L’ombre D’un Doute

Édition :

Kate, une ancienne infirmière, a épousé John Derwent, un jeune veuf appartenant à un milieu social bien supérieur au sien. Ils sont heureux ensemble malgré les réserves de la famille de John, jusqu’à ce que surgisse “l’ombre du doute” sur le passé de Kate. La question de la confiance entre les époux devient alors cruciale. Edith Wharton brosse ici un magnifique portrait de femme qui se bat pour conserver ce qui lui importe le plus, son estime de soi. Les personnages secondaires sont tout aussi convaincants, chacun défendant avec énergie et parfois avec humour son point de vue et ses valeurs. Une pièce dans la lignée de Maison de Poupée d’Ibsen ou d’Une Femme sans Importance d’Oscar Wilde, mais écrite par une femme.

🔥 Ajouter aux favoris

Soyez le premier à donner votre avis !

Connectez-vous pour laisser un avis !




EXE_L'OMBRE_D'UN_DOUTE_MEP_135x195

Edith Wharton

L’Ombre
d’un Doute

(The Shadow ofa Doubt)

Adaptation française de
Catherine Romensky et Jean-Joël Huber

Editions du Brigadier
14, rue du Quai - 59800 Lille

Personnages

John Derwent

Lord Osterleigh

L’honorable Robert Mazaret

Docteur Carruthers

Lord Uske

Capitaine Dullaston

Un valet de pied

Kate Derwent

Clodagh Nevil

Lady Uske

Sylvia

Mme Lingard

Gwendoline Jane

ACTE 1

Le salon de la maison de Lord Osterleigh à Park Lane.

Au lever du rideau, on aperçoit Sylvia Derwent, une adolescente de treize ans, en train de regarder par la fenêtre. Lord Osterleigh, un grand et bel homme d’environ soixante ans, avec une pointe d’autoritarisme derrière une attitude légère, entre dans la pièce en boitant légèrement et en s’appuyant sur une canne.

Lord Osterleigh, s’approchant de Sylvia et posant ses mains caressantes sur ses épaules. Je crains que ce ne soit là une vue bien ennuyeuse pour une voyageuse si récemment revenue de l’étranger.

Sylvia, se retournant au contact de ses mains. Grand-père ! Je guettais la voiture, vous savez. Elle vient chercher maman, n’est-ce pas ?

Lord Osterleigh, en grimaçant légèrement. Je — euh — oui. J’ai dit à Mme Derwent que la voiture était à sa disposition pendant son séjour ici.

Sylvia, lui caressant la main. Comme c’est gentil de votre part ! Vous savez, maman n’a jamais eu de voiture auparavant. Elle m’a dit de regarder attentivement et de la prévenir si je la voyais arriver. Elle est tout excitée. Elle se moque toujours d’elle-même quand elle est comme ça, vous savez. Elle m’a dit une fois qu’elle enviait les filles qui pouvaient se permettre de prendre le bus chaque jour. C’était quand elle travaillait à l’hôpital. Elle devait toujours marcher à pied à cette époque.

Lord Osterleigh, gêné. Ah bon ?

Sylvia. — Voilà la voiture ! Mais c’en est une nouvelle, n’est-ce pas, grand-père ?

Lord Osterleigh. — Eh oui, c’en est une nouvelle, tu es très observatrice !

Sylvia. — Vous faites des folies ! La dernière fois que nous sommes venus ici — c’était il y a deux ans, quand pauvre mère était encore — je veux dire — je me souviens que vous veniez juste d’acheter une nouvelle voiture, qui a servi pour la première fois pour venir nous chercher de la gare. Je me demande ce qu’elle est devenue.

Lord Osterleigh, gravement. Ne peux-tu pas comprendre, Sylvia, que je ne veux pas que la voiture qui a accompagné ta mère pour son dernier voyage soit utilisée par — par quelqu’un d’autre ?

Sylvia, surprise. Mais, grand-père ! — Pas même — pas même par maman ?

Lord Osterleigh, à part. Surtout pas ! (À haute voix, en passant son bras autour de Sylvia et en l’éloignant de la fenêtre.) Sylvia, ma chère, est-il vraiment indispensable que tu appelles Mme Derwent maman ?

Sylvia, troublée. Je ne sais pas — je suppose que non. Elle m’a dit de l’appeler Kate. Mais mon père aime bien que je l’appelle maman.

Lord Osterleigh, avec amertume. Le même nom que celui que tu donnais à ta propre mère ! (Avec un effort.) Eh bien, tu dois faire comme ton père le désire. — Tu penses encore parfois à ta mère, Sylvia ?

Sylvia. — Oh, grand-père — bien sûr que oui !

Lord Osterleigh. — Tu ne l’oublieras jamais, n’est-ce pas ?

Sylvia. — L’oublier ? Mais comment pourrais-je ? J’étais déjà une grande fille de onze ans quand elle est morte.

Lord Osterleigh, soupirant. Onze ans — oui, tu avais onze ans. Il n’y a que deux ans.

Sylvia. — Et en plus, Kate me parle d’elle tous les jours.

Lord Osterleigh. — Hum — en effet ! Et que dit-elle ?

Sylvia. — Exactement comme vous, grand-père ; elle me parle de sa bonté et de sa gentillesse, et me dit que je ne dois jamais, jamais, jamais l’oublier.

Lord Osterleigh. — Hum !

Sylvia, tend l’oreille. Mais voici maman qui arrive — je veux dire Kate. Je me demande si elle sait que la voiture est arrivée ? (Courant vers la porte.) Maman ! Maman chérie !

Mme Derwent entre. Elle a environ 28 ans, elle est grande, mince, très bien habillée, avec des manières un peu trop chaleureuses et empressées.

Kate, à voix basse, à Sylvia, en lui rendant son baiser. Kate, ma chérie. (S’avançant vers Lord Osterleigh.) Je vais sortir et faire quelques visites avant que John ne revienne. Il m’a dit qu’il devait quitter le Foreign Office plus tôt que d’habitude cet après-midi, je ne serai donc pas absente longtemps.

Un valet de pied entre.

Le valet de pied, à Kate. La voiture est prête, madame.

Kate. — Merci.

Le valet de pied. — Un monsieur a demandé à vous voir il y a quelques minutes, madame, mais j’ai dit que vous alliez sortir.

Kate, visiblement surprise. Un monsieur — pour me voir ? Oh, ce doit être une erreur !

Le valet de pied. — Je ne crois pas, madame. C’était M. Mazaret. Il a dit qu’il repasserait plus tard, et qu’il souhaitait tout particulièrement vous voir, vous et M. Derwent, madame.

Le valet de pied sort.

Lord Osterleigh. — Mazaret ? Je pensais qu’il était toujours en Afrique du Sud.

Sylvia, avec l’air de celle qui sait. Je savais qu’il n’y était plus. Je l’ai vu hier se promener dans le parc avec la cousine Clodagh.

Lord Osterleigh, intéressé — puis soupirant.Ah ? Vraiment ?

Kate, se reprenant. M. Mazaret — bien sûr ! Suis-je bête. (À Lord Osterleigh, avec un sourire.) Vous voyez que je ne suis pas habituée aux visiteurs ; mais je dois apprendre à cacher ma surprise. (À Sylvia) Où est mon autre gant, ma chérie ? Je te remercie.

Sylvia. — Laissez-moi le boutonner pour vous, maman.

Kate, à voix basse, en lui cédant sa main. Il faut dire Kate, ma chérie — souviens-toi !

Sylvia, sur le même ton. Oui, maman —, mais est-ce que je ne peux pas dire maman si je le chuchote ? (À haute voix.) Voilà, c’est bien boutonné. Comme tu es belle, n’est-ce pas, grand-père ?

Kate, souriante. Tout est dans les vêtements. Mais je dois partir maintenant. Puis-je faire quelque chose pour vous, Lord Osterleigh ?

Lord Osterleigh, avec une politesse étudiée. Merci, non. Je vais rester à la maison et soigner ma goutte, et cette grande fille me divertira avec le récit de ses voyages.

Kate, souriante. Sylvia est une grande voyageuse, je peux vous l’assurer. Nous n’avons pas eu le droit de rater un seul musée et John a dû changer les dates de toutes ses réunions. (À Sylvia.) As-tu montré tes photos à Lord Osterleigh ?

Sylvia. — Non. Je vais aller les chercher.

Sylvia sort en courant.

Kate, la suivant du regard avec affection. Elle était tellement intéressée par tout ce que nous avons vu à l’étranger. Je suis si heureuse d’avoir convaincu John de l’emmener avec nous. Ne trouvez-vous pas qu’elle a progressé depuis l’année dernière, Lord Osterleigh ? N’est-elle pas en train de bien grandir ?

Lord Osterleigh, s’adoucissant. Il me semble en effet.

Kate. — Elle — elle ressemble tellement à sa mère. — Ne trouvez-vous pas ?

Lord Osterleigh, se raidissant à nouveau. Je ne suis pas doué pour les ressemblances. (Une pause.) Mais je crois que la voiture vous attend.

Kate, embarrassée. J’avais oublié qu’elle attendait ! (Avec un sourire.) Mais voyez-vous, Lord Osterleigh, je n’ai pas non plus l’habitude qu’une voiture m’attende !

Il a l’air un peu honteux et elle sort avec un petit signe de tête et un sourire.

Lord Osterleigh, se parlant à lui-même. — Quelle femme ! Elle me fait toujours me comporter comme un goujat. Je pense parfois qu’elle le fait exprès. (Une pause.) Mais pourquoi a-t-elle sursauté quand elle a entendu que quelqu’un avait demandé à la voir ?
Je jurerais qu’elle n’est pas aussi peu sophistiquée qu’elle en a l’air.

Sylvia entre à nouveau, portant un grand album de photos.

Sylvia. — Les voici, grand-père. Regardez comme elles sont bien rangées. Kate les a toutes collées pour moi. Je n’aurais pas pu le faire aussi bien moi-même.

Lord Osterleigh, s’installant à côté d’elle sur un canapé, pendant qu’elle ouvre l’album et tourne les pages. Hum — le Colisée, le Mont Blanc, Pompéi, la chapelle Sixtine. Que de choses tu as vues, ma chérie !

Sylvia, astucieusement. Oh, vous riez, grand-père ; et père aussi s’est bien moqué de nous. Mais vous voyez, ni Kate, ni moi n’étions jamais allées à létranger avant et nous voulions tout voir.

Lord Osterleigh. — Bien sûr —

Sylvia. — Mais voici quelque chose de différent. Voici Vienne.

Lord Osterleigh. — Ah, j’étais secrétaire d’ambassade là-bas bien avant ta naissance.

Sylvia. — Vraiment ? Que c’est drôle ! Vous croyez que père sera un jour secrétaire d’ambassade, grand-père ?

Lord Osterleigh. — Il aurait pu devenir ambassadeur, avant !

Sylvia, stupéfaite. Oh — quand ?

Lord Osterleigh. — Je veux dire — si les circonstances avaient été différentes. Si ta pauvre mère avait vécu. Elle était si bien faite — si merveilleusement faite — pour l’aider dans sa carrière.

Sylvia, en soupirant. Oui, c’est ce que Kate dit toujours. Mais Kate aussi fait beaucoup d’efforts pour aider père. Elle a étudié le français et l’allemand tout l’hiver dernier, exprès.

Lord Osterleigh. — Hum. — Elle dispose certainement en toi d’une ardente avocate, ma chérie.

Sylvia. — Vous voulez dire que je l’aime beaucoup ? Mais comment pourrais-je m’en empêcher ? Elle est tellement, tellement bonne avec moi ! Cela ne la gêne pas que je ne sois qu’une petite fille ; et c’est un tel réconfort, vous savez.

Lord Osterleigh, souriant. Oui, je suppose que ça l’est. Et pendant tout le temps où vous étiez à l’étranger, n’a-t-elle jamais — jamais été, le moins du monde, désagréable avec toi ?

Sylvia, pensive. Oh, si — parfois — juste un peu.

Lord Osterleigh, fronçant les sourcils. Quand ?

Sylvia, prenant un air coupable. Oh, juste une fois ou deux. Quand j’ai oublié — oublié —

Lord Osterleigh. — Eh bien ?

Sylvia. — De vous écrire, ainsi qu’à la cousine Clodagh.

Lord Osterleigh. — Ah !

Sylvia, caressante. Mais je n’ai pas souvent oublié — n’est-ce pas, grand-père ?

Lord Osterleigh, souriant et lui pinçant le menton. Comment le saurais-je, petit singe, si on te l’a toujours rappelé ?

Sylvia, déconcertée. Oh, grand-père — oh !

Lord Osterleigh, avec un effort. Eh bien, tu sembles avoir passé une année très heureuse avec ta — ta nouvelle mère. (Une pause.) Et ton père était-il toujours — heu — (Il s’interrompt, se lève et s’éloigne. Puis, à lui-même.) Allons, allons, ma curiosité n’en aura-t-elle donc jamais assez. A ce compte-là, je ferais mieux d’engager immédiatement un détective.

Le valet de pied entre à nouveau.

Le valet de pied. — Lady Uske, monseigneur.

Il sort.

Lady Uske, une femme d’une cinquantaine d’année, mince, charmante, bien conservée et moderne, entre avec un air de familiarité.

Lord Osterleigh. — Ah, ma chère Susan ! Quelle agréable surprise ! Je ne savais pas que vous étiez en ville.

Lady Uske, souriant et lui donnant la main. Je suis venue pour la journée afin de rendre visite à la mariée.

Lord Osterleigh. — Pourquoi me détromper si vite ? J’espérais que vous veniez me voir.

Lady Uske. — C’est ce que j’ai fait. J’ai attendu qu’elle soit sortie. Je viens de croiser sa voiture dans Bond Street — ma parole, vous prenez remarquablement soin d’elle !

Lord Osterleigh, un peu gêné. Vous n’avez pas encore salué Sylvia.

Lady Uske. — Eh bien, ma grande fille ! Comme tu as grandi —
je ne t’ai pas vue depuis que tu es partie à l’étranger.
(Elle embrasse Sylvia tendrement, tandis que Lord Osterleigh baisse le regard avec un profond soupir.) Comme ton grand-père doit être heureux de te retrouver !

Sylvia, gravement. Oui, c’est très important pour lui.

Lady Uske, à Lord Osterleigh, à voix basse. Et maintenant, renvoyez-la, s’il vous plaît, ou je ne manquerai pas de dire quelque chose d’inapproprié. Les enfants me font toujours cet effet. Ils me fixent d’une telle manière qu’ils me mettent mal à l’aise et alors, je dis toujours ce qu’il ne faut pas.

Lord Osterleigh, à Sylvia. Et maintenant, ma chérie, je pense que tu ferais mieux de rapporter tes photos dans la salle de classe.

Sylvia, joyeusement. Très bien, grand-père. (Elle ramasse l’album.) Au revoir, Lady Uske.

Lady Uske. — Au revoir, mon enfant. (Observant Sylvia qui sort.) Comme elle est jolie ! Elle ressemble tellement à Agnes.

Lord Osterleigh. — Ah, vous le voyez aussi ?

Lady Uske. — Mais avec plus d’animation.

Lord Osterleigh, légèrement agacé. Vous parlez comme si Agnes avait été froide.

Lady Uske, sans enthousiasme. Oh, non — pas pour vous, en tout cas.

Lord Osterleigh, avec une émotion intense. C’était une fille parfaite.

Lady Uske, s’asseyant près de lui et posant affectueusement sa main sur la sienne. Mon pauvre ami ! (Une pause.) Vous trouvez leur visite très éprouvante, n’est-ce pas ?

Lord Osterleigh. — Oh, intolérable ! Cela me rappelle tout ce que j’ai souffert à la mort d’Agnes. Mlle Tredennis était tellement associée à —

Lady Uske. — Oui, je sais.

Lord Osterleigh, de plus en plus agité. Je ne pourrai jamais me consoler de ce qu’elle soit morte sans personne auprès d’elle !

Lady Uske. — Sauf Mlle Tredennis.

Lord Osterleigh, amèrement. Sauf l’actuelle Mme Derwent !

Lady Uske. — Mais si j’ai bien compris, à l’époque, elle s’est admirablement comportée.

Lord Osterleigh. — Admirablement — j’essaie de m’en souvenir. Une sœur n’aurait pas pu être plus dévouée, plus héroïque.
La toute dernière fois que j’ai vu Sir Hector Blair — c’était l’hiver dernier, quelques jours avant sa mort — il m’a dit que, durant toute sa carrière, il n’avait jamais vu une infirmière plus compétente et plus intelligente que Mlle Tredennis.

Lady Uske, se souvenant. Ah, pauvre cher Sir Hector ! Quelle perte pour nous ! Je n’ai jamais osé être vraiment malade depuis sa mort.

Lord Osterleigh, suivant ses pensées. Mais la voir ici maintenant — savoir qu’à la mort d’Agnes, elle était plus proche de mon enfant que moi — et que maintenant, elle a usurpé sa place — oh, c’est intolérable ! Cette femme à la place d’Agnes — cette femme !

Lady Uske, d’un air compatissant. Est-elle vraiment si horrible ?

Lord Osterleigh. — Horrible ? Non. C’est bien pire que cela. Elle est irréprochable — si insupportablement prévenante et bien élevée, si pleine de tact et de réserve, que j’ai du mal à supporter de rester dans la même pièce qu’elle.

Lady Uske. — Oh, je vous comprends si bien. Elle ne vous donne jamais le moindre prétexte pour la détester ?

Lord Osterleigh, d’un air vindicatif. Jamais !

Lady Uske. — Ou pour la mépriser ?

Lord Osterleigh, même ton. Encore moins !

Lady Uske. — Elle est gentille avec Sylvia ?

Lord Osterleigh. — C’en est insupportable.

Lady Uske. — Et John est amoureux d’elle ?

Lord Osterleigh. — De manière dégoûtante.

Lady Uske, avec philosophie. Eh bien, à quoi s’attendre lorsqu’un homme se marie contre l’avis de tous ses amis ? Il est à peu près certain que cela tournera mal — pour eux !

Lord Osterleigh, tristement. Ah, Susan, je ne doute pas qu’il s’agisse d’une plaisanterie très drôle pour vous, — mais pour moi — voir mon Agnes, ma fille chérie, mise de côté, supplantée, complètement oubliée — à peine deux ans après sa mort ! Voir son mari, un homme que j’avais tiré de l’obscurité pour elle, dont j’avais favorisé la carrière comme s’il avait été mon propre fils, — le voir, en l’espace d’un an, mettre à la place de ma fille, — une arriviste, une moins que rien —

Lady Uske. — Oh, Mlle Tredennis est-elle si mauvaise ?

Lord Osterleigh, à contrecœur. Eh bien,...

Il vous reste 90% de ce texte à découvrir.


Achetez un pass à partir de 5€ pour accéder à tous nos textes en ligne, en intégralité.



Acheter le livre


error: Ce contenu est protégé !
Retour en haut