ne crois-tu pas

Qu’il a agi ainsi pour que je n’y sois pas,

Et que le peuple entier, soumis à son suffrage,

Moque ma lâcheté et vante son courage ?

Haut, à Sertor          

Sertor, noble Sertor, je disais à Paulus

À quel point il est doux d’entendre qu’il n’y a plus

D’ennemis dans la Gaule, et quelle chance a Rome

De pouvoir reposer sur un si puissant homme ;

Que, si Carthage avait César pour général,

Le sable couvrirait les plaines de l’Oural,

Que toutes les contrées, même dans mille années,

Seront par ses exploits de nouveau étonnées.

Sache, mon bon Sertor, que je suis très peiné

De l’avoir laissé seul la guerre terminer ;

Simplement, des gaulois, tenant une embuscade,

M’ont barré le chemin joignant son ambassade.

 

Sertor

Quoiqu’il en soit, César va bientôt arriver.

Tu t’en doutes, il est contre toi énervé.

Il veut savoir pourquoi il ne t’a vu te battre,

Depuis quand Marc Antoine a-t-il peur de combattre .

 

Scène II

César, Marc Antoine

 

César

C’est toi qui, aujourd’hui, devait me secourir,

Mais c’est moi qui vers toi suis contraint de venir.

 

Marc Antoine

César, je suis navré de t’avoir fait attendre,

Toi, le fils de Vénus, le rival d’Alexandre ;

Mais les choses parfois ne vont pas comme on veut,

Même lorsque l’on pense être l’égal d’un dieu.

Viens-tu donc me parler juste pour me maudire,

Ou bien as-tu, César, quelque chose à me dire ?

 

 

 

César

Sais-tu, illustre chef, que nous avons gagné ?

C’est moi, encor sonné, et de sang tout baigné,

Qui viens te l’annoncer, car il est impossible

Que tu saches que suite à un combat terrible

Nous l’avons emporté. Non, ton accoutrement

Est celui d’un flâneur profitant du moment,

Et qui peut-être même, esclave de ses vices,

S’est livré au plaisir et à tous ses caprices.

 

Marc Antoine

Un petit régiment de courageux Gaulois

S’est opposé à moi dans le fond de ce bois.

Je n'ai pas sur mon corps conservé de blessures,

Mais, dehors, tu verras plus de cent sépultures

Prouvant que mon discours n’est en rien mensonger,

Et qu’il est insensé pour toi de t’enrager.

De plus, tu sais combien mon âme t’est dévouée :

Tu m’as vu, devant toi, sous ma cape trouée,

Déposer à tes pieds des drapeaux d’ennemis

Que j’ai, grâce à ma force, en grand nombre soumis.

Te rappelles-tu quand, éprouvant mon courage,

Tu m’avais demandé d’amener d’une forge

Un tison enflammé, et, t’ayant pour témoin,

De le saisir tout chaud sans desserrer mon poing ?

Crois-tu, ayant jadis prouvé combien je t’aime,

Qu’aujourd’hui, par paresse, et par rancune même,

Je ne te suive plus ? Non, César, un méchant

Ne saurait se trouver au début attachant.

 

César

Si tu pouvais cesser de vivre dans l’opprobre,

D’être dans la journée au moins une heure sobre,

Les sculpteurs, dans le marbre, ayant gravé tes traits,

Feraient dans le Latium s’élever tes portraits,

Et, avides d’honneurs, de Rome les poètes

À tous rappelleraient dans leurs chants tes conquêtes.

 

Marc Antoine

Maintenant, César, dis-moi, que feras-tu ?

 

César

Prouver au monde entier ce que peut la vertu.

J’ai relu trop de fois les exploits d’Alexandre,

J’ai passé trop de temps de ma vie à apprendre,

Pour que, de mon côté, je me résolve enfin

À vivre comme un lâche en attendant ma fin.

Tout le peuple romain à gouverner m’appelle.

De sa constitution il se trouve rebelle.

Celle-ci ne peut plus tenir sur ses piliers,

Et ne produit, hélas, que meurtres par milliers.

Qu’il n’y ait qu’un seul consul qui gouverne sur Rome,

Qu’à son empire seul celle-ci se conforme,

Pour qu’elle cesse enfin, méprisant le sénat,

D’écouter un Marius ou un Catilina.

Me demandant enfin ce que je compte faire,

Je te réponds ceci : agir vite ; adversaire

Du temps et de nos lois, renverser le sénat,

Puis Pompée et Crassus, que le triumvirat

Soit ainsi balayé, et fonder un empire

Qui aille de la Gaule aux rives de l’Épire.

Moi, je prends le sénat, à me nuire obsédé

Toi, va voir Ptolémée, et dis-lui de m’aider.

 

Marc Antoine

Étant l’homme qui t’est, César, le plus fidèle,

À te servir encor je montrerai mon zèle ;

Et, j’irai, pour toi seul, jusqu’aux bords éloignés

De l’Égypte que j’ai de tout temps dédaignés.

 

 

 

 

 

 

Scène III

Paulus, Marc Antoine

 

Paulus

Voilà mon général qui revient de la guerre !

Alors, as-tu subi de César la colère ?

Ou un de ses projets, savamment médité,

As-tu patiemment tout ce temps écouté ?

 

Marc Antoine

César veut mettre fin à notre république,

Et imposer sur Rome un pouvoir tyrannique.

Il lui faut donc l’appui du roi égyptien,

Et il veut que je l’aide à établir ce lien.

 

Paulus

Et toi, que feras-tu ? Iras-tu en Égypte ?

Ou bien son injonction laisseras-tu sans suite ?

 

Marc Antoine

À mon avis, Paulus, il est devenu fou,

Mais cette folie-là rend capable de tout ;

Suivons-le, et voyons jusqu’à quelle limite

Celle-ci portera sa soif de réussite.

 

Scène IV en Égypte

Marc-Antoine, Paulus, Amasis

 

Marc Antoine

Paulus, je suis repu. Presque à chaque matin,

Devant mon lit royal, on amène un festin,

Composé, en amont, des plus exquis mélanges

Qu’un homme peut goûter dans ces contrées étranges.

D’au moins un petit mois, sans trop exagérer,

Je souhaiterais vraiment ce séjour prolonger.

Et toi, Paulus, dis-moi, combien de jours encore

Puis-je rester avant que l’on me déshonore ?

 

Paulus

Trois jours ; après, César sera furieux,

Et, débarquant ici, fera de tout son mieux

Pour châtier l’ingrat qui veut tromper son maître.

Mais, toi, dis-moi comment cet homme a pu permettre

À toi, qui es si vain et si capricieux,

De tenir dans tes mains des fils aussi précieux.

 

Marc Antoine

Au fond, je ne sais pas. Se promenant dans Rome,

Il pourrait y croiser tout de suite un jeune homme,

Ayant fait comme moi son cursus honorum,

Et digne de l’aider à prendre l’imperium.

À mon avis, il croit que mon âme est pourvue

D’une ténacité que personne n’a vue.

Mais en réalité, ainsi que chacun sait,

De chaque vice humain j’ai fait le sûr essai ;

Je suis un orgueilleux, un fou, un irascible,

Qui cherche à éviter toute tâche pénible ;

Un homme fatigué qui ne demande aux jours

Que le moyen d’avoir des plaisirs pour toujours.

Mais peut-être que c’est grâce à cette maxime,

Que cet homme si dur a pour moi de l’estime.

 

Paulus

Je ne le pense pas. Pourtant, pour être franc,

L’estime qu’il te porte en tous points me surprend.

 

Amasis

Antoine, notre roi te convie à te rendre

Dans son appartement. Il ne saurait attendre…

 

 

 

 

 

 

Scène V

Ptolémée, Marc Antoine

 

Ptolémée

Depuis dix jours déjà, profitant du palais,

Tu séjournes ici aux dépends de mes frais,

Antoine, mais dis-moi, maintenant, je t’en prie,

Quel message secret t’a confié ta patrie.

 

Marc Antoine

Ptolémée, O grand roi, pharaon si puissant,

Je voudrais de bon cœur te confier à l’instant

Ce mystérieux secret, mais, dans ta grande salle,

Un espion entendrait ce que je te dévoile.

 

Ptolémée

Antoine, tu le sais, dans mon appartement,

Tu peux, comme il te plaît, t’exprimer librement.

Aucun espion caché n’entendra ton message.

Allez, dis la raison qui cause ton passage.

 

Cléopâtre

Oui, dis-la-nous...

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