Et que vive la galère
Dés personnage d’univers socioprofessionnel différent vont se rencontrer au bord d’une route sous un abribus et vont se retrouver dans des situations plus rocambolesques les unes après les autres.
🔥 Ajouter aux favorisDés personnage d’univers socioprofessionnel différent vont se rencontrer au bord d’une route sous un abribus et vont se retrouver dans des situations plus rocambolesques les unes après les autres.
🔥 Ajouter aux favoris
L’ACTION
L’acte 1 se passe le matin. L’acte 2 à la tombée de la nuit et le lendemain matin.
ACTE 1
Un matin d’hiver sur une route pluvieuse arrivent deux hommes qui viennent s’abriter en dessous d’un abribus. Ils portent des sacs de provisions à la main.
POLO (secoue les vêtements pleins de pluie et va s’asseoir). — Ah, mais putain qu’est-ce qui tombe ! C’est le déluge ma parole !
Il pose le sac à provisions à côté de lui. Un temps.
Danny fait exactement la même chose que Polo en l’imitant exagérément et en prenant un accent anglais.
DANNY. — Ah, mais putain qu’est-ce qui tombe ! C’est le déluge ma parole !
Polo lève la main comme pour le frapper.
POLO. — Vas-y, fous-toi de ma gueule. Tu en veux une, dis ?
Danny se lève et se met en position de boxeur pour le défier. En se levant, il renverse son sac à provisions et une bouteille de vin se casse.
DANNY. — Merde ! Tu as vu, à cause de tes conneries, ma bouteille est foutue !
POLO. — Ah bah compte pas sur moi pour te filer de la mienne. Tu ne boiras que dalle.
DANNY (immobile, regarde au loin et fait un signe de croix et avec son accent anglais). — Seigneur, pardonne-moi mes offenses. J’ai connu l’alcoolisme, mais je vais me repentir dès à présent.
Polo sort sa bouteille de rouge de son sac à provisions, l’ouvre et boit une grosse gorgée.
POLO. — Tu es bon pour les alcooliques anonymes maintenant. Et si tu pouvais demander à ton bon Dieu d’arrêter de nous pisser dessus pendant que tu y es, parce que là on est bien trempés. On n’a pas d’affaires de rechange, je te signale et la conseillère pour l’emploi va nous…
Danny, dans ses pensées, s’avance un peu sur la route quand une voiture passe à vive allure. Polo se lève subitement et le tire par la manche.
POLO. — Oh ! Mais fais gaffe ! Tu veux te faire écraser ou quoi ? Si tu crèves, on va te mettre à la fosse commune comme à l’époque des rois.
DANNY (reprend ses esprits et pousse Polo sur le banc). — Vade retro satanas ! Arrière ! Ton heure n’est pas arrivée.
Polo en tombe à la renverse et casse sa bouteille de vin.
DANNY (en riant). — In vino veritas !
POLO. — Meeeeeerde !
Il s’allonge sur le banc et fait le mort. Un temps. Un homme s’approche vers Polo.
L’HOMME. — Bonjour ! Qu’est-ce qui se passe ? Ça va, monsieur ? Je suis médecin, je peux faire quelque chose.
POLO (se redresse droit comme un piquet). — Tout homme bien portant est un malade qui s’ignore ! Je ne sais plus qui a dit ça.
LE MÉDECIN (surpris). — Ah ben je vois que vous allez mieux visiblement. (Un temps.)Dites-moi, messieurs, je suis tombé en panne un peu plus loin. Vous savez à quelle heure passe le prochain bus ? J’essaie de joindre un taxi et je ne capte rien avec mon téléphone. (Un temps.)
Un homme s’approche fumant une cigarette d’un air nonchalant.
L’HOMME. — Je peux m’asseoir ? Ouf ! Je suis épuisé.
Il va pour s’asseoir quand Danny et Polo s’interposent.
DANNY ET POLO. — Stop là, pas si vite ! (les deux en même temps) Vous avez combien d’argent sur vous d’abord ?
L’HOMME. — Euh pardon ? Comment ça ? Pourquoi ?
POLO — C’est vingt euros la place.
L’HOMME (regarde le médecin). — Mais il n’est pas bien lui, il veut me faire payer pour m’asseoir.
LE MÉDECIN (d’un ton sérieux). — Il a l’air souffrant de mégalomanie flagrante je dirais. Mais je ne l’ai pas encore bien ausculté.
L’HOMME. — Vous êtes médecin ?
LE MÉDECIN. — Oui, tout à fait ! Et vous ?
L’HOMME. — Moi, je suis chauffeur de taxi. Enfin, j’étais. Je viens de me faire virer par mon patron.
LE MÉDECIN. — Moi, ça fait une heure que j’essaie de joindre un taxi, mais aucun ne passe sur cette route et j’ai pas de réseau.
LE CHAUFFEUR DE TAXI. — Ouais, je sais, ils sont tous en train de manifester sur le boulevard. Ils demandent une augmentation de salaire. (Un temps.)
Polo et Danny sont en train de jouer aux dés sur le banc.
LE CHAUFFEUR DE TAXI. — Dites donc, messieurs, ça vous ne dérangerait pas de nous faire de la place un peu ? Nous aussi, on aimerait bien s’asseoir.
LE MÉDECIN (montre le lacet défait de Danny). — Attention, vous allez glisser, votre lacet est défait.
Danny pose ses dés, se lève et fait de grands pas de long en large du trottoir comme un soldat. Il chante un air militaire.
DANNY. — J’ai été à l’armée, engagé première classe, on m’a appris à marcher au pas, moi,vous savez !
POLO (riant). — Tu as été réformé P4, menteur ! Vas-y, viens, arrête de faire le con, on finit la partie de dés.
Danny s’allonge sur le sol et rampe.
DANNY. — Comme dans le parcours du combattant, on rampait pour ne pas être vus par l’ennemi.
LE CHAUFFEUR DE TAXI (l’encourage). — Continuez encore, vous êtes presque arrivé,soldat. (Il se met à compter.) Un, deux, trois, quatre. Allez, encore un effort.
LE MÉDECIN (à lui-même). — Euh, mais qu’est-ce que c’est que ces dingues, là. (Un temps.)
Une dame approche, intriguée. Elle regarde Danny au sol.
LA DAME. — Vous...