Le Contrat

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Alex écrit des comédies pour le théâtre… qui à ce jour n’intéressent personne. Il envisage d’abandonner sa carrière de dramaturge pour chercher un vrai boulot… C’est alors qu’il reçoit un appel d’une célèbre productrice parisienne. Elle vient de lire sa dernière pièce et veut absolument la monter. L’occasion pour Alex de voir son talent reconnu ! Enthousiaste et pressée, elle s’apprête à débarquer chez lui afin qu’il signe un contrat d’exclusivité. Mais ce coup de fil inespéré est aussitôt suivi d’un autre. Fred, le copain d’Alex, qui détient déjà les droits de la pièce, lui annonce qu’il va enfin la monter. Il a investi toutes ses économies dans la location d’un petit théâtre.
Comment faire en sorte que ce « loser » sympathique abandonne son projet sans que cela passe pour une trahison de la part de son meilleur ami ?

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Liste des personnages (4)

AlexHomme • Adulte • 241 répliques
ElsaFemme • Adulte • 177 répliques
FredHomme • Adulte • 94 répliques
MargauxFemme • Adulte • 37 répliques

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Un salon meublé de façon sommaire, avec en son centre un canapé. Alex, dans la trentaine, joue à un jeu vidéo sur son ordinateur portable. Son smartphone sonne. Totalement absorbé par son jeu, il tarde un instant à prendre l’appel.

Alex (avec un air distrait) – Ouais... Chloé...? (Revenant brusquement à la réalité) Ah, Chloé...! Si, si, bien sûr, mais... je ne me souvenais pas t’avoir donné mon numéro... C’est Nicolas qui te l’a donné, d’accord... Non, non, ça ne me dérange pas, c’est juste que... Je suis encore au boulot, là, et... Eh bien... chez mon agent. On doit signer un gros contrat, et... Justement, le voilà, je vais devoir te laisser... C’est ça, je te rappelle... Plutôt demain, d’accord ? OK... Moi aussi je t’embrasse... (Il range son smartphone) Putain, Nico... Il va m’entendre...

La porte d’entrée s’ouvre et Elsa arrive, elle aussi dans la trentaine. Elle porte deux sacs de courses bien remplis et apparemment lourds.

Elsa – Salut...

Alex – Tu es déjà là ?

Elsa – Cache ta joie...

Alex – Non, non, c’est juste que... Comme tu m’avais dit que tu rentrerais un peu plus tard.

Elsa – Mon casting a été annulé... J’en ai profité pour faire quelques courses. Et toi ?

Alex – Je cherche toujours une idée pour ma nouvelle pièce...

Elsa – Et alors ?

Alex – Alors rien...

Elsa – Et tu crois que c’est en restant enfermé ici que les idées vont venir...?

Alex – Si tu connais un endroit où on trouve de bonnes idées de comédies, n’hésite pas à me le dire... J’y vais tout de suite...

Elsa – Je ne sais pas... Dans la vraie vie, peut-être... Tu as déjà essayé de pousser un caddy dans un supermarché bondé à l’heure où tout le monde sort du bureau ? Va savoir...? Peut-être qu’au détour d’un rayon... Entre le poisson pané et le papier hygiénique...

Alex – Excuse-moi, demain c’est moi qui ferai les courses.

Elsa – Ne te fatigue pas, je viens de les faire... On en a au moins pour une semaine. D’ailleurs, je vais mettre ça au frigo, avant que les surgelés se mettent à dégouliner sur le papier toilette.

Alex – Bon ben... Merci, alors...

Elsa – De rien, mais la prochaine fois, quand tu vois que le frigo est vide, et qu’on arrive au bout du rouleau, tâche d’y penser...

Elle sort. Il met vaguement un peu d’ordre dans la pièce, puis il se remet à son jeu sur son ordinateur portable, avant de se reprendre.

Alex – Il faut que j’arrête, avec ça... (Il range son ordinateur, prend une bouteille dans le bar et remplit deux verres, tandis qu’Elsa revient) Je t’ai servi un verre, chérie...

Elsa – On fête quelque chose ?

Alex – Non, mais... je vois souvent faire ça dans les séries américaines... Le chef de famille rentre à la maison fourbu, juste à temps pour embrasser les gosses avant qu’ils aillent au lit... Et sa femme lui sert un verre pour qu’il se détende un peu... avant de la prendre sauvagement sur le canapé du salon.

Elsa – Dans les séries américaines des années soixante, peut-être...

Alex – Ouais... Et on n’a pas d’enfants...

Elsa – Tu n’es pas vraiment une femme au foyer non plus... En tout cas, tu n’as pas toutes les options. Tu ne fais ni le ménage ni les courses.

Il l’enlace avec l’envie d’aller plus loin.

Alex – Mais je suis toujours à ta disposition pour le repos du guerrier.

Elle le repousse gentiment.

Elsa – Arrête, tu vas réveiller les enfants...

Ils sirotent leur verre un instant, en silence.

Alex – Je sais, je ne suis pas dans une phase ascendante depuis quelque temps... J’ai arrêté de faire le comédien il y a dix ans pour écrire... mais je n’ai pas réussi à percer en tant qu’auteur.

Elsa – Tu as quand même eu un petit succès avec ta première comédie.

Alex – Elle a été jouée pendant trois semaines dans un théâtre de banlieue... Le temps que tous les copains la voient... Mes autres pièces n’ont jamais été jouées...

Elsa – Je ne comprends pas pourquoi... Quand on voit les navets qui sont à l’affiche dans les plus grandes salles de Paris...

Alex – Je ne connais pas les bonnes personnes, apparemment... Je ne fais pas partie du club... Je n’ai jamais su me vendre...

Elsa – Moi non plus, malheureusement.

Alex – Toi au moins, tu travailles...

Elsa – Tu parles... Des pubs à la con, des silhouettes à la télé, du doublage...

Alex – Le doublage, encore... C’est intéressant, non ?

Elsa – Ça paie les factures... Mais pour ce qui est de la reconnaissance... Tu vois, personne ne m’a jamais dit chez le coiffeur : Je vous reconnais, vous ! Vous êtes la voix de la femme de l’Inspecteur Derrick. Je peux vous demander un autographe ?

Alex – C’est sûrement parce que la femme de Derrick n’apparaît jamais dans la série. Pas plus que celle de Columbo, d’ailleurs...

Elsa – Non, faire du doublage, pour une comédienne, c’est comme de faire du strip-tease dans un club pour non-voyants. On est moins exposée, c’est sûr, mais on est condamnée à rester dans l’ombre.

Alex – Si tu en as marre tu peux arrêter...

Elsa – Ah oui ? Et qui va payer le loyer ? Toi ?

Alex – Je sens comme un reproche à peine déguisé...

Elle l’embrasse.

Elsa – J’ai toujours cru en toi, Alex, tu le sais bien... La chance finira par tourner...

Alex – Je me demande si je ne ferais pas mieux de laisser tomber. Je me donne encore un an, et après je cherche un vrai boulot.

Elsa – Un vrai boulot...? Tu ne sais rien faire...

Alex – Merci de m’encourager dans mon projet de reconversion professionnelle.

Elsa – Le monde du théâtre reconnaîtra un jour ton talent d’auteur, j’en suis sûre.

Alex – Quand je serai mort, peut-être...

Elsa...

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