Les 8 Pommiers capiteux

Spectacle de théâtre en 8 saynètes autour des 7 péchés capitaux…. plus un !
Dans une approche actualisée, j’ai revisité les 7 péchés capitaux pour leur donner un ancrage contemporain et montrer ainsi leur modernité. J’ai poussé le vice (!) à en imaginer un 8e, celui de la désinformation. Le tout parcouru par les allées et venues d’un Harpagon un peu dépassé (hommage au grand maître Molière), envoyé en mission par le Diable en personne, qui aime les pommes et le chiffre 666 !

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Décor (1)

Contemporain et modulable Le décor doit pouvoir s'adapter à l'univers de chacun des péchés/chacune des saynètes.

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Prologue

 LE DIABLE. — Harpagon, mon cher Harpagon ! Je t’ai choisi car tu me sembles bien avisé pour devenir là-haut l’ambassadeur et le bras influent de mon capiteux travail. Je devine en toi de funestes penchants qui me ravissent. Tu as l’ardeur d’un héros de la mesquinerie. A ma plus grande satisfaction, tu me sembles aussi bête que mauvais, et sans volonté d’amélioration… Tout cela me plaît beaucoup !... Aussi, je brûle de te confier une mission machiavélique à la portée de ta belle âme pécheresse. (Un temps…) Je veux que tu ailles intriguer sur terre, afin d’entretenir subtilement les sept péchés capitaux ! Et comme ma malfaisante créativité est décidément sans limite, je viens d’en inventer un huitième !...

Il te faut en premier t’attaquer à l’Orgueil, le père de tous les péchés. Travailler l’égo suppose de se poser les bonnes questions : suis-je le meilleur ? le plus beau ? le plus admiré ?… A ce petit jeu-là, tout le monde est motivé ! Ensuite, il s’agit d’agiter l’Envie : comment loucher sur son prochain, baver sur ce qu’il a ou ce qu’il est, et comment devenir expert en jalousie ! Puis, tu feras vivre un moment diabolique autour de la Gloutonnerie : engloutir et ingurgiter avec démesure. Jusqu’à trépasser, que diable ! Par la suite, je voudrais un petit moment de supplice individuel. Attiser les ressorts démoniaques des frustrations sur frustrations pour exploser en une vilaine Colère toute rouge. Ensuite, il s’agira d’instiller, sans état d’âme et sans culpabilité, l’usage des attraits coquins de la Luxure. Puis, tu t’insinueras dans les délices tentants du moindre effort jusqu’aux flammes de la victoire de la Paresse. Enfin, avant de terminer, et là tu seras dans ta zone de confort, tu ruseras pour faire organiser un goûter de funérailles avec le plus d’Avarice possible. Le dernier tourment est une démoniaque trouvaille, -crois-moi sur parole !

Je sens qu’on va faire ensemble un travail du diable, j’en grésille de joie ! Si tu réussis dans cette œuvre satanique, tu recevras en récompense ta damnation éternelle… Allez, cours maintenant -sans te casser la pomme dans les escaliers- tu n’as plus une éternité à perdre !

Moi, si tu le permets, je vais aller m’en griller une, je suis au bord du burn out !

Pommier I — L’Orgueil

Une scène de théâtre. Deux comédiens répètent.

Gérard, le personnage masculin de la pièce qui est répétée / Michel, le comédien qui interprète Gérard.

Françoise, le personnage féminin de la pièce / Natacha, la comédienne qui interprète Françoise.

Sylvie, la seconde comédienne.

L’auteur qui a écrit la pièce qui est répétée et qui dirige la répétition. 'La pièce qui est répétée est un joyeux patchwork de répliques tirées de la pièce « L’Abribus » de Laurent Van Wetter et retravaillées pour les besoins de cette saynète.)

 L’AUTEUR. — On reprend à partir de la scène 2.

GERARD/MICHEL. — « Ecoute Françoise, on aurait jamais dû… »

FRANÇOISE/NATACHA. — « Pourquoi Gérard, ce n’était pas bien pour toi ?  »

GERARD/MICHEL. — « Ça risque de compliquer les choses. On aurait mieux fait de rester copains ! »

FRANÇOISE/NATACHA. — « Mais on est copains, Gérard ! »

GERARD/MICHEL. — « Tu dis ça maintenant, Françoise. Mais plus tard ? Dans une semaine ou dans un mois, si tu tombais amoureuse de moi, par exemple… »

FRANÇOISE/NATACHA (en riant). — « Mais non, ne t’en fais pas, Gérard ! »

Une deuxième comédienne arrive pour répéter ses scènes. Elle entre sur la pointe des pieds. Elle fait un petit signe de la main aux deux comédiens qui répètent.

GERARD/MICHEL. — « C’est classique Françoise. A partir de là, plus rien n’est comme avant. On est amants, on s’entend bien, on se raconte tout. Et puis, on commence à avoir peur. »… (s’interrompant, et à l’auteur) Ecoute, c’est insupportable ! Moi, je ne peux pas accepter d’être dérangé comme ça au-milieu de ma scène parce que certaines arrivent en retard ! C’est une question de respect de mon travail !

SYLVIE. — Désolée Michel, mais j’ai été retenue au taf. J’ai fait au plus vite !... Et, je suis entrée sur la pointe des pieds !

GERARD/MICHEL. — Cela ne t’autorise pas à m’interrompre dans un moment crucial de mon jeu ! Le théâtre, ce n’est pas un passe-temps pour dactylo !

L’AUTEUR. — Allez Michel, Sylvie s’est excusée, reprend à…

GERARD/MICHEL (l’interrompant). — Ecoute, ma dernière réplique, moi, je trouve qu’elle ne va pas !

L’AUTEUR. — Ah bon ?… C’est-à-dire ?...

GERARD/MICHEL. — Moi, je pense que mon personnage devrait dire « … la maîtresse commence à avoir peur… », au lieu de « …On commence à avoir peur… ». Ce serait plus ad hoc avec son profil de battant !... Gérard, il n’a pas peur, lui !

FRANÇOISE/NATACHA (à son partenaire, entre ses dents). — Ce que tu penses (en imitant son partenaire) plus ad hoc, c’est d’avoir le beau rôle !

GERARD/MICHEL (à sa partenaire, également entre ses dents). — Toi, on ne t’a pas sonné, la lèche-bottes !

L’AUTEUR. — Ecoute Michel, ton personnage est un faux-cul, il veut associer sa maîtresse à sa propre lâcheté, sans l’accuser ouvertement, elle. C’est simple, non ?

GERARD/MICHEL. — Je ne veux pas en faire un casus belli. Mais moi, je ne le sens pas du tout de jouer un personnage aussi peu glorieux !

FRANÇOISE/NATACHA (entre ses dents). — Jules César, sors de ce corps !

L’AUTEUR. — Mais Michel, le public est instruit ! Il sait faire la différence entre toi, dans la vie réelle, et le personnage que tu interprètes !

GERARD/MICHEL. — Il n’empêche, dans la tête du public, le personnage manipulateur que j’aurai interprété sera inévitablement associé à moi, Michel !

L’AUTEUR. — Mais non… Enfin, oui. … Mais… mais, cela fait partie des codes du théâtre ou du cinéma. Le comédien endosse le costume du personnage le temps de la pièce. Il se fait le porte-voix du personnage, mais on sait tous bien que les paroles qu’il dit sont de la fiction !

GERARD/MICHEL. — Et bien ta fiction, autant qu’elle soit avantageuse pour moi, Michel ! Si tous les projecteurs sont braqués sur moi, je préfère in fine que ce soit pour mettre en valeur mes qualités !

Un temps.

L’AUTEUR (changeant d’argumentaire). — Je souhaite simplement que tu t’en tiennes au texte.

GERARD/MICHEL. — J’ai quand même le rôle-titre. Il est normal que les répliques soient adaptées a minima au tempérament du comédien ! C’est une question de respect du comédien qui se met en danger en montant sur scène !

L’AUTEUR (s’énervant). — Ecoute, arrête d’ergoter sur le texte ! C’est MON texte, après tout !

GERARD/MICHEL. — C’est ton texte, et c’est tout !

L’AUTEUR. — Comment ça ?...

GERARD/MICHEL. — T’es pas vraiment metteur en scène, que je sache !

L’AUTEUR. — Merci de me le rappeler ! C’est agréable !… Bon, je ferai comme si je n’avais rien entendu !... Allez, on enchaîne ! A Natacha !

FRANÇOISE/NATACHA (reprenant son texte). —  « Quand j’y pense, j’ai eu de la veine avec mes mecs. C’étaient tous des types de ouf. Mais maintenant que j’ai rencontré Jean-Jacques, les autres peuvent aller se resaper ! Je le kiffe trop ! Quand il me prend dans ses bras… je ne dis pas ça pour te vexer, mais avec lui je me sens comme une petite fille, comme sa mère, et comme sa pute ! » (à l’auteur, s’interrompant).Ecoute, je suis désolée, mais je suis quand même embêtée…

L’AUTEUR (étonné). — Qu’est-ce qu’il y a qui ne va pas ?

FRANÇOISE/NATACHA. — Et bien… je suis embêtée de parler comme ça...

Un temps.

L’AUTEUR. — … C’est à cause du mot « pute » ?

FRANÇOISE/NATACHA. — Oui… enfin non… C’est l’ensemble… « ouf », « resaper », et aussi « pute », c’est vrai…

L’AUTEUR. — Ok pour « pute », admettons. Mais, qu’est-ce qu’il y a avec les autres mots ? …

FRANÇOISE/NATACHA. — Ça me dérange de parler en argot. Je n’aime pas parler comme... comme… une charretière sur scène ! Voilà !

GERARD/MICHEL (à sa partenaire, entre ses dents). — Saint-Nitouche !

L’AUTEUR. — Mais ma grande, faire du théâtre, c’est accepter de jouer toutes les sortes de textes !

FRANÇOISE/NATACHA. — Je sais, je sais… Mais quand même… que vont dire mes amis ? … mes collègues… et ma famille ?... Je trouve qu’on doit penser au public qui va venir nous voir ! On ne peut pas choquer les gens !

L’AUTEUR. — Ecoute Natacha, c’est justement ça qui est intéressant pour le comédien ! Pouvoir parler dans un espace où par convention tout est faux ! Avoir la liberté de tout dire, parce que rien n’est vrai !...

GERARD/MICHEL. — Moi, je comprends tout à fait Natacha !…

FRANÇOISE/NATACHA (surprise). — Ah bon ?...

GERARD/MICHEL. — C’est une question d’image que l’on donne comme comédien. C’est ce que je te disais tout à l’heure à propos des motivations de mon personnage…

FRANÇOISE/NATACHA (à son partenaire, entre ses dents). — Ben voyons ! M’aurait étonné que tu viennes au secours de tes partenaires sans te mettre en avant, toi !

GERARD/MICHEL (à sa partenaire, entre ses dents). — Moi, c’est légitime, ce ne sont pas des pudeurs métaphysiques de jeune fille !

L’AUTEUR (s’énervant). — Bon ! Tenez-vous en au texte tel qu’il a été écrit ! Je ne vais quand même pas tout réécrire pour remplacer chacun des mots qui vous embêtent !

SYLVIE. — Est-ce qu’on peut avancer, s’il vous plaît ?... Sinon, demain matin, on est encore ici !

GERARD/MICHEL. — Toi, l’intérimaire, tais-toi ! Jouer demande de l’engagement, du sérieux, c’est une responsabilité. Moi, je n’ai pas envie de bâcler mon jeu parce que tu veux rentrer te coucher !

SYLVIE. — Ce que tu ne bâcles pas, c’est ton égo en tout cas !

L’AUTEUR. — Bon !... On peut reprendre ?... Alors, on en était à… Gérard qui dit « Ecoute, j’ai beaucoup de mal à accepter quelqu’un dans ma vie, tu comprends ?  »

GERARD/MICHEL (de mauvaise grâce, mécaniquement). —  « Ecoute, j’ai beaucoup de mal à accepter quelqu’un dans ma vie, tu comprends ? »

FRANÇOISE/NATACHA (unpeu stressée par la suffisance de GERARD/MICHEL, a un trou de mémoire) — euh… « Je ne… » …euh… « Je ne… » …euh… « Je ne sais pas… » …euh… « …quoi… »

GERARD/MICHEL. — Ecoutez ! Moi, je mets mon veto. Moi, je ne peux pas jouer comme ça !...(s’adressant à l’auteur en désignant sa partenaire) Elle ne connaît pas son texte, c’est inadmissible !

FRANÇOISE/NATACHA (à Gérard/Michel). — Tu me stresses, Michel ! …...

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