Deux frères sous la neige

La veille de Noël, deux frères que tout oppose se retrouvent bloqués par une avalanche dans un tunnel de montagne. Dans un huis clos haletant en trois actes à la limite du fantastique, les deux frères vont devoir se confronter, s’affronter, s’apprivoiser, s’entraider, se réconcilier, pour, enfin, espérer voir la lumière au bout du tunnel.

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Liste des personnages (4)

Léo Homme • Adulte
Antoine Homme • Adulte
Maman Femme • Adulte
Grand-Père Homme • Âgé

Décor (1)

Tunnel de montagne L’action se passe en haute montagne. Une scène, un décor de tunnel routier : un éclairage blafard, une borne téléphonique et deux blocs de glaces, au centre en fond de scène. Au-devant, une porte métallique de secours côté jardin. La voiture, côté cour. Au sol, de la neige et des pierres ainsi que des ossements humains.

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Denis Miserette

 

 

 

 

 

DEUX FRERES SOUS LA NEIGE

Théâtre

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Tout le malheur des hommes ne vient pas de ce qu’ils vivent dans le monde, mais dans le leur. »

Héraclite

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Présentation des personnages

 

Léo Heurtebis, frère ainé d’Antoine

Antoine Heurtebis, frère cadet de Léo

Maman,

Grand père,

 

Décor

 

L’action se passe en haute montagne. Une scène, un décor de tunnel routier : un éclairage blafard, une borne téléphonique et deux blocs de glaces, au centre en fond de scène. Au-devant, une porte métallique de secours côté jardin. La voiture, côté cour. Au sol, de la neige et des pierres ainsi que des ossements humains.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

ACTE 1

Scène 1

LEO, ANTOINE

 

Le rideau se lève, au même instant, le bruit d’une avalanche éclate, emportant dans son sillage un éboulement de pierre. La scène est noire avec quelques effets stroboscopiques. Les frères Heurtebis sont dans une voiture. On entend les manœuvres brutales entre la marche avant puis la marche arrière. Le vacarme cesse, lumière discrète sur le véhicule.

 

ANTOINE. _C’est bon.

LEO. _ (choqué), C’est fini.

ANTOINE. _ Nous sommes dans le tunnel (regarde derrière), la neige nous a barré la sortie.

LEO. _ Devant aussi, comment on va faire ? (Léo descend le premier de la voiture, suivi quelques secondes après par Antoine. Ils font une reconnaissance de la scène, l’éclairage progresse peu à peu pour mettre en lumière le décor de tunnel). On est fait prisonnier.

Antoine recule, son talon vient d’écraser comme du verre.

ANTOINE. _Oh hey c’est quoi.

LEO. _La neige (il s’approche), cailloux ?

ANTOINE. _Autre chose (se tourne et essaie d’analyser le sol).

LEO. _On l’a échappé belle, mais on se retrouve là dessous.

ANTOINE. _Merci Léo (se fait un câlin à lui-même).

LEO. _ (En aparté, fait des gros yeux, puis retrouve sa position initiale). Bon, faut appeler le 18 ou de l’aide. (Il sort son téléphone et se dirige côté jardin, Antoine est positionné côté cour. Le portable sonne, on entend la tonalité. Leurs opérations s’avèrent non efficaces face à la quantité de neige qui bouche les issues.)

LEO. _Tu as ton téléphone ?

ANTOINE. _Non.

LEO. _ (ahuri) Non ? (tonalité du retour d’appel).

ANTOINE. _Ah regarde, il y a la borne là-bas (s’y rend, puis désabusé, il retente une nouvelle fois d’appeler). Tu as fait les appels d’urgence ?

LEO. _ Ben oui.

ANTOINE. _Y a un problème ? (fin de la tonalité du retour d’appel)

LEO. _ Quoi, (il s’approche de la borne téléphonique, le câble du combiné téléphonique est rompu). Ah ce n’est pas possible.  (Silence, puis en rage, il met un coup de pied dans un objet non identifié).

ANTOINE. _C’était quoi.

LEO. _ Un os… (observe au loin) enfin je crois… (choqué et face au public) Un os ?

ANTOINE. _ (candide), Hey Léo, (repose le combiné puis va proche de Léo) merci pour tout à l’heure.

LEO. _ Bah tout de même je ne pouvais pas laisser…

ANTOINE. _ (le coupe) Ton frère sur la route.

LEO. _ Oui enfin… écoute, ce n’est pas le moment-là.

ANTOINE. _Le moment de quoi ? De refaire le monde.

LEO. _ Mais nous ne sommes que tous les deux.

ANTOINE. _Tu ne vois pas les circonstances (laisse un flottement) on est bloqué.

LEO. _ Je sais ça MONSIEUR.

ANTOINE. _Tu m’as appelé Monsieur.

LEO. _ Comme tout à l’heure quand je t’ai renversé (rire espiègle).

ANTOINE. _Tu m’as traité d’abruti.

LEO. _ En même temps, un ballot qui marche sur une route de montagne.

ANTOINE. _ J’étais sur le côté.

LEO. _ Je t’ai retrouvé sur mon capot.

ANTOINE. _Tu insinues que je m’y suis jeté peut-être.

LEO. _ J’ai fini par m’arrêté, te venir en aide…et je t’ai reconnu.

ANTOINE. _Ce n’était pas évident pour toi.

LEO. _ C’est la coupe de cheveux.

ANTOINE. _ Mais pour moi.

LEO. _ Pour toi quoi ? (flottement) Bon, tu me peux me dire ce que tu fichais au beau milieu de la route, dans la montagne quand je t’ai recueilli.

ANTOINE. _ Une balade, et toi ?

LEO. _ T’es fou, c’est invraisemblable. Tu sais quel jour on est au moins ?

ANTOINE. _Quel aplomb. 24 décembre.

LEO. _ C’est ça, et nous allions nous retrouver avec la famille à Noël. On se voit plus depuis deux ans, et là je te vois débarquer, sur la route dans ces montagnes paumées au milieu de nulle part.

ANTOINE. _Nulle part, c’est exactement où l’on va quand on est avec toi…nulle part.

LEO. _ (Dédain) Décidément tu n’as pas changé.

ANTOINE. _Si, mais je ne suis pas le seul on dirait, toi, tu as l’air encore plus triste qu’avant.

LEO. _Qu’avant quoi ? Mon petit frère coupe les ponts, oublie les anniversaires, les réunions de famille, le fait que tu m’as mis une barrière. T’en as mis du temps pour venir nous voir.

ANTOINE. _J’ai coupé deux ans, en effet, avec tout le monde sauf les parents, mais c’était dur, pour les parents surtout.

LEO. _ Papa se soûle toutes les nuits au vin, la mère s’achève au Lexomil, ne me fait pas le gars qui culpabilise, tu as ta part de responsabilité là-dedans.

ANTOINE. _ Seulement moi ? T’es sur ?

LEO. _ Je prends en charge une partie des soins. De ma poche, ne l’oublie pas. Mais toi ? Tu étais où à ce moment-là ?

ANTOINE. _ Je fais des efforts, je reviens, j’ai envie de tendre la main, à nous tous, pour toi aussi Léo. Après deux ans, il faut que tu rabâches sans arrêt les mêmes discours. Même pour Noël ? C’est donc ça ce qui m’attend ? J’aurai eu droit comme scène à table ? La bande annonce avant le repas, ne me donne pas envie.

LEO. _ Qu’est-ce que tu reviens faire là ?

ANTOINE. _Tu changes de sujet ?

LEO. _ Je veux savoir ce que tu faisais avant qu’on en arrive ici.

ANTOINE. _ Je me balade, j’ai le droit.

LEO. _ Tu es encore bien perché, pas pour rien qu’on reste à distance.

ANTOINE. _ J’étais bien visible et je marchais sur l’accotement. Mais ils ont annoncé de la neige, alors j’ai préféré continuer sur la route, Mes orteils auraient été congelés par la poudreuse.  (Il regarde dans tous les sens, avec agilité, pour chercher quelque chose, il va vers la voiture).

LEO. _ Qu’est-ce que tu cherches ?

ANTOINE. _ J’ai un toc de vérification, je ne peux pas m’en empêcher (il rentre pour le chercher son instrument de musique).

LEO. _ Tu n’as pas qu’un toc.

ANTOINE. _ Voyons voir (continue de chercher).

LEO. _ De voir quoi ? ton cerveau ?

ANTOINE. _ Non mon instrument, (s’en saisit) Ah le voilà (il dépose l’étui devant la portière).

LEO. _ Super, vos retrouvailles, je vais vous laisser.

ANTOINE. _Ma guitare. Je suis parti avec au cas où je trouverai de l’inspiration.

LEO. _ Non mais je rêve.

ANTOINE. _En quelques sortes, oui, je ne m’attendais pas à te voir dans ses montagnes, si tôt, je pensais te voir à midi avec tout le monde.

LEO. _ N’empêche qu’un peu plus, tu allais y passer.

ANTOINE. _ (étonné) Je t’aurai manqué ?

LEO. _ Ben oui, idiot. Sincèrement, j’ai eu la trouille pour toi.

ANTOINE. _Qu’est ce qui t’aurai le plus tourmenté ? l’accident avec moi ou le 4x4 ?

LEO. _ Nous sommes frères !

ANTOINE. _Ça y est tu me reconnais enfin, (ressort de la voiture) au fait, tu m’as bien reconnu ?

LEO. _ Tu ne peux pas passer inaperçu en même temps.

ANTOINE. _Tu verras sur le capot, je crois que le viseur de ton véhicule de marque allemande, je crois que le bout qui dépasse, mon arrière-train a dû le plier, j’ai sali toute...

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