Séquence 1
A l’intérieur de l’appartement. Quelques bruits proviennent des voisins et de la rue. La mère coiffe sa fille. A la table, Salima manipule un fil de fer, le coupe à plusieurs reprises et le tord à l’aide de pinces.
La mère.- Tu serais belle avec des tresses, comme celles de ta grand-mère !
Salima.- Aïe ! Maman, tu me tires les cheveux !
La mère (Elle soupire.).- Comment veux-tu que je te coiffe si tu bouges tout le temps la tête ?
Arrête avec ce fil de fer, qu’est-ce que tu fabriques ?
Bruits des pinces et de coupures du fil de fer.
Salima (Pour elle-même.).- Un jour, des pinces maladroites ont sectionné quelques nerfs minuscules.
Elle chante.
Salima.- Je n’suis pas d’bois ni de plastique
Bien sûr les gens me r’gardent bizarre
C’est qu’suis pas comme eux, y’a un hic
Ils’m’disent bonjour, et filent dare dare.
J’suis tordue d’partout, réparée
Et quand ils’m’parlent, ils r’gardent ailleurs
Des mots de rien et de pitié
Simplement si j’leur demande l’heure.
Moi j’m’en fous je roule, moi je roule
Moi j’m’en fous je roule pour toujours. (bis)
Séquence 2
Bruits d’ouverture d’une porte d’ascenseur. Stéphane sort de l’ascenseur. Couloir d’hôpital avec parfois des bribes de conversations entre des personnes qui passent, le roulement d’un brancard ou d’un chariot de soins, le son d’une sonnette d’appel, et celui, à l’extérieur, d’une ambulance.
Stéphane.- Bon, deuxième couloir à droite de l’ascenseur… Par là… Un vrai labyrinthe cet hôpital… Bureau (Il cherche.)… numéro… 32… C’est ici. (Il lit la plaque.) « Alexandre De Chardeuil, chirurgien des hôpitaux ». Il a même mis une majuscule à la particule ! ( Bruits de voix à l’intérieur.) Il y a quelqu’un on dirait.
Stéphane frappe à la porte. Personne ne répond, la voix continue.
Stéphane.- A nous deux, môsieur de Chardeuil !
Il frappe une seconde fois à la porte puis entre sans attendre.
Stéphane.- Pouah ! Ça pue le cigare ici !
Alexande de Chardeuil, surpris, est au téléphone avec Max. Le chirurgien est assis derrière son bureau.
De Chardeuil.- … Deux secondes, Max. (Il montre la porte à Stéphane.) Je suis occupé, veuillez sortir !
Stéphane.- L’hôpital sans tabac, vous connaissez pas vous ? J’ouvre la fenêtre, c’est irrespirable !
Stéphane fait quelques pas dans le bureau pour ouvrir une...