Mon cher papa..
un riche industriel, âgé et malade, fait convoquer ses enfants pour leur parler de ses dispositions testamentaires.
beaucoup de surprises et de scènes cocasses !!
un riche industriel, âgé et malade, fait convoquer ses enfants pour leur parler de ses dispositions testamentaires.
beaucoup de surprises et de scènes cocasses !!
ACTE I –
Lieu : Grand salon de la villa Lontiac. Mobilier ancien, des tableaux de maîtres, odeur de cire.
Scène 1 :
FERNANDE est en train de nettoyer un meuble.
HELENE : (lève les yeux au ciel, exaspérée)
Fernande, je vous en prie, cessez de passer ce plumeau pendant que je prie ! Le Seigneur mérite le silence !
FERNANDE (tapote un coussin en soufflant)
Et moi j’dis que le Seigneur ne serait pas content de voir la poussière sur son buffet. Si Jésus revient, autant qu’il trouve propre, non ?
HELENE (ferme son missel d’un coup sec)
La propreté du cœur prime sur celle des rideaux, Fernande !
FERNANDE (sarcastique)
Et moi ça fait quarante ans que je nettoie les rideaux ET les cœurs, Madame. Y’a que vous que j’arrive pas à décrasser !
HELENE (offusquée)
Je suis pure, Fernande. Je me confesse deux fois par semaine, je jeûne, je médite...
FERNANDE
Ah ben ça s’voit ! Vous avez l’air plus serrée qu’un rôti sans ficelle ! Détendez-vous un peu, ça vous ferait du bien. Un petit muscat, de temps en temps un petit sourire...
HELENE (indignée)
L’alcool est un péché !
FERNANDE (hausse les épaules)
Alors j’vous laisse vous occuper de vos péchés, et moi je m’occupe du parquet, parce que lui, au moins, j’arrive à le faire briller.
HELENE
Et pendant ce temps, vous laissez mon père lire son journal Le Chasseur Français au lieu de La Vie Catholique. Vous devriez l’orienter vers la lumière !
FERNANDE (les bras sur les hanches)
Ça fait quarante ans que je l’oriente : vers la salle de bain, vers son fauteuil, vers le pot de chambre... Si Dieu veut s’en occuper maintenant, qu’il se lève tôt !
HELENE
Vous êtes insolente, Fernande, J’en parlerai à mon confesseur.
FERNANDE
Et moi j’en parlerai à votre père. Entre nous, il préfère que je récure sa cafetière plutôt que de réciter l’Ave Maria pendant qu’il prend son suppositoire.
HELENE (se lève furieuse)
C’est un blasphème !
FERNANDE (calme)
Non, c’est de l’intendance. Y’a une différence. Le Bon Dieu peut marcher sur l’eau, moi je fais marcher Henri sur ses deux jambes, et croyez-moi, c’est plus dur à son âge.
HELENE
Vous êtes jalouse de ma foi.
FERNANDE (avec un grand sourire)
Non, moi j’suis jalouse de votre temps libre. Si j’avais autant d’heures à genoux que vous, je finirais bonne sœur. Mais bon, j’ai une maison à faire tourner.
HELENE (blasée, se rassied)
Vous finirez en enfer, Fernande.
FERNANDE
Peut-être. Mais j’irai avec des torchons propres et la conscience tranquille. Pas comme certains qui prêchent et jugent tout le monde pendant qu’on fait tout le boulot derrière.
HELENE
Je prierai pour vous.
FERNANDE
Faites donc. Moi j’vais prier pour que votre langue glisse dans une hostie trop grande. Ça ferait des vacances à tout le monde !
Fernande sort en gromellant....
SCENE 2
Pierre-Charles rentre brusquement , vérifie sa montre en soupirant. Il est impeccable, costume sur-mesure. Hélène est assise, raide, feuillette son missel.
PIERRE-CHARLES ( se retourant vers la cuisine) : Fernande je peux avoir un jus de fruit ?
Fernande arrive , le regarde, les mains sur hanches.
PIERRE-CHARLES : eh bien qu’est qu’il y a Fernande ?
FERNANDE : Je peux avoir un jus de fruits…»s’ il vous plait ??»
Celui là , il ne changera pas….
Elle re- entre dans la cuisine…
On entend de la musique électro au loin. Jérôme entre, lunettes de soleil, casque autour du cou, jean troué.
PIERRE-CHARLES
(tendant les bras, faussement chaleureux)
Ah enfin , Jérôme. L’oiseau de nuit. Tu ne t’es pas perdu en chemin depuis la Seine ?
JÉRÔME
(enlève ses lunettes)
Salut à toi, frère aîné ,décidément tu t’arranges pas…
Sympa le salon, toujours aussi... mortuaire.
Tiens , bonjour Fernande ! quand je vois Fernande….
PIERRE-CHARLES : oui c est bon, tes blagues a 2 balles…
JEROME : quand je vois Fernande , je m’demande , je m’demande , si elle va me servir un coca
FERNANDE : mais oui monsieur Jérôme, avec grand plaisir !
HELENE
(levant les yeux)
Messieurs, un peu de décence. Nous sommes ici à la demande de Papa. Un minimum de respect serait bienvenu.
JÉRÔME
Ah, tiens sœur Hélène, toujours en croisade ? Au fait , il va comment l’acrobate sur sa croix ?
HELENE : Arrête , tu blasphèmes , c’est odieux !!
PIERRE-CHARLES
(sèchement)
Il y a des choses sérieuses à discuter. Le testament. Le futur de l'empire. Pas vos enfantillages.
JÉRÔME
(rire moqueur)
Ah oui, le gâteau ! tu parles ! un héritage , quand tu le reçois c’est comme quand tu reçois un gateau et que tu n’as plus de dent pour le manger….
Enfin ….J’espère qu’il restera une part avec de la cerise pour le vilain petit canard.
Scène 3
(Entrée de Maître BUTARD, rigide, attaché-case à la main.)
MAÎTRE BUTARD
(froideur toute notariale)
Madame, messieurs. Monsieur De Lontiac va vous recevoir. Je vous rappelle que nous sommes ici pour une réunion testamentaire préparatoire. Rien ne sera signé aujourd’hui.
HELENE
(avec gravité)
Dieu seul sait ce qu’il nous réserve…
JÉRÔME
(ironique)
Et encore il n’en est pas très sur….
(HENRI entre en fauteuil roulant, poussé par Fernande. Il a un plaid sur les genoux, un regard vif malgré la fatigue. Silencieux. Il fait un long tour du regard sur ses enfants.)
HENRI
(avec malice)
Ah… La famille. Trois enfants. Trois caractères. Trois migraines.
PIERRE-CHARLES
(s’approche, obséquieux)
Père, vous nous avez convoqués. Je suis prêt à entendre vos directives pour la succession.
JÉRÔME
(de loin, en s’asseyant)
Moi j’pensais qu’on allait fêter ta survie miraculeuse à la saison des rhumatismes.
HELENE
(sincèrement inquiète)
Tu as maigri, Papa. Est-ce que tu manges ? Est-ce que tu dors...