Ma femme est parfaite

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Une femme parfaite ! Cela existe, mais pour l’homme qui l’a découverte, c’est une difficile situation à assumer. Pourquoi ? Parce qu’il a trois autres femmes dans sa vie, qui, bien sûr n’acceptent pas la quatrième et vont se liguer pour chasser “La Femme Parfaite”. Un duel explosif va naître, surtout qu’un autre homme entre en jeu dans cette folle aventure.

Pièce jouée au Théâtre des Nouveautés à Paris en 2008.

“Une comédie de boulevard dans la bonne tradition française.” FIGAROSCOPE

“Jean Roucas dépassé est toujours drôle… La pièce fait rire !” FRANCE-SOIR

“Les comédiens s’en donnent à cœur joie dans cette comédie déjantée.” MATIN PLUS

“Un grand éclat de rire !” FIRST CLASS

“Jean Barbier a du métier et il sait construire une intrigue ! Une comédie pour passer un bon moment.” FIGARO MAGAZINE

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Prologue

 

Musique. Alain Romilly entre et va au bar. Il se sert un verre, boit, et éteint la musique. Il se saisit de l’oreillette du téléphone et compose un numéro.

Alain (au téléphone) - Allô ! Sylvie ?… C’est Alain… Tu vas bien mon chou ?… Oh ! coquine ! Tu me rends fou… Je ne pourrai jamais attendre jusqu’à vendredi… Toi non plus ?… Arrête ! Tu es seule au moins ?… Bon… Alors écoute, demain, j’ai un petit trou dans mes rendez-vous et à quinze heures… Oui, trois heures de l’après-midi… Ça va être merveilleux ! Mais attention, quinze heures juste, sois précise. Pas avant, pas après… Je t’adore… À demain. (Il raccroche avec soulagement, soupire, reste un instant pensif puis recompose un nouveau numéro.) Allô ! Sylvie ?… Oh ! excuse-moi ! Pourquoi Sylvie ? Je me le demande… Mais oui mon amour, ma chère Martine, je ne connais pas de Sylvie… Oui, sur ta tête ! Tu penses, une Sylvie dans ma vie ! C’est complètement idiot !… Oui, j’ai un contretemps, ce n’est pas possible… Ne pleure pas… Et éloigne-toi de l’appareil quand tu te mouches ! Mais demain, à quinze heures et trente minutes… Pourquoi trente ? Parce que avant j’ai un rendez-vous… Je t’expliquerai… Ne sois pas en retard, mais pas en avance non plus… Tu verras, c’est la surprise… Je t’embrasse comme je t’aime ma petite Martine. (Il raccroche.) Il faut que je me surveille, j’ai des baisses de tension. Confondre Sylvie et Martine, c’est débile. Bon, allons-y pour la troisième. (Il compose de nouveau un numéro de téléphone.) Allô ! Élisabeth ?… C’est Alain… Oui, je sais, je n’aurais pas dû… Excuse-moi mais je voulais te parler. Tu es seule ?… Écoute, c’est pour jeudi… Non, ce ne sera pas possible. Par contre, demain… Je sais Élisabeth, demain ce n’est pas jeudi. Je sais, je sais… Oui, de l’imprévu… Mais enfin Élisabeth, je n’ai pas dit que… Non ! C’est toi qui viens… Mais je… Alors comme ça… (Il pose l’oreillette, énervé, et boit.) Parle toute seule. (Après un instant, il reprend soudainement l’oreillette.) Oui, tu as raison, comme d’habitude !… Alors, d’accord pour demain ?… Mais attention, à seize heures pétantes… Comment ça « ne sois pas vulgaire » ? Seize heures pile si tu préfères… Oui, quatre heures de l’après-midi… Ne viens pas plus tôt !… Parce que j’ai à faire… D’accord… Oui chérie… Oui chérie… Au revoir… Comment tu dis ?… Baisers tendres et profonds… (Il raccroche, soulagé.) Demain, la journée sera rude mais la liberté est au bout. À demain mes trois chéries, à demain !

Il rallume la musique et sort vers la chambre.

 

 

Acte 1

 

On entend une sonnerie. Alain entre et va à l’interphone.

Sylvie (à l’interphone) - Bonjour, c’est moi !

Alain - C’est toi, Sylvie ? Entre.

Sylvie pénètre dans le salon telle une tornade.

Sylvie - Mon chéri, dans mes bras ! Quelle chance j’ai, quelle chance tu as, enfin quelle chance nous avons… Serre-moi fort ! Quatre jours sans toi, c’est atroce, c’est insupportable. Je deviens folle, depuis vendredi mon corps est en hibernage.

Alain - Hibernation !

Sylvie - Pourquoi ?

Alain - Parce que l’on dit « hibernation ».

Sylvie - Si tu veux, mais depuis vendredi mon corps se glace. J’ai quatre cent trente-deux mille secondes sans tendresse et ça, je ne le supporte pas.

Alain - Et ton mari ?

Sylvie - Il est à Bagdad, en Iran.

Alain - Irak !

Sylvie - Comment ?

Alain - Je dis Irak parce que Bagdad c’est la capitale de l’Irak.

Sylvie - Si tu veux, mais ça ne change rien au problème. Mon mari ne fait que de courts passages à la maison et lorsqu’il revient de voyage il n’a pas particulièrement la forme. Tu vois ce que je veux dire ?

Alain - Je vois très bien. C’est là que je deviens opérationnel, je pallie !

Sylvie - Tu ne te sens pas bien ?

Alain - Mais si ! Je veux dire que je pallie les absences prolongées de ton mari. En quelque sorte, je fais l’intérim.

Sylvie - C’est ça.

Alain - C’est flatteur… Il rentre quand ton mari ?

Sylvie - Demain, pour vingt-quatre heures. Et après la Russie, les bords de la Vodka.

Alain - Volga, c’est de l’eau, ce n’est pas de l’alcool. On ne dit pas « les bateliers de la Vodka », mais « de la Volga ».

Sylvie - N’importe comment, tout ça c’est russe.

Alain - Il voyage beaucoup ton mari ?

Sylvie - Il n’arrête pas, pour vendre ses pelleteuses, ses bulldozers et ses excavatrices. Il passe ses jours et surtout ses nuits en Boeing. Il est plus souvent avec les hôtesses de l’air qu’avec sa femme. Et moi, tu me connais, j’ai besoin d’un homme. Déjà toi, une fois par semaine et ce n’est pas toujours un feu d’artifice !… Il va falloir que je me trouve un autre amant pour faire le relais.

Alain - J’allais te le proposer.

Sylvie - Alain, mon chéri, tu n’y penses pas ! Je plaisante. Je t’aime et je te veux.

Alain - Justement, je ne pense qu’à ça.

Sylvie (lui tapant sur les fesses) - Ah ! bravo ! C’est comme moi, je ne pense qu’à ça.

Alain - Non, tu ne m’as pas compris. Lorsque tu me proposes de prendre un autre amant, je te réponds : « je ne pense qu’à ça ».

Sylvie - Tu es malade… Oui, c’est ça. Le pauvre chéri ! Il est malade et sa petite Sylvie ne s’en rend même pas compte… Oh ! la vilaine ! Vilaine, vilaine, vilaine ! Pardonne-moi mon chéri… Aujourd’hui, tu vas te reposer. Je vais être sage… Je me sacrifierai… Je vais te soigner… Te donner des fortifications.

Alain - Quoi ?

Sylvie - Des fortifiants ! Tu veux du yaourt ? C’est très bon pour ce que tu as, avec du poivre. Tu vas voir, je vais être une merveilleuse infirmière. Je vais te masser un peu le dos, tu veux ? (Elle se fait chatte et cherche à lui retirer sa chemise.)

Alain - Non, Sylvie, arrête. Au fait, ton mari, il ne pourrait pas vendre ses engins dans la région parisienne ?

Sylvie - Ça ne changerait rien, il n’est pas tellement porté sur la chose.

Alain - Quelle chose ?

Sylvie - La chose, quoi !…

Alain - Ah ?

Sylvie - Lui, ce qu’il aime, ce sont les gros moteurs, les grosses chenilles, les gros roulements à billes.

Alain - Mais pas les gros… ?

Sylvie - Non, ça le laisse de marbre. Ce n’est pas comme toi, mon chéri. Viens, je vais te masser les poivrières.

Alain - Les poivrières ? Ah ! tu veux dire les salières !

Sylvie - Je te masserai ce que tu voudras. Approche-toi un peu, grand méchant loup…

Alain - Non, Sylvie, je t’assure, il faut trouver une solution.

Sylvie - C’est ça.

Alain - Non, ce n’est pas ça.

Sylvie - Tu ne sais pas ce que tu veux.

Alain - Si, je veux te rendre à ton mari.

Sylvie - Pour quoi faire ?

Alain - Parce qu’il est normal qu’un jour ou l’autre, une femme revienne à son mari. C’est logique.

Sylvie - C’est peut-être logique, mais moi, je ne marche pas.

Alain - Je le regrette, Sylvie, mais nous deux, ce n’est plus possible.

Sylvie - Je ne te plais plus ? Tu deviens impuissant ?

Alain - Pense ce que tu veux, mais restons-en là.

Sylvie - C’est-à-dire ?

Alain - Prends un autre amant, mais en ce qui me concerne, nous deux, c’est terminé.

Sylvie - Tu as une autre maîtresse ?

Alain - Non, bien sûr que non !

Sylvie - Alors, qu’est-ce que tu as ? Tu n’es pas malade, tu n’as pas de maîtresse… Tu aimes les hommes !

Alain - Tu es folle ! Tu sais bien que ce n’est pas cela.

Sylvie - Mais alors qu’est-ce que c’est ?!

Alain - Tu me demandes si j’ai une autre maîtresse ?

Sylvie - Oui, et tu me réponds « non ».

Alain - C’est exact : je n’ai pas une maîtresse, j’en ai trois.

Sylvie - C’est impossible, tu rigoles, je te connais.

Alain - Je t’en prie !

Sylvie - Je ne te crois pas.

Alain - C’est pourtant la vérité.

Sylvie - Prouve-le.

Alain - Je vais le faire.

Sylvie - Quoi qu’il en soit, je peux fermer les yeux dès l’instant où tu n’as pas de défaillances avec moi.

Alain - Oui, mais moi je suis surmené et ton appétit me tue, alors j’ai décidé de prendre un peu de repos : je les supprime toutes.

Sylvie - Toutes quoi ?

Alain - Mes maîtresses.

Sylvie - Mon pauvre chéri, qu’est-ce que tu vas devenir ?

Alain - Je m’assumerai.

Sylvie - De deux choses l’une : ou tu deviens pédé et tu ne t’en rends pas compte, ou ta virilité a passé l’arme à gauche.

Alain - Je veux prendre des vacances et me consacrer à un seul amour.

Sylvie - Je n’y comprends plus rien.

Alain - Ça ne m’étonne pas.

Sylvie - Il est fou !… Mon chéri, je vais te soigner. J’ai du cœur, moi. Tu fais une déprime, je ne te laisserai pas te névroser, je vais abandonner mon mari et venir vivre avec toi.

Alain - Non !

Sylvie - Mais si ! Comme ça, tu m’auras toujours sous la main.

Alain - C’est impossible, j’ai deux autres femmes dans ma vie.

Sylvie - Mais oui mon chéri, c’est vrai. Tu es en quelque sorte polygame, tu as un harem avec des eunuques, tu tapes dans tes mains et les moukères viennent dans ton lit, tu es mon grand Truc…

Alain - Turc !

Sylvie - Si tu veux… Et je suis une de tes esclaves… Mon émir chéri veut-il que je brûle de l’encens et que je lui fasse la danse du ventre ?

Elle tente de le charmer en faisant la danse du ventre.

Alain - Arrête, ça suffit ! Tu ne me crois pas ?

Sylvie - Mais si, mais si…

Alain - En principe, dans quelques minutes, je te présenterai Martine, ma seconde maîtresse.

Sylvie - Bien sûr Alain, je serais ravie de la connaître.

Sonnerie.

Alain - Tu vas être ravie sur-le-champ. La voici.

Sylvie - Allez, va ouvrir. (Nouvelle sonnerie.) C’est peut-être le facteur.

Martine (à l’interphone) - Bonjour, c’est moi !

Martine entre.

Alain - Sylvie, je te présente Martine, ma maîtresse. Martine, je te présente…

Sylvie - Martine ! Qu’est-ce que tu fais ici ?

Martine - Et toi ? Si je m’attendais !

Alain - Vous vous connaissez ?

Sylvie - On peut le dire.

Martine - C’est ma belle-sœur.

Sylvie - Nos maris sont les deux frères.

Alain - Ah ! bravo ! Belle famille, belle mentalité !

Martine - Je t’en prie, pas de moralité.

Sylvie - Martine a raison. Maintenant tu te tais et tu t’expliques.

Alain - Comment veux-tu que je m’explique en me taisant ?

Martine - Il a raison, laissons-le parler.

Alain - J’ai trois maîtresses et j’en ai marre. J’ai décidé de clarifier la situation et de rompre en série.

Sylvie - À la chaîne, en somme.

Alain - Oui. Ma situation est devenue trop compliquée, je suis obligé de vous numéroter. Toi, Sylvie, tu portes le numéro deux puisque tu viens le vendredi. Et toi, Martine, ma puritaine et rougissante petite camarade d’oreiller, tu portes le numéro trois puisque tu viens le samedi. Quant à Élisabeth, je l’ai portée en première position, si je puis dire, puisqu’elle vient le jeudi.

Sylvie - Tu veux renouveler le stock, on liquide et on s’en va.

Martine - J’ai beaucoup de chagrin, Alain. Je suis une femme fragile et sensible.

Sylvie - Il s’en fout. Alors ma chère Martine, tu as un amant ? Ça, je ne l’aurais jamais cru. Toi si réservée…

Alain - Pas à son mari en tous les cas.

Martine - Je t’en prie, je suis très malheureuse de savoir que tu me trompes. Je souffre.

Alain - Reviens à ton mari.

Martine - Oui… Mais Henri n’aime que la musique. Il passe presque toutes ses soirées aux concerts...

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