Prologue
H-45 Ouverture des portes au public – scènes en pénombre (15-20%) – Lumières décor
au noir.
H-15 Scènes, montée des lumières progressive à 100% en 5’.
H-10 Mise en vie principalement silencieuse des scènes avec les
comédiens/comédiennes et figurants. Les déplacements se font de jardin à cour ou
inversement selon les possibilités des coulisses et les personnes disponibles. Une
personne peut tenir plusieurs rôles pour autant que son habillement et ses
attitudes changent.
Avec : 3 cyclistes.
2 garçons partant à l’école.
1 garçon courant après une petite fille en la chicanant.
2 petites filles partant à l’école en jouant.
Un homme promenant son chien (pipi contre le candélabre !)
Un homme avec mallette partant au travail.
Une femme avec une poussette.
Une femme marchant téléphone à l’oreille.
Un facteur passant de maison en maison.
Un balayeur
Etc.
Heure H Début du spectacle.
Scène 1
Fin du prologue, plus personne sur scène sauf M’sieur Albert sur sa terrasse terminant son installation. Comme durant le prologue, M’sieur Albert semble chercher quelque chose ou quelqu’un de part et d’autre de sa terrasse.
M’sieur Albert Bizarre…
Il retourne à ses occupations puis revient chercher…
M’sieur Albert Vraiment bizarre…d’habitude ils sont là ?
Lucienne sort de chez elle en se débarrassant de la poussière ramassée à l’intérieur. Elle remarque M’sieur Albert et tout en inspectant son immeuble se dirige vers lui.
Lucienne Bonjour M’sieur Albert, la forme ?
M’sieur Albert Salut M’dame Pinson, oui, oui ça va, ça va. Dites-donc, vous ne les avez pas vu ce
matin ?
Lucienne Pas vu quoi ? Je suis debout depuis cinq heures, alors j’ai déjà vu pas mal de
choses. Tenez, Madame Truffaut est parti une demi-heure plus tôt que d’habitude, curieux non ? Tous les matins, elle sort de chez elle à sept heures, et bien là elle franchissait le seuil de la porte à six heures trente ; je me demande ce que cela cache ?
M’sieur Albert Sans doute quelque chose de très important, peut-être même de grave, un drame
ou alors un rendez-vous.
Lucienne Un rendez-vous ? A six heures trente du matin ? C’est ce qui s’appelle être matinale.
Ca m’étonnerait, depuis qu’elle habite ici je l’ai toujours vue seule.
M’sieur Albert Justement, vous l’avez toujours vu seule ici, mais peut-être qu’elle ne l’est plus dès
qu’elle passe le coin de la rue. Pour éviter les indiscrétions.
Lucienne Quelles indiscrétions ?
M’sieur Albert Celles de personnes qui se lèvent plus tôt qu’elle et qui ont tendance à observer
tout ce qui se passe dans le quartier. Vous voyez de qui je parle.
Lucienne Oh là ! Minute papillon ! Je suis payée pour surveiller alors je surveille.
M’sieur Oui, peut-être. Mais vous êtes payée par la mairie de Paris ?
Lucienne Bien sûr que non ! Par Monsieur Hakkis le propriétaire de l’immeuble.
M’sieur Albert Voilà, vous êtes payée pour surveiller votre immeuble pas le quartier !
Lucienne Oh là, le dealer d’antigel pas si vite. Vous êtes bien content quand la Lucienne vous
appelle pour vous avertir qu’on squatte votre terrasse. Alors, un peu de respect ! Si
tout le monde en faisant autant on vivrait mieux.
M’sieur Albert Mouais, bon peu importe. Est-ce que vous avez vu Caddie et Carton ce matin ?
Lucienne Ah, ces deux ! Non, je ne les ai pas vus. D’ailleurs je me suis dit, en passant par
hasard devant ma fenêtre, tiens ! Les deux représentants en haillons ne sont pas là.
M’sieur Albert C’est bizarre, d’habitude ils viennent toujours prendre leur petit noir avant que
j’ouvre.
Lucienne Ils boivent du café aussi ?
M’sieur Albert Mhmm. J’espère qu’ils ne leur ai rien arrivé.
Lucienne Ne vous inquiétez pas, ce sont des durs à cuire. Ils ont certainement trouvé une bouche de métro accueillante et ils sont décidés de faire la grasse matinée !
Faut que je vous laisse, la maison va se réveiller et il faut que je sois dans ma loge au moment des départs.
M’sieur Albert C’est ça. A toute à l’heure et bonne inspection !
Lucienne retourne dans sa loge tout en contrôlant que les abords de son bâtiment sont en ordre. M’sieur
Albert termine ses préparatifs. Mario arrive au « Parisien » un journal sous le bras.
Mario Ciao patron ! Content de voir que ton repaire est ouvert. J’ai roulé toute la nuit, j’ai la cuve à sec. Si j’écluse pas un de tes médicaments tout de suite je vais finir raide comme l’obélix.
M’sieur Albert Salut Fangio, l’obélisque pas Obélix. C’est pourtant pas compliqué, il y en a un qui long et fin et l’autre petit et gros !
Mario Si, tu m’as compris. Alors disons que je vais finir avec les os sur la peau.
M’sieur Albert C’est le contraire aussi, la peau sur les os ! Dis-donc, si au volant de ton taxi tu comprends la signalisation aussi à l’envers, c’est pas super Mario!
Mario Trente ans de carrosse sans cabosses alors crois-moi la route c’est mon domaine.
M’sieur Albert Je n’ai pas encore ouvert mais je vais pas refuser assistance à une personne en voie de déshydratation. Comme d’habitude ?
Mario Si pour le produit, ma no pas pour la quantité. Une dose d’homme averti per favore.
Mario ouvre son journal et lit.
Mario Ah, si tout va bien je vais cartonner dans la 5ème ce soir. Cette petite Jeanne d’Arc a intérêt à avoir le feu au cul. J’ai parié comme jamais. Déjà que la semaine passée mes finances ont joué le Titanic…c’est le moment de se renflouer.
M’sieur Albert Et voilà Fangio !
Mario Grazie. Dis ! Je m’appelle Mario pas Fangio. Moi je t’appelle Albert pas Ténardier !
M’sieur Albert Bene signore Mario. Alors les cotes sont bonnes ?
Mario Ah si, il semblerait que mon tour soit venu. Sur le coup des 21heures, la petite Jeanne d’Arc va franchir la ligne les naseaux en tête. Faut dire que je la connais sur le bout des sabots. Je la suis et je l’analyse depuis qu’elle est pouliche ; faut pas croire ça demande du travail.
M’sieur Albert Je pense bien. Remarque t’es pas le premier à bûcher sur Jeanne d’Arc.
Mario Ils se marrent, y avait quelque chose à comprendre ?
M’sieur Albert Bien oui, Jeanne d’Arc, le bûcher. Elle est morte brûlée sur un bûcher.
Mario Ah d’accordo. Si, ben ma Jeanne d’Arc à moi, je compte bien qu’elle gagne une course avant de finir sur un barbecue ! Mes contacts m’ont affirmé que cette course serait celle de sa vita.
M’sieur Albert Tes contacts ? C’est qui ?
Mario Ah ça…secret de fabrique ! Mais crois-moi ils sont bons. D’ailleurs tu les connais !
M’sieur Albert Ah bon ? Tu veux pas me le dire ? (Mario fait le signe « motus et bouche cousue) Bon, ben je te laisse à tes pronostiques j’ai encore à faire dedans.
Mario Je vais profiter de ta terrasse encore un momento avant de repartir, à ces heures impossibile de circuler dans Paris.
Juste avant la fin du chant, Mario quitte le « Parisien ».
*******
Scène 2
Le « Parisien » continue à fonctionner avec des clients sur la terrasse et le patron qui fait le service. Les comédiens/comédiennes s’activent en silence et simulent des discussions.
Le « Canaillou » s’allume dès la fin du chant. Helmut entre sur scène l’air très fatigué, il baille. Il range et nettoie se tables.
Helmut Hou là, c’est dur ce matin !
Regarde-moi cette salle, chaque matin c’est pareil. C’est pas possible de voir que
tous les bons moments qu’on passe ici laissent autant de traces.
So, Helmut prends ton courage à deux mains et au boulot.
(à la salle) Ah, Guten Tag, je ne vous avais pas vu. Vous êtes en avance le cabaret
n’ouvre qu’en fin de journée. Le plus simple serait que vous réserviez vos tables. Eh
oui, parce que chaque soir, le tout Paris vient écouter et admirer La Bulle. Depuis La Goulue, on avait jamais rien trouvé de mieux. Was ? La Bulle ? Oh, c’est tout bête, on l’appelle La Bulle parce qu’elle ne peut chanter que si elle a une coupe de champagne sur le piano, vous voyez ? Et je peux vous dire que le matin je ne l’ai jamais trouvé pleine ; la coupe…pas la bulle. Ah nein, nein, La Bulle….c’est déjà arrivé. Les soirs où ça marche fort, un bis, une coupe…un rebis, re une coupe et parfois les bis durent plus longtemps que son tour de chant alors imaginez l’état.Elle a beaucoup de panzer qui tournent dans la tête. D’ailleurs c’est curieux, parce qu’au fil de la nuit La Bulle devient de plus en plus lourde et en même temps de plus en plus légère ! Vous me suiviez. Enfin, vous verrez. Revenez plus tard.
Il faut que j’avale quelque chose avant d’attaquer la salle.
Helmut se rend au Parisien et s’assois sur la terrasse.
M’sieur Albert Ah, déjà debout Helmut.
Helmut Ja, il faut bien que quelqu’un nettoie les restes de la nuit. Mais avant il faut que je
me réveille.
M’sieur Albert Alors un café ce matin ?
Helmut Ah nein, trop de café ce n’est pas bon. Comme d’habitude un Vermouth.
M’sieur Je me disais aussi, ton métabolisme ne résisterait pas à un changement subit de
breuvage. Enfin, quand même un Vermout si tôt.
Helmut Bien quoi ? C’est naturel. C’est à base de plantes. Vois-tu mein klein Albert, j’ai
décidé d’être un homme sain ; je me soigne par les plantes. La vigne und le tabac !
M’sieur Albert Et un Vermouth pour Helmut. Tiens, ça me fait penser, Madame Pinson
elle veut toujours son petit verre de Jurançon, la jeune étudiante Mélissa, elle c’est
un toujours un Coca et Helmut, un Vermouth. Heureusement que tu ne t’appelles
pas Camille, je devrais te servir une camomille.
Au fait, tu n’as pas vu Caddie et Carton durant la nuit ?
Helmut Ja, je suis sorti prendre l’air vers 3heures du matin et ils étaient sur ta terrasse
entrain de lire un journal.
D’ailleurs, cela devaient les intéresser parce qu’ils m’ont à peine salué. Plus
étonnant, ils n’ont même pas cherché à venir se réchauffer au Canaillou cette nuit.
M’sieur Albert C’est vraiment curieux, d’habitude ils sont réglés comme des horloges qu’ils n’ont
pas.
M’sieur Albert entre dans son restaurant préparer la boisson...