Appellations D’origines Non contrôlées

Genres :
Thèmes : ·
Distribution :
Durée :

Diane présente à ses parents Karim, son fiancé. Agacé par l’attitude pour le moins condescendante de sa future belle-famille, un peu trop fière de son ascendance française qui remonterait jusqu’au Moyen âge, Karim met au défi Diane de prouver par un test ADN la pureté de ses origines ethniques. Ce test aux résultats inattendus va déclencher une réaction en chaîne…

🔥 Ajouter aux favoris

Liste des personnages (4)

Diane Femme • Adulte • 367 répliques
Jeune femme
Karim Homme • Adulte • 222 répliques
Son fiancé
Thérèse Femme • Adulte • 184 répliques
Sa mère
Édouard Homme • Adulte • 131 répliques
Son père

Soyez le premier à donner votre avis !

Connectez-vous pour laisser un avis !

Un salon bourgeois, mobilier de style et décoration désuète. Un crucifix contre le mur du fond et un portrait de la Vierge sur un meuble. Thérèse, quinquagénaire d’une élégance vieille France, plie avec soin de la layette, qu’elle place ensuite dans un carton. Son portable sonne et elle répond.

Thérèse – SOS mères en détresse, à votre écoute... Ah, c’est toi, Marie-France... Non, non, tu ne me déranges pas... J’étais en train de préparer un colis... pour cette pauvre pécheresse que grâce à Dieu nous avons convaincu de garder son bébé... C’est ça, une Interruption Volontaire de Grossesse, comme on dit maintenant... On aura beau moderniser le vocabulaire, un non-voyant restera toujours un aveugle... et enlever la vie à un pauvre innocent sera toujours un crime. Édouard ? Écoute, ça va... Depuis qu’il a pris sa retraite, il tourne un peu en rond, mais bon... Heureusement qu’il s’est mis en tête d’écrire ce livre, ça l’occupe... Vous venez toujours dîner samedi...? Eh bien, je ne sais pas moi... Ce sera l’Épiphanie, apportez une galette. On tirera les rois ! C’est ça, alors à samedi ! Au revoir Marie-France. Tu salueras Bernard-Henri de ma part...

Elle range son portable et se remet à son colis. Arrive Édouard, la soixantaine, même style qu’elle, un dossier à la main et l’air aux anges.

Édouard – Ça y est, je viens d’envoyer mon manuscrit à mon éditeur !

Thérèse – Mais c’est fantastique... Ça faisait combien de temps que tu travaillais sur ce bouquin ?

Édouard – Pour les recherches, au moins trois ans. Pour la rédaction à proprement parler, neuf mois environ.

Thérèse – Neuf mois...

Édouard – Oui, j’ai l’impression d’être une femme qui vient d’accoucher... Je suis soulagé et en même temps... je ressens comme un grand vide.

Thérèse – Tu ne vas pas nous faire une dépression post-natale, au moins...?

Édouard – J’espère que ça intéressera quelqu’un... En tout cas, pour nos petits-enfants, ce sera toujours intéressant de connaître leur arbre généalogique.

Thérèse l’écoute distraitement, tout en continuant à plier sa layette et à remplir son carton.

Thérèse – Oui, c’est certain...

Édouard – Ça n’a pas l’air de te passionner ce que je te raconte... Pourtant, il s’agit aussi de toi, dans ce livre.

Thérèse – Mais si, bien sûr que ça m’intéresse... Qu’est-ce que tu vas chercher ?

Édouard – Les origines de ta famille, comme celles des Casteljarnac, remontent au moins jusqu’au Moyen Âge, tu te rends compte ?

Thérèse – Je ne suis pas aussi calée que toi dans le domaine de la généalogie, mais comme disait mon père... c’est toujours bon de savoir d’où on vient pour savoir qui on est.

Édouard – Et puis ce n’est pas seulement l’histoire de notre famille. Dans ce livre, il est aussi question de l’Histoire avec un grand H. Notre destin familial est lié à celui de notre pays.

Thérèse – Bien sûr...

Édouard – En tant que juge d’instruction, j’ai eu à conduire beaucoup d’enquêtes au cours de ma vie. Celle-ci aura été la plus difficile, mais aussi la plus passionnante.

Thérèse – Heureusement, cette fois, il ne s’agit pas d’une enquête criminelle...

Édouard – J’espère avoir les premiers exemplaires dans quelques semaines. On pourrait organiser une petite séance de dédicace à la Libraire Notre-Dame. Ce serait l’occasion de réunir toute la famille ! Et nos amis, aussi. Qu’en penses-tu ?

Thérèse – Pourquoi pas ? Oui, ce serait formidable.

Édouard – Je ne suis pas sûr que ça fera un succès de librairie, mais je suis content de pouvoir léguer ça à nos descendants...

Thérèse – Même si je te rappelle que pour l’instant, nous n’en avons pas...

Édouard – Ça finira bien par arriver. Diane ne restera pas célibataire toute sa vie.

Thérèse – Elle est jeune, elle vient à peine de terminer ses études. Elle a encore le temps de fonder une famille...

Diane, au look plus moderne que celui de ses parents, arrive.

Diane – Vous parliez de moi ?

Thérèse – Nous parlions du livre de ton père...

Diane – Ah oui... Tu hésitais encore sur le titre. Tu as fini par en trouver un ?

Édouard – Oui. Et j’avoue que j’en suis assez content.

Diane – Quel suspense... Et alors ?

Édouard sort une feuille cartonnée de son dossier et lui tend.

Édouard – Tiens, voilà la maquette de la couverture.

Diane regarde la maquette et lit le titre.

Diane – En droite ligne. Une famille française.

Édouard – Qu’en penses-tu ?

Diane – Ah oui, c’est... C’est bien. Et... en droite ligne, il y a aussi un message politique, j’imagine ?

Édouard – Pour le meilleur et pour le pire, nous sommes en république, ma chère. On a encore le droit d’afficher ses convictions, non ?

Diane regarde à nouveau la maquette.

Diane – La fleur de lys, ce n’était peut-être pas complètement indispensable... Maman, qu’est-ce que tu en penses ?

Thérèse – Je suis sûre que ça va être un best-seller...

Édouard – Après tout, nous sommes une famille nombreuse, et comme ce livre parle de chacun d’entre nous... Si tout le monde en achète un, on devrait en vendre au moins 200 exemplaires.

Thérèse – Ton père prévoit une séance de signature à la librairie Notre-Dame. On pourrait en parler au curé et convier aussi tous nos paroissiens. Comme dit ton père, ce livre, c’est aussi une page de l’Histoire de France.

Diane – Et c’est pour quand cette petite sauterie ?

Édouard – Le livre sera bientôt sous presse. Je pense que d’ici trois semaines, j’aurai les premiers exemplaires.

Diane – Génial... Tu as réussi à remonter jusqu’à quand, finalement ? J’en étais restée à Louis XV, je crois...

Édouard – Charles Martel du côté de ma famille, et Jeanne d’Arc du côté de celle de ta mère.

Diane – Jeanne d’Arc ?

Édouard – Oui, enfin... Pas en ligne directe, évidemment...

Diane (distraitement) – Ah, oui...

Elle consulte son portable.

Thérèse – Et toi, ma chérie ? Tout va bien ?

Édouard – Comment ça se passe, dans ton nouveau cabinet d’avocats ?

Diane – On vient de me confier ma première affaire.

Édouard – De quoi s’agit-il ? Sans trahir le secret professionnel, bien sûr...

Diane – Un homme qui découvre sur le tard qu’il n’est pas le père de son fils.

Thérèse – Et alors ?

Diane – Il demande le divorce, et il voudrait déshériter l’enfant illégitime.

Édouard – Mais Dieu merci, ce n’est pas possible. Pour ce qui est de déshériter son enfant, en tout cas...

Diane – Heureusement pour tous les bâtards de France et de Navarre.

Édouard – Oui...

Thérèse – Il a quel âge, ce pauvre enfant ?

Diane – Soixante-treize ans. Son père est presque centenaire.

Thérèse – Comment a-t-il appris que son fils n’était pas de lui ? Soixante-treize ans après...

Diane – Avec un test ADN, tout simplement. Aujourd’hui, on en propose pour une cinquantaine d’euros sur internet.

Édouard – Ces sites sont un danger pour la paix des familles.

Diane – C’est clair. Ces tests auront surtout révélé à des centaines de maris qu’ils étaient cocus.

Édouard – Heureusement que maintenant, ils sont interdits en France.

Diane – Sauf quand ils sont ordonnés par la justice. Tu étais juge aux affaires familiales, tu as dû en autoriser quelques-uns, non ?

Édouard – Ça m’est arrivé... Dans des cas très particuliers... Jamais pour alimenter la suspicion au sein des familles, ou satisfaire la curiosité malsaine de certains.

Thérèse – C’est vrai... Pourquoi le Français moyen devrait-il absolument savoir s’il a oui ou non quelques gènes africains dans son patrimoine génétique ?

Édouard – Après tout, d’après les anthropologues, si on remonte assez loin, l’Afrique est le berceau de l’Humanité.

Diane – Ça te va bien de dire ça ! Tu viens de passer trois ans de ta vie à reconstituer ton arbre généalogique jusqu’au Moyen Âge !

Édouard – Parce les De Casteljarnac sont issus d’une vieille famille française au passé glorieux ! Si je m’appelais Dupont ou Durand, je ne serais pas allé chercher aussi loin.

Diane – Je vois, alors d’après toi, la généalogie, ce n’est pas pour les gens du peuple...

Édouard – Disons que c’est plus intéressant quand on est issu d’une lignée prestigieuse...

Thérèse – Tout de même... Ça me fait drôle de savoir que maintenant, tu es avocate...

Édouard – Et que tes clients t’appellent Maître.

Thérèse – Décidément, toute la famille se dédie aux affaires familiales... D’abord ton père en tant que juge, maintenant toi en tant...

Il vous reste 90% de ce texte à découvrir.


Connectez-vous pour lire la fin de ce texte gratuitement.



error: Ce contenu est protégé !
Retour en haut