Les Touristes

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Deux touristes débarquent dans la villa qu’ils ont louée pour les vacances  dans un pays du Maghreb, en promo après sa récente révolution. Mais la maison est déjà occupée par un autre couple…

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Liste des personnages (4)

Maurice Homme • Adulte • 172 répliques
Delphine Femme • Adulte • 205 répliques
Patrick Homme • Adulte • 176 répliques
Brigitte Femme • Adulte • 163 répliques

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Acte 1

La terrasse d’une villa quelque part en Afrique du Nord. Une table de jardin. Quelques chaises. Deux transats. Maurice et Delphine, un couple de bobos parisiens, arrivent, fourbus. Maurice tire derrière lui une valise à roulettes Vuitton.

Delphine – Ce n’est pas trop tôt… Vingt minutes de l’aéroport, tu parles !

Maurice – En hélicoptère, peut-être…

Delphine – Pas avec une de ces bétaillères qu’on appelle ici un autobus, en tout cas… Je t’avais dit qu’on aurait dû prendre un taxi !

Maurice – Reconnais que c’était assez pittoresque…

Delphine – Pittoresque ? De voyager entassés avec tous ces gens dans ce fourgon à bestiaux ? J’ai l’impression de sentir encore la chèvre...

Maurice – Je ne sens rien.

Delphine – Ils auraient au moins pu nous prévenir que c’était un omnibus… Deux heures pour venir jusqu’ici…

Maurice pose la valise et admire le paysage.

Maurice – On est arrivés, c’est le principal ! Et la vue est magnifique. Regarde !

Delphine regarde à son tour et esquisse un sourire, avant de se rembrunir.

Delphine – Où est la mer ? Sur le site, c’était marqué terrasse avec vue sur la mer !

Maurice cherche désespérément, et trouve enfin.

Maurice – Ah, si, là-bas…

Delphine – Je ne vois rien… Où ça ?

Maurice – Mais si ! Tout à fait à gauche. Entre les deux chameaux…

Delphine – Ah, oui… En se penchant un peu, avec de bonnes jumelles…

Maurice (avec un geste tendre) – Allez… L’important, c’est qu’on soit ici… Ensemble… Pour notre deuxième lune de miel…

Delphine (se radoucissant) – Tu as raison… Dix ans de mariage, tu te rends compte ? Si c’était à refaire, tu le referais ?

Maurice – Les yeux fermés !

Delphine – Et les yeux ouverts ?

Maurice – Tu vas voir, je suis sûr qu’on sera très bien ici… En tout cas, ce sera toujours plus confortable que le terminal low cost de l’aéroport de Beauvais…

Delphine – Onze heures de retard… Nourris avec des sandwichs avariés. C’est vraiment du racket. Ils te refilent une intoxication alimentaire avant d’embarquer, et dans l’avion même les sacs en papier pour vomir sont en supplément.

Maurice – Au moins, comme ça, on est déjà vaccinés contre la turista...

Delphine – Et dire qu’on a dû bourrer toutes nos affaires dans une seule valise pour éviter de payer un bagage en plus…

Maurice – On voyage plus léger ! Je suis sûr qu’autrement, on aurait emmené des tas de trucs inutiles.

Delphine – Sache qu’une femme n’emmène jamais rien d’inutile dans ses bagages. Tu confonds l’inutile avec le superflu, qui est absolument indispensable au bonheur de toute femme. Surtout pendant les vacances.

Maurice – Et puis les Seychelles, avec Air France et en hôtel club, franchement… C’est un peu cliché, non… ?

Delphine – C’est là où on a passé notre première lune de miel !

Maurice – Justement ! À l’époque, les Seychelles, c’était encore l’aventure. Maintenant, c’est tellement surfait...

Delphine – Pour notre anniversaire de mariage, ça ne m’aurait pas dérangée de faire dans le conventionnel.

Maurice – Et puis là, au moins, on soutient les mouvements de libération dans le Maghreb… Tu as vu tous ces panneaux électoraux fleurir un peu partout ? Ce vent de démocratie qui souffle sur le pays ?

Delphine  – Oui, enfin… Passer ses vacances dans une villa avec piscine pour relancer le tourisme après la révolution… J’espère que tu ne te prends pas pour Che Guevara, quand même…

Maurice – N’empêche que si tout le monde optait pour des vacances solidaires...

Delphine – Ce n’est pas une démocratie, Les Seychelles ?

Maurice – Je ne sais même pas si c’est vraiment un pays…

Delphine – À qui ça appartiendrait, alors ?

Maurice – À un tour-operator, peut-être.

Ils jettent un coup d’œil autour d’eux.

Delphine – Bon… Qu’est-ce qu’on fait ? On attend que quelqu’un arrive ?

Maurice – C’est ouvert, regarde.

Delphine – Je pensais que le propriétaire serait là sur la terrasse pour nous accueillir, en costume folklorique, assis sur un tapis d’orient, avec du thé à la menthe… Où est passé le légendaire sens de l’hospitalité dans les pays arabes ? Je te dis, la révolution, ça n’a pas que du bon. Les vieilles coutumes se perdent…

Maurice – Ça prouve au moins qu’il n’y a pas de problème de sécurité. À Paris, si on laissait notre porte ouverte comme ça… On ne retrouverait même pas la porte…

Delphine – Allons voir à quoi ça ressemble à l’intérieur… Je ne rêve que d’une chose, c’est de prendre une douche et de changer de vêtements…

Maurice – Moi aussi.

Ils entrent dans la maison en tirant leur valise… Aussitôt après, un autre couple arrive sur la terrasse, plutôt beauf, celui-là. Patrick est vêtu d’un short et d’un tee-shirt publicitaire. Brigitte, sexy tendance vulgaire, est habillée d’un paréo assez voyant. Patrick porte un parasol replié ainsi qu’une radio et Brigitte une glacière.

Patrick – Heureusement qu’on avait emmené le parasol et la glacière, parce que ça tape au bord de la piscine… Je me rincerais bien la glotte, moi. Tu n’as pas soif, Bébé ?

Brigitte – Je boirais la mer et ses poissons… (Ils s’installent dans les transats, et Brigitte allonge la main vers la glacière qu’elle a posée à côté d’elle) Qu’est-ce que tu veux, Patou ?

Patrick – Une petite mousse, tiens, ça me fera du bien…

Elle lui passe une cannette, et se sert un Coca Light.

Brigitte – C’est la dernière, il faudra en racheter.

Patrick – Déjà…

Brigitte – Tu en as bu combien, depuis ce matin ?

Patrick – Quand on aime, on ne compte pas… Tu crois qu’on trouve de la bière, ici ?

Brigitte – De la bière sans alcool, peut-être.

Patrick – Non ?

Brigitte – C’est des Musulmans.

Patrick – Je me demande si on n’aurait pas mieux fait de repartir sur la Costa Brava…

Brigitte – La Costa Brava… C’est devenu très snob, non ?

Patrick – En tout cas, c’est devenu très cher.

BrigitteTu trouves ?

Patrick – C’est encore plus cher qu’en France maintenant !

Brigitte – Sans parler de la sécurité… L’année dernière, on nous a forcé la portière de la bagnole dans une station-service juste après la frontière, et on nous a volé tous nos bagages.

Brigitte – Ouais... Il faisait une chaleur sur la route... J’étais partie de La Courneuve en paréo et toi en bermuda. Total, en arrivant là-bas, on n’avait plus rien à se mettre.

Patrick – C’est vraiment ce qui s’appelle se retrouver en calbute.

Brigitte – Il a fallu que je me refasse une garde-robe sur place, tu te souviens ?

Patrick – Notre compte en banque, en tout cas, il s’en souvient.

Brigitte – Non, la Costa Brava, ce n’est...

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