Chers cafards

Un voleur à la petite semaine tnte de faire chanter un grand bourgeois guetté par le le scandale, le fisc et sa femme. C’est sans compter sur sa belle mère et la voisine qui veulent aussi en profiter.

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Décor (1)

Petit salon ou cuisine, ouvrier Très modeste

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ACTE 1

Scène 1 : Julie Bougnard / Voisine

Julie / (Elle entre, porte un plat et le pose sur la table. Elle crie) A table ! .. (Elle attend) C'est toujours pareil ? Ca vient quand ça en a envie. (Crié) On bouffe ! (On frappe à la porte. Sur le même ton) Qui c'est ?

Voisine / C'est moi.

Julie / (Se parlant à elle même) Encore elle ! L'emmerdeuse de l'immeuble ! Comme par hasard, toujours au moment où on va se mettre à table. Elle doit avoir les deux portugaises collées au mur. (Elle ouvre) Bonjour madame Couine !

Voisine / Vous n'auriez pas un peu de sel ?

Julie / Je vous en ai déjà donné hier.


Voisine / Je sais, mais je sale beaucoup. Le docteur me dit toujours de moins en mettre mais c'est plus fort que moi, il faut que j'en mette dans tout ! .. Oh mais dîtes, ça sent les pâtes. J'aime bien les pâtes.

Julie / Moi aussi.

Voisine / Ah ! .. Euh... Et sinon.. Comment va votre maman ?

Julie / Pas vite.


Voisine / Ah ben oui. A cet âge là, on est moins rapide. Et monsieur Bougnard ? Je ne l'ai pas entendu rentrer.


Julie / Il doit encore être au café. Je vous l'dis madame Couine, ne vous mariez jamais !

Voisine / Oh mais si ! Même avec un qui va au café ! Le prince charmant, le soir, dans mon vieux crapaud, souvent j'y pense.

Julie / Vous vivez avec un vieux crado ?

Voisine / Un crapaud ! C'est un fauteuil. Mais vous imaginez ! Mon crapaud qui se transformerait en prince charmant..

Julie / Souvent c'est l'inverse.

Voisine / Des princes charmants, doit encore y'en avoir.

Julie / Un prince charmant qui picole, c'est sûr.

Voisine / Mais si jamais un prince charmant venait chez moi, c'est qu'il se serait trompé de porte.

Julie / Bourré, le mien en serait capable.

Voisine / Oh ! Madame Julie ! Je pourrais pas accepter. Et puis, qu'est-ce qu'il pourrait bien me faire ?

Julie / Sûrement pas la vaisselle.

Voisine / Oh vous savez ; avec moi, c'est vite fait.


Julie / Qu'est-ce qui est vite fait ?


Voisine / La vaisselle.

Julie / Vous avez quand même un rêve, madame Couine ?

Voisine / (Coquine) J'en ai bien des rêves, mais j'peux pas les dire..

Julie / Et bien moi, j'en ai un ! Foutre le camp !


Voisine / Vous abandonneriez votre mari ?


Julie / SI vous l'voulez, je vous l'laisse !

Voisine / Oh ! Enfin ! .. Votre mari fait ce qu'il peut.


Julie / Et bien il peut pas grand chose.

Voisine / Madame Bougnard, c'est pas bien, faut penser à votre mari.

Julie / Justement, j'y pense trop. Le prince charmant, c'est un truc pour endormir les filles. C'est un somnifère ! Faut pas en prendre. Vous vous endormez avec et vous vous réveillez enceinte jusqu'aux oreilles !

Voisine / Madame Bougnard, faut pas parler comme ça.

Julie / Des princes charmants avec leurs bourrins, quand j'avais vingt ans, j'aurais pu remplir une écurie.

Voisine / Vous vous rappelez la chanson ? C'était comment ? déjà ? .. Ah oui ! (Elle chante) «Un jour mon prince viendra.. Un jour, il me dira..

Julie / (Au public) S’il vient, c'est qu'il sera sourd.

Voisine / Ces mots d'amour, si troublants et tendres..»

Scène 2 : Julie Bougnard / Voisine / Roland Bougnard

Roland / (Il entre et chante aussi) Que j'aurai tant plaisir à entendre..

Julie / Quand on parle des princes charmants, en vlà un !

Voisine / Monsieur Bougnard ! Oh vous alors !

Roland / (Séducteur) Madame Couine !

Voisine / (Faussement choquée) Oh ! Enfin.. Oh.. Monsieur Bougnard..

Julie / (Elle crie) Elle est venue chercher que du sel !


Roland / Madame Couine, vous êtes une vraie saleuse.

Voisine / Une saleuse ? Oh ! C'est vrai, j'en mets toujours trop.

Roland / L'hiver, vous devriez lécher les routes ; quand ça gèle, ils en mettent partout.


Voisine / Oh ! Oh ! Oh ! Monsieur Bougnard ! Vous êtes trop drôle.

Julie / C'est sûr ! Avec lui, on rigole.


Roland / C'est pas d'ma faute, je fais rire. J'aurais même pu faire carrière. Si j'avais eu des relations, de l'argent, si j'avais couché, j'aurais pu me retrouver au sommet. En grosses lettres ! Roland Bougnard ! Avec Roland Bougnard, tout le monde se marre. …

Voisine / Oh ! Monsieur Bougnard..


Roland / Ça fait plaisir d'être accueilli comme ça chez soi. (A sa femme) Hein, Chérie ?

Julie / (Très sèche) Tu veux pas des fleurs non plus ?

Roland / Des fleurs qui viennent du fond du cœur..

Voisine / Oh monsieur Bougnard, qu'est-ce que vous causez bien !

Roland / J'ai tellement de choses à dire..

Julie / T'étais où ?


Voisine / Euh.. Je vais peut-être y'aller..

Julie / C'est ça. Allez-y.


Voisine / Et pour le sel ?

Julie / (Pas aimable) Bougez pas !

Énervée, Julie va chercher des pâtes et du sel.

Roland / Elle ne veut pas le montrer mais elle a le cœur sur la main.

Voisine / Je peux m'en passer, j'ai l'habitude de me priver..

Julie revient, vide le flacon de sel sur les pâtes puis flanque la casserole dans les mains de la voisine

Julie / Cadeau !

Voisine / Mais fallait pas.

Julie / Vous devriez en avoir assez pour la s'maine.

Voisine / Vous n'avez plus faim ?

Julie / Le prince charmant m'a coupé l'appétit.

Roland / Et ta mère ? Elle aime bien tes pâtes, elle.

Julie / Elle mangera mieux demain.

Voisine / Bon. Et bien, je vais y aller alors.

Julie / Faudrait mieux, ça va refroidir.

Voisine / Ah oui. Bon. Et bien.. bon appétit. ..

La voisine part

Scène 2 : Julie Bougnard / Roland Bougnard

Roland / (A Julie, un peu collant) J'ai pas eu mon bisou ?

Julie / Fallait demander à la voisine.

Roland / (Très satisfait de lui) C'est pas de ma faute si je plais.

Julie / (Le singeant) «Vous devriez lécher les routes».

Roland / Jalouse ? On n'est pas bien tous les deux ?

Julie / Toute seule, c'est pas mal non plus.

Roland / Pourquoi t'as donné nos pâtes ?

Julie / C'est aujourd'hui que tu commences ton régime.

Roland / Ça peut attendre demain.

Julie / Et bien non ! Ça peut pas ! Avec toi, faut toujours attendre. J'en ai marre d'attendre !

Roland / Qu'est-ce que j'ai fait ?


Julie / (Elle le singe) Qu'est-ce que j'ai fait ? T'étais où ?

Roland / Alors là.. Tu vas avoir une grosse surprise.


Julie / La grosse surprise, je l'ai eue y'a longtemps.


Roland / J'étais en repérage.


Julie / En repérage ! Déjà, toi on te repère tout d'suite. Tu repérais quoi ?

Roland / La grande maison près du parc..

Julie  / La maison des Hautetige ! T'es malade ?

Roland / Je ne suis jamais senti aussi intelligent.


Julie / C'est ça, t'es malade.

Roland / J'ai tout prévu.

Julie / (Très inquiète) Il a tout prévu... La dernière fois, quand t'as voulu la cambrioler, t'es parti en courant. T'as juste emporté un petit tableau qu'on n'arriverait même pas à fourguer dans une brocante !

Roland / C'est un tableau qui a forcément de la valeur. Sinon, il n'aurait jamais été chez les Hautetige.

Julie / Qu'est-ce que je fous avec un tocard pareil !

Roland / Plains toi ; y'en a tellement qui aimeraient être à ta place.

Julie / Mais qu'elles la prennent ! La place est libre !

Roland / Tu n'as rien à craindre, jamais je te quitterai, mon amour.


Julie / Encore un mot gentil, et je t'envoie un truc à travers la gueule !

Roland / J'aime quand tu es en colère.

Julie / Et tu veux la vider quand, la baraque des Hautetige ?

Roland / Jamais. .. Parce que j'ai changé d'avis.

Julie / En plus, j'ai épousé un dégonflé.


Roland / Non madame. Parce que dans le parc.. J'ai assisté à une scène...


Julie / Tu joues les voyeurs maintenant ?

Roland / Sur un banc.. Le propriétaire de la maison.. Avec une femme..

Julie / Et c'était pas la sienne.

Roland / Comment tu l'sais ?

Julie / Tu m'as déjà trimbalée dans un parc ? Jamais ! Parce que monsieur ne promène que son clébard.

Roland / C'est pas d'ma faute si j'aime les bêtes.

Julie / Qu'est-ce qu'il faisaient dans le parc ? Ils tondaient la pelouse ?

Roland / Ils ont fait un échange.

Julie / Un échange de quoi ? Des timbres ?

Roland / Deux porte-documents. Tu sais, comme ceux qu'on avait quand on allait à l'école. Mais la femme, c'était pas sa maîtresse.. Hé ! T'as vu ? Maîtresse. École, maîtresse ! Je trouve de ces trucs.


Julie / Je sais, avec Roland Bougnard, tout le monde se marre !

Roland / Alors elle lui a donné son petit porte-document, et lui, il lui a donné le sien.

Julie / Et après ?

Roland / C'est là que je suis entré en scène..


Julie / On n'est pas au théâtre, abrège.


Roland / Je me suis approché par derrière.., et j'ai pris le petit porte-document.

Julie / L'abruti ! Il a volé un cartable d'école.


Roland / Pas du tout. Parce que, à l'intérieur, c'était pas des bouquins d'école.

Julie / C'était quoi ? Des billets de banque ?

Roland / Non madame. Des documents.


Julie / Est-ce que tu l'sais que t'en tiens une couche !

Roland / Mais pourquoi tu dis ça ?


Julie / Tu t'es trompé de sacoche ! Réfléchis avant d'penser ! Les documents, ça veut dire que l'autre les a achetés avec une sacoche pleine de billets de banque. Et lui, l'intellectuel, il se goure de cartable.

Roland / Oh ! Je maîtrise. Parce que, dans le porte-documents, y'avait des papiers, et son agenda.. Avec des numéros de téléphone, des noms, des adresses.. En plus, il a un compte en Suisse.


Julie / Tu croyais peut-être que monsieur Jean-Albert de Hautetige n'avait qu'un livret de Caisse d’Épargne ?


Roland / Y'a même un gros chèque. Deux cents mille.

Julie / Deux cents mille ! La vache !

Roland / Et des photos..

Julie / Fais voir ! (Elle regarde la photo, une pin-up) C'est sûr, c'est pas sa sœur.


Roland / Ni sa femme. Sa femme, c'est plutôt ton genre.

Julie / Elle est comment ?


Roland / Euh.. Normale.

Julie / Merci. .. Et on peut savoir ce que tu vas faire avec ta mine d'or ?

Roland / On va se faire du pognon. Et j'ai déjà pris contact.

Julie / T'as pris contact avec qui ?


Roland / Avec monsieur de Hautetige. Parce que avec moi, faut pas que ça refroidisse ! Et là, je l'sens, je suis chaud bouillant ! Je l'ai appelé.

Julie / Il l'a appelé. J'ai épousé un dingue.


Roland / Pour lui rendre sa sacoche.

Julie / Il pique une sacoche ; ensuite il appelle le propriétaire pour lui redonner. Mais le Hautetige, il va appeler la police et tu vas te retrouver en taule.

Roland / Roland Bougnard au placard,...

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