CÉLINE (hésite entre deux rouleaux de papiers peints qu’elle déroule, indécise, l’un après l’autre contre le mur) - Alors, celui-ci… ou bien celui-là ? (Caro entre sur scène, la mine décomposée.) Ah ! tu tombes bien… À ton avis, tu préfères celui-ci… ou bien celui-là ? Alors, lequel tu préfères ? Hein ?

CARO (pleurnichant) - Aucun des deux…

CÉLINE - Bon ! Je ne pensais pas que cette question allait t’embarrasser autant ! Si aucun des deux ne te plaît, eh bien, j’y mettrai un coup de peinture, voilà tout ! C’était une question, juste une petite question de rien du tout. Tu vois, le problème c’est que cette porte donne sur la cuisine qui est rose avec un carrelage vert et j’voudrais pas tout dépareiller.

CARO - T’as qu’à la fermer la porte !

CÉLINE - O.K. ! Très bien, j’ai compris ! Si mes projets de finition ne t’intéressent pas, je ne vais pas t’ennuyer plus longtemps avec ça. Mais faudra pas me reprocher après d’avoir eu mauvais goût ou quelque chose dans ce genre ! Alors de quoi veux-tu qu’on parle ? Si tu es passée me voir comme ça à l’improviste, avec une humeur de chien, c’est sûrement que tu as quelque chose de la plus haute importance à me dire, n’est-ce pas ? Je t’écoute, je suis tout ouïe…

CARO - Pourquoi la vie est parfois aussi injuste ?

CÉLINE - C’est pas un sujet de philo, ça ? J’y suis, tu t’es mise à la philo et ça te retourne le cerveau !

CARO (se laissant choir sur un tabouret) - Il m’a quittée !

CÉLINE - Qui t’a quittée ?

CARO - Jérémy !

CÉLINE - Qui c’est, ce Jérémy ?

CARO - L’homme de ma vie !

CÉLINE - L’homme de ta vie ? Ça commence mal !

CARO - Pourquoi tu dis ça ?!

CÉLINE - L’homme de ta vie qui t’a quittée, ça commence mal ! Disons que c’est mal engagé ! (Caro se remet à pleurnicher de plus belle.) T’es vraiment à la ramasse ma pauvre !...

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