Rupture de contrat

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Le fougueux Marc Vernier, directeur d’une agence immobilière, souhaite vivement épouser sa jeune et jolie secrétaire, Nelly, qui le harcèle gentiment d’un amour sans retenue. Seule ombre au tableau: la belle Cyrielle Vernier, son épouse. Elle porte la quarantaine avec une désinvolture de gamine et la moitié des parts de l’agence avec aplomb et sérieux. Pour se débarrasser de Cyrielle, Marc échafaude un plan. Il engage Eric Leguern, négociateur immobilier peu scrupuleux et lui offre une prime substantielle pour jouer à séduire sa femme afin d’obtenir le divorce. Le plan «foireux», selon Nelly, a l’air de fonctionner. Peut-être même un peu trop bien !

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ACTE I

Scène 1

Marc, Nelly

 

Marc, en pantalon, torse nu et une seule chaussette au pied, descend l’escalier d’un pas pressé, l’air satisfait. Arrivé à auteur de son bureau, il remarque un soutien-gorge posé là. Il le prend, retourne à l’escalier et le lance en direction du bureau de sa secrétaire.

Marc. – Rhabille-toi. (Il met sa deuxième chaussette et commence à chercher quelque chose.) Où est-ce que j’ai bien pu la mettre ?

Nelly apparaît en haut de l’escalier, seulement vêtue de la chemise de Marc.

Nelly, d’un geste aguicheur du pan de chemise. – C’est ça que tu cherches ?

Marc, impatient. – Oui. Donne-la-moi, vite !

Nelly. – Ne sois pas si pressé ; il est tout juste neuf heures. Martine n’arrivera pas avant un quart d’heure et ta femme est en rendez-vous pour une bonne partie de la matinée. (Sensuelle, elle lui tourne autour puis se pend à son cou.) Tu sais que j’adore me promener nue sous ta chemise après l’amour. J’ai la sensation d’être encore dans tes bras, je respire ton odeur…

Marc s’écarte de Nelly et va passer sa cravate restée sur le canapé, sur son torse nu.

Marc. – Nelly, ce n’est plus l’homme amoureux qui te parle mais ton patron ! Donne-moi ma chemise. Et rhabille-toi !

Nelly, nullement impressionnée. – Si j’étais ta bonne au lieu d’être ta secrétaire… (Elle s’accroche à lui, prend ses mains et le force à les mettre autour de sa taille.)… je te rendrais volontiers mon tablier.

Marc se laisse faire puis réagit et lui donne une tape sur la fesse gauche.

Marc. – Dépêche-toi, j’ai un rendez-vous qui va se pointer d’une minute à l’autre. (Il s’assoit dans le canapé, enfile ses chaussures.)

Nelly. – Important ?

Marc. – Oui.

Nelly. – Pour qui ?

Marc. – Ma chemise…

Nelly. – D’accord. Ta chemise contre une promesse.

Marc. – Du chantage maintenant !

Nelly, s’asseyant tout près de lui. – Juste un petit marché tout ce qu’il y a de plus honnête.

Marc. – Ça commence bien. (Il se tourne vers elle et l’enlace.) Sois brève.

Nelly. – Ta chemise contre une date.

Marc. – Le calendrier est sur le bureau, sers-toi.

Nelly. – Marc, je veux connaître la date exacte de ton divorce. (Elle se lève.) Et ne me réponds pas comme à chaque fois que ta femme n’acceptera jamais, qu’elle a des principes, que le mariage est un acte sacré pour elle, que vous êtes à cinquante-cinquante sur cette affaire immobilière et que votre divorce pourrait compromettre sérieusement la pérennité de votre société, par conséquent mon emploi et notre amour.

Marc. – Même chômeuse, je t’aimerai encore.

Nelly, allant bouder dans son coin. – C’est ça, paye-toi ma tête en plus de mon cul.

Marc. – Nelly !

Il se lève et s’approche d’elle qui lui tourne le dos. Il la prend par les épaules.

Nelly. – Je veux vivre avec toi, pouvoir faire l’amour quand bon nous semble, dans un chez-nous.

Marc. – Tu crois que je n’en ai pas envie, moi ? (Il déboutonne sa chemise.) Je veux bien perdre ma chemise pour te garder. Mais ce matin j’en ai vraiment besoin.

Nelly, le provoquant. – Prends-la.

Marc. – Tu sais comment ça va finir…

Elle s’écarte de lui.

Nelly. – Tu n’as toujours pas répondu à ma question.

Marc. – C’est peut-être bien la personne que j’attends qui a la réponse.

Nelly. – Qui est-ce ? Un prêtre pour célébrer notre union ou un tueur à gages qui va nous débarrasser définitivement de ta femme ?

Marc. – Il y a de l’idée. Redonne-moi ma chemise, je t’explique.

Nelly dépose un baiser sur sa bouche en guise d’acquiescement. Elle se dirige vers son bureau en déboutonnant la chemise. Elle disparaît puis lui lance sa chemise qu’il attrape au vol.

Nelly, off. – Je t’écoute.

Marc, défroissant sa chemise avant de la passer. – Tu connais Joëlle, mon amie de Pôle emploi…

Nelly, off. – La pétasse ?

Marc, soupirant. – Si tu veux. Je lui ai demandé de me trouver quelqu’un pour aider Cyrielle.

Nelly, réapparaissant. – Bonne idée ! Maintenant elle aura plus de temps pour nous surveiller.

Marc. – Assieds-toi et écoute. (Il la fait asseoir sur le siège face à son bureau, prend ses chaussures restées près du canapé et les lui enfile en parlant.) Tu vas comprendre jusqu’où je suis capable d’aller pour toi.

Nelly. – Ah…

Marc. – Nelly, je vais embaucher ce type en tant que négociateur. D’accord ? Mais son contrat comportera une clause spéciale et tacite qui sera sa véritable mission.

Nelly. – Tu peux être plus clair ?

Marc. – Je vais lui demander séduire ma femme.

Nelly. – Qui te dit qu’il acceptera ton plan foireux ?

Marc. – Quel homme résisterait à Cyrielle ?

Nelly. – Toi, mon chéri. Elle a fini par te lasser.

Marc, se relevant, maladroit. – Ce n’est pas pareil ; nous sommes mariés.

Nelly. – Point de vue encourageant pour notre future union.

Marc, venant lui masser les épaules. – Je suis un peu nerveux ce matin, je dis n’importe quoi.

Nelly. – C’est vrai. En faisant l’amour, tu as même dit que tu m’aimais.

Marc. – Ça, c’est vrai, et tu le sais. (Il revient lui faire face.) Bon, que penses-tu de mon plan ?

Nelly. – Immonde !

Marc. – Pense au résultat. Ou Cyrielle tombe amoureuse, ou elle se lance simplement dans un adultère à corps perdu. Il ne me reste plus qu’à la surprendre en flagrant délit d’adultère. À moins qu’elle ne demande elle-même le divorce.

Nelly. – C’est bien ce que je disais : immonde !

Marc. – Immonde si tu y tiens, mais nous serons enfin libres.

Nelly, allant s’asseoir dans le canapé. – Libre et sans remords, je préférerais.

Marc, finissant de s’habiller. – Désolé. Je n’ai pas les moyens de t’offrir un mariage en blanc.

Nelly. – Tu oublies un détail : ce type que tu vas payer fera simplement semblant d’aimer ta femme.

Marc. – Il y a des tas de couples légitimes qui font semblant. Cyrielle et moi, par exemple ; à cause des enfants, de l’agence. Peut-être même plus pour l’agence que pour nos deux enfants, d’ailleurs. (Il s’assoit sur la chaise à roulettes et vient près d’elle.) Divorcer n’est pas un mot qui fait partie de son vocabulaire. Crois-moi, c’est notre seule chance.

Nelly, venant s’installer sur ses genoux et déboutonnant sa chemise. – En admettant que je ferme les yeux sur tes… magouilles, tu penses trouver l’oiseau rare capable de séduire ta femme au Pôle emploi ? Ils font taxi-boy, maintenant ?

Marc. – J’ai expliqué à Joëlle que je cherchais quelqu’un de séduisant, qui aime l’argent et qui n’est pas trop embarrassé de scrupules.

Nelly. – Tu as bien fait de préciser « séduisant », ça évitera la queue devant l’agence.

Marc. – Ne ris pas, le premier sera là dans quelques minutes. Tu ferais bien de te mettre au travail en vitesse. (Il la force à se lever.) D’autant plus que Martine ne va pas tarder non plus. (Il prend son visage entre ses mains et l’embrasse.)

Nelly. – Tout de même, je n’apprécie guère ton procédé.

Elle sort.

 

 

Scène 2

Marc, Martine, Éric

 

Marc enfile sa veste et s’installe à son bureau en se réajustant. Martine entre.

Martine. – Bonjour, monsieur.

Marc. – Bonjour, Martine.

Martine. – Il y avait quelqu’un qui attendait devant la porte. Je l’ai fait entrer, il dit qu’il a rendez-vous.

Marc. – Oui, oui. Faites entrer.

Martine, appelant. – Monsieur Leguern !

Éric entre. Martine va chercher un dossier sur le bureau de Cyrielle tandis que Marc va accueillir Éric.

Marc. – Bonjour. Marc Vernier.

Éric. – Éric Leguern. Bonjour, monsieur.

Ils se serrent la main.

Marc. – Café ?

Éric. – Volontiers.

Marc. – Martine, deux cafés s’il vous plaît. (Il désigne le siège à roulettes à Marc.) Je vous en prie.

Martine sort. Éric s’installe sur le siège désigné sous le regard insistant de Marc.

Éric. – Quelque chose ne va pas ?

Marc. – Non, non. Au contraire. Ça m’a l’air parfait. Physiquement, tout au moins.

Éric. – C’est important ?

Marc, s’installant à son bureau. – Ça peut le devenir. J’ai étudié votre C.V. : c’est correct, bien même, bien. Par contre, je ne m’explique pas pourquoi vous êtes resté sans emploi depuis plus d’un an. Un problème particulier ?

Éric. – Non. Vous savez ce que c’est : la concurrence, beaucoup de demandes mais peu d’offres intéressantes, de l’argent qui rentre sans lever le petit doigt… Un an, c’est vite passé.

Marc. – Oui. En bref, vous ne crachez pas sur l’argent facilement gagné.

Éric. – Je suis de mon siècle.

Marc. – Convenons d’une période d’essai d’un mois. Vous toucherez deux mille euros brut, plus une commission sur les ventes. (On frappe à la porte.) Entrez. (Martine entre avec un plateau. Elle le présente à Éric puis à Marc. Ils se servent. Elle ressort.) Alors ?

Éric. – Merci.

Marc. – Vous acceptez ?

Éric. – Je vous remerciais pour le café. (Il boit.) Joëlle a très vaguement fait allusion à une clause spéciale…

Marc. – Oui… C’est exact. Je lui en avais touché deux mots. (Il boit.) Vous connaissez bien Joëlle ?

Éric. – Je l’ai un peu connue il y a quelques années. Il faut croire qu’elle n’a pas gardé un trop mauvais souvenir de moi puisqu’elle m’a chaudement recommandé à vous.

Marc, se levant. – D’après elle, vous êtes l’homme qu’il me faut. Vous savez, ce n’est pas exactement d’un employé dont j’ai besoin, ce serait plutôt d’un…

Éric, le coupant joyeusement. – … d’un associé.

Marc. – Disons d’un complice.

Éric. – Un complice ! Vous envisagez d’éliminer quelqu’un ?

Marc. – Pas exactement.

Éric. – Pouvez-vous être plus clair ?

Marc. – Ce que je vous propose, c’est plus qu’un simple emploi ; vous allez devenir ce que chacun a toujours rêvé d’être face au mépris de celui qui l’embauche. Vous allez devenir l’amant de la femme de votre patron, autrement dit de la mienne.

Éric. – Vous allez bien ? Un peu surmené, peut-être ?

Marc. – Non. Je vais très bien. Je suis sain de corps et d’esprit. Certes, la situation peut...

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