Les esprits mènent l’enquête

Genres :
Thèmes :
Distribution :
Durée :

Quand Pierre meurt, assassiné par son épouse, il est très surpris, déjà de s’être fait tuer, mais aussi de découvrir l’au-delà. C’est un bien grand mot quand il s’aperçoit qu’il ne peut même pas quitter son appartement, et qu’en plus il n’est pas tout seul.
En effet un autre esprit squatte les locaux. Seule solution pour reprendre le cours normal de sa mort, que sa meurtrière avoue son forfait. Avec l’appui d’un autre revenant fort de son expérience de commissaire ils vont tenter d’aider la police. Un chassé croisé entre vivants, médium et fantômes qui va aboutir à un résultat, mais pas forcément celui souhaité par Pierre.

🔥 Ajouter aux favoris

Soyez le premier à donner votre avis !

Connectez-vous pour laisser un avis !

 

 

 

 

                                          ACTE 1

 

                                    

Scène 1

L’action se passe dans le salon d’un appartement cossu des beaux quartiers de Paris

Pierre est derrière le canapé, il cherche de l’aspirine. Entre son épouse Myriam.

Pierre : Déjà là ! Tu ne devais pas passer prendre l’hystéro chez elle en sortant du boulot ?

(Myriam ne répond pas)

Pierre : Je ne me trompe pas, on est bien vendredi, c’est ce soir qu’elle dîne avec nous, non ? . . . J’ai pris du turbot comme tu me l’avais demandé, parce que Madame Sophie adore ce poisson.

(Myriam ne répond toujours pas)

Pierre : Qu’est-ce que tu as, tu es devenue muette . . . Tiens, tu ne saurais pas où est l’aspirine, j’ai un mal de tête pas possible. C’est venu d’un seul coup et je ne trouve pas ces foutus cachets ?

(Myriam reste silencieuse)

Pierre : (Plaisantant) Qu’est-ce qui t’arrive, tu ne vas quand même pas me laisser mourir comme ça, sans rien faire, on s’aime, non ?

(Myriam, toujours silencieuse sort un revolver de son sac et le pointe sur Pierre)

Pierre : (Voyant l’arme et voulant toujours plaisanter pour détendre l’atmosphère) On ne s’aime plus ? (Myriam tire alors sur Pierre) Apparemment non ! (Il s’écroule derrière le canapé. Elle va vers lui, lui prend sa montre, la regarde et sort très vite de l’appartement)

 

 

                                             NOIR

 

 

Scène 2

 

(Même décor, assis au bar, en fond de scène, Paul regarde la scène sans bouger, Pierre se relève de derrière le canapé, habillé tout en blanc et complètement hébété, avance jusqu’en avant-scène, et, se parle à lui-même)

 

Pierre : Elle est complètement cinglée, elle arrive, sans rien dire, et pan, elle me tire dessus. Heureusement qu’elle ne sait pas se servir d’une arme, sans ça . . . (Réfléchissant) Ou alors, c’était des balles à blanc. N’importe comment, c’est complètement dingue, elle n’est pas nette, il faut qu’elle consulte. Mais qu’est-ce qui lui arrive . . .

Ça va pas se passer comme ça, (mimant une scène célèbre d’un film culte) elle connait pas Raoul, ce soir elle va finir façon puzzle aux quatre coins de l’appart.

(En se retournant, Pierre découvre Paul assis au bar au fond de la pièce)

 

Pierre : Qu’est-ce que vous foutez là vous ? . . .  Qui êtes-vous ? . . . C’est ma femme qui vous a demandé de venir, pour finir le travail, au cas où ?

(Paul ne répond pas)

Pierre : C’est une nouvelle mode, ne jamais répondre, ou c’est moi qui deviens sourd ?

(Toujours pas de réponse)

Pierre : Foutez le camp d’ici ou j’appelle les flics !

(Paul quitte le bar et s’approche de Pierre)

Paul : (Très calmement) Ça ne sert à rien de s’énerver, restez calme, vous allez subir un choc et croyez-moi, la zen attitude est de rigueur.

Pierre : (Allant vers Paul l’air menaçant) C’est vous qui allez subir un choc, je vous en foutrais de la zen attitude ! (Il lève la main pour lui mettre une gifle)

Paul : Avant d’essayer de me taper dessus, allez voir derrière le canapé.

Pierre : Mais il me donne des ordres, l’asticot . . .

Paul : Allez voir, je vous dis, et je vous assure, je ferais tout ce que vous voudrez après.

Pierre : (Hésitant, il accepte d’aller voir derrière le canapé et pousse un cri, puis doucement) C’est qui ?

Paul : Regardez bien, je suis sûr que vous allez le reconnaître.

Pierre : (Hébété) C’est moi !

                                                                    NOIR

 

Scène 3

 

(Même décor, Pierre et Paul assis dans le canapé, Pierre à jardin, Paul à cour)

 

Pierre : (Effondré) Alors comme ça, c’est fini, je suis mort ! C’est donc ça la mort ?

Paul : Pas tout à fait.

Pierre : Comment ça, pas tout à fait.

Paul : Ben, je ne sais pas comment dire, disons que pour l’instant vous êtes en transit.

Pierre : En transit, qu’est-ce que ça veut dire ? Je suis mort ou je ne suis pas mort ?

Paul : Disons que . . . Vous n’êtes plus vivant !

Pierre : Mais il se fout de moi l’asticot, si je ne suis plus vivant, pour moi pas de doute, je suis mort.

Paul : D’abord, s’il vous plait, ne m’appelez plus l’asticot, dans notre état, ce n’est pas ce qui est le plus indiqué.

Pierre : (Surpris) Pourquoi, dans notre état ?

Paul : Parce-que moi aussi, je suis comme vous, pareil, en transit. Je vous explique.

Pierre : Vous aussi, vous êtes mort !

Paul : Comme vous, je vous dis. Voilà, d’après les informations que j’ai réussi à obtenir ; dans notre existence terrestre, il y a deux dates programmées, notre naissance et notre mort. Entre les deux, c’est quartier libre, on fait ce que l’on veut. Mais si un être humain s’amuse à vouloir modifier le programme, ça coince.

Pierre : Comment ça, modifier le programme ?

Paul : Attendez, laissez-moi finir. Pour la naissance, pas de problème, on nait et puis après, ça roule, mais pour la mort, si quelqu’un vous tue, comme ça, de sa propre initiative, ça, ce n’est pas prévu.

Pierre : Et qu’est-ce qui se passe ?

Paul : (Il se lève, va à cour) Eh bien, en attendant la date de votre mort programmée initialement, la vraie, celle qui vous emmène dans l’autre monde, vous restez là, à glander sans pouvoir quitter les limites de l’appartement.

Pierre : Et ça peut durer longtemps ?

Paul : Comme je viens de vous le dire, jusqu’à votre date de mort prévue initialement. (Un instant) Vous avez quel âge ?

Pierre : Cinquante ans.

Paul : Donc, s’il était prévu que vous mourriez à quatre-vingt-cinq ans, ça vous fait donc (Il réfléchit) trente-cinq ans à attendre.

Pierre : Trente-cinq ans !

Paul : (En plaisantant, s’appuyant sur le canapé) Je ne sais pas, j’ai dit ça comme ça, si ça se trouve, vous deviez peut-être être centenaire.

Pierre : (Paniqué, il se lève) Et il n’y a pas moyen de réduire le délai.

Paul : Si, il y a une possibilité de partir plus tôt.

Pierre : (Très intéressé) Comment ça ?

Paul : (Face public) Si votre meurtrier avoue son crime, alors vous pouvez partir. Mais c’est rare, il faut compter sur la police, et si j’en crois ma propre expérience.

Pierre : Pourquoi, ça fait longtemps que vous êtes là ?

Paul : Vingt-deux ans.

Scène 4

 

Pierre : Vingt-deux ans !

Paul : Eh oui, vingt-deux ans, mais j’ai eu de la chance, je ne suis pas resté tout seul tout ce temps.

Pierre : Comment ça, pas tout seul ?

Paul : Oui, ma femme est venue me rejoindre une semaine après m’être fait assassiner.

Pierre : Parce-que vous aussi, vous vous êtes fait tuer ?

Paul : Evidemment, sans ça, comment je serais là aujourd’hui.

Pierre : Et votre femme aussi ?

Paul : A la bonne heure, vous commencez à comprendre.

Pierre : Ici, dans cet appartement ?

Paul : Oui.

Pierre : Comment ça s’est passé pour vous ?

Paul : Comme dans beaucoup de cas, l’amant qui tue le mari.

Pierre : Et pour votre femme ?

Paul : Pareil, son amant. Attendez, je vous explique, (derrière le canapé) quand j’ai commencé ma carrière professionnelle dans l’immobilier avec la fortune que m’avait laissé mes parents, je n’étais plus très jeune. J’ai tout de suite créé une société avec deux amis, une architecte décoratrice, Laurence, qui est devenue ma femme, et un commercial qui est devenu son amant.

Pierre : Normal, et alors.

Paul : J’étais le gérant, mais très vite, le commercial a voulu devenir calife à la place du calife, et pour ça, il a commencé à draguer la femme du patron en se disant qu’ensemble ils deviendraient majoritaires.

Pierre : Et ça ne s’est pas passé comme prévu ?

Paul : Pas du tout, ma femme qui était très loin d’être idiote a tout de suite pigé et prise de remord elle a rompu. Du coup lui, vexé, a choisi la manière forte et (En montrant l’endroit où il s’est fait tuer) il m’a flingué. Mais là aussi, ma femme a compris et elle l’a menacé de tout dévoiler s’il ne se rendait pas.

Pierre : Et alors ?

Paul : Du coup, il l’a tué aussi, et il s’est débrouillé pour faire disparaître le corps et la faire accuser de mon meurtre par la police en disant qu’elle avait dû s’enfuir à l’étranger.

Pierre : Et il l’a tué ici.  . . . Et comment il s’est débarrassé du corps ?

Paul : Le plus simplement du monde, on venait d’acquérir cet immeuble, nous venions de le refaire à neuf. Dans cette pièce, avant, sur ce mur, (désignant une cloison en fond de scène) il y avait une grande cheminée très laide. Ma femme, en bonne décoratrice l’a supprimé, une cloison propre et nette a masqué l’énorme trou produit par la disparition de la cheminée. Et c’est là qu’elle a trouvé sa dernière demeure.

Pierre : (Effaré, en montrant le mur) Quoi, elle est dans le mur ?

Paul : Oui, tout était neuf, il a percé à l’emplacement du creux laissé par l’ancienne cheminée, la mise dedans et a rebouché. Tout le monde n’y a vu que du feu.

Pierre : Faut dire que c’était une cheminée.

Paul : De l’humour, (Un temps) je crois qu’on va bien s’entendre.

Pierre : (Réfléchissant) Mais alors, si je comprends bien, elle est encore là ?

Paul : Bien sûr, elle n’a pas pu s’enfuir par la cheminée, ce n’est pas le Père Noël.

Pierre : Mais j’ai vécu, ici, dans cet appartement avec un cadavre dans le mur !

Paul : Comme tout le monde depuis vingt-deux ans.

Pierre : C’est horrible. (Un instant) Et si je comprends bien, après sa mort, elle est revenue habiter ici.

Paul : Habiter, on peut dire comme ça.

Pierre : Et elle est repartie quand ?

Paul : (Nostalgique) Ça fait une dizaine d’année.

Scène 5

Pierre : (Ils s’assoient sur le canapé) Loin de moi l’intention d’être désagréable, mais je n’ai pas tellement envie de rester ici, avec vous pendant vingt-deux ans.

Paul : Rassurez-vous, je vous comprends. (Un temps) Mais comme je vous l’ai expliqué, il faudrait que votre femme avoue son crime, ce qui ne semblait pas être dans ses plans la dernière fois que nous l’avons vu.

Pierre : D’accord, mais il y a la police.

Paul : Je pense que cela va être très compliqué.

Pierre : Pourquoi ?

Paul :...

Il vous reste 90% de ce texte à découvrir.


Connectez-vous pour lire la fin de ce texte gratuitement.



Retour en haut
Retour haut de page