Prologue
Une émission de radio.
Musique : Désenchantée – Pomme (reprise acoustique).
La journaliste
C’était la reprise acoustique en direct de nos studios, tout en douceur et en finesse, du célèbre Désenchantée de Mylène Farmer par Pomme.
Merci pour cet instant suspendu.
Il est vingt heures, le moment de retrouver notre focus du jour et nos invités particuliers.
Un jingle : « Des paroles sur terre. Des paroles. Des paroles sur terre !
Agathe Villequens.
Vos questions, vos réactions sur Des paroles sur terre. »
La journaliste
Lundi 10 mai, un drame a frappé le collège Pablo-Neruda, dans la cité de Virolles. Un professeur armé a pris en otage sa classe. La police est rapidement intervenue sur les lieux. Patrick Chardu, quarante-sept ans, enseignait depuis vingt ans dans ce collège réputé difficile.
Un élève présent dans la salle de classe a filmé la scène et diffusé son contenu dans une story sur le réseau social Instagram. Depuis, les images sont devenues virales.
Le collège a fermé ses portes plusieurs jours et une cellule psychologique d’urgence a été mise en place.
Cet évènement aurait pu rester au rang de fait divers mais l’affaire a suscité effroi et incompréhension.
Samedi 15 mai, cinq jours après le drame, une grande marche des « Parents de Virolles » a été organisée, qui a vu défiler des milliers de personnes. Très vite, un soutien au mouvement s’est étendu jusqu’à la capitale. Les revendications entendues alors sont assez diverses. D’un côté certains parents réclament plus de contrôles dans la sélection des enseignants, d’autres demandent une redéfinition de la carte scolaire, d’autres encore dénoncent un manque cruel de moyens. Quelques semaines plus tard, à l’initiative de l’ensemble des syndicats d’enseignants, une première journée de manifestations a eu lieu sur l’ensemble du territoire.
Depuis le drame de Virolles, les grèves s’enchaînent. Les syndicats prennent la défense de Patrick Chardu, considéré comme le symbole de l’abandon politique des réseaux d’éducation prioritaire.
Notre émission Des paroles sur terre revient aujourd’hui sur les origines d’un mouvement historique avec nos invités particuliers : Nathan Boucherand, professeur émérite en sociologie des luttes éducatives à l’université Paris-XIX. Bonsoir.
Le professeur Boucherand
Bonsoir.
La journaliste
Mais aussi Nathalie Connaitre, présidente de l’association EPCF, association des parents d’élèves. Bonsoir.
Nathalie Connaitre
Bonsoir, Agathe.
La journaliste
Et monsieur Olivier Jacquin, représentant du syndicat JLP, syndicat d’enseignants majoritaire. Bonsoir.
Olivier Jacquin
Bonsoir.
La journaliste
Sans plus attendre, une première interrogation : les conditions d’enseignement aujourd’hui sont-elles devenues trop difficiles ?
Les enseignantes et enseignants sont-ils poussés à bout ? Nathan Boucherand ?
Le professeur Boucherand
Oui, alors, ce que je voudrais tout d’abord dire c’est attention. Attention aux mots utilisés à tort et à travers. Attention à l’hystérie généralisée. On est face, effectivement, à une situation de crise. Oui, de crise. Mais de crise qui est le fait d’un individu.
La journaliste
Selon vous, donc, l’acte de Patrick Chardu ne serait pas lié aux conditions de travail du milieu enseignant. Vous parlez d’hystérie collective /
Le professeur Boucherand
/ D’hystérie généralisée.
La journaliste
Tout à fait, pardonnez-moi.
Le professeur Boucherand
Oui. Je parle d’hystérie généralisée parce que, comme on a pu le voir par le passé et je suis d’accord avec vous, il faut, bien sûr, se méfier de l’eau qui dort, mais comme on a pu le voir par le passé, la peur ne laisse jamais place à rien de bon et il faut parfois faire preuve de recul pour analyser de telles situations. Quand je dis de telles situations, je parle bien entendu de situations qui dépassent l’entendement.
La journaliste
Nathalie Connaitre, vous souhaitiez rebondir.
Nathalie Connaitre
Oui, merci. Pardonnez-moi, au risque de passer pour l’hystérique de service, mais j’ai l’habitude, alors je prends le risque de parler et surtout de parler au nom de tous ces parents d’élèves qui ont peur : la mise en danger de nos enfants ne peut que conduire à l’hystérie. Pardonnez-moi, monsieur Boucherand. Peut-être n’avez-vous pas d’enfants /
Le professeur Boucherand
/ J’ai trois enfants, madame, et je sais tout à fait séparer le cas isolé du cas général et le pépin du noyau, merci.
Nathalie Connaitre
Alors peut-être comprendrez-vous qu’à l’EPCF, nous faisons face depuis cette affaire à une recrudescence inouïe de l’inquiétude chez les parents d’élèves. Ce qui d’ailleurs n’arrange absolument pas la question de la ségrégation sociale et du choix de certains parents de l’enseignement privé.
La journaliste
Oui, c’est tout à fait intéressant, et vous abordez de vous-même un pan du débat que nous allons traiter, mais je voudrais avant cela céder la parole à monsieur Olivier Jacquin, du syndicat JLP, pour entendre son analyse sur le mouvement contestataire actuel chez les enseignants des réseaux d’éducation prioritaire.
Olivier Jacquin
Oui. Merci. C’est un mouvement contestataire à la fois inédit de par son ampleur mais latent depuis, il faut le dire, plus d’une dizaine d’années. On l’entend et on le voit dans toutes les dernières manifestations. Patrick Chardu devient le symbole pour les enseignants de l’abandon politique des réseaux d’éducation prioritaire.
La journaliste
Nous pouvons désormais dire que nous sommes face à une véritable fronde syndicale ?
Olivier Jacquin
Ce que nous vivons est historique. Jamais nous n’avions réussi à mettre l’ensemble des syndicats côte à côte. Je crois que nous sommes en face d’un véritable bouleversement.
La journaliste
On peut voir désormais sur de nombreuses façades de collèges classés en réseau d’éducation prioritaire, des banderoles sur lesquelles est inscrit en lettres noires : JE SUIS PATRICK. Vous y voyez un appel au secours ?
Olivier Jacquin
Quand il y a crise, il faut une réponse rapide.
Un jingle : « Des paroles sur terre. Des paroles. Des paroles sur terre !
Agathe Villequens.
Vos questions, vos réactions sur Des paroles sur terre. »
La journaliste
Notre émission Des paroles sur terre revient avec nos invités particuliers sur les origines d’un mouvement contestataire historique suite à l’affaire dite « Patrick Chardu », ce professeur qui a pris en otage sa classe le 10 mai dernier. Le collège était réputé difficile depuis des années, classé parmi les fameuses ZEP, rebaptisées plus récemment réseaux d’éducation prioritaire.
La scène, filmée par un élève, a été diffusée sur les réseaux sociaux et les images sont devenues virales. Quelques jours après le drame, de premières manifestations de parents d’élèves ont éclaté.
Quelques semaines plus tard, à l’initiative de l’ensemble des syndicats d’enseignants, une première journée de manifestations a eu lieu sur l’ensemble du territoire.
Depuis le drame, les grèves s’enchaînent. Les syndicats prennent la défense de Patrick Chardu, considéré comme le symbole de l’abandon politique des réseaux d’éducation prioritaire, les REP.
Aurore Bourgois Demachy, ministre de l’Éducation nationale, a été contrainte de réagir au plus vite. Elle a reçu les représentants syndicaux majoritaires et devra répondre cet après-midi à l’Assemblée nationale aux députés lors de la session des questions au gouvernement /
Scène I
25 juin.
À l’Assemblée nationale. Huées dans l’hémicycle.
La présidente de l’Assemblée
/ S’il vous plaît, chers collègues !
Le député Toqué
Vous vous cachez derrière cet évènement tragique pour masquer votre incompétence !
La présidente de l’Assemblée
S’il vous plaît, député Toqué ! Demandez votre tour de parole !
Huées et brouhaha dans l’hémicycle.
La députée Crubezy
Mépris des pauvres, mépris des élèves les plus défavorisés, mépris de l’ensemble du personnel éducatif !
Applaudissements et huées dans l’hémicycle.
La présidente de l’Assemblée
Un peu de tenue !
Oui, député Delbreil, j’ai bien noté votre demande.
La parole est à la députée Joseph.
Et s’il vous plaît, chers collègues, restons courtois /
/ (Huées dans l’hémicycle.)
Mais enfin !
La députée Joseph
Continuez ! Continuez de huer les représentants de plus de vingt pour cent de la population française !
Huées dans l’hémicycle.
La présidente de l’Assemblée
Je vais suspendre la séance si vous n’arrêtez pas !
Les huées se calment.
La députée Joseph
Quand cesserez-vous de fermer les yeux sur les réelles causes de la crise qui frappe notre école républicaine ? Combien de Patrick Chardu vous faudra-t-il pour agir concrètement ?
Pourquoi continuer d’injecter de l’argent dans les réseaux d’éducation prioritaire, qui depuis trente-cinq ans nous coûtent toujours plus, sans résultat ?
La députée Reynaert
La notion d’égalité, ça vous dit quelque chose ?
La députée Joseph
L’égalité ? Quand nos territoires ruraux souffrent de votre oubli ? Vous osez me parler d’égalité ?
Ne s’agit-il pas là de déshabiller Paul pour habiller Jean ? Pour ne pas dire Mohammed ?
La députée Crubezy
Ça suffit !
La députée Joseph
Madame la ministre, quand garantirez-vous la sécurité de nos professeurs dans ces banlieues ?
Huées et applaudissements dans l’hémicycle.
La présidente de l’Assemblée
Députée Crubezy, c’est à vous.
Non, député Delbreil, je ne vous ai pas oublié.
La députée Crubezy
Vous êtes l’ennemie de la république, madame Joseph.
La présidente de l’Assemblée
Députée Crubezy, s’il vous plaît !
La députée Crubezy
Utiliser un évènement si tragique pour opposer encore et toujours nos banlieues et nos campagnes ! Comme si les problématiques y étaient similaires. Comme si certains enfants, pas assez blancs à votre goût – mais néanmoins français, ne vous en déplaise – méritaient moins d’attention que les autres !
(Huées et applaudissements dans l’hémicycle.)
Et quelle réponse du gouvernement ?
Parler de l’échec des réseaux d’éducation prioritaire ! Quand on sait qu’une si infime part du budget de l’Éducation nationale y est allouée ! Quand on sait, Madame la ministre, que toutes vos mesures n’ont fait que bénéficier aux écoles privées !
Huées et applaudissements dans l’hémicycle.
Le député Bouyou
Une augmentation des budgets, des dédoublements de classes. Nous avons agi concrètement, députée Crubezy. Cessez de vous faire la porte-parole de la veuve et l’orphelin, c’est épuisant.
Rires dans l’hémicycle.
La députée Crubezy
Du saupoudrage ! Des miettes ! Dans ma circonscription, vous avez supprimé dix classes depuis le début de votre mandat ! Vous avez reçu – et je les ai entre les mains – cinq lettres de principaux de collèges classés en réseaux d’éducation prioritaire, alertant Madame la ministre sur le non-respect du nombre maximum d’élèves par classe.
Qu’on tire les leçons de cet évènement tragique ! Qu’on donne enfin aux enseignants et à l’ensemble du personnel éducatif de véritables moyens. Car ils sont épuisés, malmenés, méprisés.
Ma question, Madame la ministre : quand comptez-vous agir pour l’égalité des chances dans nos écoles ?
La présidente de l’Assemblée
Merci.
Oui, député Delbreil, c’est à vous.
Le député Delbreil
Pas de charabia. Arrêtons, s’il vous plaît, cette hystérie collective. Ne prenez pas un cas isolé pour une généralité, madame Crubezy !
Il ne s’agit pas d’investir davantage dans l’éducation prioritaire, il s’agit de cesser cette mascarade.
L’Éducation nationale doit être réformée, oui !
Les REP supprimés, c’est une évidence !
Le député Toqué
Continuons la reproduction sociale !
Le député Delbreil
Arrêtez avec vos grands termes ! Nous sommes en France, pas au Bangladesh ! Nous avons un système qui permet à quiconque de s’en sortir, mais encore faut-il le vouloir. Et ce n’est pas en continuant une politique victimaire que nous sortirons les Français de l’assistanat dans lequel ils sont englués depuis cinquante ans !
La présidente de l’Assemblée
Votre question, député Delbreil ?
Ah. Pas de question donc ?
La parole est au député Bouyou.
Applaudissements et huées dans l’hémicycle.
Le député Bouyou
Si la leçon est terminée, permettez-moi d’entrer dans le concret.
(Applaudissements et huées dans l’hémicycle.)
Il est facile, mes chers collègues, d’être dans le camp de l’opposition. Facile de critiquer chaque mesure, quand vos différents partis ont échoué, année après année.
Rires et invectives dans l’hémicycle.
La députée Reynaert
Et le vôtre ?
Le député Bouyou
Madame la ministre de l’Éducation nationale : quels moyens supplémentaires souhaitez-vous allouer à l’éducation prioritaire qui, nous le savons, a toujours été votre principale préoccupation ?
La ministre de l’Éducation nationale
Merci pour cette belle leçon de démocratie.
La députée Crubezy
Elle est morte avec vous, la démocratie !
Applaudissements et huées dans l’hémicycle.
La ministre de l’Éducation nationale
Les récents évènements nous appellent à agir.
Et c’est ce que nous avons fait, dès le lendemain de ce tragique incident, en recevant l’ensemble des syndicats d’enseignants.
(Rires et huées dans l’hémicycle.)
Aujourd’hui, l’arbre éducatif n’est plus fécond. Ses fruits, même, pourrissent.
Faut-il l’abattre, l’élaguer ou lui apporter un engrais vivifiant ?
(Rires et huées dans l’hémicycle.)
Nous faisons le choix de l’espoir et non du fatalisme.
C’est la raison pour laquelle le gouvernement a décidé, pour la première fois et dès la rentrée de septembre, de mener un Grand Diagnostic National de l’Éducation Prioritaire, le GDNEP.
(Huées et applaudissements dans l’hémicycle.)
À l’initiative inédite du gouvernement, parmi celles et ceux qui travaillent au sein des réseaux d’éducation prioritaire, seront sélectionnés plus de deux mille interlocuteurs et interlocutrices privilégiés.
Ils seront chargés d’entretenir un lien étroit avec le ministère, pour ouvrir un dialogue national sans précédent.
Cette nouvelle politique sera celle de l’échange et non plus du clivage. Car notre institution veut réaffirmer l’écoute et la confiance qu’elle donne à ses collaborateurs et collaboratrices.
Scène 2
15 septembre.
Dans la salle des professeur·e·s.
La professeure de français
Le problème majeur, c’est les heures sup.
La professeure d’EPS
Personne va cracher d’sus.
La professeure d’histoire-géographie
On est sous-payés !
La professeure de français
Plus on se jette sur ces heures sup, moins ils créent de postes. Regarde Martin : il se retrouve sur trois établissements !
La professeure d’EPS
Créer des postes ? Ils arrivent à peine à trouver des profs pour chaque matière !
La professeure d’histoire-géographie
Y a qu’à voir le nombre de contractuels cette année.
La professeure d’arts plastiques,
en entrant dans la salle.
À qui je dois m’adresser pour changer de vidéoprojecteur ? J’ai perdu vingt minutes ce matin /
Le professeur de physique-chimie,
en entrant dans la salle.
/ Jamais vu un tel niveau ! On ne tiendra jamais les programmes.
La professeure de français
On les tenait, avant ?
La professeure d’arts plastiques
Je n’arrive pas à faire le mien.
La professeure d’EPS, pour elle-même.
Un programme ? En arts plastiques ?
Le professeur d’anglais, en entrant dans la salle.
Fuck me !
Troisième bahut de la journée et pas une seule imprimante ne marche !
La professeure d’EPS, donnant un coup de sifflet.
Votre attention, tout l’monde !
Tous·tes sursautent.
Le professeur de physique-chimie
Éva ! On avait dit qu’on arrêtait le sifflet !
La professeure d’EPS
Comment je fais pour avoir l’attention de tout l’monde ?
Le professeur de physique-chimie
Tu inscris, ici, sur le tableau, un point à débattre et on cale un horaire de réunion /
La professeure d’EPS
/ On peut pas faire les choses spontanément ?
Le professeur de physique-chimie
Non ! On ne peut pas !
Parce qu’on n’est pas capables de dialoguer autrement quand on ne sait pas s’organiser.
La professeure d’EPS, à voix basse.
Il est malade.
Le professeur de physique-chimie
Chaque fois, la même chose !
Vous savez quoi ? On laisse tomber ! Moi, je ne tiens plus le tableau des réunions et on repart comme avant. Bon courage. Merci à tous.
Le professeur de physique-chimie s’isole.
La professeure d’histoire-géographie
Le prends pas comme ça, Jean !
Le professeur de mathématiques entre dans la salle, terrifié. Il referme la porte rapidement derrière lui.
Le professeur de mathématiques
J’ai perdu le stylo du tableau interactif de la 303.
La professeure de français
Tout va bien. C’est un stylo.
Le professeur de mathématiques
Première année. Première année et j’ai déjà perdu un stylo.
Seulement deux semaines que j’ai commencé.
Les inspecteurs. Je suis inspecté, j’ai pas de stylo.
J’ai pas de stylo. Comment je vais faire ?
La professeure d’EPS
Ils vont inspecter ton cours, pas l’matériel.
Le professeur de mathématiques
Mon cours, c’est de la merde.
C’est d’la merde ce que je fais.
J’aurais jamais dû accepter. Suis un con. Sais pas faire.
J’le vois bien. Ça les intéresse pas.
La professeure de français
Respire.
On est tous passés par là.
Le professeur de mathématiques
Jamais été bon en maths !
La professeure d’histoire-géographie
Pas ici qu’ils vont le remarquer.
La professeure d’EPS
T’es pas l’seul qui débute.
La professeure de français
On peut te donner des conseils /
La professeure d’histoire-géographie
/ Fracasser les élèves.
Le professeur de mathématiques
Hein ?
La professeure d’histoire-géographie
Dès le début, tu dois les fracasser. Si tu veux pouvoir faire ton travail correctement. Tu dois les fracasser /
Le professeur d’anglais
/ Quelqu’un a la troisième Aragon ?
La professeure de français
Moi.
Le professeur de physique-chimie,
désespéré.
Moi aussi.
Le professeur d’anglais
Il est étrange, Aleksander, non ?
La professeure de français
Ça va un peu mieux depuis qu’on l’a séparé de sa bande.
La professeure d’histoire-géographie
Le grand blond tout maigre ?
La professeure d’EPS
Oui, tout rachitique.
La professeure d’arts plastiques
Il m’a fait un truc incroyable quand on travaillait autour de Pollock. Il est très doué.
Le professeur de physique-chimie
Très doué pour choisir ses matières.
Violette Tessut, en entrant dans la salle.
Excusez-moi.
Je peux me faire un café ?
La machine de la vie scolaire n’est toujours pas réparée /
Le professeur de physique-chimie
/ Il faut vous inscrire sur le tableau des consommations. C’est juste là.
(Temps. Tous·tes regardent Violette Tessut.)
Je sais que vous avez été nommée par le ministère.
Violette Tessut
Je suis avant tout conseillère principale d’éducation.
La professeure d’EPS
Mieux payée que votre collègue Alain.
Violette Tessut
Je suis payée pour le travail supplémentaire, oui.
Le professeur de physique-chimie
Vous faites remonter des problématiques ? Je voudrais vous parler de ma mutation /
Violette Tessut
/ Je rends compte régulièrement au ministère des besoins de l’établissement scolaire /
Le professeur de physique-chimie
/ Vous allez aux commissions ? Vous pourriez leur dire /
La professeure de français
/ Vous êtes chargée de dénicher les Patrick Chardu avant qu’ils ne se déclarent ?
(Silence.)
Je vais vous dire.
Tous. Tout le monde ici. Regardez. C’est facile. Tout le monde ici est susceptible d’exploser.
La sonnerie retentit.
Scène 3
25 septembre.
Dans le bureau d’accueil de la vie scolaire. Cinq minutes...