Après nous le déluge

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Sur une Terre devenue inhabitable en raison du réchauffement climatique, une humanité à l’agonie vit ses dernières heures. Deux hommes et deux femmes s’apprêtent à s’élancer dans un vaisseau spatial vers la planète inconnue qui pourrait leur servir d’ultime refuge. La mission de ces quatre « élus » : donner à l’Humanité une chance de se perpétuer après avoir causé sa propre perte par sa folie autodestructrice.
Mais une telle humanité mérite-t-elle vraiment d’être sauvée ?
Tous ne sont pas d’accord…

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Liste des personnages (4)

Virginie Femme • Adulte • 193 répliques
Paul Homme • Adulte • 170 répliques
Alban Homme • Adulte • 183 répliques
Ève Femme • Adulte • 181 répliques

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ACTE 1

Le poste de commandement d’un vaisseau spatial baptisé « L’Arche » (le nom peut figurer sur un élément du décor ou sur les combinaisons des membres de l’équipage). Debout devant une table de commande électronique futuriste équipée d’un écran, Virginie s’affaire à de mystérieuses manipulations (réglages, contrôles, mesures...). Paul arrive.

Paul – Que dit la météo ?

Virginie – Les vents sont toujours très violents à la surface de l’océan. Ce serait suicidaire de décoller maintenant.

Paul – Je vois... Mais la température ne cesse de monter. L’eau est entrée en ébullition juste au-dessus de nos têtes. Si nous attendons trop longtemps, notre système de réfrigération ne tiendra pas le coup.

Virginie – Il fait déjà une chaleur à crever... Autre chose ?

Paul – J’ai repéré une fuite dans le silo de lancement. Le béton est fracturé sur plus de dix mètres, et l’eau est en train de s’engouffrer par la brèche. Si la paroi cède d’un coup, on finira comme des homards plongés dans une marmite d’eau bouillante.

Virginie – Une accalmie est prévue dans cinq ou six heures. Il faut tenir jusque-là, on n’a pas le choix...

Paul – OK. Je vais surveiller cette fissure en attendant.

Virginie – Malheureusement, il n’y a rien d’autre à faire pour l’instant... (Elle se détourne de ses instruments et se lève de son siège.) Comment est-ce qu’on a pu en arriver là...?

Paul – Je ne sais pas.

Virginie – Je n’attendais pas vraiment une réponse.

Paul – Je sais...

Virginie – Tu crois qu’on est les derniers ? À part nos deux coéquipiers, bien sûr...

Paul – D’après les images fournies hier par les derniers satellites encore opérationnels, il ne reste plus aucune terre émergée à la surface du globe.

Virginie – Alors ça y est... La Terre n’est plus qu’un unique océan...

Paul – La température de l’air atteint plusieurs centaines de degrés. Même ceux qui ont réussi à embarquer sur un bateau ne peuvent pas survivre très longtemps dans de telles conditions.

Virginie – Quelques sous-marins nucléaires, peut-être, pendant un mois ou deux...

Paul – Mais contrairement à nous, ils ne peuvent pas espérer décoller vers une autre planète pour fuir cet enfer.

Virginie – La Terre était un paradis. Cet enfer, c’est nous qui l’avons créé.

Paul – Plus un morceau de glace... Plus une goutte d’eau douce... Plus un bout de terre où poser les pieds... Et cette température qui n’arrête pas de monter. Le processus est enclenché. Cette fois il est irréversible...

Virginie – C’est avant qu’il aurait fallu arrêter cette machine infernale.

Paul – Oui... mais maintenant, il est trop tard. Il faut penser à l’avenir...

Virginie – L’avenir ?

Paul – Qu’on le veuille ou non, c’est la fin de notre monde. La seule chose qu’on peut encore espérer, c’est sauver notre peau.

Virginie – On a provoqué l’extinction de tous les animaux qui vivaient sur cette planète. À présent c’est notre tour. Nous sommes les derniers spécimens d’une espèce en voie de disparition. Et si nous mourons sans descendance, l’humanité mourra avec nous.

Paul – « L’Arche »... Au moins, ils auront gardé le sens de l’humour jusqu’au bout...

Virginie – J’ai l’impression d’être un de ces animaux que Noé avait embarqués avec lui sur son bateau, enfermés dans des cages...

Paul – Reste à savoir si on arrivera à se reproduire en captivité...

Virginie – Et surtout si on trouvera une nouvelle terre d’accueil pour y refonder un embryon de civilisation. Tu y crois vraiment, toi ?

Ève arrive.

Ève – On n’a pas le choix. Il faut y croire. Y214 est la seule planète susceptible de nous accueillir, à une distance qu’on puisse atteindre avec ce vaisseau. Si on arrive à le faire décoller, évidemment...

Virginie – Un nouvel ouragan passe juste au-dessus de nous. On aura une fenêtre de tir dans quelques heures.

Ève – Deux hommes et deux femmes pour sauver l’humanité...

Virginie – On se croirait dans un programme de télé-réalité.

Ève – C’est curieux, on a été tirés au sort parmi des milliers de candidats... Pourquoi je n’ai pas l’impression que c’est une chance de faire partie des quatre finalistes ?

Paul – Tu penses que « L’Arche » peut nous conduire là-bas ?

Ève – Comment savoir ? C’est une première. Cette fusée est un prototype. Elle est propulsée par des réacteurs utilisant une technologie entièrement nouvelle, supposée nous faire voyager à la vitesse de la lumière.

Virginie – Mais cette technologie révolutionnaire n’a pas pu être testée auparavant en conditions réelles.

Paul – On n’a jamais envoyé un vaisseau aussi loin avec des passagers à bord. Les vols habités avaient été abandonnés depuis des années.

Ève – Pas assez rentables.

Virginie – Et puis il reste cette incertitude au sujet d’une hibernation aussi prolongée. Est-ce que notre organisme y résistera ? Les expériences qu’on a tentées portaient sur un ou deux mois au maximum. Là on parle de plus de dix mille ans.

Ève – Oui, sur le papier, c’est possible. Mais je ne suis même pas sûre d’avoir envie que ça marche.

Paul – Eh bien moi, oui... C’est notre seule chance de survie. Même si elle est mince, je n’ai pas l’intention de la laisser passer.

Ève – Ouais...

Paul – Virginie ?

Virginie – C’est tout ce qui nous reste. Autant s’accrocher à cet espoir. Sinon on n’a plus qu’à se laisser mourir.

Ève – Je me demande si ce ne serait pas mieux. En tout cas ce serait plus simple.

Paul – Je t’en prie, Ève, reprends-toi. On va avoir besoin de tout le monde pour mener cette arche à bon port.

Virginie – Et puis c’est pour ça qu’on nous a choisis, non ? On a une mission !

Ève – Sauver l’humanité...

Alban arrive.

Alban – Mais est-ce que l’humanité mérite d’être sauvée ?

Paul – Ouh là... Excuse-moi, Alban, mais moi je veux juste sauver ma peau. Alors les débats philosophiques...

Alban – Si l’humanité s’était un peu plus préoccupée de philosophie que de profit, on n’en serait pas là... C’est par égoïsme et par cupidité que l’homme a scié la branche sur laquelle il était assis.

Ève – Et pour finir qu’il a abattu l’arbre entier, et toute la forêt avec, pour en faire de la pâte à papier.

Alban – En gardant bonne conscience au prétexte que ce papier serait recyclé.

Paul – D’accord, mais quand on a dit ça, qu’est-ce qu’on fait ? Si on n’a pas décollé avant ce soir, on sera tous morts. Pourquoi ne pas tenter notre chance ailleurs ?

Alban – Parce que tu crois vraiment que c’est une chance ? Une chance pour qui, d’abord ? Pas pour la planète qu’on envisage de coloniser, en tout cas.

Paul – Une chance pour nous quatre. Notre dernière chance. Et on n’a pas de temps à perdre en bavardages inutiles.

Ève – Pour l’instant, malheureusement... à part attendre que le vent tombe. Il n’y a rien d’autre qu’on puisse faire dans l’immédiat...

Silence.

Paul – Très bien, alors allons-y ! Bavardons un peu... Histoire de faire connaissance... Il n’y a plus aucun être humain sur cette terre à part nous, alors on a plutôt intérêt à s’entendre, non ? (Un temps) À propos, Alban et Ève, Paul et Virginie... C’est des noms de codes, c’est ça ? Au point où on en est, on pourrait s’appeler par nos vrais noms, vous ne croyez pas ? Bon, moi je m’appelle vraiment Paul, mais vous ? C’est quoi vos vrais noms ?

Un temps.

Virginie – Je m’appelle vraiment Virginie.

Les deux autres restent muets.

Paul – Non ? Alors ça aussi ce serait un hasard ? Bon, je prends ça pour un signe, alors... Alban et Ève, Paul et Virginie... Moi ça me va. (Avec un regard appuyé vers Virginie) Je suis volontaire pour repeupler cette nouvelle planète.

Alban – Eh ben... Elle est...

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