Courage ! La grande panne arrive !

Après avoir assisté à plusieurs incidents étranges, L’inspecteur Lenase est persuadé que les objets fomentent une révolte contre l’humanité. Il en informe sa supérieure, la commissaire divisionnaire Amanda Dharé, qui accueille la nouvelle avec incrédulité. Cependant, constatant bientôt le dysfonctionnement généralisé de son propre matériel, elle se rend à l’évidence : les objets nous veulent vraiment du mal. Tous deux parviennent à surprendre et à démanteler un groupe de meneurs : une bande d’objets regroupés autour du plus vicieux d’entre eux : Teuteur, l’ordinateur.
Débute alors un procès riche en rebondissements… Qui poussera L’inspecteur jusqu’au plus terrible des sacrifices… Mais un sacrifice nécessaire pour la réalisation de sa mission sacrée : entraîner l’humanité jusqu’à une nouvelle ère, une ère de sagesse… C’est du moins ce qu’il se force à croire…

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 Courage !

La grande panne arrive !

 

  

Distribution
24 personnages interprétés à la création par 6 filles et 4 garçons,
mais pouvant l’être par un groupe plus nombreux

 

Découvrez l'adaptation sonore de cette pièce sur le site Audiocité :
https://www.audiocite.net/livres-audio-gratuits-theatre/patrick-losson-courage%C2%A0-la-grande-panne-arrive%C2%A0.html

 

 

 

Les amants diaboliques

Kelly

Kévin

Kenza

Killian

 

La famille des objets

Toto, le marteau

Mesurette, la balance

Mamy Zapette, la télévision

Bouboule, le boulier

Smarty, le smartphone

Tabula, la tablette

Teuteur, l’ordinateur

Zongzong, le ressort

 

Les fans des objets

Le fan de Teuteur, Jean-Jacques

Le fan de Toto

la fan de Mesurette

Le fan de Bouboule

La fan de Tabula

Le fan de Smarty

L’ancienne fan de Mamy Zapette, Marie-Thérèse

 

Les gens (presque) normaux

L’Inspecteur Lenase

La commissaire divisionnaire Amanda Dharé

La juge Krié Alain-Justine

Bricoline Turbo

Le journaliste Alain Discret

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1re partie

Les amants diaboliques

 

 

Scène 1

Nous sommes dans un jardin en plein été. Kelly prend le soleil sur une chaise longue en sirotant un jus de fruits avec une paille et en faisant des mots fléchés.

KELLY : Se taire, en sept lettres

Bruit de la tronçonneuse.

Le bruit s’arrête. On entend trois coups de masse donnés sur un tronc.

LA VOIX DE KÉVIN : Attention, ça va tomber ! … Qu’est-ce qu’elle fait là, cette saloperie de rallonge ?… Aaaaah !...

Bruit de l’arbre qui tombe.

Légèrement inquiète, Kelly pose son magazine sur la table, se lève et se dirige vers le fond du jardin.

KELLY : Kévin ?... Ça va Kévin ? Réponds-moi, s’il te plait !

Mais quelque chose l’arrête : elle revient pour écrire un mot qu’elle cherchait depuis une heure :

Se taire, en sept lettres : ÉCRASER.

Puis elle disparaît vers le fond du jardin : Kévin ! Kévin !

Musique de suspense.

Un homme surgit d’un buisson. Il porte un imperméable froissé et un chapeau mou. C’est l’inspecteur Lenase. Il brandit une rallonge électrique.

INSPECTEUR LENASE : Une rallonge !... Une simple rallonge !... Et ce n’est pas fini !...

Noir.

 

 

Scène 2

Une journée a passé.

Kelly est toujours dans le jardin, sur sa chaise longue, mais elle ne joue plus aux mots fléchés, elle raconte la scène de la veille, au téléphone, à Kenza, sa meilleure amie.

KELLY : Et quand je suis arrivée au fond du jardin, je l’ai aperçu… il était… il était… Allô ?... Allô… Pourriture de réseau !

Noir et musique de suspense.

L’inspecteur Lenase apparaît sur l’avant-scène.

INSPECTEUR LENASE : Je sais, la panne de réseau, ça arrive à tout le monde… Justement !... Et attendez de voir la suite…

Noir.

 

 

Scène 3

À présent, Kenza a rejoint Kelly dans le jardin. Elles prennent le thé.

KENZA : « Un répéteur » ?

KELLY : Oui, un répéteur ! C’est une sorte d’amplificateur qui aspire les ondes et les restitue… pour avoir du réseau ! C’est ça qu’ils vont m’installer…

KENZA : Ah qui aspire les... ! Aspire ?

Elles se figent toutes les deux.

KELLY : Tu l’as reçu ?

KENZA : Hier.

KELLY : Alors ?

KENZA : Addictif ! Marcellin a raison. On en oublierait sa famille, ses enfants…

KELLY : Sa meilleure amie et sa voisine… Je ne t’en veux pas ! Mais quand même tu aurais pu tout simplement franchir la barrière et me le montrer… Un aspirateur balai !... C’est quand même pas lourd à transporter !...

KENZA : Je sais bien, mais avec ce problème de freins… J’ai passé un temps fou chez le garagiste !

KELLY : Ah oui, les freins de la voiture qui étaient sur le point de lâcher ! Mais c’est pas un peu gros, cette histoire?

KENZA : Pas du tout ! Tu te rends compte ! Une voiture neuve… Finalement, j’ai bien fait de la faire, cette révision !... J’ai profité que c’était gratuit…

KELLY : Oui, c’est gratuit, mais ils trouvent toujours quelque chose à réparer…

KENZA : La preuve : les freins !

Elles rient bêtement, puis s’arrêtent brusquement. Kelly fixe Kenza du regard puis éclate.

KELLY : Tu es venue pour Kévin ? C’est ça ? Tu es venue pour savoir ce qui lui est arrivé ?

KENZA : Pas seulement, mais c’est vrai que j’aimerais bien…

KELLY : T’aimerais bien quoi ? Satisfaire ta curiosité morbide, c’est ça !

KENZA : Non, mais le prends pas comme ça. Simplement, cet appel interrompu et ensuite plus moyen de te joindre, ça reste là, sur l’estomac… Ça prend la tête, quoi…

KELLY : Et tu crois que c’est mieux de rester avec une phrase coincée là, en travers de la gorge… qu’on voudrait pouvoir hurler… mais personne à l’autre bout pour vous entendre !

KENZA : Je t’ai appelée ! Je t’ai appelée plusieurs fois ! Mais à chaque fois t’étais en dérangement !…

KELLY : En dérangement ! Exactement ! J’étais en dérangement ! Et pis moi aussi, j’ai essayé de t’appeler… Mais plus de réseau !... Je voulais te dire de passer parce que le téléphone c’est pas possible, mais justement, je ne pouvais pas te le dire au téléphone, comme ce n’est pas possible…

KENZA : Le cauchemar…

KELLY :  Oui, le cauchemar ! Et maintenant te voilà, là, les yeux tout globuleux, les narines béantes, la bouche qui bave ! Pour bien profiter du drame, te badigeonner les gencives avec le malheur des autres !

KENZA : Mais t’es barjo ? Tu me prends pour qui ? Et puisque je te dis que je ne suis pas venu QUE pour ça !

KELLY : Et pourquoi d’autre, vas-y, ça m’intéresse !

KENZA : Eh bien, pour l’aspirateur !

KELLY :  L’aspirateur ! Je vis un drame affreux et madame vient me parler d’un aspirateur ! Mais j’en ai rien à foutre de ton Rowenta !

KENZA : C’est pas un Rowenta, c’est un Dyson !

KELLY :  « C’est pas un Rowenta, c’est un Dyson ! » précision TRÈS importante !

KENZA : Ben oui, parce qu’au départ j’avais pensé acheter…

KELLY (changeant brutalement d’état) :  Ne me dis pas que c’est le V10 ?

KENZA : Non, le V12… pro… deux heures d’autonomie…

KELLY (fascinée) :  Deux heures !

KENZA : Non, inutile de poser la question : je te réponds directement : tu vas l’essayer ! TU VAS L’ESSAYER !...

Kelly semble dans un état second, comme hypnotisée. Kenza l’entraîne vers la maison.

KENZA : Tu vas l’essayer ! Tu verras, c’est génial, c’est addictif…

Elles sortent.

L’inspecteur Lenase réapparaît.

INSPECTEUR LENASE : Et ce qui est arrivé à Kévin, on ne le saura pas. Donc récapitulons

(il sort un carnet et se met à noter) : « Ils provoquent des accidents en se mettant en travers du chemin ; ou alors ils se mettent en travers de la conversation : en la coupant ou en la parasitant avec des problèmes bassement matériels »…

Il voudrait noter d’autres mots, mais son crayon ne fonctionne plus. Après plusieurs essais infructueux, il le jette nerveusement.

Ah, il faut que j’aille chercher un crayon !... Et un neuf !

Il sort puis revient sur ses pas : Quoi ? Vous n’êtes pas convaincus ?... Eh bien, vous l’aurez voulu….

Il claque dans ses doigts puis quitte le jardin.

 

Scène 4

Bruit d’une tondeuse à gazon en coulisses.

Apparition de Kévin, avec des béquilles et la tête couverte de pansements. Il fait de grands signes vers la coulisse. La tondeuse s’arrête. Kilian, le voisin tondeur, apparaît. Il semble un peu dépressif.

KILIAN : Ah t’es sorti ?... Donc ça va mieux…

KÉVIN : Impec. Le toubib a dit que j’étais solide comme un chêne. Et comme c’est un cerisier qui m’est tombé dessus, c’est moi qui ai gagné…

KILIAN : Ah bon…

KÉVIN : Oui enfin, sinon c’était simplement pour te dire que c’est bien que tu tondes !

KILIAN : Ah bon ?

KÉVIN : Oui c’est bien, pour toi, pour ta femme, tes enfants… C’est super ! Je suis vraiment content que tu tondes !

KILIAN (semblant enfin comprendre) : Ah tu veux dire… Tu es au courant ?

KÉVIN : Ben oui ! Forcément ! Je suis ton ami !

KILIAN (s’énervant peu à peu) : Presque un mois et demi ! Saloperie de lanceur !... J’y ai passé toutes mes soirées, tous mes week-ends ! J’en ai pas dormi ! Mais j’ai pas lâché ! Tu entends, j’ai pas lâché ! J’aurais pu le porter chez le dépanneur ! Mais je voulais pas ! Je voulais l’avoir moi-même ! Surtout ce fumier de ressort qui… qui… qui ressortait juste quand je voulais remettre le carter… Ah la pourriture !... Mais je l’ai eu ! JE L’AI EU !

KÉVIN : Oui oui oui ! Tu l’as eu !... Calme-toi !… Maintenant, c’est fini ! Tu tonds !

KILIAN : Oui je tonds. Enfin, j’allais commencer…

KÉVIN : Ah oui désolé… (Il s’éloigne puis revient) Super, on est tous contents pour toi ! (il sort)

Quant à Killian, il retourne dans son jardin.

On l’entend relancer la tondeuse. Une fois, deux fois, trois fois : ça ne marche pas. Kévin réapparaît, et l’observe de loin avec inquiétude.

Killian réapparaît à son tour, tenant à la main, la corde du lanceur, brisée.

Musique dramatique.

Noir.

 

Scène 5

Le jardin de Kelly et Kilian disparaît en partie sous une épaisse fumée. On entend les secours intervenir dans le jardin voisin (sirène d’ambulance, gémissements… on peut voir passer une civière…).

On entrevoit aussi les silhouettes d’un groupe de badauds, éclairé par la lumière intermittente des gyrophares.

Entrée du reporter, Alain Discret. Il s’approche du groupe de badauds.

ALAIN DISCRET : S’il vous plaît !... Alain Discret, El Chesnoye déchainé, « la chaîne qui se déchaîne pour vous enchaîner », vous avez assisté à la scène ?... Je peux vous poser des questions ?

Kévin se détache du groupe.

KEVIN : Oui.

ALAIN DISCRET : Alors je vois que le feu est en train de terminer sa triste besogne…

KEVIN : Une catastrophe ! Une si belle maison !…

ALAIN DISCRET : Un beau plain-pied !

KEVIN : Un plain-pied de trois étages oui !

ALAIN DISCRET : Trois étages ! Et qu’est-ce qui s’est passé… ?

KEVIN : Tout s’est effondré, il y a 5 minutes.

ALAIN DISCRET : Ah d’accord… Mais au départ ?

KEVIN : Le lanceur !

ALAIN DISCRET : Le lanceur ?

KEVIN : Oui ! Le lanceur de la tondeuse… pas moyen de redémarrer… Alors Killian s’est acharné sur le lanceur…

ALAIN DISCRET : Killian ?

KEVIN : Le voisin, celui qui engueule les pompiers, là… Donc Killian a tiré, tiré, tiré sur le lanceur, et il l’a bloqué…

Alain discret sort un carnet et un crayon de sa poche et se met à noter.

ALAIN DISCRET : Donc « le lanceur de la tondeuse ». OK. Et… ?

KEVIN : Je l’avais prévenu ! Ne surtout pas démonter le lanceur !

ALAIN DISCRET : Ah il a démonté le lanceur !... Et pourquoi, faut pas démonter le lanceur ?

KEVIN : Ben à cause du ressort !

ALAIN DISCRET : Le ressort ?

KEVIN : Oui ! Surtout quand on a sa fille sur le toit !

ALAIN DISCRET : Sa fille sur le toit ?

KEVIN : Oui,...

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