Hot-dog
HOT-DOG est un seul en scène qui recycle de manière humoristique mes souvenirs, impressions, peurs et espoirs vécus lors de mon cancer du poumon.
🔥 Ajouter aux favorisHOT-DOG est un seul en scène qui recycle de manière humoristique mes souvenirs, impressions, peurs et espoirs vécus lors de mon cancer du poumon.
🔥 Ajouter aux favorisLes (didascalies) sont données à titre indicatif. Metteur en scène et acteur choisiront librement de les suivre ou pas. Ce texte s’inspire de mon expérience du cancer mais il doit surtout être un appel à l’espoir pour tous ceux qui souffrent ou souffriront de cette maladie. Il me semble important de créer un personnage qui ne soit pas directement l’auteur. Je préconise que l’acteur porte un demi masque moulé sur son propre visage. Le personnage peut aussi être interprété par une femme.
(Il chante assis)
Aux marches du palais
Aux marches du palais
Y’a une tant belle fille lon la
Y’a une tant belle fille
Elle a tant d’amoureux
Elle a tant d’amoureux
Qu’elle ne sait lequel prendre lon la
Qu’elle ne sait lequel prendre
C’est un petit cordonnier
C’est un petit cordonnier
Qu’a z’u sa préférence lon la
Qu’a z’u sa préférence
Et c’est en la chaussant
Et c’est en la chaussant
Qu’il lui fit sa demande lon la
Qu’il lui fit sa demande
La belle si tu voulais
La belle si tu voulais
Nous dormirions ensemble lon la
Nous dormirions ensemble
Dans le mitan du lit
Dans le mitan du lit
La rivière est profonde lon la
La rivière est profonde.
Tous les chevaux du roi
Tous les chevaux du roi
Pourraient y boire ensemble lon la
Pourraient y boire ensemble
Et nous y dormirions
Et nous y dormirions
Jusqu’à la fin du monde lon la
Jusqu’à la fin du monde
Il se lève et s’approche du public
(il s’approche du public)
Y a-t-il des petits cordonniers dans la salle ? Y a-t-il des princesses dans la salle ? Y a-t-il des chevaux dans la salle ? Non ? Ce n’est pas grave. Ça ira. Tout ira bien ce soir. Tout ira bien dorénavant. Cette chanson me vient des fins fonds de mon enfance,
des radicelles de mon existence. Loin. Loin. Qui l’a glissa dans mon oreille ? Ce fut peut-être ma mère un soir pour m’endormir ou une maîtresse d’école, ou un air qui trainait au coeur d’un très ancien dimanche de printemps autour d’un kiosque à musique, ou d’un manège de chevaux de bois. Cette chanson est demeurée en moi comme un écho dans la forêt des contes, rebondissant entre deux sortilèges, entre deux serments, entre deux désillusions. La nostalgie d’un temps du rêve. La suavité de la barbe à papa sur les tempêtes de la mémoire. Alors lorsque se levèrent au dessus de ma tête les nuages noirs le petit cordonnier et la jolie princesse écartèrent la fine voilure où il demeuraient cachés depuis l’enfance. Main dans la main ils souriaient. Croyez-moi, quand la camarde pointe le bout de son nez, le bout de sa faux, vous pouvez compter sur le petit cordonnier, la jolie princesse et les chevaux du roi. Jusqu’à la fin du monde.
(noir)
J’ai toujours adoré les fruits de mer et les crustacés. C’est délicieux les fruits de mer et les crustacés: palourdes, huitres, homards, coquilles saint-Jacques, bulots, langoustes, clams et autres tourteaux. Mais le nec plus ultra, le délice des délices, le régal des régals, la délectation au sommet de toutes les délectations, c’est le crabe. Ah le crabe, avec sa rotondité, ses pinces et son étrange manière de ce mouvoir. Le crabe apporte la preuve définitive que la Nature est pleine d’humour. Un soir je fus invité dans un restaurant de fruits de mer. On amena à chaque convive un plateau argenté rempli de petites bêtes sertis de glace pilée. Parmi eux régnait un crabe, un beau crabe rouge, ses appendices tendus vers moi comme une invite, ses petits yeux dardés sur ma bouche dans un abandon quasi érotique. Il me parut évident que l’étrange animal était tombé amoureux de moi. Il était en pâmoison et semblait me supplier de l’ingurgiter immédiatement, sans barguigner. Holà, lui fis-je comprendre du regard, je ne suis pas un des ces consommateurs faciles qu’on peut saisir quand l’envie vous prend, même avec des pinces bien articulées. Goujat de crabe. J’étais outré. Je voulais resté le maître des horloges et décidais de le garder pour la fin du repas afin de terminer en beauté dans un paroxysme de plaisirs gustatifs. J’ouvris un à un les coquillages, leur contenu glissa de ma bouche à ma gorge et de ma gorge à mon estomacs où mes sucs gastriques leur avaient déroulé le tapis rouge. Arrivé à la limite de la jouissance je m’apprêtais à saisir le dernier animal lorsque je m’aperçus que j’en étais incapable. Je fus envahi de scrupules. Ma main avançait, reculait, avançait encore, reculait encore. Mes compagnons de bamboche se moquèrent de mon...