Adagio

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Tirée de faits réels la rencontre entre la petite fille métisse d’un criminel de guerre nazi avec la vieille dame juive qui fut sa domestique dans le camp qu’il dirigeait. L’intrigue tourne autour d’un documentaire bien réel tourné par les nazis à la fin de la guerre dont le but était de faire croire au monde que les prisonniers juifs étaient bien traités dans les camps : “Hitler offre une ville aux juifs”.

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Rachel (en off) Oh bonjour. Je ne vous attendais pas aussi tôt.

Allister (en off) Pardon mais...

Ce n’est pas grave. Je suis parfaitement disponible. Et en vérité vous me sortez d’un demi sommeil assez désagréable. (elle entre seule et se retourne) Mais que faites-vous donc ? Entrez voyons. N’ayez pas peur, je ne vais pas vous manger, je ne grignote jamais entre

les repas.

Allister (elle entre) Madame je...

Rachel Voulez-vous un café, un thé ? Ou plutôt une boisson fraiche. Par cette chaleur. Moi je n’arrive même plus à mettre le nez dehors. J’ai peur de fondre comme un vulgaire morceau de beurre.

Allister Un verre d’eau suffira Madame.

Rachel Je vais vous le chercher. Asseyez-vous je vous en prie. Tenez mettez-vous là, c’est le fauteuil le plus agréable. Je l’ai restauré moi-même. (Elle revient avec deux grands verres d’eau). Vous apprécierez sûrement quelques glaçons. Mais parbleu vous n’êtes toujours pas assise. Etes-vous timide à ce point ?

Allister C’est très aimable à vous Madame mais...
Rachel Appelez-moi Rachel. J’allais oublier. (elle ressort et

revient avec une grosse boite boite de gâteau en fer blanc très décorée)

Allister Madame... Rachel...
Rachel Allez-y. Fabriqués de mes propres mains.

Rachel

Oh bonjour. Je ne vous attendais pas aussi tôt.

Pardon mais...

Allister Merci.... Je suis confuse...

Rachel Vous me blesseriez en refusant. Je peux accepter beaucoup d’offenses mais pas un non à mes pâtisseries. C’est une vieille recette yiddish à la cardamome. Délicieux. Enfin c’est mon avis. Peut-être n’aimerez-vous pas. C’est très particulier vous verrez. Dites-moi sincèrement. Prenez le temps de bien mâcher pour que la cardamome envahisse agréablement votre palais. Alors ?

Allister C’est très bon. Vraiment délicieux. Surprenant.

Rachel Surprenant est le terme exact. Je suis heureuse si cela vous plaît. Finissez votre verre et prenez un autre gâteau. Nous avons bien le temps d’échanger. J’ai toujours été très gourmande. Sûrement une forme de compensation aux privations de ma jeunesse. Pas de pâtisserie à cette époque. C’était le pain noir, dur et sans saveur, et bien heureux quand nous l’avions. Nous le mangions sans l’aimer mais nous le bénissions croyez-moi. Pour moi ces gâteaux sont ma définition de l’opulence, bien davantage qu’un copieux repas dans un restaurant select. C’est un peu

ridicule

Allister

Rachel

Allister

Rachel

Allister

Rachel Allister.

Allister

n’est-ce pas ?
Non Madame... Rachel.

Et vous ?
Moi ?
Votre prénom. Allister.

Un nom bien d’aujourd’hui. Allister... C’est joli Vous êtes vous même très jolie.

Merci...

Ma dernière auxiliaire de vie, Roberta, était un ange

Rachel
de gentillesse. Et efficace avec ça. Mais il est difficile de rencontrer femme

plus laide. Mon dieu que dis-je? Je devrais avoir honte. Si elle m’entendait cette brave Roberta. Elle a pris sa retraite après quarante ans à s’occuper de vieilles folles comme moi dont trois à mon service. Elle passe me voir encore de temps en temps. Ma très chère Roberta. Malgré son physique ingrat elle a donné naissance à sept enfants. Son mari et elle travaillaient sans arrêt pour nourrir cette encombrante progéniture. Ils sont tous majeurs à présent. Roberta. Comme je l’aime. Elle va pouvoir enfin souffler et penser à elle, même si son mari est décédé l’an dernier. A peine 60 ans. Il s’est tué à la tâche le brave homme. Et elle, il était temps qu’elle s’arrête.

Allister Et vous, vous avez des enfants ?

Rachel Trois. Ils habitent loin mais aucun ne laisse passer une semaine sans m’appeler.

Allister Madame...

Rachel Mais je parle, je parle... Je suis une bavarde invétérée. Que voulez-vous, c’est le privilège des vieilles personnes de s’écouter déblatérer. Nous n’avons pourtant plus grand chose à raconter. Chaque jour ressemble au précédent, et demain sera identique à aujourd’hui. Alors pour moi croiser une tête nouvelle est un événement. Encore un gâteau ?

Allister Rachel Allister

Rachel
A vos émoluments par exemple. Je ne les oublie pas. Nous allons en parler. L’agence m’a dit beaucoup de bien de vous. Vous êtes ponctuelle, et même en avance comme je viens de le constater. N’arrivez pas trop tôt quand même. Une vieille dame met du temps à se rendre présentable. Vous travaillez consciencieusement, avec méthode et célérité m’a-t-on dit. Voilà une chose appréciable. Je suis une matrone d’un autre temps, un peu à cheval sur les principes. J’aime un intérieur propre, rangé, dépoussiéré. Je

Non merci. Madame...
Rachel.
Rachel. Je pense... Il faudrait...

Oui vous avez raison, passons aux choses sérieuses.

ne connais rien de plus agréable que l’odeur de la propreté, du frais et du savon naturel. Vous fumez ?

Allister Non Rachel.

Rachel Je m’en réjouis. Mon Dieu l’odeur du tabac dans une maison ! Haïssable. Et c’est mieux pour votre santé, et pour la mienne devenue bien fragile. Et vous, des enfants ?

Allister

Rachel

Allister

Rachel

Un garçon et une fille. Cinq et deux ans.
Quel bonheur ! Les enfants sont une bénédiction. Oui c’est vrai, une bénédiction.
Vous les élevez avec votre mari ?
Nous allons bientôt nous séparer mais nous sommes

Allister
en très bons termes. Il gardera toute sa place dans l’éducation de nos petits.

Rachel Tant mieux, tant mieux. Comme je suis indiscrète. Mais j’aime connaître les gens qui vont arpenter ma maison. Vous êtes une mère de famille, cela est bien. Vous connaissez donc les réalités de la vie, d’un ménage et d’un intérieur. Et vous avez le regard franc. C’est bien. Bien que vos yeux... Excusez-moi. Des études ?

Allister

Rachel curieuse.

Allister

Les langues.
Très bien. Lesquelles, sans être une fois de plus trop

L’allemand, l’italien, un peu de croate.

Vous êtes très douée. Moi j’étais professeur de

Rachel
français en Pologne. J’ai choisi la France après la chute du mur.

Allister Vous n’avez aucun accent.
Rachel Et le yiddish ? Vous parlez le yiddish ?

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