Prologue
Scène 1
Des poubelles sont alignées le long d’un trottoir d’une rue ; À coté, une bouche de métro ; L’éclairage du lampadaire est faible. Quelque chose semble bouger.
Kader
(Il se réveille et s’étire avec force)
Il fait froi de ; *Pati sangannan.
Quelle froicheur ! (Il souffle entre les mains)
Je n’ai jamais eu froide comme ça ; l’hiver sera chaude.
Je vas fouiller les sacs ; ils ont mis sur moi quand je dormais, eux sont trop méchants.
Comment une quelqu’un qui dort, on peut pas déposer à coté ;
Non, c’est sur moi, on voit pour metter.
Sacs-là, c’est gros aujourd’hui ;
(Il déchire un sac a poubelle, en sort des vêtements d’enfants et des jouets)
Blancs mêmes, c’est pas la peine ;
(Il montre au public)
Habits nouveaux comme çà, ils jettent.
Regarde jouets-là, ou c’est gâté ?
Je vas prendre pour donner mon petit au pays.
(Il sort un slip)
Slip dans poubelle !
Regarde encore comment c’est nouveau ;
Je vas laver pour donner à mon femme.
(Il le retourne dans tous les sens)
Mais c’est trop *fitini ; mon femme-là, son fesse est trop grosse, *awoulaba. Ca va déborder, ça va pas rentrer
Bon je laisse lui.
Au fond de la salle, quelqu’un rentre et commence à parler. Il semble très fatigué et a le nez rouge.
Norbert
Bonjour monsieur ; bonjour madame.
(Il s’avance)
Excusez-moi de vous déranger.
Voilà quelque temps que je suis au chômage ;
Et par faute de moyens, je me suis retrouvé dans la rue sans femme et sans enfant.
Kader
Quel blanc qui est train de parler gros gros français là-bas pour m’emmerder ?
Je vas voir c’est qui.
Blanc qui parle trop comme çà, n’est pas clair ;
Norbert
Et quand on n’a pas de ressources, on n’a pas aussi de quoi payer le loyer ;
Et donc, on se retrouve le plus logiquement à la rue.
J’aurais donc besoin d’une pièce pour me compléter ce soir afin de dormir au chaud dans une chambre d’hôtel et pour manger aussi.
Aussi me contenterai-je d’un ticket restaurant ou d’un chèque et par votre geste, vous éviterez ainsi à une personne dynamique dans la fleur de l’âge de devenir un clochard.
Je n’ai que 32 ans et j’ai encore beaucoup d’espoir et de gagne.
Kader
Toi, tu as 32 nans ?
Norbert
Ne m’emmerdez pas vous ! je travaille.
Je vous remercie d’avance et je vous souhaite.....
Kader
C’est toi qui en m’emmerdes.
Tu viens faire quoi ici ?
Une bonne dame lui donne quelques pièces. Il se tourne vers Kader
Norbert
Toi le noir, qu’est-ce qui te prend de te mêler de mes affaires ?
Kader
Quelle affaire !
Affaire de soûlard !
Norbert
Je ne te permets de m’insulter.
C’est toi qui as des comptes à me donner parce que tu es chez moi.
Kader
Où ?
Norbert
En France, dans le XIVe arrondissement de la plus belle ville du monde, dans les environs de la gare de Montparnasse, non loin du métro Odessa.
Kader se met à rire ; Norbert monte sur scène.
Kader
France-là, c’est pour toi ?
Ce n’est pas pour toi seul deh ;
Norbert
Je suis blanc et français ;
Il se trouve que tu es dans une rue appartenant à la France ;
Et donc qui m’appartient et j’ai le droit à ce titre de t’en chasser.
Kader
Il faut tente ;
Tu vas regretter tout de suite.
Je vas te montrer qui a mis poissons dans le mer
Norbert
La mer
Kader
Le mer
Norbert
On dit la mer, c'est au féminin.
En plus, tu es nul.
J’ai fait l’école moi, et je sais de quoi je te parle.
Kader
Je m’en fous de toi, de ta français, de ta école.
Quand je parle pour moi la, tu m’as comprend, c’est tout l’important.
Norbert
Tu es jaloux parce que j’ai de l’instruction.
Kader
A cause de quoi même ?
Est-ce qu’on n’est pas même chose ?
Norbert
Même chose, toi et moi ?
Tu es vraiment ridicule.
Tu es blanc et moi je suis noir ; non tu es noir et moi je suis blanc
Kader
Blancs que je connais là, vrai vrai blancs-là, eux n’est pas ici ;
Dans le rue à demander l’argent à les gens.
Norbert
Ecoute, ce n’est pas tes oignons et va te faire cuire un œuf ;
Vas-y et tu ne me perds pas mon temps ;
Je suis libre d’être où je veux
Kader
Tu es blanc et puis tu es dehors ?
Tu n’as pas de maison ?
Tu es blanc et puis tu demandes l’argent pour dormir dans hôtel ?
Dans ta propre pays ? hein !
Ça, c’est quel blanc çà !
(Il crie de colère)
Faut pas m’énerver sinon je vais mettre ton cuit au dehors devant les gens ici.
Je m’en vais.
Sortie de Kader.
Norbert
Ne pars pas, l’enfoiré.
J’allais te donner une des ces corrections.
Arrête-toi si tu es un homme, si tu as des couilles.
Kader
(En revenant sur ces pas)
Voilà moi ; j’ai arrêté depuis et tu n’as fait rien.
Faut parle, tu bavardes dans ma dos.
L’argent que tu demandes, c’est pour payer boisson.
Tu blagues les gens
Toi, tu vas payer hôtel ?
Escroc !
Norbert
Qu’est-ce que tu racontes ?
Kader
Je dis l’argent que tu demandes à les gens la, c’est pour payer boisson au lieu de hôtel, c’est moi je dis çà
Dis la vérité.
Norbert
Non je te dis que c’est pour dormir au chaud et manger
Kader
Toi, tu ressembles à une gens qui dort dans hôtel ?
Eux-là, on les connaisse, on les voisse, voyons !
(Il rit si fort que Norbert rentre une colère noire)
Faut pas prendre ton gros gros yeux rouges-là pour me regarder.
C’est pour boire et puis tu mens.
Vraiment tu gâtes ton nom.
Norbert
Ecoute si je bois, c’est mon problème et non le tien.
Kader
Ta bouche sent ;
Faut pas parler à côté de moi ;
Toi tu dis que tu as problème, tu bois ;
Soulard !
Norbert
(Il s’énerve)
Je suis adulte et c’est fini l’âge de me materner.
Tu te prends pour qui ?
Un donneur de leçon ?
Je fais ce qui me plais et ce n’est pas à toi de me dire comment je dois me comporter et en plus dans mon pays.
Je t’emmerde, le faiseur de morale.
Ta morale à deux balles, tu la fourres là où je pense
Connard !
Réponds-moi quand je te parle !
Je te traite de connard et tu ne dis mot
Tu me tourne le dos comme un lâche ;
Tu fais bien parce que tu sais ce qui va t’arriver
Sortie de Kader et sortie de Norbert du coté opposé.
Scène 2
Lumière et bruit de métro. A côté des sacs poubelles, un corps étendu de tout son long.
Il s’agit de Kader ; il se dégage difficilement.
Kader
Les sacs-là, c’est lourd aujourd’hui ; je soulève mais c’est *kantanga ;
Attends je vas bien me placer.
Norbert
(Il se réveille à côté avec une bouilloire à la main)
La terre tremble ou quoi ?
Quelqu’un s’amuse à déranger un honnête citoyen qui se repose.
Je vais voir.
Je vais pisser d’abord
(Il se met à pisser)
Que c’est bon !
Surpris, ils se redécouvrent à nouveau
Kader
Mais, qu’est-ce que tu fais ici, sur moi et dans ma coin ?
Tu pisses ?
Norbert
Non !
Que fais-tu ici sous des sacs poubelles dans ce coin de rue appartenant à la France et qui m’appartient ?
Donc m’appartenant dis-je, Ces poubelles sont à moi et c’est moi qui pose les questions.
Kader
(Il s’éloigne avec une bouteille dissimulée dans un sac papier)
Toi tu es malade ;
Fou malade !
Norbert
Je t’ai posé une question.
Que faisais tu sous ces sacs à ordures ?
Tu dors ici ?
Kader
C’est quoi même !
Où est ta problème ?
Toi tu parles ; c’est ici hôtel ?
L’argent c’est pour payer pour dormir ici ?
Soulard
Norbert
Il n’y avait plus de chambre
Kader
Donne-moi mon bouilloire au lieu de mentir,
(Il se débarrasse de la bouteille)
Donne-moi mon* seridaga
Norbert
Seri quoi ?
Kader
Ce que tu as dans ton main là ;
C’est pour moi et je vas faire mon prière.
Norbert
Ce machin-là ! Tu vas prier avec ça ?
Que veux-tu faire avec ?
Kader
Je vas faire mon nettoiement nettement
Norbert
Tes ablutions, je comprends. Tiens !
J’ai dû le ramasser ;
Il est à moitié vide ;
Tu penses que cela peut suffire pour faire tes ablutions ?
Attends je vais le remplir
Kader
Eh toi-là, ton affaire est compliqué hein ;
Pourquoi ton oreille est dur comme çà ?
Donne-moi mon seridaga c´est tout ?
Moi-même je peux aller remplir
Norbert
Bon j’ai soif ; je vais boire un coup.
Tu vois, il m’arrive aussi de boire de l’eau, même de l’eau dans le serigaga ;
Je fais comme toi en signe de fraternité, tu sais comme au football, on se passe la gourde ;
Tu vois
Il voulait porter la bouilloire à la bouche quand Kader vient la lui arracher. Il se retire et revient.
Norbert
C’est pas sportif ça ?
C’est pas du tout fairplay
Kader
(Il regarde sa montre)
On te dit que j’ai footballeur ?
Il est… Mon montre est gâté ;
Je vas prier, c’est l’heure
Il se met en position de prière ; Il donne dos au public. Norbert le rejoint et l’imite en regardant du coté du public.
Norbert
Pourquoi tu te places comme de la sorte ?
Kader
Je dois regarder là oú le soleil se lève, là-bas (il indique).
Bon faut plus tu vas me poser encore question ;
Pas avant mais après.
Bon il faut me laisser me concentrer
Kader commence sa prière ; Norbert se met en position. Il imite ce dernier mais se renverse ; Il se relève et reprend sa position mais dans la direction opposée.
Là encore, il s’effondre et abandonne.
Norbert
(Au bout d’un moment)
Ce n’est pas pour moi ça ; (Il se lève)
Je vais attendre qu’il finisse son cinéma
Scène 3
Il va s’asseoir sur le banc d’à coté ; en partant, il emporte la bouilloire de Kader en pleine prière.
Par curiosité, il la porte à la bouche. Kader interrompt sa prière.
Kader
Faut pas t’amuser avec le religion
Norbert
Pour un serigaga que j’ai pris pour faire aussi mes ablutions, tu exagères.
Prie au lieu de t’occuper de moi.
Kader retourne terminer sa prière et vient rejoindre Norbert.
Kader
Faut pas jouer comme çà ;
Le religion-là, c’est avec Dieu directement on parle.
Donc il faut que tu es très très sérieux.
Tu as comprend !
Norbert
C’est çà mon ami, il faut être très très sérieux ; tu parles.
Ton Dieu ne s’est il pas plaint de ton haleine qui empestait l’alcool ?
Ton serigaga puait le vin ; voilà pourquoi tu t’es empressé de venir me l’arracher.
Tu ne voulais que je découvre la supercherie.
Tu bois comme moi ;
Et pire tu veux me donner des conseils en la matière ;
Tu es un salaud, un fieffé menteur.
Kader
Pourquoi tu me parlé comme ça ?
Est-ce que tu m’as connais ?
Norbert
Mes couilles !
Tes grands discours sur la sobriété, c’est du pipeau.
Tu dissimules le vin dans ton serigaga et tu te la joues comme un pieu
Kader fait une mine de honte et est désarmé face aux attaques de Norbert ; Il balbutie
Kader
Je dis, c’est bon.
Norbert
Tu crois que je ne sais pas que ta religion ne rime pas avec la boisson.
Kader
C’est à dire que
Norbert
C’est à dire que quoi ?
Tu as perdu ta langue ?
(Norbert se lève et va pisser encore. Il libère un pet)
Voilà je suis à l’aise quand je démasque les faux prophètes et le bon DIEU nous a bien dit de nous en méfier.
Ecoute, tu es fait, la main pris dans le sac
Kader
(Il se tient les narines)
Ton cuit là sent mauvais: Il faut te puriger
Norbert
Puri...quoi ?
Il ne faut pas me détourner du sujet de la discussion.
Oui j’ai pété comme un adulte et alors ?
Tu bois comme moi et tu me critiques
Kader
Je ne sais même pas qui a mis çà dedans
Moi, je dormais ; je n’a rien vu là dedans ;
Sinon je n’a pas bu vin là
Norbert
Quand tu t’es réveillé, tu avais la bouteille dans les mains arrêtes de te foutre de ma gueule.
Tu es pris comme un voleur et pas besoin d’être Colombo pour tout comprendre.
Tu es défait mon gars.
Kader
C’est toi qui a mis vin là dedans.
C’est toi, Tu es mauvais.
Norbert
C’est moi qui suis mauvais !
Bon, admettons que je l’ai fait et supposons que toi, tu ne boives pas à cause de ta religion, tu aurais dû cracher ou renverser le contenu pour aller chercher de l’eau.
Je t’ai même proposé d’aller en chercher pour toi, mais tu as refusé.
Kader
(S´adresse au public)
Est-ce que je n’ai pas craché ?
(Il ouvre la bouche)
Vous-même regardez
Rien
Norbert
Arrête ton cirque car eux t’ont vu ;
Moi aussi, je t’ai vu.
Tu as bu goulûment et tu as fait semblant de cracher.
Tu es menteur et ton DIEU ne t’a même pas écouté.
En plus, tu es un plaisantin.
Je m’en vais ; je te laisse avec ta conscience si tu en as une.
Sortie de Norbert
Kader
Tu t’en vas où ?
Norbert
Je vais travailler
Kader
Quel travailler ?
Où ?
Norbert
Là-bas
Kader
Tu as quel diplôme ?
Norbert
Ecoute, tu m’emmerdes.
Le temps c’est de l’argent.
Il s’avance sur dans le public et Kader retourne pour fouiller dans ses poubelles.
Kader
Blanc soûlard là, a fini mon seridaga ;
Bon je vas vois ce qu’il y a de bon dans poubelle là.
Comment on t’appelle toi ?
Ta nom de blanc là !
Monsieur Kader pour ta service
Et toi ?
Norbert
Moi, c’est Norbert.
Kader
Bon chance.
Il se remet au travail pendant que Norbert interpelle les passants.
Norbert
Mesdames et messieurs, voilà quelque temps que je suis sans ressources faute de ne plus travailler.
J’ai une femme et trois enfants a nourrir. Si vous avez quelques pièces ou un chèque à me donner pour m’aider, DIEU par ma voix vous serait très reconnaissant.
Norbert se déplace de l’autre coté de la rue et Kader s’arrête pour suivre ses mouvements.
Kader
Robert même, il fait quoi ?
Norbert
Mesdames et messieurs, excusez-moi de vous déranger ce matin ;
J’avais un travail et je gagnais ma vie honnêtement.
Depuis quelques temps, je suis sans ressources et
Kader
Robert ! Robert !
Norbert se retourne et voit Kader lui faire de grands signes. Il feint de ne pas le voir et continue
Norbert
Si vous pouvez me donner quelques pièces ou me faire un chèque, ou même de donner un ticket restaurant, DIEU vous le rendra au centuple.
Ayez pitié d’un pauvre homme qui doit nourrir sa femme et ses cinq enfants qui sont tous très malades.
(Un monsieur lui tend quelques pièces)
Merci mais vous pouviez mieux faire.
J’ai des enfants, monsieur comme vous et qui vont à l’école publique.
(Le ton monte)
Je ne vous permets de me manquer de respect ;
Oui j’accepte vos sous en leurs noms justement. Ce n’est pas de la mendicité mais de la charité, je suis désolé ;
C’est un juste retour d’investissement pour des enfants nés dans ce pays qui leur appartient.
Oui je parle de DIEU mais je n’en fais pas un fond de commerce ;
Oui ce n’est pas lui qui signe les lettres d’embauche comme les lettres de mise au chômage, je vous le rappelle au lieu de me juger ;
Kader
Mais, Robert ce n’est pas toi que je t’appelle ?
C’est çà ta travail là ?
Vraiment tu n’as pas besoin de diplôme pour la faire.
Norbert s’avance au niveau de Kader
Norbert
Qu’est-ce que t’as à me crier dessus de la sorte ?
Pourquoi tu m’appelles ?
Tu me déconcentres pendant que je travaille
Kader
C’est ton travailler là çà ?
Où est ta bureau ?
Norbert
Mon bureau, c’est ici, dans la rue.
Kader
Mais Robert, toi aussi ; tu parles comme si tu travailles dans bureau or ton travailler c’est demander l’argent à les gens.
Norbert
Non seulement, je ne m’appelle pas Robert mais Norbert COUILLES
Kader
Couillon ! Blanc même ne donne pas nom cadeau
Tu es vraiment couillon c’est à cause de ça tu es comme ça ;
Norbert
Arrête d’écorcher mon nom ; c’est Norbert COUILLES.
Et comme tu le vois je me débrouille.
Kader
Voilà qui est bonne parole ; tu te débrouillé comme moi ici et non dans la bureau.
En tout cas, il faut avoir couilles pour te débrouiller ici quand tu n’as rien.
Norbert
Mais qui a parlé de bureau ?
C’est toi qui me saoules avec cette histoire de bureau parce que j’ai dit que je travaillais.
Kader
C’est maintenant que tu as bien parlé.
Tu te débrouilles ;
Or toi, tu parles comme si tu étais une grand type, une boss quoi.
Quand tu m’as parlé même, tu fais gros dos comme une boss or que tu es *gbanzan comme moi.
Tu *chôcô dans ma oreille tout çà là comme une type qui a l’argent, comme une boss quoi ; or tu es zéro pointé comme moi.
C’est çà ta travail là ?
Monsieur Robert
Norbert
Ecoute, je ne sais où t’es allé chercher tes histoires de boss, mais comme tu le vois, travailler en France, c’est aussi ce que je fais et ce que tu fais.
Avec ou sans diplôme, on peut se retrouver à la rue en train de faire ce travail.
Il n’y a pas de sot métier.
Kader
Faut pas dire travailler !
C’est demander l’argent, ta travail.
Tu fais *Allah ka diaman. Mendiant !
Et puis tu parles gros gros français sur moi.
Norbert
Ecoute, c’est toi qui voulais forcement me voir dans un bureau.
Tu as une sacrée obsession du bureau comme seule endroit ou l’on peut travailler ;
On peut travailler dans la rue comme toi qui fait de la récupération.
Kader
C’est là-bas, on nous a dis avant que le travail, est ;
Voilà, ton bouche vient de parler la vérité.
Norbert
Pourquoi fouilles-tu les poubelles ?
Tu aurais pu balayer les rues comme le font souvent tes frères noirs.
Tu sais on gagne bien sa vie en faisant ce genre de boulot.
Kader
Et puis toi tu ne fais pas aussi ?
Norbert
Je ne parle pas de moi mais de toi.
Kader
Travailler c’est Travailler sinon on va tous devenir *volair
Et puis on ne peut pas tous faire même travail là.
Norbert
Le travail, c’est le travail, bien réfléchi l’ami et je te répète qu’il n’y a pas de sot métier mais des gens qui sont sots.
Tu travailles et je travaille, n’est ce pas ?
Nous ne sommes pas des voleurs même si c’est dur ;
Mais que gagnes-tu à fouiller dans les poubelles ?
Est-ce de la récupération comme je l’avais évoqué tout à l’heure ?
Kader
Non, ce n’est pas ça. Mais quand je fouille et puis je trouve habit qui n’est pas gâté ou les jouets des enfants qui est un peu seulement gâté, je mets les à coté ;
Et quand c’est beaucoup, je prends et je vais donner dans un maison là-bas ;
Maison là me donne mon argent, mais avant de me donner, je mange d’abord et puis après il donne. Les choses là c’est pour les enfants de pauvres qui sont ici.
Norbert
C’est cela qu’on appelle en bon français de la récupération.
Kader
(Il montre une belle paire de chaussures)
Regarde chaussures là, il est encore nouveau et puis joli.
Des fois quand c’est trop joli, moi même je prends.
(Il l’essai)
Quand ça me rentre, je prends moi même.
Norbert
C’est vrai que nos sociétés font beaucoup de gâchis.
(Il se met aussi à fouiller et dégote une belle veste en cuir)
Ça c’est joli. C’est une belle veste qui va m’aller ; je la garde.
Tu vois mon ami, je m’y connais en matière de récupération.
Mais au fait, je ne connais pas ton nom.
Comment tu t’appelles?
Kader
Kader KROUBATA
Norbert
Kader quoi ?
Kader
KROUBATA
Norbert
C’est trop compliqué pour moi ton nom ; Moi je préfère Kader.
Tu sais depuis que je viens dans cette rue, tu es la première personne sympathique que je rencontre.
Les autres, ils ne veulent même pas vous sentir et ils vous ignorent.
Quand tu veux faire un peu de causette avec eux, ils sont toujours pressés et n’ont pas votre temps.
Alors que toi
(il s’arrête et observe Kader qui continue de fouiller ses poubelles)
Écoute ! je te dis que je te trouve sympa et tu ne dis rien ?
C’est tout l’effet que cela te fait ?
Kader
Ce n’est pas sympathie là qui va me donner à manger le soir.
Norbert
Ne joue pas au con !
Sois cool Kader.
La vie est déjà dure comme çà.
On ne va pas la compliquer entre nous.
Kader
Entre qui ?
Norbert
Entre nous les sans sous, les rejetés de la société individualiste dite de consommation ;
On se doit d’être solidaire, surtout complémentaire, tu comprends mon ami.
Kader
Je suis ta camarade ?
Tu m’as connais où ?
Si ce n’est pas à cause de poubelle-là que tu dis que j’ai ta camarade, est-ce que avant tu peux parler comme çà ?
Norbert
Ne joue pas les rabats joies.
Kader
Ou bien tu fouilles poubelles comme moi ou bien tu m’as laisse travailler ;
Ou bien tu vas faire ta travail d’avant là et tu m’as laisse en paix.
Norbert
C’est pour dire après que les blancs sont sans cœur.
Vous voyez comment il me répond ?
Je suis sympa avec lui et il m’envoie balader ;
Je t’apporte un peu de chaleur HUMAINE
Kader
Toi même, tu m’apportes quoi ?
Tu m’as donne quoi ?
Tu es femme maintenant ?
Tu n’es rien comme moi et puis tu emmerdes les gens.
La nuit va bientôt arriver donc il faut que je n’a qu’à faire vite sinon j’ai mort.
Norbert
Moi, je ne fouillerai pas les poubelles comme toi.
(Il descend dans le public)
Ce n’est pas pour moi çà
Kader
Alors, il faut me donner veste que tu as pris dans mon poubelle.
Je croyais que le blanc là me blaguait quand j’envoyais les choses, mais toi tu as confirmé ;
Tu es volair comme lui ;
Norbert
C’est à moi car c’est moi qui l’ai trouvé.
Moi, je préfère mieux crever que de faire ce boulot.
Kader
Toi, Norbert tu as mauvais dê ;
tu prends mon veste là pour partir et puis tu m’insultes.
Tu as raison. Il faut partir.
Norbert
Tu ne l’auras pas, tu m’entends ;
Et puis tu sais, je peux aller manger dans les restos du cœur de mon ami Coluche ;
Et il y a beaucoup d’autres associations qui s’occupent de nous.
Tu ferais mieux d’aller t’y inscrire au lieu de galèrer, mieux de fouiller dans les poubelles.
Si tu ne veux pas venir avec moi, alors tu n’es plus mon ami ;
Tu entends, je ne veux plus te voir ;
Moi, je me tire si je ne veux pas être en retard pour la bouffe.
Il disparaît dans le public
Scène 4
Kader
Norbert même, c’est enfant gâté quoi !
La vie, c’est dure, c’est *katanga. Lui, il veut parler alors que il n’as pas travail.
Si je ne trouve pas beaucoup bonnes choses dans poubelle là, mon l’argent va être petit. Donc il faut que je fouille là-bas, ici ;
Il faut que je fouille partout ;
Mon travail, c’est pas petit travaillement mais son l’argent qui est petit.
Lui Robert, Norbert, il veut faire manière dans travaillement, c'est-à-dire pas travaillement mais beaucoup l’argent ; ça ne peut pas marcher comment il fait là, *mendiATION là ;
Monsieur, madame, je n’a pas travail donc pas l’argent ;
Donc donne moi un peu de quelques pièces pour que
je vas manger, dormir, soigner mon femme et mon enfant ;
C’est un faux plan.
Lui-même, il connaît leurs bouches qui parlent mal là ;
Moi ma cœur ne peut pas supporter insultes comme ça la matin
Je sais, travailler c’est travailler ; mais nous tous on ne peut pas fouiller dans poubelles comme nous tous on ne peut pas travailler dans bureau comme une boss.
On n’est pas tous nés bien ensemble en boss.
Mais moi Kader, je veux gagner mon l’argent avec mon sueur.
Il n’y a pas honte dans travail là puisque quand je fouille bien poubelles et que je gagnes bonne bonne choses là, les enfants, eux sont contents.
Je pense que…faut vivre sans voler, sans boire comme Norbert ;
Aujourd’hui, je vois les enfants voyous dans le rue entrain de frapper les gens ou voler avec couteau, ce n’est pas bon.
Un jour il y a un qui venu sur moi, il pense que comme j’ai vieux, il peut faire son malin sur moi. Donc il est vient, je l’ai chicoté mal comme ma petit ;
Deuxième veut venir encore, coup de tète, il a pris KO ;
Troisième avec couteau ; j’ai serré mon bague et puis j’ai crié GBLEKI ;
Il commencé pisser sur lui à cause de ma fétiche de palabre.
Ma fétiche de palabre là, ça marche ici aussi !
Eux trois, j’ai chicoté les mal mal avec mon ceinture de blanc que j’ai trouvé dans poubelle.
C’était vraiment gâté sur eux ;
Tout travail a son problème hein
(Il va chercher ce qu’il a trouvé)
Regarde poubelle que je fouille, je trouve encore choses très bons
Regarde vélo là ! son pneu est percé seulement et puis on jette ;
Poste là, *ARARDIO là c’est antenne qui est cassé sinon ça marche.
On jette tout ; vraiment c’est de la gaspillage.
Ce que eux ils ne prends pas, nous on prend pour arranger et puis faire cadeau.
Mais un question quand même qui cours dans mon tête ;
Au lieu que nous on prend ce que vous ne prendrez plus, au lieu de çà, est-ce qu’on ne pas donner directement ou donner un peu ?
(le public ne répond pas)
Je vois ; C’est compliqué hein ! Katanga hein !
Il sort et revient avec des sacs, il ressort de plus bel ; au moment où Kader disparaît, Norbert réapparaît sur scène. Il se met à fouiller les sacs de Kader ; ensuite il s’attaque aux poubelles ; il crée un bordel pas possible mais continue sa besogne. Kader qui revenait déposer ses paquets le surprend et rentre dans une colère noire.
Kader
Blanc là ! m’a tué fini ;
Façon je vais le limer, même accident de avion est petit.
Toute ma travail est par terre.
Il bondit sur Norbert qui l’évite à temps et ce dernier se retrouve par terre. Norbert prend une poubelle pour se protéger.
Norbert
Mais Kader, tu es fou ou quoi ?
Kader se met en position de combat et s’apprête à attaquer
Kader
Quand une quelqu’un a rien ni aujourd’hui, ni demain, la reste, il s’en fout ;
Quand une quelqu’un joue avec le *mangement de quelqu’un, plus rien n’a important ;
(Il fixe Norbert)
Parce que tu as blanc et que tu es dans ta pays, tu fous la bordel dans la travail des gens, dans ma travail parce que rue-là c’est pour toi.
Regarde ce que tu as fait !
Est-ce que c’est bon ?
(Il s’avance sur Norbert qui recule)
Norbert
Ecoutes, Kader tu ne vas pas me frapper parce que j’ai fouillé dans les mêmes poubelles que toi.
Attends tu n’es pas sérieux.
Je suis un partisan de la non violence ;
En plus, je suis français et j’ai tous les droits dans mon pays et dans cette rue de surcroît qui lui appartient et qui m’appartient aussi.
Kader
(Il s’arrête et jure)
Si je ne t’ai pas *daba aujourd’hui, mon nom KROUBATA n’a qu’à quitter sur mon jugement.
Norbert
Daba, c’est quoi ?
Kader
Oh merde !
Tu es français, tu es français, *Asta froulaye ! ;
C’est dans la bouche, tout çà là, c´est *oba oba ; c’est *damangan.
Norbert
Attends ! Calme-toi
Pour si peu, tu es prêt à en découdre avec ton ami ?
Défaire tes relations avec la France ?
Kader
FRANCE là, c´est nous qui avons fait lui, qui avons construit lui.
C’est nous ; Moi aussi, j’ai français ;
J’ai mes papiers parce que ma papa était ancien combattant et puis tirailleur sénégalais.
Il a français et j’ai même droit que toi ;
Norbert
Toi, français ! mon œil.
Il faudrait choisir entre ancien combattant et tirailleur sénégalais ;
Tu es l’un ou tu es l’autre ;
On vous a accueilli ici par charité, le refaiseur d’histoire.
Ce sont eux qui ont bossés, pas vous les fainéants d’aujourd’hui là ;
Kader
C’est comme ça tu m’as parles ?
Qui a gagné coupe du monde pour vous ?
C’est nous.
Qui a gagné guerres mondiaux là en 39 ?
En 14 ?
C’est ma papa avec tous les gens qui sont viens de l’Afrique ;
Ce n’est pas à cause de poubelle, tu vas me parler mal.
Solidarité ! Ou même ?
Petit travail que nous on fait avant, vous avez prend pour faire pour vous.
Charité ! Travail que tu fais et puis tu ne vois pas son argent, hein ! on dirait caca de chat ;
Vous créez des sciences pour nous tuer ;
Quand on est ici, il faut qu’on a qu’à mourir un peu un peu à cause de travailler.
Pas travail, pas maison, pas manger et puis la froicheur ;
Tout pour finir avec nous.
Tout est dur mais on est là quand même parce que on est dur comme caillou.
Sinon depuis on est mort.
Mais tu as menti, tu vas ranger ta bordel là.
Je ne crois pas que ta papa France là aime bordel
Scène 5
Kader saisit lui aussi la poubelle et une lutte s’engage entre eux. Kader essaie par des coups de têtes d’atteindre Norbert qui se tient a distance. Il lance le pied et là, Norbert le saisit. Kader arrête du coup de gesticuler. Les deux amis se regardent.
Norbert
Ecoute l’ami, sois raisonnable.
Kader
Tout ma travail est par terre, complètement ;
Je vas manger comment ?
Toi, tu peux aller manger dans ta restaurant de coliche et moi ?
Norbert
Excuse-moi, si tu veux je vais t’aider à ranger mais tu ne me frappes pas ;
Sinon je ne lâche pas ton pied.
Kader
Poubelle que tu as là est nouveau ?
Je connais tous les façons mais celui-là, je n´a jamais vu lui avant.
Regarde !
Norbert
Qu’est-ce que tu racontes ?
Tu veux me distraire pour me frapper dans le dos.
Kader
Quel palabre on peut faire encore ?
Tu as attrapé ma pied ; donc palabre est fini.
Mais poubelle vrai vrai là, est nouveau donc il doit avoir nouveaux choses dedans.
Norbert
Puisque tu insistes, je te propose d’aller sous ce lampadaire pour voir ;
Mais je ne te lâche pas le pied et nous y allons comme çà.
Ils avancent sous le lampadaire.
Kader
Tu as vu ! J’ai raison.
Norbert
C’est vrai l’emballage est nouveau.
Certainement qu’il y’a de bonnes choses comme tu le dis.
Mais une poubelle reste une poubelle.
Mais comme c’est moi qui l’ai trouvée, c’est pour moi.
Kader
Tu es malade ; tu as trouvé çà à coté de moi ; donc c’est pour moi.
Kader, malgré sa position inconfortable ne veut pas lâcher la poubelle et Norbert aussi, refuse de lâcher son pied. Kader commence à être fatigué.
Norbert
C’est une poubelle qui se trouve sur le territoire français ; donc qui m’appartient.
Kader
C’est toi qui habite ici là ?
C’est moi seul qui est là, faut pas *mouiller mon pain.
Donne-moi mon poubelle, sinon ;
Norbert
Sinon quoi ?
Kader
Moi aussi, j´ai français comme toi. Donc c’est pour moi plus que toi.
Norbert
Écoutes, Kader je te propose un marché ;
Je t´initie au travail que je fais et moi au tien ;
J´ai été un apprenti assidu et j´ai même fait des prouesses dans la récup.
Mais où peut-on vraiment aller avec tout cela ?
Alors je pense que nous gagnerons à nous entendre et non de nous faire la guerre.
Je ne le permettrai pas sur mon territoire.
Kader
Il faut vite parler.
Cà chauffe dans ma pied en bas.
Attends je vais te donner l’autre pied tu vas attraper.
Norbert
Pas question tant que je n’ai pas ton accord de ne pas me faire mal.
Je disais qu’il fallait penser à diversifier nos activités pour espérer nous faire de la place au soleil.
Kader
Donc on n’a qu’à faire quoi ?
Parle vite !
Norbert
Tu es noir, tu es malheureux, tu peux exploiter cette situation et te faire des sous.
Kader
Est-ce que les blancs qui nous voient la, ils savent que j’ai malheureux ?
Norbert
Je te parie que oui ; Tu n’es pas ambitieux alors qu’il faut l’être pour réussir dans ce monde d’ici bas.
On pourrait dire que tu es un réfugié et qu’il y a la guerre chez toi, et puis Blablabla, on se fait des sous.
Kader
Je t´a dis que jamais moi, Kader, je vas demander l’argent à les gens.
Je fouille mon poubelle pour avoir mon l’argent.
Norbert
Kader, il faut m’écouter pour une fois.
Cite-moi le nom d’un pays de ton continent.
Vite, je t’écoute.
Kader
Zaïre et puis Algérie
Norbert
Non pas l’Algérie ; ils sont blancs.
On ne nous prendra pas au sérieux.
Voila, on choisit le Zaïre.
Non la côte d’ivoire. Toi, tu te couches et moi je fais le reste. OK !
Kader
Bon, j'ai d'accord.
Norbert relâche Kader qui s’exécute difficilement.
Kader
Non, je ne veux pas faire ton combine là ;
Faut pas gagner l’argent sur la malheur des autres.
Norbert
Qu'ALLAH t'entende si on devient riche.
Le reste on s’en fout.
On n'a rien pour manger, on a faim et toi tu me parles de morale.
On mendie et alors ?
C'est bien comme çà que vos chefs d’états font mais d’une autre façon.
Ils habillent ça avec brio et ça marche.
Kader
Alors, eux sont bêtes.
Norbert
Ils ne sont pas bêtes.
Ils demandent de l'aide en votre nom pour eux.
C'est ça la malice ;
Ils sont assez doués que nous dans ce domaine, c’est pour cela qu’ils sont présidents.
Kader
Mais toi, tu n'as pas chef d’état ou président.
Qui va t’écouter même ?
Norbert
Grâce à toi, ils vont m’écouter, même si je ne suis pas président.
Tu vas voir ; cela va marcher et tu me remercieras de t'avoir sorti du trou, de t’avoir ouvert les yeux.
Tu verras que sans être président et d’ici, tu verras que l’on fera des miracles.
Kader
Toi, tu fouilles poubelle comme moi maintenant ;
Si tu veux, on fait ensemble et puis on se partage l'argent.
Norbert
Que fais tu de l’ambition ?
AMBITION !
Tu as peut-être raison mais suivons mon plan ;
Couche toi et fais une mine de tristesse, de souffrance et moi je vais appeler les gens pour venir te voir ;
(Il se met à genoux)
Je vous en prie, venez voir une victime des atrocités de la guerre ;
Ne passez plus votre chemin et venez compatir à la douleur d'un rescapé.
Aidez-nous à les aider !
Nous collectons des habits, les médicaments mais surtout de l'argent.
Kader
Tu veux me compliquer encore. Je m'en vas.
Norbert
Attends, il y a quelqu'un qui arrive ; merde il a pris l’autre rue, le salaud.
Je vois une bonne dame ; non elle est moche et elle prend un taxi ;
Elle aurait pu prendre le métro et nous donner ces sous.
Scène 6
Des bruits de sirènes se font entendre. Elles se rapprochent et Kader s’enfuie sans crier gare.
Norbert
Kader ! Mon ami ; Kader ! Mon frère, ne pars pas.
Ne t’enfuis pas ; tu n’as pas a prendre tes jambes a ton cou.
Reviens si c’est la police, je m’en occupe.
Le salaud, il est parti, détalé comme un lapin. Il ne doit pas avoir de papiers, le black et si cela se trouve, ces papiers ne doivent pas être au complet.
Les sirènes s’éloignent.
Tu peux revenir, le danger est écarté ; je t’aurais défendu.
Moi je suis pour la liberté de circulation.
Je ne suis pas un salaud et j’aime tout le monde.
Kader, je t’aime comme mon frère
Kader
(Il remonte sur scène)
Oh ! J’ai pas loin.
Faut pas crier ma nom comme ça.
Les sont partis ; vraiment on dirait que sirènes la, c’est pour nous on a fait.
Dès que dès que, c’est pas un vie ça.
Norbert
Mais pourquoi tu as fui ?
Tu es chez toi ici, tu es dans ton pays ;
Ton père a construit ce pays, tu l’as dit.
Kader
C’est toi qui dit, ce n’est pas moi.
Dès que sirènes là nous voient, eux commencent à crier.
Norbert
Mais tu as tes papiers au moins
(Kader ne répond pas et fais mine de ne pas entendre)
Ok ! Je vois.
Tu es sans papier en plus d’être un SDF
Tu m’as manipulé toi ;
Tu es un dans l’illégalité et tu me fais courir des risques
Des papiers tu n’en as pas ?
Tu es un sans
Kader
C’est quoi même et puis tu m’as pose beacoup de questions ?
Quand tu me vois là, je ressemble à sans papiers ?
C’est resté à la maison sinon j’ai papiers
Norbert
Bon si tu le dis, je te crois.
Tu as raison de te promener sans tes papiers.
Ils ne vont pas nous faire chier encore avec leur contrôle d’identité.
On a déjà assez de problèmes comme ça.
Kader, je te soutiens.
Mais moi je vérifie quand même si les miens sont là ;
Oui ils sont là et toi ?
Derrière le décor on entend POLICE. Kader panique et va se cacher en toute hâte derrière les poubelles. Norbert va le rejoindre
Kader
Va ! Quitte ici !
Norbert
Non, je reste avec toi
Kader
Blanc là, va faire, on va m’attraper
Norbert
Tu ne vas pas continuer à te cacher d’eux.
S’ils viennent je leur dirai que nous avons laissé nos papiers à la maison car nous craignions de les perdre pendant notre travail.
Moi je les miens et s’ils veulent, j’irai chercher les tiens à la maison.
Tu as une adresse au moins ?
Kader
Norbert, tu parles trop.
Tu oublies que j’ai noir donc automatiquement, normalement et affirmativement, eux vont me prendre. Mais comme j’ai dangereux, quand ils vont me limer, je vais les *daba mal automatiquement
Norbert
Normalement et affirmativement, c’est quoi ce charabia ?
Kader
Donc en ce moment là, c’est gâté pour moi, tu vois.
Il vont me sri me caler et puis c’est fini pour moi
Norbert
Donc, c’est leur propre sécurité que tu te caches d’eux et non pour des histoires de papiers. Tu as un bon cœur, mon frère
(Le secoue vigoureusement)
Mon pote, on meurt ensemble et on ira au charbon avec la police s’il le faut
Je suis ton homme
Kader
Norbert, il faut te calmer, j’ai dangereux vigoureusement pour eux et pour toi aussi.
Si tu m’a énerves ici, je vas te cogner mal parce que blanc c’est blanc ;
Donc, je vas vous mélanger vous tous.
Donc il ne faut pas faire ils vont me voir.
Les sirènes de la police se rapprochent. Explosion à répétition de gaz lacrymogènes.
Norbert
On dirait que ça chauffe pourtant la météo n’a rien prévu ce jour.
Kader
Toi tu dis quoi même ?
C’est à cause de moi on tire bombe et puis tu t’amises avec météo ;
Météo vient faire quoi ici ?
Norbert
Je plaisante et puis ce serait te faire trop d’honneurs que de tirer des bombes pour justement te rendre des honneurs.
Non je crois qu’il se passe autre chose de plus grave.
Tu veux qu’on aille jeter un coup d’oeil ?
Il y’a trop de poulets dans les rues.
Kader
Tu as malade ; tu dis que c’est chaud et puis tu veux qu’on a qu’a aller là bas.
Moi pas bouger. Je sens lacry
Norbert
Quoi ! Le gaz lacrymogène ! Ça brûle les yeux et l’air est pollué.
Ecoute, nous allons nous réfugier chez mon pote Dablakus.
Ca pique les yeux ; je souffre Aie !
Nous n’allons pas rester ici
Allons vite !
Kader
Bon ! allons avant que eux nous trouvent ici.
Ils vont nous mélanger avec les petits bandits là et ce n’est pas bon.
Ça doit être palabre avec les jeunes de banlieue.
Epilogue
Scène 7
Noir sur la scène
Kader
Djablakus c’est qui même ?
Norbert
Décidément, tu aimes écorcher les noms.
On dit Dablakus.
C’est mon pote.
Je l’ai aidé à baiser la pute du coin
Kader
Vous deux ?
Vous avez fait ?
Norbert
Comme il est timide, je me suis porté garant afin de lui permettre de se la faire ;
Et donc il ne peut plus rien me refuser.
Il me doit bien ça et s’il nous accueille de joie, avec une bouteille, autant te prévenir, moi je ne vais pas la refuser.
Kader
Allons ! Djablakus vaut rien dans femmes ?
Ce n’est pas garçon ou quoi ?
On va où et puis depuis là on arrive pas ?
Norbert
Calmos ! frère
Il n’est pas loin d’ici ;
Tiens-nous arrivons.
Dablakus ! Dablakus !
Pas de réponses
Il a dû retourner encore chez Babette, sa grosse pute.
Allons le retrouver !
Kader
Où encore ?
Toi-même, tu veux que les policiers n’ont qu’à me voit et puis ils vont m’attraper, me *sri ;
C’est ta plan non ?
Il est où ton Djablakus qui n’est pas garçon ?
Norbert
Chez Babette ! Elle habite l’autre rue ;
Je lui ai dit de ne pas s’amouracher et penser plutôt à garder les quelques sous qu’il gagne en travaillant pour notre vin quotidien au lieu de les donner à cette grosse truie
Kader
Faut pas insulter son femme même si c’est pute, *djandjou.
Norbert
Ce Dablakus aime se faire Babette et donc il ne peut qu’être allé chez elle ;
il devrait me laisser une bouteille dans notre cachette secrète ;
et je ne trouve rien alors que j’ai besoin d’essence, de force, tu comprends.
Kader
Blanc, saoulard tu es devenu voiture maintenant pour bois essence.
Moi je m’en va,
Norbert
Vais-je m’en vais
Kader
Va là-bas ! Va, Vais C’est quoi ?
Toi tu parles français plus que moi ?
Si tu veux non, il faut aller voir seul ton ami Djablakus avec son pute Tapette, boire son boisson aussi toi seul.
Je n’ai plus dedans.
Norbert
Poussière, tu redeviendras poussière, et déchets, ta place est dans la poubelle fut elle dorée. La vie est courte et il faut en profiter mon frère.
(Kader se résigne à le suivre et s’en va de son côté)
Oh ! Il est parti et puis il me laisse parler tout seul.
Si tu te fais prendre, ne m’appelle pas, ne dis pas que tu me connais, que tu as un ami, un frère qui s’appelle Norbert COUILLES ;
Je ne viendrai pas
RIDEAU
Petit Lexique Dioula et en Nouchi
Pati sanganan
Expression dans la langue dioula pour exprimer un étonnement, une mauvaise surprise
Awoulaba
Expression pour designer une femme en chair, dune forme bien opulente.
Fitini
Expression en langue dioula pour dire petit, chétif
Kantanga
Expression en langue dioula pour dire que c’est dur, compliqué.
Seridaga
Expression en langue dioula pour designer une bouilloire
Gbanzan
Expression en langue dioula pour dire rien n’a été obtenu
Chôcô
Expression en nouchi pour qualifier la façon de parler des blancs
Allah ka diaman
Expression en langue dioula pour traduire l’action de mendier
Asta froulaye
Expression en langue dioula pour rejeter un mauvais sort
Oba oba
Expression en nouchi pour dire de quelqu’un qu’il se vante
Damangan
Expression en langue dioula pour dire que c’est rien.
Djandjou
Mot en nouchi qui veut dire pute
Prologue
Scène 1
Des poubelles sont alignées le long d’un trottoir d’une rue ; À coté, une bouche de métro ; L’éclairage du lampadaire est faible. Quelque chose semble bouger.
Kader
(Il se réveille et s’étire avec force)
Il fait froi de ; *Pati sangannan.
Quelle froicheur ! (Il souffle entre les mains)
Je n’ai jamais eu froide comme ça ; l’hiver sera chaude.
Je vas fouiller les sacs ; ils ont mis sur moi quand je dormais, eux sont trop méchants.
Comment une quelqu’un qui dort, on peut pas déposer à coté ;
Non, c’est sur moi, on voit pour metter.
Sacs-là, c’est gros aujourd’hui ;
(Il déchire un sac a poubelle, en sort des vêtements d’enfants et des jouets)
Blancs mêmes, c’est pas la peine ;
(Il montre au public)
Habits nouveaux comme çà, ils jettent.
Regarde jouets-là, ou c’est gâté ?
Je vas prendre pour donner mon petit au pays.
(Il sort un slip)
Slip dans poubelle !
Regarde encore comment c’est nouveau ;
Je vas laver pour donner à mon femme.
(Il le retourne dans tous les sens)
Mais c’est trop *fitini ; mon femme-là, son fesse est trop grosse, *awoulaba. Ca va déborder, ça va pas rentrer
Bon je laisse lui.
Au fond de la salle, quelqu’un rentre et commence à parler. Il semble très fatigué et a le nez rouge.
Norbert
Bonjour monsieur ; bonjour madame.
(Il s’avance)
Excusez-moi de vous déranger.
Voilà quelque temps que je suis au chômage ;
Et par faute de moyens, je me suis retrouvé dans la rue sans femme et sans enfant.
Kader
Quel blanc qui est train de parler gros gros français là-bas pour m’emmerder ?
Je vas voir c’est qui.
Blanc qui parle trop comme çà, n’est pas clair ;
Norbert
Et quand on n’a pas de ressources, on n’a pas aussi de quoi payer le loyer ;
Et donc, on se retrouve le plus logiquement à la rue.
J’aurais donc besoin d’une pièce pour me compléter ce soir afin de dormir au chaud dans une chambre d’hôtel et pour manger aussi.
Aussi me contenterai-je d’un ticket restaurant ou d’un chèque et par votre geste, vous éviterez...