Henri V appel au combat
L'appel héroïque au combat.
Le roi Henri V
Allons, encore une fois à la brèche, chers amis, encore une fois : emportez-la d’assaut, ou comblez-la de morts. Dans la paix, rien ne sied tant à un homme que la modeste douceur et l’humilité ; mais lorsque la tempête de la guerre souffle à nos oreilles, alors imitez l’active fureur du tigre : roidissez vos muscles, réveillez tout votre sang, défigurez vos traits naturels sous ceux d’une rage farouche, prêtez à votre œil un aspect terrible ; qu’il sorte de son orbite, comme le canon d’airain ; que votre sourcil l’ombrage et inspire autant d’effroi qu’un rocher ruiné, qui semble rejeter sa base minée par le sauvage et pernicieux Océan ; montrez les dents, ouvrez de larges narines, contenez votre haleine, et tendez tous vos esprits jusqu’à leur dernier effort. Courage ! courage ! nobles Anglais, dont le sang découle d’aïeux à l’épreuve de la guerre, d’ancêtres qui, comme autant d’Alexandres, ont, dans ces contrées, combattu depuis le soleil naissant jusqu’à son coucher, et n’ont reposé leurs épées que lorsque les ennemis leur ont manqué. Ne déshonorez pas vos mères : prouvez aujourd’hui que ceux à qui vous donnez le nom de pères vous ont réellement engendrés ; servez de modèle aux hommes d’un sang moins noble, et enseignez-leur à combattre. Et vous, braves milices, dont les membres ont été formés dans l’Angleterre, montrez-nous ici la vigueur du sol qui vous a nourris : faites-nous jurer que vous êtes dignes de votre race. Et je n’en doute point ; car il n’en est aucun de vous, quelle que soit la bassesse obscure de sa condition, dont je ne voie les yeux briller d’un noble feu. Je vous vois tous ardents comme le chien à la laisse, qui n’attend que le signal pour s’élancer. Eh bien, la chasse est ouverte : suivez l’ardeur qui vous emporte, et, dans l’assaut, criez : Dieu pour Henri ! Angleterre et Saint-George !