ACTE 1
Scène 1 : Didier, Alice
Didier et Alice rentrent chez eux. Il sont dans le hall d'entrée
Alice / Qu'est-ce que c'était bien ; j'en avais les larmes aux yeux.
Didier / J'ai failli pleurer, mais je me suis retenu.
Alice / Mon pauvre Didier, tu es adorable.
Didier / Je ne le fais pas voir parce que j'ai de la pudeur.
Ils rentrent dans leur appartement et se mettent à l'aise.
Alice / Un film d'amour pour la Saint Valentin, c'est le plus beau des cadeaux.
Didier / Je n'allais pas t'acheter un bijou. T'en a déjà, des bijoux.
Alice / On aurait pu aller au restaurant. L'amour ça donne faim.
Didier / Pourquoi on irait au restaurant ? Tu fais bien la cuisine.
Alice / (Avec un air coquin) Qu'est-ce qui te ferait envie.. ? (Alice se rapproche de Didier) Qu'est-ce qui te ferait envie ? Pour la Saint Valentin...
Didier / On pourrait regarder le match de foot. C'est la coupe de France.
Alice / Un match de foot ? Mon mimi.. (Elle se rapproche encore) T’as pas envie d’autre chose..?
Didier / On pourrait regarder le foot en même temps.
Alice / Ah non !
Didier / Pendant la mi-temps ! Tu crois qu'on aura le temps pendant la mi-temps ?
Alice / En général, c'est pas plus long qu'un penalty.
A ce moment, un ballon de foot entre par la fenêtre.
Didier / Ben ? Un ballon ?
Alice / Ca doit être le fils des voisins. Il adore jouer au ballon.
Didier / Heureusement que la fenêtre est ouverte, il aurait pu casser un carreau. (Il prend le ballon et le renvoie par la fenêtre. (Crié) Va jouer ailleurs !
Alice / Ce n'est qu'un enfant. Et puis aujourd’hui, c'est la Saint Valentin, et la Saint valentin, c'est la journée de l'amour.
Didier / Et du match de coupe.
Le ballon revient par la fenêtre
Didier / C'est pas vrai. (Il prend le ballon et le balance à nouveau par la fenêtre) Chez moi, c'est pas un terrain d'foot !
Alice / Ce n'est pas de sa faute.
Didier / Pas d'sa faute ? C'est la deuxième fois.
Alice / T'as qu'à fermer la fenêtre.
Didier / Pour qu'il casse un carreau, ah non !
Le ballon revient
Didier / Tiens ! Jamais deux sans trois !
Alice / Je vais lui redonner son ballon.
Didier / Pas question ! Confisqué ! (Il va à la fenêtre) Tu l'vois ton ballon ? Et bien, tu peux lui dire adieu. Il est chez moi, je l'garde ! (Il referme la fenêtre)
Alice / Mais qu'est-ce que tu fais ? Il ne l'fait pas exprès.
Didier / Le ballon passe trois fois de suite par la fenêtre et c'est pas fait exprès ?
Alice / T'exagères pas un peu ?
Didier / J'exagère ? Mais si y'a pas un adulte qui lui explique comment ça marche, ce gamin, il finira mal !
Alice / Ou dans une équipe de foot.
Didier / Pour jouer dans une équipe de foot, faut être capable de faire autre chose que d'envoyer un ballon à travers une fenêtre.
Alice / Moi je trouve qu'il se le fait exprès, c'est qu'il est fort.
Didier / Excuse moi, mais le foot, je connais.. J'ai quand même joué pendant huit ans en division d'honneur.
Alice / Et vous n'avez jamais réussi à monter dans celle du dessus.
Didier / Je te signale qu'au foot, on joue à onze, et moi, j'étais le meilleur.
Alice / Ca explique.
Didier / Ca explique quoi ?
Alice / Oh ! J'ai vexé mon petit lapin.
Didier / A trente mètres, avec moi, le goal se prenait le ballon dans la gueule.
Alice / Mais oui, t'étais le meilleur..
Elle se blottit contre lui. On sonne à la porte.
Didier / On peut jamais être tranquille.
Alice / Ca doit être pour le ballon.
Didier / Le ballon, je l'garde.
Alice / Mais ce n'est pas le tien.
Didier / Je le garderai le temps que je voudrai.
Alice / Mais mon Minou..?
Didier / Bouge pas, je reviens tout d'suite.
Didier va à la porte et l'entrouvre.
Scène 2 : Didier, Alice, Alan
Alan / Bonjour monsieur Dubarre. Je m'excuse de vous déranger.
Didier / (Sur un ton un peu sec) C'est pourquoi ?
Alan / Mon fils me dit qu'il a envoyé son ballon chez vous.
Didier / Je suis au courant. Et alors ?
Alan / Faut l'excuser, il adore le foot. C’est grâce à moi. Quand j'étais petit, j'ai joué dans les poussins, comme remplaçant, mais mon fils, il a quelque chose.
Didier/ Moi j'ai joué en division d'honneur. Et pas dans les poussins.
Alan / Ah !.. Et pour son ballon ?
Didier / Je l'garde.
Alan / Vous gardez son ballon ?
Didier / Oui monsieur, je le garde.
Alan / Mais c'est son ballon.
Didier / Quand on envoie un ballon chez les gens trois fois de suite, on peut considérer qu'à la fin, il appartient à celui qui l'a reçu chez lui.
Alan / Vous pouvez pas faire ça !
Didier / Je vais m'gêner..
Alan / Mais c'est pas votre ballon.
Didier / Ca lui donnera une leçon.
Alan / Je lui ai dit qu'on n'envoyait pas les ballons chez les gens.
Didier / Apparemment, il n'écoute pas son père..
Alan / Il m'a promis de ne pas recommencer.
Didier / Donc, s'il dit ça, c'est qu'il l'a fait exprès.
Alan / Son ballon, il l'a eu à Noël.
Didier / Le père Noël n'aura qu'à en apporter un autre.
Alan / Ca se voit que vous n'avez pas d'enfants.
Didier / Ca n'encourage pas à en faire quand on voit ceux des autres !
Alan / Comment ?
Didier / Quand on a un mioche, on ne le laisse pas traîner le soir dehors. A son âge, moi j'étais déjà couché !
Alice / Mais chéri ? Pourquoi tu lui donnes pas son ballon ?
Didier / C'est une question d'principe !
Alice / Faut excuser mon mari. Il n'est pas comme ça d'habitude.
Alan / Je vous comprends, madame.
Didier / De quel droit vous parlez à ma femme ?
Alan / Votre femme, au moins, elle n'est pas comme vous.
Didier / Mais de quoi j'me mêle ?
Alice / Mais, chéri ?
Didier / Tu vois pas qu'on discute entre hommes !
Alan / Je vous plains, madame !
Didier / Bon. Assez discuté, dehors !
Alan / Le ballon ? S'il vous plaît ?
Didier / (Il attrape un vase et le menace) Dehors !
Alice / (A Alan) Faut mieux que vous partiez.
Alan / D'accord, mais je vous préviens, c'est pas fini.
Didier / Des menaces ! Si vous saviez où je me les mets.
Alan / Je reviendrai
Didier / Quand vous voulez ! Et bonne soirée !
Il ferme la porte
Scène 3 : Didier, Alice
Alice / Tout ça pour un ballon qui ne t'appartient même pas !
Didier / Il a qu'à mieux surveiller son mioche.
Alice / J'ai compris. C'est parce que monsieur n'a pas d'enfants. C'est pas de ma faute si je n'peux pas en avoir.
Didier / C'est pas d'la...