La Poubelle

Arthur un SDF fait la rencontre d’un autre SDF Kader dans une rue non loin de la gare Montparnasse et ils se disputent le contenu d’une poubelle neuve. Le désespoir qui les anime mais aussi le ventre creux, les pousse au délire mieux à se rendre que la pauvreté n’avait ni de couleur et se manifeste de la même façon quelque soit le pays. La misère c’est la misère

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Prologue

 

Scène 1

 

Des poubelles sont alignées le long d’un trottoir d’une rue ; À coté, une bouche de métro ; L’éclairage du lampadaire est faible. Quelque chose semble bouger.

 

Kader

(Il se réveille et s’étire avec force)

Il fait froi de ; *Pati sangannan.

Quelle froicheur ! (Il souffle entre les mains)

Je n’ai jamais eu froide comme ça ; l’hiver sera chaude.

Je vas fouiller les sacs ; ils ont mis sur moi quand je dormais, eux sont trop méchants.

Comment une quelqu’un qui dort, on peut pas déposer à coté ;

Non, c’est sur moi, on voit pour metter.

Sacs-là, c’est gros aujourd’hui ;

(Il déchire un sac a poubelle, en sort des vêtements d’enfants et des jouets)

Blancs mêmes, c’est pas la peine ;

(Il montre au public)

Habits nouveaux comme çà, ils jettent.

Regarde jouets-là, ou c’est gâté ?

Je vas prendre pour donner mon petit au pays.

(Il sort un slip)

Slip dans poubelle !

Regarde encore comment c’est nouveau ;

Je vas laver pour donner à mon femme.

(Il le retourne dans tous les sens)

Mais c’est trop *fitini ; mon femme-là, son fesse  est trop grosse, *awoulaba. Ca va déborder, ça va pas rentrer

Bon je laisse lui.

 

Au fond de la salle, quelqu’un rentre et commence à parler. Il semble très fatigué et a le nez rouge.

 

Norbert

Bonjour monsieur ; bonjour madame.

(Il s’avance)

Excusez-moi de vous déranger.

Voilà quelque temps que je suis au chômage ;

Et par faute de moyens, je me suis retrouvé dans la rue sans femme et sans enfant.

 

Kader

Quel blanc qui est train de parler gros gros français là-bas pour m’emmerder ?

Je vas voir c’est qui.

Blanc qui parle trop comme çà, n’est pas clair ;

 

 

Norbert

Et quand on n’a pas de ressources, on n’a pas aussi de quoi payer le loyer ;

Et donc, on se retrouve le plus logiquement à la rue.

J’aurais donc besoin d’une pièce pour me compléter ce soir afin de dormir au chaud dans une chambre d’hôtel et pour manger aussi.

Aussi me contenterai-je d’un ticket restaurant ou d’un chèque et par votre geste, vous éviterez ainsi à une personne dynamique dans la fleur de l’âge de devenir un clochard.

Je n’ai que 32 ans et j’ai encore beaucoup d’espoir et de gagne.

 

Kader

Toi, tu as 32 nans ?

 

Norbert

Ne m’emmerdez pas vous ! je travaille.

Je vous remercie d’avance et je vous souhaite.....

 

Kader

C’est toi qui en m’emmerdes.

Tu viens faire quoi ici ?

 

Une bonne dame lui donne quelques pièces. Il se tourne vers Kader

 

Norbert

Toi le noir, qu’est-ce qui te prend de te mêler de mes affaires ?

 

Kader

Quelle affaire !

Affaire de soûlard !

 

Norbert

Je ne te permets de m’insulter.

C’est toi qui as des comptes à me donner parce que tu es chez moi.

 

Kader

Où ?

 

Norbert

En France, dans le XIVe arrondissement de la plus belle ville du monde, dans les environs de la gare de Montparnasse, non loin du métro Odessa.

 

Kader se met à rire ; Norbert monte sur scène.

 

Kader

France-là, c’est pour toi ?

Ce n’est pas pour toi seul deh ;

 

 

Norbert

Je suis blanc et français ;

Il se trouve que tu es dans une rue appartenant à la France ;

Et donc qui m’appartient et j’ai le droit à ce titre de t’en chasser.

 

Kader

Il faut tente ;

Tu vas regretter tout de suite.

Je vas te montrer qui a mis poissons dans le mer

 

Norbert

La mer

 

Kader

Le mer

 

Norbert

On dit la mer, c'est au féminin.

En plus, tu es nul.

J’ai fait l’école moi, et je sais de quoi je te parle.

 

Kader

Je m’en fous de toi, de ta français, de ta école.

Quand je parle pour moi la, tu m’as comprend, c’est tout l’important.

 

Norbert

Tu es jaloux parce que j’ai de l’instruction.

 

Kader

A cause de quoi même ?

Est-ce qu’on n’est pas même chose ?

 

Norbert

Même chose, toi et moi ?

Tu es vraiment ridicule.

Tu es blanc et moi je suis noir ; non tu es noir et moi je suis blanc

 

Kader

Blancs que je connais là, vrai vrai blancs-là, eux n’est pas ici ;

Dans le rue à demander l’argent à les gens.

 

Norbert

Ecoute, ce n’est pas tes oignons et va te faire cuire un œuf ;

Vas-y et tu ne me perds pas mon temps ;

Je suis libre d’être où je veux

 

 

Kader

Tu es blanc et puis tu es dehors ?

Tu n’as pas de maison ?

Tu es blanc et puis tu demandes l’argent pour dormir dans hôtel ?

Dans ta propre pays ? hein !

Ça, c’est quel blanc çà !

(Il crie de colère)

Faut pas m’énerver sinon je vais mettre ton cuit au dehors devant les gens ici.

Je m’en vais.

 

Sortie de Kader.

 

Norbert

Ne pars pas, l’enfoiré.

J’allais te donner une des ces corrections.

Arrête-toi si tu es un homme, si tu as des couilles.

 

Kader

(En revenant sur ces pas)

Voilà moi ; j’ai arrêté depuis et tu n’as fait rien.

Faut parle, tu bavardes dans ma dos.

L’argent que tu demandes, c’est pour payer boisson.

Tu blagues les gens

Toi, tu vas payer hôtel ?

Escroc !

 

Norbert

Qu’est-ce que tu racontes ?

 

Kader

Je dis l’argent que tu demandes à les gens la, c’est pour payer boisson au lieu de hôtel, c’est moi je dis çà

Dis la vérité.

 

Norbert

Non je te dis que c’est pour dormir au chaud et manger

 

Kader

Toi, tu ressembles à une gens qui dort dans hôtel ?

Eux-là, on les connaisse, on les voisse, voyons !

(Il rit si fort que Norbert rentre une colère noire)

Faut pas prendre ton gros gros yeux rouges-là pour me regarder.

C’est pour boire et puis tu mens.

Vraiment tu gâtes ton nom.

 

Norbert

Ecoute si je bois, c’est mon problème et non le tien.

Kader

Ta bouche sent ;

Faut pas parler à côté de moi ;

Toi tu dis que tu as problème, tu bois ;

Soulard !

 

Norbert

(Il s’énerve)

Je suis adulte et c’est fini l’âge de me materner.

Tu te prends pour qui ?

Un donneur de leçon ?

Je fais ce qui me plais et ce n’est pas à toi de me dire comment je dois me comporter et en plus dans mon pays.

Je t’emmerde, le faiseur de morale.

Ta morale à deux balles, tu la fourres là où je pense

Connard !

Réponds-moi quand je te parle !

Je te traite de connard et tu ne dis mot

Tu me tourne le dos comme un lâche ;

Tu fais bien parce que tu sais ce qui va t’arriver

 

Sortie de Kader et sortie de Norbert du coté opposé.

 

 

Scène 2

 

Lumière et bruit de métro. A côté des sacs poubelles, un corps étendu de tout son long.

Il s’agit de Kader ; il se dégage difficilement.

 

Kader

Les sacs-là, c’est lourd aujourd’hui ; je soulève mais c’est *kantanga ;

Attends je vas bien me placer.

 

Norbert

(Il se réveille à côté avec une bouilloire à la main)

La terre tremble ou quoi ?

Quelqu’un s’amuse à déranger un honnête citoyen qui se repose.

Je vais voir.

Je vais pisser d’abord

(Il se met à pisser)

Que c’est bon !

 

Surpris, ils se redécouvrent à nouveau

 

Kader

Mais, qu’est-ce que tu fais ici, sur moi et dans ma coin ?

Tu pisses ?

 

Norbert

Non !

Que fais-tu ici sous des sacs poubelles dans ce coin de rue appartenant à la France et qui m’appartient ?

Donc m’appartenant dis-je, Ces poubelles sont à moi et c’est moi qui pose les questions.

 

Kader

(Il s’éloigne avec une bouteille dissimulée dans un sac papier)

Toi tu es malade ;

Fou malade !

 

Norbert

Je t’ai posé une question.

Que faisais tu sous ces sacs à ordures ?

Tu dors ici ?

 

Kader

C’est quoi même !

Où est ta problème ?

Toi tu parles ; c’est ici hôtel ?

L’argent c’est pour payer pour dormir ici ?

Soulard

 

Norbert

Il n’y avait plus de chambre

 

Kader

Donne-moi mon bouilloire au lieu de mentir,

(Il se débarrasse de  la bouteille)

Donne-moi mon* seridaga

 

Norbert

Seri quoi ?

 

Kader

Ce que tu as dans ton main là ;

C’est pour moi et je vas faire mon prière.

 

Norbert

Ce machin-là ! Tu vas prier avec ça ?

Que veux-tu faire avec ?

 

Kader

Je vas faire mon nettoiement nettement

 

Norbert

Tes ablutions, je comprends. Tiens !

J’ai dû le ramasser ;

Il est à moitié vide ;

Tu penses que cela peut suffire pour faire tes ablutions ?

Attends je vais le remplir

 

Kader

Eh toi-là, ton affaire est compliqué hein ;

Pourquoi ton oreille est dur comme çà ?

Donne-moi mon seridaga c´est tout ?

Moi-même je peux aller remplir

 

Norbert

Bon j’ai soif ; je vais boire un coup.

Tu vois, il m’arrive aussi de boire de l’eau, même de l’eau dans le serigaga ;

Je fais comme toi en signe de fraternité, tu sais comme au football, on se passe la gourde ;

Tu vois

 

Il voulait porter la bouilloire à la bouche quand Kader vient la lui arracher. Il se retire et revient.

 

Norbert

C’est pas sportif ça ?

C’est pas du tout fairplay

Kader

(Il regarde sa montre)

On te dit que j’ai footballeur ?

Il est… Mon montre est gâté ;

Je vas prier, c’est l’heure

 

Il se met en position de prière ; Il donne dos au public. Norbert le rejoint et l’imite en regardant du coté du public.

 

Norbert

Pourquoi tu te places comme de la sorte ?

 

Kader

Je dois regarder là oú le soleil se lève, là-bas (il indique).

Bon faut plus tu vas me poser encore question ;

Pas avant mais après.

Bon il faut me laisser me concentrer

 

Kader commence sa prière ; Norbert se met en position. Il imite ce dernier mais se renverse ; Il se relève et reprend sa position mais dans la direction opposée.

Là encore, il s’effondre et abandonne.

 

Norbert

(Au bout d’un moment)

Ce n’est pas pour moi ça ; (Il se lève)

Je vais attendre qu’il finisse son cinéma

 

Scène 3

 

Il va s’asseoir sur le banc d’à coté ; en partant, il emporte la bouilloire de Kader en pleine prière.

Par curiosité, il la porte à la bouche. Kader interrompt sa prière.

 

Kader

Faut pas t’amuser avec le religion

 

Norbert

Pour un serigaga que j’ai pris pour faire aussi mes ablutions, tu exagères.

Prie au lieu de t’occuper de moi.

 

Kader retourne terminer sa prière et vient rejoindre Norbert.

 

Kader

Faut pas jouer comme çà ;

Le religion-là, c’est avec Dieu directement on parle.

Donc il faut que tu es très très sérieux.

Tu as comprend !

 

Norbert

C’est çà mon ami, il faut être très très sérieux ; tu parles.

Ton Dieu ne s’est il pas plaint de ton haleine qui empestait l’alcool ?

Ton serigaga puait le vin ; voilà pourquoi tu t’es empressé de venir me l’arracher.

Tu ne voulais que je découvre la supercherie.

Tu bois comme moi ;

Et pire tu veux me donner des conseils en la matière ;

Tu es un salaud, un fieffé menteur.

 

Kader

Pourquoi tu me parlé comme ça ?

Est-ce que tu m’as connais ?

 

Norbert

Mes couilles !

Tes grands discours sur la sobriété, c’est du pipeau.

Tu dissimules le vin dans ton serigaga et tu te la joues comme un pieu

 

Kader fait une mine de honte et est désarmé face aux attaques de Norbert ; Il balbutie

 

Kader

Je dis, c’est bon.

 

Norbert

Tu crois que je ne sais pas que ta religion ne rime pas avec la boisson.

 

Kader

C’est à dire que

 

Norbert

C’est à dire que quoi ?

Tu as perdu ta langue ?

(Norbert se lève et va pisser encore. Il libère un pet)

Voilà je suis à l’aise quand je démasque les faux prophètes et le bon DIEU nous a bien dit de nous en méfier.

Ecoute, tu es fait, la main pris dans le sac

 

Kader

(Il se tient les narines)

Ton cuit là sent mauvais: Il faut te puriger

 

Norbert

Puri...quoi ?

Il ne faut pas me détourner du sujet de la discussion.

Oui j’ai pété comme un adulte et alors ?

Tu bois comme moi et tu me critiques

 

Kader

Je ne sais même pas qui a mis çà dedans

Moi, je dormais ; je n’a rien vu là dedans ;

Sinon je n’a pas bu vin là

 

Norbert

Quand tu t’es réveillé, tu avais la bouteille dans les mains arrêtes de te foutre de ma gueule.

Tu es pris comme un voleur et pas besoin d’être Colombo pour tout comprendre.

Tu es défait mon gars.

 

Kader

C’est toi qui a mis vin là dedans.

C’est toi, Tu es mauvais.

 

Norbert

C’est moi qui suis mauvais !

Bon, admettons que je l’ai fait et supposons que toi, tu ne boives pas à cause de ta religion, tu aurais dû cracher ou renverser le contenu pour aller chercher de l’eau.

Je t’ai même proposé d’aller en chercher pour toi, mais tu as refusé.

 

Kader

(S´adresse au public)

Est-ce que je n’ai pas craché ?

(Il ouvre la bouche)

Vous-même regardez

Rien

Norbert

Arrête ton cirque car eux t’ont vu ;

Moi aussi, je t’ai vu.

Tu as bu goulûment et tu as fait semblant de cracher.

Tu es menteur et ton DIEU ne t’a même pas écouté.

En plus, tu es un plaisantin.

Je m’en vais ; je te laisse avec ta conscience si tu en as une.

 

Sortie de Norbert

 

Kader

Tu t’en vas où ?

 

Norbert

Je vais travailler

 

Kader

Quel travailler ?

Où ?

 

Norbert

Là-bas

 

Kader

Tu as quel diplôme ?

 

Norbert

Ecoute, tu m’emmerdes.

Le temps c’est de l’argent.

 

Il s’avance sur dans le public et Kader retourne pour fouiller dans ses poubelles.

 

Kader

Blanc soûlard là, a fini mon seridaga ;

Bon je vas vois ce qu’il y a de bon dans poubelle là.

Comment on t’appelle toi ?

Ta nom de blanc là !

Monsieur Kader pour ta service

Et toi ?

 

Norbert

Moi, c’est Norbert.

 

Kader

Bon chance.

 

Il se remet au travail pendant que Norbert interpelle les passants.

Norbert

Mesdames et messieurs, voilà quelque temps que je suis sans ressources faute de ne plus travailler.

J’ai une femme et trois enfants a nourrir. Si vous avez quelques pièces ou un chèque à me donner pour m’aider, DIEU par ma voix vous serait très reconnaissant.

 

Norbert se déplace de l’autre coté de la rue et Kader s’arrête pour suivre ses mouvements.

 

Kader

Robert même, il fait quoi ?

 

Norbert

Mesdames et messieurs, excusez-moi de vous déranger ce matin ;

J’avais un travail et je gagnais ma vie honnêtement.

Depuis quelques temps, je suis sans ressources et

 

Kader

Robert ! Robert !

 

Norbert se retourne et voit Kader lui faire de grands signes. Il feint de ne pas le voir et continue

 

Norbert

Si vous pouvez me donner quelques pièces ou me faire un chèque, ou même de donner un ticket restaurant, DIEU vous le rendra au centuple.

Ayez pitié d’un pauvre homme qui doit nourrir sa femme et ses cinq enfants qui sont tous très malades.

(Un monsieur lui tend quelques pièces)

Merci mais vous pouviez mieux faire.

J’ai des enfants, monsieur comme vous et qui vont à l’école publique.

(Le ton monte)

Je ne vous permets de me manquer de respect ;

Oui j’accepte vos sous en leurs noms justement. Ce n’est pas de la mendicité mais de la charité, je suis désolé ;

C’est un juste retour d’investissement pour des enfants nés dans ce pays qui leur appartient.

Oui je parle de DIEU mais je n’en fais pas un fond de commerce ;

Oui ce n’est pas lui qui signe les lettres d’embauche comme les lettres de mise au chômage, je vous le rappelle au lieu de me juger ;

 

Kader

Mais, Robert ce n’est pas toi que je t’appelle ?

C’est çà ta travail là ?

Vraiment tu n’as pas besoin de diplôme pour la faire.

 

Norbert s’avance au niveau de Kader

 

Norbert

Qu’est-ce que t’as à me crier dessus de la sorte ?

Pourquoi tu m’appelles ?

Tu me déconcentres pendant que je travaille

 

Kader

C’est ton travailler là çà ?

Où est ta bureau ?

 

Norbert

Mon bureau, c’est ici, dans la rue.

 

Kader

Mais Robert, toi aussi ; tu parles comme si tu travailles dans bureau or ton travailler c’est demander l’argent à les gens.

 

Norbert

Non seulement, je ne m’appelle pas Robert mais Norbert COUILLES

 

Kader

Couillon ! Blanc même ne donne pas nom cadeau

Tu es vraiment couillon c’est à cause de ça tu es comme ça ;

 

Norbert

Arrête d’écorcher mon nom ; c’est Norbert COUILLES.

Et comme tu le vois je me débrouille.

 

Kader

Voilà qui est bonne parole ; tu te débrouillé comme moi ici et non dans la bureau.

En tout cas, il faut avoir couilles pour te débrouiller ici quand tu n’as rien.

 

Norbert

Mais qui a parlé de bureau ?

C’est toi qui me saoules avec cette histoire de bureau parce que j’ai dit que je travaillais.

 

Kader

C’est maintenant que tu as bien parlé.

Tu te débrouilles ;

Or toi, tu parles comme si tu étais une grand type, une boss quoi.

Quand tu m’as parlé même, tu fais gros dos comme une boss or que tu es *gbanzan comme moi.

Tu *chôcô dans ma oreille tout çà là comme une type qui a l’argent, comme une boss quoi ; or tu es zéro pointé comme moi.

C’est çà ta travail là ?

Monsieur Robert

 

 

Norbert

Ecoute, je ne sais où t’es allé chercher tes histoires de boss, mais comme tu le vois, travailler en France, c’est aussi ce que je fais et ce que tu fais.

Avec ou sans diplôme, on peut se retrouver à la rue en train de faire ce travail.

Il n’y a pas de sot métier.

 

Kader

Faut pas dire travailler !

C’est demander l’argent, ta travail.

Tu fais *Allah ka diaman. Mendiant !

Et puis tu parles gros gros français sur moi.

 

Norbert

Ecoute, c’est toi qui voulais forcement me voir dans un bureau.

Tu as une sacrée obsession du bureau comme seule endroit ou l’on peut travailler ;

On peut travailler dans la rue comme toi qui fait de la récupération.

 

Kader

C’est là-bas, on nous a dis avant que le travail, est ;

Voilà, ton bouche vient de parler la vérité.

 

Norbert

Pourquoi fouilles-tu les poubelles ?

Tu aurais pu balayer les rues comme le font souvent tes frères noirs.

Tu sais on gagne bien sa vie en faisant ce genre de boulot.

 

Kader

Et puis toi tu ne fais pas aussi ?

 

Norbert

Je ne parle pas de moi mais de toi.

 

Kader

Travailler c’est Travailler sinon on va tous devenir *volair

Et puis on ne peut pas tous faire même travail là.

 

Norbert

Le travail, c’est le travail, bien réfléchi l’ami et je te répète qu’il n’y a pas de sot métier mais des gens qui sont sots.

Tu travailles et je travaille, n’est ce pas ?

Nous ne sommes pas des voleurs même si c’est dur ;

Mais que gagnes-tu à fouiller dans les poubelles ?

Est-ce de la récupération comme je l’avais évoqué tout à l’heure ?

 

Kader

Non, ce n’est pas ça. Mais quand je fouille et puis je trouve habit qui n’est pas gâté ou les jouets des enfants qui est un peu seulement gâté, je mets les à coté ;

Et quand c’est beaucoup, je prends et je vais donner dans un maison là-bas ;

Maison là me donne mon argent, mais avant de me donner, je mange d’abord et puis après il donne. Les choses là c’est pour  les enfants de pauvres qui sont ici.

 

Norbert

C’est cela qu’on appelle en bon français de la récupération.

 

Kader

(Il montre une belle paire de chaussures)

Regarde chaussures là, il est encore nouveau et puis joli.

Des fois quand c’est trop joli, moi même je prends.

(Il l’essai)

Quand ça me rentre, je prends moi même.

 

Norbert

C’est vrai que nos sociétés font beaucoup de gâchis.

(Il se met aussi à fouiller et dégote une belle veste en cuir)

Ça c’est joli. C’est une belle veste qui va m’aller ; je la garde.

Tu vois mon ami, je m’y connais en matière de récupération.

Mais au fait, je ne connais pas ton nom.

Comment tu t’appelles?

 

Kader

Kader KROUBATA

 

Norbert

Kader quoi ?

 

Kader

KROUBATA

 

Norbert

C’est trop compliqué pour moi ton nom ; Moi je préfère Kader.

Tu sais depuis que je viens dans cette rue, tu es la première personne sympathique que je rencontre.

Les autres, ils ne veulent même pas vous sentir et ils vous ignorent.

Quand tu veux faire un peu de causette avec eux, ils sont toujours pressés et n’ont pas votre temps.

Alors que toi

(il s’arrête et observe Kader qui continue de fouiller ses poubelles)

Écoute ! je te dis que je te trouve sympa et tu ne dis rien ?

C’est tout l’effet que cela te fait ?

 

Kader

Ce n’est pas sympathie là qui va me donner à manger le soir.

 

 

Norbert

Ne joue pas au con !

Sois cool Kader.

La vie est déjà dure comme çà.

On ne va pas la compliquer entre nous.

 

Kader

Entre qui ?

 

Norbert

Entre nous les sans sous, les rejetés de la société individualiste dite de consommation ;

On se doit d’être solidaire, surtout complémentaire, tu comprends mon ami.

 

Kader

Je suis ta camarade ?

Tu m’as connais où ?

Si ce n’est pas à cause de poubelle-là que tu dis que j’ai ta camarade, est-ce que avant tu peux parler comme çà ?

 

Norbert

Ne joue pas les rabats joies.

 

Kader

Ou bien tu fouilles poubelles comme moi ou bien tu m’as laisse travailler ;

Ou bien tu vas faire ta travail d’avant là et tu m’as laisse en paix.

 

Norbert

C’est pour dire après que les blancs sont sans cœur.

Vous voyez comment il me répond ?

Je suis sympa avec lui et il m’envoie balader ;

Je t’apporte un peu de chaleur HUMAINE

 

Kader

Toi même, tu m’apportes quoi ?

Tu m’as donne quoi ?

Tu es femme maintenant ?

Tu n’es rien comme moi et puis tu emmerdes les gens.

La nuit va bientôt arriver donc il faut que je n’a qu’à faire vite sinon j’ai mort.

 

Norbert

Moi, je ne fouillerai pas les poubelles comme toi.

 (Il descend dans le public)

Ce n’est pas pour moi çà

 

 

 

 

Kader

Alors, il faut me donner veste que tu as pris dans mon poubelle.

Je croyais que le blanc là me blaguait quand j’envoyais les choses, mais toi tu as confirmé ;

Tu es volair comme lui ;

 

Norbert

C’est à moi car c’est moi qui l’ai trouvé.

Moi, je préfère mieux crever que de faire ce boulot.

 

Kader

Toi, Norbert tu as mauvais dê ;

tu prends mon veste là pour partir et puis tu m’insultes.

Tu as raison. Il faut partir.

 

Norbert

Tu ne l’auras pas, tu m’entends ;

Et puis tu sais, je peux aller manger dans les restos du cœur de mon ami Coluche ;

Et il y a beaucoup d’autres associations qui s’occupent de nous.

Tu ferais mieux d’aller t’y inscrire au lieu de galèrer, mieux de fouiller dans les poubelles.

Si tu ne veux pas venir avec moi, alors tu n’es plus mon ami ;

Tu entends, je ne veux plus te voir ;

Moi, je me tire si je ne veux pas être en retard pour la bouffe.

 

Il disparaît dans le public

 

 

Scène 4

 

Kader

Norbert même, c’est enfant gâté quoi !

La vie, c’est dure, c’est *katanga. Lui, il veut parler alors que il n’as pas travail.

Si je ne trouve pas beaucoup bonnes choses dans poubelle là, mon l’argent va être petit. Donc il faut que je fouille là-bas, ici ;

Il faut que je fouille partout ;

Mon travail, c’est pas petit travaillement mais son l’argent qui est petit.

Lui Robert, Norbert, il veut faire manière dans travaillement, c'est-à-dire pas travaillement mais beaucoup l’argent ; ça ne peut pas marcher comment il fait là, *mendiATION là ;

Monsieur, madame, je n’a pas travail donc pas l’argent ;

Donc donne moi un peu de quelques pièces pour que

 je vas manger, dormir, soigner mon femme et mon enfant ;

C’est un faux plan.

Lui-même, il connaît leurs bouches qui parlent mal là ;

Moi ma cœur ne peut pas supporter insultes comme ça la matin

Je sais, travailler c’est travailler ; mais nous tous on ne peut pas fouiller dans poubelles comme nous tous on ne peut pas travailler dans bureau comme une boss.

On n’est pas tous nés bien ensemble en boss.

Mais moi Kader, je veux gagner mon l’argent avec mon sueur.

Il n’y a pas honte dans travail là puisque quand je fouille bien poubelles et que je gagnes bonne bonne choses là, les enfants, eux sont contents.

Je pense que…faut vivre sans voler, sans boire comme Norbert ;

Aujourd’hui, je vois les enfants voyous dans le rue entrain de frapper les gens ou voler avec couteau, ce n’est pas bon.

Un jour il y a un qui venu sur moi, il pense que comme j’ai vieux, il peut faire son malin sur moi. Donc il est vient, je l’ai chicoté mal comme ma petit ;

Deuxième veut venir encore, coup de tète, il a pris KO ;

Troisième avec couteau ; j’ai serré mon bague et puis j’ai crié GBLEKI ;

Il commencé pisser sur lui à cause de ma fétiche de palabre.

Ma fétiche de palabre là, ça marche ici aussi !

Eux trois, j’ai chicoté les mal mal avec mon ceinture de blanc que j’ai trouvé dans poubelle.

C’était vraiment gâté sur eux ;

Tout travail a son problème hein

(Il va chercher ce qu’il a trouvé)

Regarde poubelle que je fouille, je trouve encore choses très bons

Regarde vélo là ! son pneu est percé seulement et puis on jette ;

Poste là, *ARARDIO là c’est antenne qui est cassé sinon ça marche.

On jette tout ; vraiment c’est de la gaspillage.

Ce que eux ils ne prends pas, nous on prend pour arranger et puis faire cadeau.

Mais un question quand même qui cours dans mon tête ;

Au lieu que nous on prend ce que vous ne prendrez plus, au lieu de çà, est-ce qu’on ne pas donner directement ou donner un peu ?

(le public ne répond pas)

Je vois ; C’est compliqué hein ! Katanga hein !

 

Il sort et revient avec des sacs, il ressort de plus bel ; au moment où Kader disparaît, Norbert réapparaît sur scène. Il se met à fouiller les sacs de Kader ; ensuite il s’attaque aux poubelles ; il crée un bordel pas possible mais continue sa besogne. Kader qui revenait déposer ses paquets le surprend et rentre dans une colère noire.

 

Kader

Blanc là ! m’a tué fini ;

Façon je vais le limer, même accident de avion est petit.

Toute ma travail est par terre.

 

Il bondit sur Norbert qui l’évite à temps et ce dernier se retrouve par terre. Norbert prend une poubelle pour se protéger.

 

Norbert

Mais Kader, tu es fou ou quoi ?

 

Kader se met en position de combat et s’apprête à attaquer

 

Kader

Quand une quelqu’un a rien ni aujourd’hui, ni demain, la reste, il s’en fout ;

Quand une quelqu’un joue avec le *mangement de quelqu’un, plus rien n’a important ;

(Il fixe Norbert)

Parce que tu as blanc et que tu es dans ta pays, tu fous la bordel dans la travail des gens, dans ma travail parce que rue-là c’est pour toi.

Regarde ce que tu as fait !

Est-ce que c’est bon ?

(Il s’avance sur Norbert qui recule)

 

Norbert

Ecoutes, Kader tu ne vas pas me frapper parce que j’ai fouillé dans les mêmes poubelles que toi.

Attends tu n’es pas sérieux.

Je suis un partisan de la non violence ;

En plus, je suis français et j’ai tous les droits dans mon pays et dans cette rue de surcroît qui lui appartient et qui m’appartient aussi.

 

Kader

(Il s’arrête et jure)

Si je ne t’ai pas *daba aujourd’hui, mon nom KROUBATA n’a qu’à quitter sur mon jugement.

 

Norbert

Daba, c’est quoi ?

 

Kader

Oh merde !

Tu es français, tu es français, *Asta froulaye ! ;

C’est dans la bouche, tout çà là, c´est *oba oba ; c’est *damangan.

Norbert

Attends ! Calme-toi

Pour si peu, tu es prêt à en découdre avec ton ami ?

Défaire tes relations avec la France ?

 

Kader

FRANCE là, c´est nous qui avons fait lui, qui avons construit lui.

C’est nous ; Moi aussi, j’ai français ;

J’ai mes papiers parce que ma papa était ancien combattant et puis tirailleur sénégalais.

Il a français et j’ai même droit que toi ;

 

Norbert

Toi, français ! mon œil.

Il faudrait choisir entre ancien combattant et tirailleur sénégalais ;

Tu es l’un ou tu es l’autre ;

On vous a accueilli ici par charité, le refaiseur d’histoire.

Ce sont eux qui ont bossés, pas vous les fainéants d’aujourd’hui là ;

 

Kader

C’est comme ça tu m’as parles ?

Qui a gagné coupe du monde pour vous ?

C’est nous.

Qui a gagné guerres mondiaux là en 39 ?

En 14 ?

C’est ma papa avec tous les gens qui sont viens de l’Afrique ;

Ce n’est pas à cause de poubelle, tu vas me parler mal.

Solidarité ! Ou même ?

Petit travail que nous on fait avant, vous avez prend pour faire pour vous.

Charité ! Travail que tu fais et puis tu ne vois pas son argent, hein ! on dirait caca de chat ;

Vous créez des sciences pour nous tuer ;

Quand on est ici, il faut qu’on a qu’à mourir un peu un peu à cause de travailler.

Pas travail, pas maison, pas manger et puis la froicheur ;

Tout pour finir avec nous.

Tout est dur mais on est là quand même parce que on est dur comme caillou.

Sinon depuis on est mort.

Mais tu as menti, tu vas ranger ta bordel là.

Je ne crois pas que ta papa France là aime bordel

 

 

 

 

Scène 5

 

Kader saisit lui aussi la poubelle et une lutte s’engage entre eux. Kader essaie par des coups de têtes d’atteindre Norbert qui se tient a distance. Il lance le pied et là, Norbert le saisit. Kader arrête du coup de gesticuler. Les deux amis se regardent.

 

Norbert

Ecoute l’ami, sois raisonnable.

 

Kader

Tout ma travail est par terre, complètement ;

Je vas manger comment ?

Toi, tu peux aller manger dans ta restaurant de coliche et moi ?

 

Norbert

Excuse-moi, si tu veux je vais t’aider à ranger mais tu ne me frappes pas ;

Sinon je ne lâche pas ton pied.

 

Kader

Poubelle que tu as là est nouveau ?

Je connais tous les façons mais celui-là, je n´a jamais vu lui avant.

Regarde !

 

Norbert

Qu’est-ce que tu racontes ?

Tu veux me distraire pour me frapper dans le dos.

 

Kader

Quel palabre on peut faire encore ?

Tu as attrapé ma pied ; donc palabre est fini.

Mais poubelle vrai vrai là, est nouveau donc il doit avoir nouveaux choses dedans.

 

Norbert

Puisque tu insistes, je te propose d’aller sous ce lampadaire pour voir ;

Mais je ne te lâche pas le pied et nous y allons comme çà.

 

Ils avancent sous le lampadaire.

 

Kader

Tu as vu ! J’ai raison.

 

Norbert

C’est vrai l’emballage est nouveau.

Certainement qu’il y’a de bonnes choses comme tu le dis.

Mais une poubelle reste une poubelle.

Mais comme c’est moi qui l’ai trouvée, c’est pour moi.

 

Kader

Tu es malade ; tu as trouvé çà à coté de moi ; donc c’est pour moi.

 

Kader, malgré sa position inconfortable ne veut pas lâcher la poubelle et Norbert aussi, refuse de lâcher son pied. Kader commence à être fatigué.

 

Norbert

C’est une poubelle qui se trouve sur le territoire français ; donc qui m’appartient.

 

Kader

C’est toi qui habite ici là ?

C’est moi seul qui est là, faut pas *mouiller mon pain.

Donne-moi mon poubelle, sinon ;

 

Norbert

Sinon quoi ?

 

Kader

Moi aussi, j´ai français comme toi. Donc c’est pour moi plus que toi.

 

Norbert

Écoutes, Kader je te propose un marché ;

Je t´initie au travail que je fais et moi au tien ;

J´ai été un apprenti assidu et j´ai même fait des prouesses dans la récup.

Mais où peut-on vraiment aller avec tout cela ?

Alors je pense que nous gagnerons à nous entendre et non de nous faire la guerre.

Je ne le permettrai pas sur mon territoire.

 

Kader

Il faut vite parler.

Cà chauffe dans ma pied en bas.

Attends je vais te donner l’autre pied tu vas attraper.

 

Norbert

Pas question tant que je n’ai pas ton accord de ne pas me faire mal.

Je disais qu’il fallait penser à diversifier nos activités pour espérer nous faire de la place au soleil.

 

Kader

Donc on n’a qu’à faire quoi ?

Parle vite !

 

Norbert

Tu es noir, tu es malheureux, tu peux exploiter cette situation et te faire des sous.

 

Kader

Est-ce que les blancs qui nous voient la, ils savent que j’ai malheureux ?

Norbert

Je te parie que oui ; Tu n’es pas ambitieux alors qu’il faut l’être pour réussir dans ce monde d’ici bas.

On pourrait dire que tu es un réfugié et qu’il y a la guerre chez toi, et puis Blablabla, on se fait des sous.

 

Kader

Je t´a dis que jamais moi, Kader, je vas demander l’argent à les gens.

Je fouille mon poubelle pour avoir mon l’argent.

 

Norbert

Kader, il faut m’écouter pour une fois.

Cite-moi le nom d’un pays de ton continent.

Vite, je t’écoute.

 

Kader

Zaïre et puis Algérie

 

Norbert

Non pas l’Algérie ; ils sont blancs.

On ne nous prendra pas au sérieux.

Voila, on choisit le Zaïre.

Non la côte d’ivoire. Toi, tu te couches et moi je fais le reste. OK !

 

Kader

Bon, j'ai d'accord.

 

Norbert relâche Kader qui s’exécute difficilement.

 

Kader

Non, je ne veux pas faire ton combine là ;

Faut pas gagner l’argent sur la malheur des autres.

 

Norbert

Qu'ALLAH t'entende si on devient riche.

Le reste on s’en fout.

On n'a rien pour manger, on a faim et toi tu me parles de morale.

On mendie et alors ?

C'est bien comme çà que vos chefs d’états font mais d’une autre façon.

Ils habillent ça avec brio et ça marche.

 

Kader

Alors, eux sont bêtes.

 

 

 

 

Norbert

Ils ne sont pas bêtes.

Ils demandent de l'aide en votre nom pour eux.

C'est ça la malice ;

Ils sont assez doués que nous dans ce domaine, c’est pour cela qu’ils sont présidents.

 

Kader

Mais toi, tu n'as pas chef d’état ou président.

Qui va t’écouter même ?

 

Norbert

Grâce à toi, ils vont m’écouter, même si je ne suis pas président.

Tu vas voir ; cela va marcher et tu me remercieras de t'avoir sorti du trou, de t’avoir ouvert les yeux.

Tu verras que sans être président et d’ici, tu verras que l’on fera des miracles.

 

Kader

Toi, tu fouilles poubelle comme moi maintenant ;

Si tu veux, on fait ensemble et puis on se partage l'argent.

 

Norbert

Que fais tu de l’ambition ?

AMBITION !

Tu as peut-être raison mais suivons mon plan ;

Couche toi et fais une mine de tristesse, de souffrance et moi je vais appeler les gens pour venir te voir ;

(Il se met à genoux)

Je vous en prie, venez voir une victime des atrocités de la guerre ;

Ne passez plus votre chemin et venez compatir à la douleur d'un rescapé.

Aidez-nous à les aider !

Nous collectons des habits, les médicaments mais surtout de l'argent.

 

Kader

Tu veux me compliquer encore. Je m'en vas.

 

Norbert

Attends, il y a quelqu'un qui arrive ; merde il a pris l’autre rue, le salaud.

Je vois une bonne dame ; non elle est moche et elle prend un taxi ;

Elle aurait pu prendre le métro et nous donner ces sous.

 

Scène 6

 

Des bruits de sirènes se font entendre. Elles se rapprochent et Kader s’enfuie sans crier gare.

 

Norbert

Kader ! Mon ami ; Kader ! Mon frère, ne pars pas.

Ne t’enfuis pas ; tu n’as pas a prendre tes jambes a ton cou.

Reviens si c’est la police, je m’en occupe.

Le salaud, il est parti, détalé comme un lapin. Il ne doit pas avoir de papiers, le black et si cela se trouve, ces papiers ne doivent pas être au complet.

Les sirènes s’éloignent.

Tu peux revenir, le danger est écarté ; je t’aurais défendu.

Moi je suis pour la liberté de circulation.

Je ne suis pas un salaud et j’aime tout le monde.

Kader, je t’aime comme mon frère

 

Kader

(Il remonte sur scène)

Oh ! J’ai pas loin.

Faut pas crier ma nom comme ça.

Les sont partis ; vraiment on dirait que sirènes la, c’est pour nous on a fait.

Dès que dès que, c’est pas un vie ça.

 

Norbert

Mais pourquoi tu as fui ?

Tu es chez toi ici, tu es dans ton pays ;

Ton père a construit ce pays, tu l’as dit.

 

Kader

C’est toi qui dit, ce n’est pas moi.

Dès que sirènes là nous voient, eux commencent à crier.

 

Norbert

Mais tu as tes papiers au moins

(Kader ne répond pas et fais mine de ne pas entendre)

Ok ! Je vois.

Tu es sans papier en plus d’être un SDF

Tu m’as manipulé toi ;

Tu es un dans l’illégalité et tu me fais courir des risques

Des papiers tu n’en as pas ?

Tu es un sans

 

Kader

C’est quoi même et puis tu m’as pose beacoup de questions ?

Quand tu me vois là, je ressemble à sans papiers ?

C’est resté à la maison sinon j’ai papiers

Norbert

Bon si tu le dis, je te crois.

Tu as raison de te promener sans tes papiers.

Ils ne vont pas nous faire chier encore avec leur contrôle d’identité.

On a déjà assez de problèmes comme ça.

Kader, je te soutiens.

Mais moi je vérifie quand même si les miens sont là ;

Oui ils sont là et toi ?

 

Derrière le décor on entend POLICE. Kader panique et va se cacher en toute hâte derrière les poubelles. Norbert va le rejoindre

 

Kader

Va ! Quitte ici !

 

Norbert

Non, je reste avec toi

 

Kader

Blanc là, va faire, on va m’attraper

 

Norbert

Tu ne vas pas continuer à te cacher d’eux.

S’ils viennent je leur dirai que nous avons laissé nos papiers à la maison car nous craignions de les perdre pendant notre travail.

Moi je les miens et s’ils veulent, j’irai chercher les tiens à la maison.

Tu as une adresse au moins ?

 

Kader

Norbert, tu parles trop.

Tu oublies que j’ai noir donc automatiquement, normalement et affirmativement, eux vont me prendre. Mais comme j’ai dangereux, quand ils vont me limer, je vais les *daba mal automatiquement

 

Norbert

Normalement et affirmativement, c’est quoi ce charabia ?

 

Kader

Donc en ce moment là, c’est gâté pour moi, tu vois.

Il vont me sri me caler et puis c’est fini pour moi

 

Norbert

Donc, c’est leur propre sécurité que tu te caches d’eux et non pour des histoires de papiers. Tu as un bon cœur, mon frère

(Le secoue vigoureusement)

Mon pote, on meurt ensemble et on ira au charbon avec la police s’il le faut

Je suis ton homme

Kader

Norbert, il faut te calmer, j’ai dangereux vigoureusement pour eux et pour toi aussi.

Si tu m’a énerves ici, je vas te cogner mal parce que blanc c’est blanc ;

Donc, je vas vous mélanger vous tous.

Donc il ne faut pas faire ils vont me voir.

 

Les sirènes de la police se rapprochent. Explosion à répétition de gaz lacrymogènes.

 

Norbert

On dirait que ça chauffe pourtant la météo n’a rien prévu ce jour.

 

Kader

Toi tu dis quoi même ?

C’est à cause de moi on tire bombe et puis tu t’amises avec météo ;

Météo vient faire quoi ici ?

 

Norbert

Je plaisante et puis ce serait te faire trop d’honneurs que de tirer des bombes pour justement te rendre des honneurs.

Non je crois qu’il se passe autre chose de plus grave.

Tu veux qu’on aille jeter un coup d’oeil ?

Il y’a trop de poulets dans les rues.

 

Kader

Tu as malade ; tu dis que c’est chaud et puis tu veux qu’on a qu’a aller là bas.

Moi pas bouger. Je sens lacry

 

Norbert

Quoi ! Le gaz lacrymogène ! Ça brûle les yeux et l’air est pollué.

Ecoute, nous allons nous réfugier chez mon pote Dablakus.

Ca pique les yeux ; je souffre Aie !

Nous n’allons pas rester ici

Allons vite !

 

Kader

Bon ! allons avant que eux nous trouvent ici.

Ils vont nous mélanger avec les petits bandits là et ce n’est pas bon.

Ça doit être palabre avec les jeunes de banlieue.

 

Epilogue

 

Scène 7

Noir sur la scène

 

Kader

Djablakus c’est qui même ?

 

Norbert

Décidément, tu aimes écorcher les noms.

On dit Dablakus.

C’est mon pote.

Je l’ai aidé à baiser la pute du coin

 

Kader

Vous deux ?

Vous avez fait ?

 

Norbert

Comme il est timide, je me suis porté garant afin de lui permettre de se la faire ;

Et donc il ne peut plus rien me refuser.

Il me doit bien ça et s’il nous accueille de joie, avec une bouteille, autant te prévenir, moi je ne vais pas la refuser.

 

Kader

Allons ! Djablakus vaut rien dans femmes ?

Ce n’est pas garçon ou quoi ?

On va où et puis depuis là on arrive pas ?

 

Norbert

Calmos ! frère

Il n’est pas loin d’ici ;

Tiens-nous arrivons.

Dablakus ! Dablakus !

Pas de réponses  

Il a dû retourner encore chez Babette, sa grosse pute.

Allons le retrouver !

 

Kader

Où encore ?

Toi-même, tu veux que les policiers n’ont qu’à me voit et puis ils vont m’attraper, me *sri ;

C’est ta plan non ?

Il est où ton Djablakus qui n’est pas garçon ?

 

 

 

 

Norbert

Chez Babette ! Elle habite l’autre rue ;

Je lui ai dit de ne pas s’amouracher et penser plutôt à garder les quelques sous qu’il gagne en travaillant pour notre vin quotidien au lieu de les donner à cette grosse truie

 

Kader

Faut pas insulter son femme même si c’est pute, *djandjou.

 

Norbert

Ce Dablakus aime se faire Babette et donc il ne peut qu’être allé chez elle ;

il devrait me laisser une bouteille dans notre cachette secrète ;

et je ne trouve rien alors que j’ai besoin d’essence, de force, tu comprends.

 

Kader

Blanc, saoulard tu es devenu voiture maintenant pour bois essence.

Moi je m’en va,

 

Norbert

Vais-je m’en vais

 

Kader

Va là-bas ! Va, Vais C’est quoi ?

Toi tu parles français plus que moi ?

Si tu veux non, il faut aller voir seul ton ami Djablakus avec son pute Tapette, boire son boisson aussi toi seul.

Je n’ai plus dedans.

 

Norbert

Poussière, tu redeviendras poussière, et déchets, ta place est dans la poubelle fut elle dorée. La vie est courte et il faut en profiter mon frère.

(Kader se résigne à le suivre et s’en va de son côté)

Oh ! Il est parti et puis il me laisse parler tout seul.

Si tu te fais prendre, ne m’appelle pas, ne dis pas que tu me connais, que tu as un ami, un frère qui s’appelle Norbert COUILLES ;

Je ne viendrai pas

 

 

 

RIDEAU

Petit Lexique Dioula et en  Nouchi

 

Pati sanganan

Expression dans la langue dioula pour exprimer un étonnement, une mauvaise surprise

 

Awoulaba

Expression pour designer une femme en chair, dune forme bien opulente.

 

Fitini

Expression en langue dioula pour dire petit, chétif

 

Kantanga

Expression en langue dioula pour dire que c’est dur, compliqué.

 

Seridaga

Expression en langue dioula pour designer une bouilloire

 

Gbanzan

Expression en langue dioula pour dire rien n’a été obtenu

 

Chôcô

Expression en nouchi pour qualifier la façon de parler des blancs

 

Allah ka diaman

Expression en langue dioula pour traduire l’action de mendier

 

Asta froulaye

Expression en langue dioula pour rejeter un mauvais sort

 

Oba oba

Expression en nouchi pour dire de quelqu’un qu’il se vante

 

Damangan

Expression en langue dioula pour dire que c’est rien.

 

Djandjou

Mot en nouchi qui veut dire pute

Prologue

 

Scène 1

 

Des poubelles sont alignées le long d’un trottoir d’une rue ; À coté, une bouche de métro ; L’éclairage du lampadaire est faible. Quelque chose semble bouger.

 

Kader

(Il se réveille et s’étire avec force)

Il fait froi de ; *Pati sangannan.

Quelle froicheur ! (Il souffle entre les mains)

Je n’ai jamais eu froide comme ça ; l’hiver sera chaude.

Je vas fouiller les sacs ; ils ont mis sur moi quand je dormais, eux sont trop méchants.

Comment une quelqu’un qui dort, on peut pas déposer à coté ;

Non, c’est sur moi, on voit pour metter.

Sacs-là, c’est gros aujourd’hui ;

(Il déchire un sac a poubelle, en sort des vêtements d’enfants et des jouets)

Blancs mêmes, c’est pas la peine ;

(Il montre au public)

Habits nouveaux comme çà, ils jettent.

Regarde jouets-là, ou c’est gâté ?

Je vas prendre pour donner mon petit au pays.

(Il sort un slip)

Slip dans poubelle !

Regarde encore comment c’est nouveau ;

Je vas laver pour donner à mon femme.

(Il le retourne dans tous les sens)

Mais c’est trop *fitini ; mon femme-là, son fesse  est trop grosse, *awoulaba. Ca va déborder, ça va pas rentrer

Bon je laisse lui.

 

Au fond de la salle, quelqu’un rentre et commence à parler. Il semble très fatigué et a le nez rouge.

 

Norbert

Bonjour monsieur ; bonjour madame.

(Il s’avance)

Excusez-moi de vous déranger.

Voilà quelque temps que je suis au chômage ;

Et par faute de moyens, je me suis retrouvé dans la rue sans femme et sans enfant.

 

Kader

Quel blanc qui est train de parler gros gros français là-bas pour m’emmerder ?

Je vas voir c’est qui.

Blanc qui parle trop comme çà, n’est pas clair ;

 

 

Norbert

Et quand on n’a pas de ressources, on n’a pas aussi de quoi payer le loyer ;

Et donc, on se retrouve le plus logiquement à la rue.

J’aurais donc besoin d’une pièce pour me compléter ce soir afin de dormir au chaud dans une chambre d’hôtel et pour manger aussi.

Aussi me contenterai-je d’un ticket restaurant ou d’un chèque et par votre geste, vous éviterez...

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