Manon je voulais m’excuser pour le début de la pièce, les photos. Tout ça j’ai été lourd enfin.

Ok

J’ai fait de la soupe t’en veux ? Je fais jamais la soupe mais là … Comme t’avais toujours faim. J’ai pensé. Et puis voilà je te désire (difficulté inouïe à dire le mot). Je te … Je te dé…

Tout se contracte. Un mot qui vient de si loin. Le laisser s’échapper, s’envoler. Ce n’est qu’une scène après tout. Un pauvre mot dans une scène. Rien de plus. C’est faux. C’est pour de faux. Non. Rien n’y fait. Les mots viennent de trop loin. D’un pays inhabité. D’un pays que je n’ai jamais habité. Alors tout se reconstruit. Tout prend place dans ce corps gelé. Les Alpilles petites soeurs jalouses des Alpes; imposent leurs force tranquille tout autour de moi. Les pierres millénaires des cités romaines. Les cailloux qui lacèrent les pieds nus. Les pieds sont continuellement nus. La lavande. Les chansons provençales du carnaval « Chauch vieille, Chauch vieille que la peau du cul te pèle, à cheval sur ton cabris vole vole chauve-souris, à cheval sur ton hibou vole vole loup-garou ». Les Kinder Bueno comme un cadeau, comme une allégeance. Les parties d’épervier véritable Bagdad à ciel ouvert où chaque fois la sonnerie proposait une trêve, une armistice bienvenue. Et ce soleil. Ardent. Brulant. Le soleil honnis et idolâtré. L’autorité suprême. Celle qui rend insoutenable ma présence à ses cotés. Les volets qui se ferment face à sa toute puissance. Dans les temps bénis de l’enfance, les volets se refermeront souvent pour laisser la terreur émerger dans la maison. De cette terreur qui calcine le corps et lui laisse des cicatrices invisibles. Le corps comme champs de bataille que l’on découvre plus tard. Bien plus tard.

La terreur devient douleur quand elle est tue. Quand de son expression ne lui ai proposé que l’ingratitude. La place à prendre. Ou plutôt la place imaginée pour moi  auquel je ne dois pas me soustraire. Tu honoreras ton père et ta mère. 4 ème commandement. Dogmes qui gravent les êtres dans le marbre et ne leurs permettent d’en sortir qu’en faisant fondre la statut pour la stature tombale. Maison d’un infini. Une vie sous emprise. Alors se jouent les mondes. Celui de l’intime où tout émerge Où tout se fracasse entre violence et infinie solitude du dire.

Celui du théâtre. De la représentation. Celui des Noëls ou rien ne se dit, où tout se tait. Comme si les lieux chauffés outre mesures ne hurlaient pas les râles des fantômes passés ? Comme si la figure paternelle, l’autre, le grand-père, n’imposait pas en permanence sa loi ? Comme si cela pouvait en être autrement. Comme si la terreur d’aujourd’hui ne se confondait pas dans la grande symphonie du corps des hommes avec celle d’hier, d’avant-hier, de la nuit des temps des hommes.

« Pazu à la maison, tu vas faire des heureuses ». « Il doit plaire à toute les filles ». « Avec ton papa on trouve que tu as grossi ». « Tu es beau ».

Le couperet tombe. Je n’aurai pas d’autres choix que d’être le fils beau. De tenir cette place. Mon petit frère aura la médaille du charisme, du meneur d’homme et mon grand-frère »maladroit et honteux comme un roi de l’azur » pourra fédérer autour de lui tant d’amis.

7 ans. Je suis le fils beau. Il me faut des étoffes dignes de cette beauté. Ce sont de sublimes souliers vernis à scratch Geox. Plutôt des basket rouges et beiges permettant un maintient franc et solide tout en laissant le pieds respirer. Car comme chacun sait, Geox est un chaussure qui respire. Paré de mes plus beaux atours je pouvais affronter le monde. Une belle sortie en VTT aura raison de mes souliers vernis. Il faut croire que la parole performative de la beauté ne vient pas forcément avec l’équilibre et la compréhension de l’utilisation de...

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