ACTE I – Scène 1
Scène d’exposition
Le matin. À table. Au petit-déj, sur la terrasse. Il fait déjà chaud. Au début, Ed, Raphaëlle et Émilie. Puis Bonnie arrive et envoie Émilie à l’école, avant de partir travailler avec Ed.
Arrive Justin, avec sa glacière, prêt à descendre à la rivière. Il sort.
Reste Raphaëlle qui se met du vernis sur les ongles de pieds, puis s’allume une clope. Elle appelle Françoise, qui répond depuis son lit, lui demande de venir.
On voit les relations entre les personnages. On apprend qu’il y a un projet d’aller en boîte le soir.
Edouard se sert un café et le boit. Raphaëlle arrive avec Émilie.
Ed : Ah ! Voilà ma plus belle ! Bonjour ma chérie.
Elle l’embrasse avec affection.
Émilie : Bonjour mon papa !
Puis elle va s’asseoir pour déjeuner. Raphaëlle lâche un « Salut Ed » et s’assied.
Ed : Alors, ma chérie, tu as bien révisé, tu es prête pour ton contrôle d’histoire ?
Émilie : Oui, papa. J’ai récité ma leçon à Raphaëlle hier soir.
Ed : C’est vrai ça, Raph ? Elle est prête ?
Raphaëlle : Affirmatif !
Ed : Et à maman, tu lui as récité aussi ?
Émilie : Elle était occupée, dans son bureau, à écrire sa pièce. Je l’ai pas dérangée.
Raphaëlle : C’est pour ça que je m’en suis occupée.
Ed : Tu as de la chance d’avoir une tata disponible, quand ta mère est en pleine création !
Émilie mange des céréales avec du lait. Raphaëlle boit un café et mange une biscotte beurrée. Bonnie arrive.
Bonnie : Salut la compagnie. Il fait chaud déjà. Allez ma grande, faut y aller, maintenant. C’est l’heure.
Émilie termine son bol et se lève, va prendre son cartable et embrasse tout le monde.
Raphaëlle : Je compte sur toi !
Émilie : Oui ! A tout à l’heure !
Édouard : Sois sage et travaille bien, ma puce !
Émilie : Toujours !
Bonnie sort après elle.
Bonnie : Bon, j’y vais. Je veux vérifier qu’ils sont tous arrivés.
Ed : Tu déjeunes pas ?
Bonnie : J’ai déjà pris mon café. Tu me rejoins ?
Ed : J’arrive. Il s’allume une cigarette. Raphaëlle lui en prend une de son paquet.
Justin arrive, pose sa glacière et s’installe à table avec son walkman et un bouquin à côté de lui.
Justin : Hugh ! Fait chaud. Il reste du café ?
Raphaëlle lui sert un café, la clope au bec.
R : Tu as des projets aujourd’hui ?
J : Tu vois (il montre la glacière) : rivière, lecture, musique…bière.
R : Comme d’hab, quoi. T’en as pas marre ? de glander ?
J : Si, un peu. Mais j’ai déjà essayé de faire d’autres trucs…Et ça a pas marché. Alors…
Ed : Dis donc Justin, « le gars qui fout rien », on va continuer à te nourrir longtemps, comme ça ? Nourri, logé, blanchi…
J : Désolé.
Raphaëlle : C’est pour ça que je te demande si tu as des projets. J’ai promis à ta mère, en t’emmenant ici, que tu ferais plus de conneries, que tu allais construire ta vie.
J : Je sais, je sais. Je réfléchis, en vrai.
Ed (soupire) : Bon, je vous laisse à votre réflexion, j’ai du boulot. Moi. Il sort.
Raph : Tu pourrais faire un effort, quand il est là. C’est vrai, c’est grâce à lui qu’on vit bien ici. Grâce à son travail et à celui de sa mère, qui n’est plus toute jeune. C’est dur la plantation, avec la chaleur…
J : Bonnie, c’est son truc. Elle s’emmerderait grave sinon.
R : T’es gonflé.
Il se lève, prend ses affaires et sort.
R (lui crie) : Trouve-toi quelque chose, un job !
Françoise (de sa chambre) : Laisse-le tranquille, pauvre gosse !
R : Eh, tu peux parler, toi, encore au pieu !
F : J’ai écrit une bonne partie de la nuit. La pièce avance bien. On pourra bientôt la jouer !
R : Tant mieux ! Enfin !
F : Dis. On va en boîte ce soir ?
R : Si tu veux. Ça fait longtemps que j’ai pas dansé. Ça me manque.
F : On emmène Justin ? Il pourra peut-être se trouver une copine ? Ça le motiverait…
R : Peut-être. Bon, tu te lèves ?
F : Viens me voir d’abord.
R : Ok.
Elle rentre dans la maison. Noir.
Intermède
Musique de boîte des années 80. On aperçoit des ombres qui dansent, boivent, fument, rient et parlent fort. Seule Raphaëlle est éclairée au milieu des autres. Elle s’éclate et danse divinement bien. Noir.
ACTE I – Scène 2
Raphaëlle – Françoise - Justin
Raphaëlle, Françoise et Justin sont dehors et s’approchent de leur voiture. Françoise s’adresse à Justin et lui tend les clés :
Françoise : Tiens Justin. Tu vas conduire. Je suis trop pétée, et je crois que Raph n’est pas mieux que moi.
Justin : Attends, j’ai peut-être un peu moins bu que vous, mais je n’ai pas encore le permis. Vaut mieux éviter ce genre de petit jeu.
Françoise : T’inquiète, on va pas croiser de flics sur cette route, à deux heures du matin. C’est jamais arrivé. Ils dorment à cette heure-ci.
Justin : Je suis pas encore très sûr de moi. J’ai pas terminé les leçons.
Françoise : Allez, fais pas ta mijaurée. Elle lui donne des petits coups de coude. Sois un homme !
Justin grimace.
Raphaëlle : Laisse-le Françoise, s’il le sent pas.
Françoise : Je veux qu’il nous montre ses progrès. Il doit être prêt, je suis sûre. Allez, ose.
Justin, s’installe au volant : T’es relou Françoise. C’est bien parce que vous êtes pas en état.
Françoise, s’assied à côté de lui : Ah, tu vois. Tu dois veiller sur nous, pauvres femmes, trop bourrées.
Raphaëlle a pris place derrière Justin. La voiture démarre, avec un ou deux hoquets.
Françoise râle : Oh là ! Fais gaffe. Tu veux nous faire vomir ? Tout doux mon chou.
Justin : Pardon.
Ils roulent. Françoise allume l’autoradio et met de la musique. Elle marque le rythme et se retourne vers Raphaëlle.
Françoise : Tu vois, c’est cool. On se détend, on profite.
Au même moment, un véhicule arrive en sens inverse, trop rapidement et déporté sur sa gauche, il roule juste en face.
Justin : Putain, mais c’est quoi ça ?
Françoise se retourne et voit la camionnette foncer sur eux. Elle tire brusquement le volant vers elle.
Françoise : Braque, braque, putain !
Tous crient.
Leur voiture est arrêtée, coincée dans le fossé du côté droit de la route, bloquée par un arbre. Justin a stoppé le moteur, juste avant de perdre connaissance.
Seule Raphaëlle bouge, elle est consciente, elle. Elle tente de se remettre un peu droite, alors que la voiture est penchée sur la droite.
Raphaëlle : Eh ! Réveillez-vous ! Ça va ? Justin, bouge ! Faut pas que tu restes au volant. Je vais prendre ta place, si les flics arrivent. Elle parvient à sortir par la portière de gauche, en s’extirpant de l’habitacle. Justin se réveille et regarde autour de lui, il peine à réaliser la situation. Raphaëlle essaie d’ouvrir sa portière, veut le faire sortir.
Raphaëlle : Allez, sors, va à l’arrière, ou reste dehors si tu veux, faut que tu me laisses ta place.
Justin commence à sortir et s’assied par terre à côté de la voiture, complètement sonné. Raphaëlle va prendre sa place, mais son regard se porte sur Françoise, inerte. Elle la touche à l’épaule et la secoue un peu.
Raphaëlle : Eh !...
