L’arbre De Vie

Genres :
Thèmes : · ·
Distribution :
Durée :

Sarah Forestier, professeure en écologie forestière, se bat pour sauver une forêt de chênes centenaires, menacée de destruction par des promoteurs immobiliers.

A travers le combat de Sarah Forestier, cette pièce dénonce la déforestation à travers le monde.

Dans cette pièce, à la fois poétique et engagée, les arbres parlent, s’invitent sur scène pour transmettre un message aux humains…

🔥 Ajouter aux favoris

Soyez le premier à donner votre avis !

Connectez-vous pour laisser un avis !

L’ARBRE

DE

VIE

 

Tragédie écologique écrite par Elisabeth Danjean

 

 

 

Manuscrit enregistré à la SGDL le  15 octobre 2019 sous le numéro 2019-10-0085

 

« C’est une triste chose de songer que la nature parle et que le genre humain ne l’écoute pas. »

 

Victor HUGO

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A tous les Arbres de la Terre et en souvenir d’un Chêne que j’aimais tant…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’Histoire

 

 

Sarah Forestier, professeur en écologie forestière, se bat pour sauver une forêt constituée de magnifiques chênes centenaires qui risquent d’être abattue par des promoteurs immobiliers sans scrupule. Le combat de Sarah Forestier va prendre une dimension symbolique et s’inscrire ainsi dans la lutte contre la déforestation à un niveau mondial.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Personnages

 

1er Chêne centenaire

2ème Chêne centenaire

Sarah Forestier, professeure en écologie forestière

Brigit, étudiante

Donald Trompe, chef des Franco-Fric

Junior Trompe, fils et associé de Donald Trompe

Gary Kohn, associé de Donald Trompe

Le Président de la Conférence sur le Climat

Employés de la société Franco-Fric, bûcherons…

Public de la conférence (Scientifiques…)

Membres de Greenpeace

Et tous les arbres de la forêt…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Prologue

 

 

La scène se passe à l’entrée d’une forêt. On entend la musique du compositeur Gustave Fauré « Pavane ». Les arbres de la forêt peuvent être joués par des comédiens, ou dessinés sur un large panneau qui se trouve en fond de scène. Sur le côté, en milieu de scène, on peut voir une petite maison en briques rouges et aux volets verts. Deux chênes se trouvent sur le devant de la scène et sont représentés par deux comédiens, recouverts de feuillages, et se tenant chacun debout sur une petite colonne couleur bois. Le visage des deux comédiens devra être particulièrement expressif tout au long de la pièce pour mimer les sensations, émotions et sentiments des arbres.

 

LES DEUX CHENES CENTENAIRES, ensemble, d’une voix lente et harmonieuse.

 

Nous, Arbres de Vie, sommes des hommes les Pères,

 Nous, Arbres de Vie, sommes des hommes les Frères.

 

Ce refrain sera à chaque fois repris par tous les arbres de la forêt et résonnera comme un écho…

 

LES DEUX CHENES CENTENAIRES, toujours ensemble.

 

Nous sommes deux très anciens chênes centenaires,

Dignes héritiers de la sagesse de nos pères,

Symbolisant la force et la longévité,

Gardiens fidèles de cette belle forêt.

Nous sommes liés par un amour tendre et sincère,

Et nos racines s’entrelacent sous la terre.

Présents sur terre depuis des milliers d’années,

Aux hommes le souffle de vie avons donné.

Ancêtres des hommes, liés par un lien magique,

Nous dessinons leur arbre généalogique.

Mémoire ancestrale, gardiens de grands secrets,

En nous un savoir millénaire est conservé.

Par nos racines, à la terre, nous sommes liés,

Par nos cimes au ciel d’azur nous sommes reliés.

En nous se réunissent les quatre éléments,

Eau, terre, air, feu se marient harmonieusement.

Image à la fois paternelle et maternelle,

Nous sommes des hommes les deux parents fidèles :

Pères-Arbres par notre tronc dressé vers le ciel,

Donnant la divine impression d’avoir des ailes ;

Mères-Arbres par notre feuillage protecteur,

Offrant durant l’été une ombre de bonheur.

Symbole du cycle des morts et renaissances,

Par nos feuilles en constante régénérescence :

Feuilles par l’automne et ses bourrasques emportées,

Par le printemps et ses bourgeons ressuscités.

 

Nous, Arbres de Vie, sommes des hommes les Pères,

 Nous, Arbres de Vie, sommes des hommes les Frères.

 

Les hommes nous croient profondément immobiles,

Mais nous pouvons atteindre les plus lointaines îles ;

Grands voyageurs pouvant franchir les océans,

Et marcher lentement dans les couloirs du temps.

Les hommes nous croient absolument silencieux,

Mais notre murmure peut monter jusqu’aux cieux ;

Nous possédons un langage olfactif secret,

Parlant du bonheur ou du malheur des forêts.

Les hommes nous croient pauvres en sensibilité,

Mais notre cœur est un trésor d’humanité ;

Solidaires de tous les arbres des forêts,

L’amitié avec nos frères est ainsi scellée.

 

Nous, Arbres de Vie, sommes des hommes les Pères,

 Nous, Arbres de Vie, sommes des hommes les Frères.

 

Mais les hommes ont perdu ce lien originel,

Et oublient que nous sommes leurs parents fidèles ;

Nos fils deviennent ainsi nos plus cruels bourreaux,

Et nous ployons sous le poids d’un très lourd fardeau.

Les arbres des vertes forêts sont sacrifiés,

A la cupidité des hommes sans pitié ;

Les arbres des vertes forêts sont mutilés,

Et agonisent dans leurs souffrances mêlées.

Hommes cruels, pourquoi nous faire tant souffrir ?

Nous couper en morceaux est donc votre plaisir ?

Hommes infortunés, aveuglés de préjugés,

Vous ne comprenez pas que nos destins sont liés,

Et que par la destruction des vertes forêts,

Vous abrégez le cours de votre destinée…

 

Un moment de silence. Des voix humaines se font entendre. Les deux chênes tressaillent légèrement.

 

LES DEUX CHENES CENTENAIRES, poursuivant de la même voix lente et harmonieuse.

 

Quelles sont ces voix humaines ? Amies ou ennemies ?...

Ah ! C’est la voix de la voisine notre amie…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Acte I

 

La Menace 

 

 

Deux personnages entrent alors en scène. Sarah Forestier, professeure en écologie forestière, et Brigit, étudiante en science de l’environnement. Les deux femmes s’arrêtent près des deux chênes.

 

BRIGIT, ton enthousiaste.

 

Oh ! Madame Forestier ! Comme l’endroit où vous habitez est joli ! C’est très gentil à vous de me le faire découvrir ! (Regardant les lieux.) Un vrai petit coin de paradis perdu au milieu des arbres ! C’est si calme, si tranquille ! (Tendant l’oreille.) Non, aucun bruit ne vient troubler ce silence ! C’est si reposant le silence !... (Humant l’air.) Et ces senteurs ! J’adore respirer les odeurs de la nature !... (Un temps.) Vous savez, Madame Forestier, que c’est presque un luxe d’habiter un tel endroit quand on vit en région parisienne ?

 

SARAH FORESTIER, souriante.

 

Brigit, tu peux m’appeler Sarah.

 

BRIGIT, un peu gênée.

 

Je n’oserai pas.

 

SARAH FORESTIER, toujours souriante.

 

Parce que je suis ton enseignante ?

 

BRIGIT

 

Peut-être…

 

 

 

SARAH FORESTIER

 

Brigit, nous nous connaissons depuis plusieurs années. Tu partages le même amour de la nature que moi, et tu es une des étudiantes les plus douées et les plus passionnées par ses études que j’ai rencontrées jusqu’à maintenant. J’ai été très flattée quand tu m’as demandé si je voulais bien être ta directrice de mémoire pour préparer ton master en science de l’environnement.

 

BRIGIT

 

C’est normal que je vous aie choisie. J’ai toujours trouvé vos cours sur la biologie des végétaux passionnants ! Comment ne pas aimer les arbres en vous écoutant si bien en parler ? (Se tournant vers le premier chêne centenaire.) Comme ce chêne est beau ! C’est un arbre remarquable ! Quel âge peut-il avoir ?

 

SARAH FORESTIER

 

Oui, c’est un arbre remarquable qui doit bien avoir près de cinq cent ans. Un vrai symbole de robustesse et de longévité ! C’est le génie familier de ce lieu, gardien de la forêt, qui veille sur les autres arbres, mais aussi sur moi et la petite maison où j’habite. (Posant doucement une main sur la colonne couleur bois représentant le tronc tandis que le visage du comédien jouant l’arbre s’épanouira de bonheur.) J’y suis très attachée ! Je l’appelle mon fiancé de bois ! Tu savais Brigit que le chêne est un arbre particulièrement communicant, connu pour ses ondes et sa capacité à entrer en communion avec ceux qui l’entourent ?

 

BRIGIT

 

Vous m’avez enseigné que tous les arbres sont communicants pour qui veut bien écouter leur langage !

 

SARAH FORESTIER, main toujours posée sur le tronc de l’arbre.

 

C’est vrai, mais le chêne est un arbre particulièrement sociable. Quand je m’approche de cet arbre, un sentiment de sécurité et de protection m’envahit. Je retrouve confiance en moi, en mes capacités. Ce chêne me redonne force et courage pour avancer…

 

 

 

BRIGIT

 

Vous ne semblez pourtant pas manquer de confiance en vous Madame Forestier ! Quand vous faites un cours, tout le monde vous écoute et vous arrivez bien à capter l’attention des étudiants.

 

SARAH FORESTIER, soupirant et faisant quelques pas.

 

Non, détrompe-toi Brigit, je manque au contraire cruellement de confiance en moi. Dans le dernier congrès auquel j’ai participé, j’ai failli bondir quand j’ai entendu un des scientifiques présents remettre en cause les dernières découvertes sur le monde végétal et rappeler l’antique classification des espèces selon Aristote qui classait les arbres et les plantes au plus bas niveau de l’échelle des vivants ! C’est tellement faux ! A la lumière de mes dernières observations et expériences Brigit, je peux au contraire affirmer que les végétaux peuvent prétendre à une place égale à celle des hommes, ils ont juste un mode de fonctionnement et une forme d’intelligence différents des nôtres. J’ai donc pris la parole et commencé à évoquer la conscience des végétaux, mais quand j’ai entendu plusieurs de mes collègues commencer à ricaner, j’ai perdu mes moyens, j’ai bafouillé et n’ai finalement pas pu évoquer mes dernières découvertes…Et quand je suis revenue ici, j’en ai pleuré, Brigit, pleuré de ma faiblesse et j’ai demandé pardon aux arbres de la forêt de ne pas avoir été capable de défendre mieux leur cause…Car il est urgent que la conscience des hommes change et évolue quand on voit les ravages de la déforestation à travers le monde…(S’adossant doucement au tronc du premier chêne centenaire.) C’est pourquoi je viens me ressourcer auprès de cet arbre…J’ai souvent l’impression qu’il me parle, mais que je ne peux comprendre directement son langage…

 

Sarah Forestier ferme un instant les yeux, tandis que le 1er chêne centenaire parle d’une voix lente et harmonieuse.

 

LE 1er CHENE CENTENAIRE, regardant Sarah Forestier avec amour.

 

Oui, Sarah, je suis là, je t’aime et te soutiens,

Dans ce noble combat qui est aussi le mien.

 

SARAH FORESTIER, yeux toujours fermés.

 

Oui, j’ai vraiment l’impression de l’entendre me parler…Sa langue est belle et mélodieuse, mais encore faut-il avoir l’oreille assez fine pour pouvoir l’entendre…

BRIGIT, un peu surprise.

 

Madame Forestier, je ne savais pas que vous étiez poète !

 

SARAH FORESTIER, ouvrant soudain les yeux et regardant Brigit en souriant.

 

Les scientifiques peuvent aussi être sensibles à la poésie Brigit. Et ce serait même merveilleux si la poésie et la science pouvaient avancer ensemble sur le chemin de la connaissance, comme deux sœurs, main dans la main, la première éclairant de son flambeau les signes et les symboles placés partout dans le grand livre de la nature, que la seconde se chargerait de déchiffrer.

 

BRIGIT

 

C’est une belle image ! Vous avez décidément un talent de poète que je ne vous connaissais pas !

 

SARAH FORESTIER, toujours souriante.

 

C’est vrai que j’utilise un langage beaucoup plus scientifique et conventionnel quand je fais mes cours, j’ai peut-être tort… Je crois que j’ai été un peu formatée par ma formation universitaire…Ce sont les arbres de la forêt qui m’ont appris ce langage poétique…

 

LE 1er CHENE CENTENAIRE, regardant toujours Sarah Forestier avec tendresse.

 

Avec tout notre amour nous t’offrons ce savoir,

Puisses-tu en faire du monde le miroir…

 

SARAH FORESTIER

 

Les arbres ont tellement à nous apprendre ! Je les considère comme mes premiers maîtres et mes meilleurs enseignants ! (Se penchant soudain vers le sol.) Tu vois cet enchevêtrement de racines Brigit ? Eh bien c’est ce premier chêne qui est intimement connecté à cet autre chêne que tu vois là, tout à côté.

 

 

 

 

BRIGIT, se penchant à son tour.

 

C’est vrai ! Vous avez raison ! Leurs racines sont tendrement emmêlées comme si les deux arbres étaient  un vieux couple d’amoureux ! (Se relevant un peu taquine :) Madame Forestier, je crois que votre fiancé de bois, comme vous l’appelez, vous trompe !

 

 

SARAH FORESTIER, se redressant à son tour en souriant.

 

Je lui pardonne de bon cœur ! D’ailleurs les arbres sont trop authentiques pour comprendre le sens du verbe tromper. Ce deuxième chêne, très beau lui aussi, est d’après mes calculs, plus jeune que le premier. Quand la graine de ce deuxième chêne est venue échouer là il y a peut- être trois cent ans, le premier chêne a dû très vite être solidaire de son nouveau compagnon, et une histoire d’amour ou d’amitié est née entre eux ce qui explique l’entrelacement et la connexion de leurs racines entre elles. Ces deux chênes sont ainsi de grands amoureux, c’est pourquoi je les appelle tantôt Tristan et Iseult, tantôt Roméo et Juliette…

 

BRIGIT

 

J’espère qu’ils ne connaîtront pas le même destin tragique !

 

LES DEUX CHENES CENTENAIRES, ensemble, d’une même voix lente et harmonieuse.

 

A la vie, à la mort, nous serons toujours liés,

Et notre amour est scellé pour l’éternité…

 

SARAH FORESTIER, déterminée.

 

Je les protégerai ! Ces arbres sont trop précieux ! Ils ont une mémoire, ce sont les gardiens de grands secrets et je suis sûre qu’ils se souviennent de temps très anciens ! Nous pourrions en apprendre si nous pouvions communiquer avec eux !...

 

LES DEUX CHENES CENTENAIRES, toujours ensemble, de la même voix lente et harmonieuse.

 

Oui, Sarah, nous sommes la mémoire du temps,

En nous est gravée l’histoire des anciens temps…

 

Nous, Arbres de Vie, sommes des hommes les Pères,

Nous, Arbres de Vie, sommes des hommes les Frères.

 

TOUS LES ARBRES DE LA FORET, ensemble.

 

Nous, Arbres de Vie, sommes des hommes les Pères,

Nous, Arbres de Vie, sommes des hommes les Frères.

 

 

SARAH FORESTIER, soudain pensive.

 

Il me semble entendre un léger murmure…

 

BRIGIT

 

C’est sûrement le bruit du vent dans les...

Il vous reste 90% de ce texte à découvrir.


Connectez-vous pour lire la fin de ce texte gratuitement.



error: Ce contenu est protégé !
Retour en haut