Hold-up à la supérette

La famille Lagrène, haute en couleur et peu conventionnelle, se retrouve au cœur d’une enquête policière après le braquage raté de la supérette locale, le « Miniprix ». Le fils, Kévin, prétend avoir été témoin de la scène, mais ses versions des faits varient selon ses interlocuteurs, oscillant entre naïveté et vantardise.
Deux journalistes, Inès et François, flairent le scoop de l’année et tentent d’arracher des informations à la famille, tandis que deux policiers, Juliette et son maladroit adjoint Bernard, mènent une enquête chaotique. Les interactions entre les personnages donnent lieu à une série de quiproquos, de mensonges, de manipulations et de retournements de situation.
La fille, Wendy, rusée et ambitieuse, orchestre un plan pour détourner l’attention des enquêteurs en fabriquant de fausses preuves et en semant la zizanie entre les journalistes et la police. Mais c’est finalement Brigitte, la grand-mère, qui, sans le vouloir, fait éclater la vérité…
La pièce se termine sur une série d’arrestations, de promotions inattendues, et un ultime clin d’œil comique de Kévin.

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Acte 1

 

Scène 1 : Inès, François, Johnny, Brenda, Kévin

François : T’es sûre que c’est ici ? Ça ressemble à rien, c’est glauque.

Inès : J’ai re-vérifié l’adresse : 185, impasse de la Goutte Miriou. (elle vérifie sur son portable) En tout cas, sur mon téléphone, ça indique bien ici.

François : On se barre, je reste pas là, c’est un vrai coupe-gorge, je tiens à ma vie, moi.

Inès :  Fais-pas ton gamin ! Si tu veux te la jouer grand-reporter, fais-toi greffer une paire de … T'étais aussi courageux pour ton reportage de guerre au Liban ? Oui oui ! Tu ne te vantes pas que t’étais dans un fourgon blindé. L’autre, il a fait une fois dans sa vie un reportage au Liban dans un fourgon blindé 3 ans après la fin de la guerre et il se prend pour un reporter de guerre.

François : Oh ça va, ça va. Et parle moins fort, moins fort, on va se faire repérer.

Inès : Mais t’es con ou quoi ? Si tu veux les interviewer, il faut bien les voir et leur parler.

François : Viens, on se casse, c’est un plan foireux, il n’y a personne dans ce trou.

(Johnny sort de la maison, une carabine à la main)

Johnny : (très menaçant) Bougez-pas ! Qui êtes-vous ? Qu’est-ce que vous foutez-là ?

François : Heu … Non rien, c’est une erreur, excusez-nous Monsieur. On s’en va.

Johnny : Bougez-pas, je vous dis (il tire un coup en l’air). Sinon, la prochaine cartouche, c’est pour vos fesses.

François : On se barre de là, viens je te dis !

Inès : J’y crois pas ! Poule mouillée, va ! (A Johnny) Désolée de vous déranger, mais on voudrait juste un petit renseignement. C’est bien ici qu’habite Kévin, Kévin Lagrène ?

Johnny : Qu’est-ce que ça peut vous foutre ? Et je vous ai posé une question : vous êtes qui d’abord ?

Inès : Je suis Inès, journaliste aux DNC, les Dernières Nouvelles du Centre. Et voici François, journaliste aussi, c’est mon boss.

François : (se mettant en retrait derrière Inès) Oui c’est ça, je, je…je suis son chef.

Johnny : Ta gueule, toi ! Je t’ai pas causé. Tu vois pas que je cause à la frangine ? Vous m’avez toujours pas dit ce que vous lui voulez à Kévin ?

Inès : C’est bien ici qu’il habite ?

Johnny : C’est possible.

Inès : On aurait voulu le rencontrer pour lui poser deux ou trois questions, de façon tout-à-fait amicale.

Johnny : Amicale, mon cul, oui ! Vous êtes journalistes ou flics ?

(Entrée de Brenda)

Brenda : C’est quoi ce bordel ? Tu peux m’expliquer ? Et c’est qui ces deux pitres ?

Johnny : J’en sais rien, mais ils vont déguerpir vite-fait, sinon, ils vont goûter de ma carabine.

Brenda : Tu sais bien qui sait, puisque tu parles avec eux depuis cinq minutes.

Johnny : De quoi je me mêle, d’abord ? C’est pas tes affaires, retourne à la maison. T’as fini le ménage ? T’as pas de la vaisselle à faire ?

Brenda : Mais tu m’emmerdes ! T’as qu’à y faire toi-même. Et à force de brailler comme des poissonniers, j’arrive même pas à écouter les feux de l’amour à la télé. Tu m’as toujours pas dit ce qu’ils voulaient ces deux zouaves.

Inès : Nous sommes journalistes, pas flics, et nous aurions voulu nous entretenir avec Kévin. C’est votre fils, n’est-ce pas ?

Brenda : Pourquoi ils veulent entretenir notre fils Kévin ? Je comprends rien à ce qu'ils disent.

François : L’interviewer, lui poser quelques questions, tout simplement.

Johnny : Et l’autre qui recommence à l’ouvrir. On t’a dit « Ta gueule, toi » !

François : Monsieur, je vous prie de rester courtois avec nous !

Brenda : Court quoi ?

Inès : Toi, cour-tois ! Poli si vous préférez.

Brenda : Ah ! ok ! Bon, qu’est-ce que vous voulez lui entretenir à notre Kéké ! C’est qu’il a pas l’habitude d’avoir des visites de journaleux. Les keufs, oui mais des ronds de cuir, on n’en voit jamais pour ainsi dire.

(Kévin arrive de l’extérieur, en bleu de travail, avec un outil à la main, comme s’il bricolait une voiture).

Kévin : C’est quoi ce remue manège ? Ah mais on a de la visite ?

Brenda : C’est pour toi mon Kéké, ils disent qu’ils veulent t’entretenir.

Kévin : Hein ? M’entretenir quoi ? La BX ?

Johnny : Alors là y’a du lourd ! Un neurone à tous les deux ! Ils veulent te parler si tu préfères.

Inès : Voilà ! C’est ça ! Juste un instant. (A François) :  Ça vole pas haut, ici !

François : (A Johnny) Si vous voulez bien ranger cette arme, vous voyez bien que nous venons en amis.

Kévin : Oui p’pa, tu peux ranger ton gun … ils ont pas l’air bien courageux, surtout le frisé là ! (François est toujours caché derrière Inès.)

Johnny : Ok ! Mais je les garde à l’œil, les pisseurs d’encre !

Kévin : Et si qu’on s’asseyait ? Vous serez plus à l’aise pour écrire. Surtout si je dois vous raconter ma vie, ça risque d’être long.

François : En fait, nous aimerions seulement un témoignage de votre part sur un évènement précis.

Inès : Voilà ! Juste un fait précis, nous n’avons pas prévu d’écrire vos mémoires.

Brenda : Dommage ! Ça me rendrait drôlement service parce que moi, niveau mémoire ! Suis plus « manuelle » qu'intellectuelle » moi, enfin, je crois ! (Tous la regardent.)

(Ils s’assoient autour d’une table de salon de jardin, à l’extérieur.)

Kévin : De quoi vous voulez me parler alors ?

Inès : C’est au sujet du braquage de la supérette du village, le «Miniprix». Vous en avez entendu parler ?

Kévin : Un peu que je suis au courant ! J’y étais. J’étais même aux premières loges.

François : On ne parle que de ça depuis hier. C’est tellement rare qu’il se passe quelque chose d’intéressant. Pour une fois qu’on peut couvrir autre chose que les vœux du maire ou les repas des associations ! On ne va pas se priver d’enquêter de notre côté.

Inès : On va en quelque sorte épauler la police, seconder les forces de l’ordre locales. Ils ne sont déjà pas si nombreux … et l’équipe compte quelques « bras cassés » ! Appréciation toute personnelle.

Johnny : Si c’est pour jouer les balances, comptez-pas sur nous. On n’est pas trop copains avec la flicaille, si vous voyez ce que je veux dire.

Inès : Rassurez-vous, ça restera anonyme.

Johnny : De toute façon, autant qu’ils sont, ils n’ont pas inventé la machine à cintrer les bananes ! Le dernier qui vient d’arriver, c’est une sacrée flèche ! Nanard je crois qu’il s’appelle.

Inès : Oui, Bernard, mais ce n’est pas le sujet … revenons-en au braquage si vous le voulez bien.

Kévin :  Qu’est ce que vous voulez savoir ? Parce que heureusement que j‘étais là, moi je dirai.

Brenda : Oh ! Mais arrête donc mon Kéké ! T’y étais, t’y étais, d’accord … mais va pas t’attirer des ennuis. Je te connais … Tu parles plus vite que ton ombre alors tourne bien sept fois ta langue dans ta bouche avant de parler.

Johnny : Oui, ta mère à raison … Tais-toi donc que tu risques de dire n’importe quoi. C’est trop grave pour que tu fasses ton intéressant.

Kévin : Mais je vais pas faire mon intéressant ni raconter n’importe quoi, vu que j’y étais au “Miniprix”. Je “grabotais” dans le rayon “pêche” parce que je voulais acheter des hameçons, quand les voleurs sont rentrés. Ils ne m’ont pas vu, mais moi, oui. J’ai bien vu qu’ils étaient deux.

Inès : Très intéressant ce que vous expliquez là. Donc, vous étiez à l’intérieur du  magasin, c’est bien ça?

François (à Inès): C’est bien ce qu’on nous a dit. Qu’un homme avait tout vu et tout entendu. (à Kévin) Pouvez-vous nous expliquer en détail ce qui s’est passé ?

Kévin : Bien sûr ! Alors, j'étais là, au fond du magasin, et d'un coup, je vois deux types entrer. Ils avaient des cagoules et des sacs à dos. Ils se sont dirigés direct vers la caissière.

François : Vous avez entendu ce qu'ils disaient ?

Kévin : Ben non. Pour le coup, ils ont pas eu le temps de dire grand chose.

Inès : Intéressant ... Vous pourriez nous décrire leur taille, leur carrure ?

Kévin : Alors, le premier, celui qui parlait, il était grand, plus que vous je dirais, un peu costaud. Il portait une veste sombre, genre treillis. L'autre, plus petit, plus mince, avait un sweat gris avec une capuche relevée. Mais j'ai vu une mèche de cheveux qui dépassait. Peut-être une femme…

Johnny : Ah ! T’étais au fond, dans tes hameçons et t’as vu une mèche ? Moi, je crois que tu vas te fourrer dans les embrouilles.

Brenda : Chut, Johnny, laisse-le parler. Kévin, continue, qu'est-ce qu'ils ont fait après ?

Kévin : Bah, le premier a sorti un flingue et l'a pointé sur la caissière. Il a gueulé : "File le fric et plus vite que...

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