Mon innocence est royale

La petite histoire de la famille royale en 1789, vue sous l’angle cocasse du chaos familial va peu à peu dans la grande histoire, révéler une autre facette de la Reine Marie Antoinette.
En effet, dans les amères tribulations de la révolution française, nous voyons son personnage accéder à une autre dimension jusqu’à la scène finale qui signe l’apogée son destin hors norme, sacrificiel.

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Acte 1

Scène 1

Ils sont assis chacun sur leur trône respectif, quatre sièges d’égale magnificence, très proches les uns des autres.

MA PRINCESSE :

De tout le royaume, mon père,

Dîtes moi qui est la plus belle, la plus jolie, la plus charmante, la plus ravissante, la plus gentille, la plus douce, la plus rigolote, la plus intelligente, la plus câline, la plus … ?

MAIN DE POULET se penchant à l’oreille de son homme :

Donnez- moi l’argent pour les courses mon roi,

Je n’ai plus de poêles ni de casseroles dignes de ce nom,

Toutes sont vieilles, abimées, moches à mourir…

Et aussi, je n’ai plus une seule paire de chaussures à mon goût, à la mode,

Griffées de ces noms qui résonnent dans les salles de bal dont les lustres de cristal font reflet d’or à mes si jolis pieds.

MA PRINCESSE :

Père !

ROI :

Oui Ma princesse !

Prenez dans ma poche ce dont vous aurez besoin,

Je vous couvre en chantant, je vous pare, je vous habille de mes regards, dix petits lustres brillants dans les yeux !

Et quand bien même l’or ferait défaut aux pieds nus de toutes les femmes, il vous suffirait de demander !

MAIN DE POULET :

Je ne sais comment vous le dire,

 Je suis bien en peine de devoir vous réitérer ma demande,

 Je dois partir, vous laisser, je me hâte, j’ai besoin de me ravitailler, de me sustenter, de m’emplir…

 J’ai une faim de loup ! Je voudrais tant avaler d’une traite, cul sec toutes les perles, toutes les cascades et parures que vous ne voyez briller qu’au cou des courtisanes qu’un seul baiser ne saurait éveiller.

 Moi, je compte en pleurant les bijoux d’une famille engloutie dans le luxe et l’atmosphère nuageuse de ce royaume solaire, dont vous êtes le maître et l’esclave l’un à l’autre aliénés !

Je vous regarde, je vous aime… jamais autant que depuis ce jour maudit où vous avez tourné les talons vers d’autres chambres, aux lustres plus jeunes…

Je voudrais partir, donnez- moi l’argent pour les courses s’il vous plaît ! Elle tend la main en silence.

ROI : Je n’ai plus un sou ! Le royaume est en faillite et vous quémandez sans cesse,

 Sans cesse vous exigez que coule encore le miel alors que le peuple entier nous dévisage et n’assaisonne ses fumets qu’au gruau d’une herbe funeste et au sel de l’impôt !

PRINCESSE : Semblant sortir d’un rêve

 Quoi ?

ROI :

Autant vous le dire tout de suite, l’heure est à la guillotine et le sang frais coule déjà sur les nuques de nos appétits !

Empêchez donc cette femme dispendieuse de nous perdre à jamais !

Ses toilettes font merveille à la cour mais creusent chaque jour d’un pied de plus la fosse incontinente qui ne rêve que de nous engloutir sous sa terre bafouée !

MAIN DE POULET :

La robe vert d’eau dont je rêve, le cerceau de mes jeunes années… !

ROI :

Ce chapeau qui me ceint et dont les pierreries m’enserrent tel un étau, sont la gloire et la croix que je porte depuis les siècles d’ambre de mes premiers babils. Je piaffe comme un cheval fou devant la crinière d’une pouliche qui ne vous égale en beauté que pour vous cingler d’une nouvelle arrogance !

L’épouse que vous êtes ne m’épouse que davantage dans ce désir incandescent que j’ai à aimer l’ingénue qui vous succède,

 Ne vous offusquez donc ma mie que je ne vous en aime que plus, vous seule avez su devancer mes désirs jusqu’à m’offrir ce joyau !

Mourez, partez ! Allez donc les faire vos courses !

Dévalisez les magasins, les échoppes, les boutiques, les tailleurs, les corsetières et les parfumeurs. Les dames attachées à votre service iront dans votre sillage en vous enveloppant du linceul de vos soieries jusqu’à me faire oublier le goût si tendre et si putride de vos baisers !

MON PRINCE Rêveur:

To be or not to be …

It’s my song, it’s my only way!

Criant : Je voudrais du feu s’il vous plaît !

MA PRINCESSE : Fouillant dans son sac

Du feu ? Attends…

 Je cherche…

Tiens ! Voilà ! Elle lui tend un briquet

Ils sortent tous les deux un cigare et le fument voluptueusement.

MAIN DE POULET :

Et moi ?

Pas moi ?

MON PRINCE :

Maman ?

MAIN DE POULET :

Tu ne comprends pas à quel point je suis lasse, stressée et solidement attachée à mes poêles, mes casseroles et mes bonnets !

MON PRINCE :

Mais si maman… Je sais…

Il se rapproche d’elle et, en aparté, lui dit : Ma mère…Si belle… Si gentille…Si intelligente…Si ravissante…Si …

Auriez-vous quelque cigarette à m’offrir ?

Je n’ai déjà plus que ce mégot à mes lèvres, que déjà mes poumons réclament un mets plus fin …

M’aiderez-vous ?

Mère ! J’ai tant lutté pour ne pas vous imposer ce spectacle, moi et Ma Princesse fumant, fumant…

Préférez- vous que je vous cache plus avant l’objet de mon tourment ?

N’est-ce pas plus simple que de se réunir, nous trois, et fumer fumer…Ensemble ! Réunis ! Heureux !

MA PRINCESSE :

J’en ai marre !

Il n’entend jamais rien !

Rien, rien, rien…

MAIN DE POULET :

Pareil.

Scène 2

LA VOIX DU FANTOME :

Ils cherchent pour toujours des couverts, des poêles à frire, et des casseroles abimées.

Ce n’est pas compliqué tout de même de se rappeler où ils les ont mis !

ROI :

Chacun cherche sa chacune…Tralali tralala !

Ma mie, mon ange…Voulez-vous arrêter de fumer, de vous enfumer et d’embrouiller mes idées ?

Nous aurions autre chose à faire me semble-t-il que d’enfiler des perles à des pourceaux ! Merde ! On est en train de subir une révolution solaire et vous, vous aimeriez une nouvelle paire de chaussures ? Un divorce pourrait- il vous réveiller ? Le pape n’en saura rien, je veux défaire le serpent de vos mains à mes mains attaché…

Revêtez enfin votre plus simple habit, je vous convoque ! Venez me rejoindre dans mes appartements privés ! Je ne l’ai été que trop de vos caresses, de votre bouche, de vos mains autrefois si lisses, qui maintenant commencent dans l’abjecte répugnance que vous éprouvez à ressembler à des mains de pou si laid, de poulet, de macramé...

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