LA VIE DES PINGOUINS

24 sketchs de Jean-Pierre Mourice

CHIENS DE RACE (JP Mourice) (3 m 30)

2 femmes, 2 hommes (Déguisés en chiens)

Deux femmes (genre Versailles) comparent leurs chiens qu’elles promènent au bout d’une laisse. Pendant le sketch, les chiens bougent et prennent l'attitude illustrant le dialogue)

Annonce : Madame Emma de la Motte en gelée et madame Marie-Charlotte de la Grosse Butte promènent leurs chiens !

Emma / Oh mais vous avez un nouveau chien ! Je ne savais pas.

Henriette / Je n’ai pas envoyé de faire-part. Juste la famille.

Emma / Comment donc s’appelle-t-il  ?

Henriette / Charles Hubert. C’est un versaillais. Charles-Hubert, donnez votre papatte à la dadame.

Emma / Il a l’air intelligent.

Henriette / Il a un ancêtre chez Louis Quatorze.

Emma / Il a du chien.

Henriette / Il le sait, il est un peu cabot.

Emma / Le mien, c’est un vrai corniaud ! Je l'ai appelé Henri, comme mon premier mari. Je l’ai ramassé dans la rue.

Henriette / Il doit vous être reconnaissant ?

Emma / Bien sûr. Et puis alors, affectueux. Dès que quelqu’un me rend visite, il vient dire bonjour. Il adore mes amies...(Le chien veut dire bonjour) Laisse la dame tranquille !

Henriette / Comme mon Charles-Hubert. Il m’adore. Dès qu'il me voit, il fait son petit fou.

Emma / Il remue la..

Henriette / La tête. Mais oui, Charles-Hubert. .. Charles-Hubert ! Debout ! Couché ! Assis ! Il marche à la voix. C’est une question d’intonation. (Avec une voix très douce et gentille) Abruti ! Tête de nouille ! Lavette ! (Elle montre un bout de bois) Va chercher ! (le chien ne bouge pas et la regarde d'un air content)

Emma / Sinon, il mange quoi ?

Henriette / Que du Fauchon. Il a un estomac tellement délicat..

Emma / Le malheureux..

Henriette / Sinon il grossit.

Emma / Il ne fait pas de sport ?

Henriette / Il refuse de sortir sans moi. Nous faisons quelques pas, mais nous n'allons jamais bien loin. (Chuchoté) Il a tendance à courir..

Emma / Tous les mêmes !

Henriette / Je lui mets des comprimés dans sa gamelle pour que ça l'freine, mais monsieur, faut qu'il court.

Emma / Faut bien qu'il se dépense.

Henriette / On ne va quand même pas les faire couper.

Emma / Le mien, dès que je l'mets dehors, il sort !

Henriette / Il sort quoi ?

Emma / Sa grande gueule ! Pourtant, il n'a pas grand chose d'intéressant à dire, mais alors, qu'est-ce qu'il gueule !

Henriette / Ça doit poser des problèmes avec les voisins.

Emma / Je tape dessus.

Henriette / Sur les voisins ?

Emma / Sur le chien.

Henriette / Vous avez raison, faut taper ! Y'a que ça qu’ils comprennent !

Emma / Et des fois, il fugue.

Henriette / Non ? Et votre mari il en pense quoi ?

Emma / Rien. Mais c'est pas que j'y tienne plus que ça, mais c'est l'mien.

Henriette / On en est toutes là.

Emma / Je l'ai fait tatouer. Il a une puce. ... Mon numéro de téléphone.

Henriette / Il sait téléphoner ?

Emma / Voyons... Chère amie..

Marie-Charlotte / Suis-je bête ? Et sinon, il est propre. Il fait dans sa caisse ?

Emma / Il fait à côté. A croire qu'il le fait exprès. Un de ces jours je vais lui faire lécher par terre. Il va comprendre ! Heureusement que je n'en ai qu'un.

Henriette / Vous avez raison. Un seul, ça suffit bien.

Emma / Mais je l'dresse. Regardez. Couché ! (Le chien se couche) Vous avez vu ? C’est peut-être un corniaud mais pas pour tout. Pas bouger !

Henriette / Moi il m’apporte tout le temps mon sac à main. Il adore quand je sors. Alors, il fait le beau. Il est très crâneur. Susucre ?

Emma / Le mien, il perd ses poils. j'en retrouve partout !

Henriette / L’important, c’est qu’ils soient en bonne santé.

Emma / Surtout au prix des vétérinaires.

Henriette / Ce serait dommage de les faire piquer.

Emma / C’est vrai qu’à la longue, on s’y attache.

Henriette / Faut quand même se méfier. Ils seraient capables d’aller porter plainte à la SPA. Allez, on rentre.

Emma / Allez ! A la maison ! Et cou couche panier ! Sinon...

Emma et Henriette / Couic ! …

Les chiens sont terrorisés, elles partent avec.

LA BOURGEOISE ET LE METRO (JP Mourice) (2 m 30)

1 femme, 1 homme ou 1 femme

Une femme prend le métro pour la première fois de sa vie. Elle s’adresse à une employée ou un employé.

Annonce / Madame la Comtesse de la Branchag'net prend le métro ! Veuillez vous éloigner de la bordure du quai, s'il vous plaît !

Bourgeoise / Bonjour mademoiselle. C’est bien ici pour les billets du train ?

Guichetier / Oui madame. Mais ce n’est pas un train. Ça s’appelle un métro.

Bourgeoise / Un "métero" ? Ah bon ?

Guichetier / Ah oui oui oui.

Bourgeoise / Je vous prie de m'excuser, je ne suis pas habituée aux commodités "transportatives".

Guichetier / On dit «transports en commun». Commodités, c'est pour les chi, les toilettes. Sinon, vous avez aussi le bus, le train, le tramway. Pour l’avion, c’est moins pratique en ville, et pour la diligence, on a arrêté avant hier.

Bourgeoise / Ah bon ?

Guichetier / Ah oui oui oui. Alors, qu’est-ce qu’elle veut, la grande voyageuse ?

Bourgeoise / Je voudrais un billet de "métero" pour la Porte des Lilas, s’’il vous plaît ?

Guichetier / Donc, elle veut un ticket de métro.

Bourgeoise / Je veux aller à la porte des Lilas. Le nom est charmant. Je n’y suis jamais allée.

Guichetier / Avec un ticket, elle peut faire tout le réseau métropolitain, et avec sept tickets, elle peut y passer la semaine.

Bourgeoise / Ah bon ?

Guichetier / Un kilomètre ou cent, c’est le même prix.

Bourgeoise / C'est incroyable.

Guichetier / Ah oui oui oui.

Bourgeoise / Alors, donnez-moi une place assise de "métero" pour la porte des Lilas, en première classe, je vous prie.

Guichetier / Elle n’a pas reçu le courrier, la petite dame ? Ça fait un siècle que l’on ne vend plus que des secondes

Bourgeoise / (Très étonnée) Il n'y a qu'une seule classe !

Guichetier / Ah oui oui oui.

Bourgeoise / Alors, donnez moi une place en seconde. Près de la fenêtre, et dans le sens de la marche, que je profite du paysage.

Guichetier / Pour le paysage, ça ne va pas être facile, le métro sort rarement dehors. Ni paysages, ni passages à niveau, c’est rare que l’on croise une bagnole.

Bourgeoise / Ah bon ?

Guichetier / Ah oui oui oui.

Bourgeoise / Enfin... Du moment que j’ai une place assise. Alors, je voudrai réserver une place en seconde pour le "métero" de quinze heures, direction la Porte des Lilas.

Guichetier / Alors là, c’est la tuile. Permettez-moi de présenter mes excuses à notre aimable clientèle mais on ne peut pas réserver.

Bourgeoise / Ah bon ?

Guichetier / Ah oui oui oui.

Bourgeoise / C’est complet ? Le suivant est à quelle heure ?

Guichetier / Cinq minutes après !

Bourgeoise / C’est drôlement bien desservi.

Guichetier / Et ça marche dans les deux sens. C’est le service public, madame.

Bourgeoise / Ah bon ?

Guichetier / Ah oui oui oui.

Bourgeoise / Sinon, le "métero", il est à vapeur ?

Guichetier / Ni à voile ni à vapeur. Avec des piles électriques ! C’est tout nouveau. La semaine dernière, on tirait encore les rames avec des chars à bœufs.

Bourgeoise / Ah bon ?

Guichetier / Parce que avec des voiles, dans le métro, c'est pas facile..

Bourgeoise / Ah bon ? J’aurais dû m’intéresser plus.. Euh il faut compter combien de temps pour le voyage ?

Guichetier / En général, un quart d’heure mais pour vous, comptez la journée.

Bourgeoise / Bon bien je vais prendre un ticket aller.

Guichetier / C’est ça, un aller. !

Bourgeoise / Je ne voudrais pas abuser, mais pour les bagages… Je ne vois pas de porteur. Mais bon, ce n'est pas grave, j'ai l'habitude de me débrouiller toute seule.

Guichetier / Ah bon ?

Bourgeoise / Ah oui oui oui.

PRÉPARATION DE LA PRINCESSE (3 m)

2 femmes, 2 hommes

Une princesse lors d'une séance d'habillage. La princesse entre, (habillée genre abat jour), suivie de sa coiffeuse qui porte un sac (perruques) Elle s'assoit et se regarde dans un miroir de poche en prenant toujours des poses, façon star.

Princesse / Je suis affreuse ! Ce n'est pas possible, ce n'est pas moi !!! (Elle hurle) Elle est où ma coiffeuse ?

Coiffeuse / Je suis là mademoiselle. (En fait elle était derrière elle)

Princesse / (Elle s'assoit tandis que la coiffeuse lui fait essayer diverses perruques) Dépêchez-vous ! Je ne peux pas sortir sans quelque chose de convenable sur la tête. Qu'est-ce que vous "faisez" ?

Coiffeuse / Je "faise" de mon mieux mademoiselle. (Elle lui pose une perruque sur la tête)

Princesse / Vous voulez ma mort ? On ne voit pas mon visage !

Coiffeuse / Je m'excuse, mademoiselle. (Elle fait mine de l'étrangler) Mademoiselle a un visage tellement délicat. Ce serait dommage de le cacher.

Princesse / Naturellement. Les gueux n'ont-ils pas le droit de rêver ?

Coiffeuse / Oh bien sûr, mademoiselle. Nous avons si peu à voir.

Princesse / (La coiffeuse lui pose une autre perruque. La princesse se regarde dans le miroir) Vous me prenez pour un choux-fleur ?

Coiffeuse / Oh non mademoiselle ! Mais on ne peut pas mettre n'importe quoi sur la tête de mademoiselle. Mademoiselle a une tête tellement spéciale.

Princesse / Ma parole, elle se paie ma tronche ! Il est où mon habilleur ? .... (Elle hurle) Carlito !

Habilleur / (Il entre, affolé. Il est très maniéré et efféminé ) J'arrive, votre altesse, j'étais en train d'arroser des fleurs.

Princesse / Oui, et bien moi, je n'ai pas le temps de m'amuser. Vous avez vu ? Je n'ai rien à me mettre ! Je ne peux pas sortir comme ça.

Habilleur / Mademoiselle sortirait en petite tenue, qu'elle éclipserait encore toutes les autres. Mademoiselle est une splendeur. On devrait payer pour la contempler.

Princesse / (Elle minaude) Oh voyons.. N'exagérons rien, les pauvres n'ont pas les moyens.

Coiffeuse / Le fayot...

Habilleur / La robe de mademoiselle la moule admirablement.

Princesse / Ça me moule, ça me moule.. Mais ne suis-je pas trop moulue ?

Habilleur / Ben... Ben.... Je peux dire ce que je pense ?

Princesse / Non !!!

Coiffeuse / Mademoiselle est tellement gracieuse.

Princesse / Je sais... Mais on ne l'est jamais assez.

Habilleur / Oh mademoiselle ! Puis me permettre de oser une suggestion. Je pense que l'on devrait peut-être envisager de songer à procéder à des petites retouches.

Princesse / Des retouches ! Sur moi ?

Habilleur / Sur la robe, votre altesse, sur la robe ! Le reste est parfait.

Princesse / Je sais, mais peut-on m'améliorer ?

Habilleur / L'on pourrait peut-être retoucher là. (Il désigne quelques points du corps de la princesse) Et là, ... et là, ... et là, ... et là, et là, et là, partout, partout, partout.

Princesse / On va pas avoir le temps. Alors vous allez m'arranger vite fait. Mais quelque chose de simple, j'aime rester discrète.

Habilleur / Alors.. On va remonter un peu là, descendre un peu là, on va arranger la coiffure... La taille.

Princesse / Je fais du 34 !

Coiffeuse /...

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