Le rêve
Un capitaine de gendarmerie tente de remonter le moral à l’un de ses subordonnés, un major dépressif. Mal à l’aise, il fait appel à un adjudant dont l’intellect limité se révèle plus efficace…
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Nous sommes dans une gendarmerie, il y a deux militaires : un capitaine assis à son bureau et un major lui aussi assis, plutôt avachi, dans un état de profonde dépression.
Le capitaine l’observe, pensif, le major est comme absent. Ambiance silencieuse, malaise…
Le capitaine :(Parlant avec douceur) Jacques (Petit silence embarrassé) je ne sais plus quoi faire.
Major : (Soupir)
Le capitaine : Tu ne peux pas m’aider un peu ?
Major : (Soupir)
Le capitaine : Bon. Tu n’as rien à me dire ?
Major : (Soupir)
Le capitaine : Tu ne fais que soupirer, évidemment, je peux bien mettre ça dans le rapport mais je ne suis pas sûr que notre hiérarchie s’en satisfasse.
Major : (Soupir)
Le capitaine : Soupire tant que tu veux mais sans objet précis à consigner… Bon…J’indique déjà l’en-tête, bien en gros, histoire d’écrire quelque chose. (Il écrit) j’ai l’honneur de vous informer des faits suivants : (Il cherche) Le major Vincent soupire toute la journée et n’en branle pas une…
Major : Pas très réglementaire.
Le capitaine : Aide-moi alors, Je ne sais pas…dis-moi quelque chose.
Brigadier :(sombre)
« Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D’une balle inconnue et que j’aime et qui m’aime
Et qui n’est chaque fois ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre
Et m’saigne et me pourfend
Car elle me pourfend et mon cœur transparent
Pour elle seule hélas cesse d’être un problème, pour elle seule »
Le capitaine :(Déstabilisé) Tu n’as pas trop le moral en ce moment ?
Major : Couci-couça.
Le capitaine : Bon. Enfin, tu fais de la poésie et c’est pas négatif ça, oui c’est bien la poésie, hein ? Ça soulage, tu extériorises ton émotion en quelque sorte, hum?
Major : Oui, en même temps le poème n’est pas entièrement de moi
Le capitaine : Y’en a un autre qui écrit dans la brigade ?
Major : Verlaine, Paul.
Le capitaine : (S’agaçant) Oh les gars, oh ! On est des militaires quoi ! La sensibilité, j’ai rien contre, mais ça doit rester dans un cadre personnel! En dehors du service ! Où va-t-on là! Oh !
Major : Ça ne se commande pas
Le capitaine : Justement si ! Un gendarme ça doit commander !
Major : (Soupir)
Le capitaine : Et rebelote, nouveau soupir ! Ah ? Petite nuance tout de même. Celui-ci, me semble moins désespéré mais plus agacé, non ?
Major : Bravo, tu deviens expert
Le capitaine : La pointe d’irritation s’entend surtout vers la fin, le son est plus mat
Major : Puisque tu me comprends, traduis
Le capitaine : Jacques, on se connait depuis…pffeeeu
Major : Trop longtemps
Le capitaine : Pourquoi tu dis ça ?
Major : Tout à l’heure, tu me reprochais mon silence, maintenant tu me reproches de parler ?
Le capitaine : Si c’est pour dire des choses désagréables…
Major : Pour qui ?
Le capitaine : Pour moi. Je suis seul avec toi, non ?
Major : Oui, pourtant cette remarque supposée désagréable ne t’était pas adressée.
Le capitaine : Ah ? C’était pour toi ?
Major : (Il acquiesce)
Le capitaine : Bon, alors si tu as des choses désagréables à te dire, attends ton tour, permets moi de commencer d’abord
Major : A vos ordres
Le capitaine : Jacques, tes notes de services sont catastrophiques, plus personne ne veut patrouiller avec toi, tu ficherais le cafard à un puceau en rut en passe d’être déniaisé par une bimbo sulfureuse et débauchée
Major : Un peu excessif…
Le capitaine : Non. Ça devient...