Les gérontes et le petit-fils du sage-voyant

NOUS SOMMES EN PLEIN MILIEU D’UNE GUERRE SANS MERCI? ATROCE ET SANGLANTE.
LE SAGE VOYANT DORT A PROXIMITé DE SON PETIT FILS QUI VENAIT DE PERDRE SON PERE
TRAITREUSEMENT éTRANGLé par les mains d’un groupuscule de sanguinaires activant en secret dans un pays limitrophe. AU-delà des frontières, ils guettent la délivrance à l’intérieur, un cessez-le-feu pour perpetrer l’assaut funeste et accaparer le butin de guerre. Sans état d’âme, ils trucident tous ceux et toutes celles qui prétendent faire barrage à leurs vils caprices. Leur dessin clairement obscur, leur miséricorde sans clémence ni coeur, s’emparer du trône à tout pris, afin de sévir sous pretexte de servir

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Les Gérontes et le petit-fils

du sage-voyant

 

Pièce de théâtre tragi-comique

Texte original

2025

de

Khider Ben si said

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« L’érudition seule ne suffit pas, il existe un savoir du cœur qui donne de plus profondes explications. Le savoir du cœur ne se trouve dans aucun livre, et dans la bouche d’aucun professeur, mais il grandit en toi comme la graine verte sort de la terre noire »                                                                                  

 

Carl Jung

 

 

Synopsis

 

Axel, ou le petit-fils du sage, est un jeune garçon qui, bien qu'il n'ait que quatre ans, a déjà acquis une grande indépendance. Depuis quelques temps, il se débrouille tout seul, explorant le monde avec curiosité et assurance, tout en conservant une touche d'innocence propre à son âge.

 

 

La maman d’axel, comme toutes les femmes du village, vit sous une tension constante, oscillant entre la peur, l’anxiété et la résilience. Son visage est marqué par l'inquiétude, témoignant d'une réalité difficile à accepter. La peur de l'inconnu, la peur de perdre ce qui reste de leur héritage et de leurs traditions.

 

Le bruit des combats évoque des souvenirs douloureux, et l'incertitude quant à l'avenir crée un sentiment d'impuissance. Cependant, malgré la terreur qui les entoure, elle s'accroche à l'espoir de jours meilleurs. Elle charrie son fils pendant le jour et, la nuit avant de dormir, elle lui narre un conte fabuleux de leur patrimoine.

 

Alors que le petit fils du sage voyant (alias Axel) s’endormait, brouillé par les échos lointains des batailles, son grand-père (le sage voyant) ressentait un frisson dans l’air. Il sentait que la paix ne serait qu’un leurre, un voile dissimulant des ambitions meurtrières.

 

Le sage se pencha près de son petit-fils, murmurant des paroles anciennes, des incantations qui transcendaient le temps et l’espace.

 

Echos du sage voyant : « Mon cher petit-fils, lorsque la douleur te ronge, souviens toi que

la lumière existe toujours. Même dans L’obscurité la plus profonde. Prépare-toi, car la nuit est encore jeune. »

 

Le sage voyant, rongé par l’inquiétude, retenait que la lutte allait être inévitable comme au temps du colon.

 

Quelques villageois, faisant face aux exactions des mercenaires, étaient forcés de partir, pour ne pas trahir leurs voisins et espérer survivre. Les rumeurs d’un assaut imminent circulant alimentant la colère et la méfiance dans les cœurs.

 

Axel, dès la première heure, éveillé, sentait la colère brûler en lui, alimentée par les récits des braves qui, malgré la menace, se levaient pour défendre leur terre.

 

Dans ses rêves, Axel, grandissant, était tourmenté par des visions de son grand-père, sa silhouette héroïque se faisant lentement engloutir par l’ombre. Un appel à la vengeance résonnait dans son cœur, un désir ardent de rendre justice. Les enseignements de son grand-père résonnaient en lui, lui insufflant le courage de se dresser contre l’oppression.

Avec une résolution farouche, Axel rassembla quelques compagnons éveillés à la dure réalité, formant une alliance déterminée à s’opposer aux tyrans.
Dans un élan de bravoure, ils forgèrent des plans pour contrer l’oppresseur, porteurs de l’espoir d’un avenir meilleurs. Même au cœur des ténèbres, la lumière de leur détermination brillait, promesse d’une renaissance à venir.

 

Mais l’aube de la victoire se lèverait-elle un jour sur leur horizon ? Les sacrifices consentis seraient-ils récompensés ? La lumière de l'espoir parviendrait-elle à percer les ténèbres qui les entouraient ? Et si la lutte s'avérait vaine, quelles conséquences cela aurait-il sur ceux qui osaient rêver d'une vie digne ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Personnages

 

Le SAGE VOYANT, vieux bonhomme prévenant à la stature éprouvée et majestueuse,

LE PETIT-FILS DU SAGE-VOYANT ou AXEL, orphelin d’un héros assassiné pour sa loyauté par des mercenaires habillés en guerriers pendant la guerre. Plus tard AXEL devient historien et agitateur politique face aux assassins de son père devenus les bourreaux de la plèbe.,

Les PIEDS-NOIRS, partagés entre ultras et modérés en partance vers l’hexagone,

LES FILLETTES ET LES GRAçONS PIEDS NOIRS, dans leur jardin,

Les ULTRAS-RIVAUX des PIEDS-NOIRS,

Le BOHEMIEN, ancien combattant éternel errant, engagé dans la lutte contre les tyrans.

Le SÉDENTAIRE, ancien combattant homme de bonne foi mais candide, ami séparé du BOHEMIEN.

La MAMAN d’AXEL, veuve tourmentée au passé douloureux,

IDRISS ou le fugitif, victime d’une société impitoyable, en dérive et des parents méchamment exigeant (futur chef terroriste.)

La MAMAN d’IDRISS, femme rigide, autoritaire et intraitable,

MEDHI, ami d’enfance du petit fils du sage voyant (AXEL),

ADEL, fils introverti d’un truand commis de l’état

Le CHŒUR,

BOUMBOUM, tyran espiègle et guide guidé depuis le proche orient, membre mentor de la tyrannie sévissant dans le pays.

FEU-AU-BOUT, porte-parole espiègle et fomentateur avec BOUMBOUM,

Les AUXILIAIRES, anciens maquisards convertis en truands hommes d’affaires,

Les DAF, (déserteurs de l’armée française) élus privilégiés de BOUMBOUM, et finissent pas prendre le pouvoir.

COLLE-AU-DOS, une des pièces maitresses des DAF. Un personnage sans état d’âme.

LE CHAT-BANNI, jeune colonel un des redoutables opposants à BOUMBOUM et ennemi juré des DAF.                                                                                                              

LE CHAT-DODO, successeur de BOUMBOUM naïf et moins charismatique.

BUDA, successeur charismatique de LE CHAT-DODO, ancien opposant exilé.

L’ANCIEN MIGRANT, agitateur politique ami du BOHEMIEN en exil. 

LES ENERGUMENES, du quartier (plusieurs VOIX RICANEUSES), 

LES FILLES ET LES Garçons, du Jardin de l’après-guerre.

ALDJA, l’épouse DE IDRISS future terroriste.

Le PERE DE ALDJA, un paysan conservateur

La SŒUR DE ALDJA, une jeune femme sans horizon.

Les CHEFS-TERRORISTES

LES NOUVELLES RECRUES DE L’ARMEE ISLAMISTE

LE JOURNALISTE d’une chaine étatique orpheline, honnie de la population,

ALYABASS, un hypocrite religieux instigateur avec son rival le général COLLE-AU-DOS, de la guerre contre les civils.

L’OCULISTE, DOCTEURE VERONIQUE LOUMYERE GRIYET

Le NEUROLOGUE, BELGE DOCTEUR VAN DER LEE NERVRIYET

Le PSYCHIATRE, DOCTEUR HENRI GAULLE DE FOFOLE

Le Présideneurisé TITUBE, un dernier des Mohicans qui ne se tient jamais debout.

Les ministreurisés, bande d’acolytes en fin de règne sous le Présideneurisé.

Le Comptableurisé, à la présidence-risée

Le ministreurisé, de l’information et de la communication à la présidence-risée.

ÉRIC, Un athée bienveillant, empathique, honnête et aimable

GYALTSEN, une jeune femme tibétaine, amie d’Éric et d’AXEL

Mme KHARYA, femme obscène représente la junte militaire au pouvoir,

MAC-ROUTE, indic du pouvoir

LE PHILOSOPHE, cadre exilé 

Le COMMANDANT H, ancien officier de l’armée, en dissidence et en fugue pour son témoignage compromettant sur les exactions et les crimes commis par ses supérieurs, contre la population.

Le PSYCHANALYSTE TAHAR, cadre exilé,

AMEL La PSYCHOLOGUE, Cadre exilé

BEL/K LE SOCIOLOGUE, Cadre exilé

ABDEL, Le poète romantique idéaliste. Artiste exilé.

SERINE, la JOURNALISTE. Cadre exilé

RACHEL, enseignante, cadre exilé

YOUSSEF, membre compagnons du mouvement de la  génération AXEL.

LILIA, étudiante, membre dissidente

FATIMA, membre dissidente, croyante émancipée ouverte sur le monde.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Avant-propos.

 

Au commencement était mon conte.

 

LE NARRATEUR. Une maison qui porte les marques d’une période troublée. Le paysage, autrefois serein, est désormais marqué par les cicatrices de la guerre. Des pierres sont déplacées, et des fenêtres, autrefois ouvertes sur la beauté de la nature, sont désormais barricadées. Des toiles de jute ou des morceaux de tissu sont utilisés pour masquer les ouvertures, créant une atmosphère de confinement et de peur omniprésente. La peur de l'inconnu, la peur de perdre ce qui reste de leur héritage et de leurs traditions. Le bruit des combats évoque des souvenirs douloureux, et l'incertitude quant à l'avenir crée un sentiment d'impuissance.

 

La maman d’AXEL, comme toutes les femmes du village, vit sous une tension constante, oscillant entre la peur, l’anxiété et la résilience. Son visage est marqué par l'inquiétude, témoignant d'une réalité difficile à accepter. Cependant, malgré la terreur qui les entoure, elle s'accroche à l'espoir de jours meilleurs. Elle charrie son fils pendant le jour et, la nuit avant de dormir, elle lui narre un conte du patrimoine.

 

La maman d'AXEL s'assoit sur un lit près de son fils, lui caresse doucement les cheveux et commence à lui narrer un de ses jolis conte de leur patrimoine.

 

  • Amachahou ! (1)

Par tous les temps, sur un mont escarpé de la Grande Kabylie, le petit Vréroche faisait paître son troupeau de chèvres. Un jour, le loup lui dévora sa biquette préférée. Vréroche en fut meurtri. Il rentra des pâturages les yeux inondés de larmes. Sa mère le consola et lui servit un couscous. Vréroche refusa d’y goûter. Elle lui prépara une bonne galette pour lui ouvrir l’appétit. Il la repoussa. Inquiète, elle fit des beignets. Vréroche en raffole ! Mais Vréroche, inconsolable, continua obstinément à refuser toute nourriture.

Excédée, sa mère ordonna au bâton :
—- Bâton ! Frappe Vréroche qui ne veut pas manger.
—- Non ! Non ! Vréroche ne m’a rien fait.

Face à cette désobéissance, la mère se tourna vers le feu.


—- Feu ! Brûle le bâton qui refuse de frapper Vréroche qui ne veut pas manger.
—- Non ! Non ! Le bâton ne m’a rien fait.

La mère ne baissa pas les bras et s’adressa à l’eau :
—- Eau ! Eteins le feu qui refuse de brûler le bâton qui refuse de frapper Vréroche qui ne veut pas manger.
—- Non ! Non ! Le feu ne m’a rien fait.

De plus en plus excédée, elle appela le veau :
—- Veau ! Bois l’eau qui refuse d’éteindre le feu qui refuse de brûler le bâton qui refuse de frapper Vréroche qui ne veut pas manger.
—- Non ! Non ! L’eau ne m’a rien fait.

Elle saisit le couteau et lui dit :
—- Couteau ! Tranche les oreilles du veau qui refuse de boire l’eau qui refuse d’éteindre le feu qui refuse de brûler le bâton qui refuse de frapper Vréroche qui ne veut pas manger.
—- Non ! Non ! Le veau ne m’a rien fait.

Elle en appela au forgeron :
—- Forgeron ! Brise le couteau qui refuse de trancher les oreilles du veau qui refuse de boire l’eau qui refuse d’éteindre le feu qui refuse de brûler le bâton qui refuse de frapper Vréroche, qui ne veut pas manger.
—- Non ! Non ! Le couteau ne m’a rien fait.

Elle commanda à la corde :
—- Corde ! Ligote le forgeron qui refuse de briser le couteau qui refuse de trancher les oreilles du veau qui refuse de boire l’eau qui refuse d’éteindre le feu qui refuse de brûler le bâton qui refuse de frapper Vréroche qui ne veut pas manger.
—- Non ! Non ! Le forgeron ne m’a rien fait.

Elle ordonna à la souris :
—- Souris ! Ronge la corde qui refuse de ligoter le forgeron qui refuse de briser le couteau qui refuse de trancher les oreilles du veau qui refuse de boire l’eau qui refuse d’éteindre le feu qui refuse de brûler le bâton qui refuse de frapper Vréroche, qui ne veut pas manger.
—- Non ! Non ! La corde ne m’a rien fait.

La mère enjoignit au chat de la voisine de croquer la souris :

— Miaou ! Avec grand plaisir, dit le chat qui s’avança vers la souris.

La souris prit peur et se dirigea vers la corde. La corde, à son tour, se dirigea vers le forgeron. Le forgeron se dirigea vers le couteau. Le couteau se dirigea vers le veau. Le veau se dirigea vers l’eau. L’eau se dirigea vers le feu. Le feu se dirigea vers le bâton et le bâton se souleva pour frapper Vréroche. Enfin, Vréroche se mit à manger. Il se régala des beignets, de la galette et du couscous. Depuis, il ne bouda plus aucun repas. Il devint si grand et si fort que jamais plus aucun loup ne lui dévora une chèvre de son troupeau !

 

—Mon histoire est partie dans les broussailles et moi j’ai dégringolé de la montagne !

 

 

 

Scène première

 

Le SAGE—VOYANT et son PETIT--FILS AXEL.

 

  • Le narrateur, Le sage-voyant un homme à la stature majestueuse, même éprouvé, se lève brusquement en sursaut. Sa silhouette tremblante se découpe dans la pénombre des nuits sans sommeil. Les draps sont éparpillés autour de lui, témoin d’un cauchemar qui l’a tiré hors de ses rêves. Dans un délire embarrassant, il gesticule avec ses mains luttant contre une force invisible comme pour arracher un être cher qu’on lui soustrait férocement d’entre ses mains. 

 

Non ne t’en vas pas ! lâchez-le ! assassin ! ne te laisse pas emmener ! Reviens ! ils vont te trucider ! 

 

  • AXEL se réveille en sautillement, sous l’agitation de son grand père qui dort à ses côtés. Les battements effrénés de son cœur font écho aux cris désespérés. Tiré follement et brutalement de son sommeil, il s’assoit, une lueur d’inquiétude dans ses yeux,

Grand -père ! grand père ! qu’est-ce-qui t’arrive ? tu as de la fièvre grand-père ?

 

  • Il agrippe une épaule de son grand-père cherchant à le ramener à la réalité, à fuir cette angoisse qui enveloppe leur espace. Le SAGE VOYANT encore effaré, les yeux troublés par des visions terrifiantes, soupir profondément tentant de calmer la tempête qui fait rage en lui,

j’ai fait un rêve mon fils ! J’ai fait un rêve !

 

  • AXEL, soucieux, le regard scrutant celui de son grand-père, cherche à comprendre la profondeur de l’angoisse qui l’habite,

Un rêve ? quel rêve grand-père ? un rêve effarant ! mais pourquoi cela ? c’est quoi ce rêve effrayant grand-père ? peux-tu me le narrer s’il te plait ?

           —Le SAGE VOYANT couvant de ses mains son petit-fils inquiet,

Oui, je vais te le conter mon cher petit-fils ! écoute-moi ! ô écoute ! Je vais te narrer l’ineffable. Mais, rappelle-toi bien, plus tard quand tu seras plus grand. Que ta mémoire ne soit, pour rien au monde, jamais souillée ! Mes jours sont comptés et je ne serai certainement pas là demain pour te le rappeler. Alors, garde le bien ancré dans ton esprit. Je vais devoir bientôt rejoindre ton brave père dans un monde où personne n’est assez puissant pour bafouer la justice. Ça serait bien mieux pour nous deux, là-bas, que de rester ici à nous infliger une débâcle des plus humiliantes… à assister, lâches et impuissants, à un déclin des plus déshonorants !

 

  • AXEL,

Non, ne dis pas ça ! tu ne mourras pas si tôt grand père ! tu n’es pas si vieux que ça ! je te promets, ton histoire, je la garderai bien ancrée dans ma tête, telle que tu me l’auras confiée ! je m’en souviendrai aussi longtemps que je suis en vie ! mais, ne me dis plus que tu vas mourir je t’en prie ! maintenant vas-y ! racontes-la-moi donc cette histoire ! c’est quoi cette lourde tragédie que tu tardes à me dévoiler et qui, déjà, me donne à tressaillir de tout mon corps ?

 

  • Le SAGE VOYANT raconte son rêve d’un ton grave, imprégné d’une tristesse et d’une désolation sépulcrales,

ô chair da ma chair, la voici l’histoire ! Une famille, frappée d’une malédiction, perdit ordre et équilibre. Ses membres se dispersèrent, chacun choisissant sa sphère, applaudissant un fou qui pénétrait dans leur maison. Le fou s’enfonça dans l’ombre d’une fête et n’en fit qu’à sa vilaine tête. Une seule pensée obsédait son esprit rusé et obtus. Le trône !

Il maquilla la division sous leurs niais et maniaques applaudissements. Il leurs a promis le droit chemin, l’idéal moral et le bon devenir dans la Servitude, l’hébétude, l’ingratitude, derrière l’alibi de couper court avec les turpitudes. Il fit trucider, l’un après l’autre, les anges qui veillaient sur nous (pause puis tristement) il s’est intronisé.

 

—AXEL, tenu en haleine, souffle :

Alors ! comment ça intronisé ?! aussi facilement ! personne n’a pu l’en empêcher ?!

 

Le sage voyant, Si, ils ont résolument et énergiquement entrepris de le repousser ! mais, après avoir vaillamment résisté à cette abominable embuscade, ils finirent les uns par s’exiler et les autres par se laisser convaincre, que le fou était proprement ce sage qui s’exaltait ostentatoirement devant cette foule de gens coriaces mais mêlées d’obséquieux, de dégoûtants et de serviles ignorants. Ces personnes godiches et autres capricieux se prosternèrent devant lui et honorèrent ses grimaces. Des mois puis des années passèrent. Une palanquée de foules parmi la peuplade, au départ indifférentes, devinrent à leurs tours bêtes et rejoignirent le troupeau. Ils se débarrassèrent de leur visage et mirent des masques. Ils abandonnèrent la modération et accueillirent l’orgueil, le fanatisme disciple de la tartufferie. Ils firent taire le contenu et avouèrent l’apparent. Ils enfouirent la sincérité et firent usage de l’artifice. Ils renoncèrent à la personne et allèrent fréquenter des fantômes.

 

AXEL, Mais où était donc passé le courage qui, comme tu me l’as souvent narré, leur permettait de renverser des montagnes d'injustices ? comment ont-ils pu changer après cela ?

 

Le SAGE VOYANT, Hélas, mon fils ! La peur, telle une brume épaisse, a obscurci leur jugement. Ils ont choisi l’égoïsme, abandonnant le lien sacré de l’amour et de l’esprit familial. Et dans le tumulte de leurs conflits, Ils ont laissé le pouvoir à celui qui voulait leur déchéance.

 

  • AXEL de plus en plus curieux et de plus en plus tramé,

Et le fou grand père ! Qu’en est-il advenu de ce fou devant toute cette scandaleuse attitude ?!!!

 

  • Le SAGE VOYANT tout rembruni,

Le fou, gâté par tant d’idolâtres arrivistes, avides, anciens lèches bottes et soutiens tourbe de clébards, étendit ses pouvoirs. Il enfila ses palmes, enfla les pénuries, réduisit les espaces et fit décliner l’artisanat… Il s’installa pérenne sur un divan tragiquement dérobé. Ensuite, dans ces temps où de plus grandes adversités sont occasionnées et combien même ovationnées, reproduisant de tristes et lugubres horizons, des membres oublièrent leur vieille bonhommie. Ils se braquèrent sur leurs ventres. Ils devinrent indifférents et complices même, devant une myriade d’horribles abus. La soumission et le silence, forcés ou consentis, passèrent pour une religion sainte et inviolable. Une épreuve de survie quasi insurmontable. Enfin, mon fils, le chaos était d’une telle extravagance que je n’ai pu m’y agripper pour rattraper la suite ! mais telle que je l’ai vu s’annoncer, ce fut une scène, je ne saurais mieux la qualifier, autrement qu’alors là, horriblement apocalyptique !

 

AXEL, grand père comment il convient d’agir quand les choses arrive comme dans ton rêve ?

 

LE SAGE VOYANT, Rappelle-toi, ô chair de ma chair, La force réside dans l’unité et l’amour. L’amour est plus puissant que n’importe quel trône ! Veille sur ceux que tu chéris, Ne laisse jamais la division s’installer, Car elle est la clef qui ouvre les portes de toutes les ruines, de tout déclin. Garde cette vérité dans ton cœur, et deviens le gardien de notre histoire, pour que jamais le mal ne s’insinue dans nos vies.

 

AXEL, ô grand père ! si seulement tu avais résisté à cet épisode ! Il aurait peut-être abouti à une issue heureuse ! Maintenant, il va falloir nous délivrer de cette diabolique et sanguinaire dévastation nuitard !

 

  • Le SAGE VOYANT en se lève, tenant son fils par l’épaule. Il quitte la scène en sa compagnie en articulant,

Oui ! tu as bien raison mon fils ! Allons dormir dans le couloir ! Il y a de mauvais esprits dans ce taudis maudit !

 

  • AXEL emboîte le pas à son grand père-

Oui… cette histoire me fait trembler grand-père, des pieds jusqu’à la tête ! C’est bien dommage ! je n’ai reçu aucun talent pour interpréter loyalement une pareille tragédie ! De plus, je ne suis pas censé jouer les cauchemars !

 

  • Le SAGE VOYANT disparaissant avec son PETIT-FILS

Laissons loin derrière nous ce cagibi ! ça soulagerait le restant de notre nuit ! sinon, elle demeurera effroyable m’est avis ! et je doute qu’elle ne débouche sur une éclaircie matinale ou qu’elle n’en découd avec sa semblable !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Quelques petites années plus tard

Le SAGE VOYANT s’éteint,

  • Passage d’une procession funèbre portant la dépouille du brave sage-voyant en répétant des vers du patrimoine kabyle célébrant la majesté du défunt

 

Le fondement de l’univers s’écroule,

Le monde est bouleversé,

La base sur laquelle il reposait,

Est, je pense

En ruine,

Nous les survivant,

Nous sommes dans une barque

A la surface des eaux,

Sans commandement et sans pilote (1)

Heureux celui qui repose sous ce sable

Les nouvelles de ce monde 

N’arrivent pas jusqu’à lui

Au moins,

il dort en paix

Nous sommes comme des bêtes de somme. 

Nous mangeons l’herbe

Qui pousse sur les fumiers (2)

        — Quelques mois après le décès du sage voyant 

 

Echo Je vous ai compris !

 

LE NARRATEUR, Nous sommes à l’aube d’une indépendance illusoire, un pays enfin libéré des chaînes d’une colonisation impitoyable et séculaire. Les pieds-noirs se préparent à quitter leur ville natale, terrassés par le poids d’une crise profonde. 

 

L’accord, soi-disant scellé entre les fougueux belligérants, promettait que les natifs vivraient libres citoyens dans leur pays de naissance, quelles que soient leurs cultes ou leur origine. Mais ces belles promesses ne sont rien d’autre qu’un mirage, une encre sur un papier qui se dissout dans la réalité.

 

L’annonce de leur départ vers la métropole est tombée tel un couperet pour les uns et une délivrance pour d’autres. Une rumeur bien plus que des mots, se propageant tel un feu de forêt dans les villes et les villages. 

 

Pour la plupart, il ne s’agit même pas d’un retour au bercail. Le pays qui les a vus naître ne leur est plus familier, et l’idée de s’embarquer pour une terre qu’ils n’ont jamais foulée, les remplit d’effroi. Ils sont des étrangers dans leur propre histoire, déracinés, désorientés.

 

Ensuite, rester ici, dans un pays où le pouvoir se voit pris par des militaires auto proclamée prônant l’idéologie arabo-islamique, et des chefs de guerre aux ambitions dénaturées, serait un suicide. 

 

Divisés entre deux héritages, ces futurs rapatriés vivent un cauchemar éveillé, hantés par la peur d’être rejetés, d’être considérés comme de misérables fichus migrants malvenus lorsque leurs pieds se poseront sur le sol hexagonal. Les nouveaux décideurs, étant eux-mêmes de l’herbette, engoncés dans leur ignorance, n’ont même pas cette clairvoyance ni cette conscience de discerner le bon grain de l’ivraie. Tous sont condamnés à fuir, à se débrouiller pour renaître ailleurs, dehors, loin de cette terre qu’ils ont tant chérie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Scène deux

 

Les rivaux ultras pieds-noirs et les ultras autochtones - les modérés en partance-les filles et les garçons du jardin de l’ère coloniale.

 

Intermède. 

 

(Les filles et les garçons du jardin — les modérés — les ultras rivaux)


LE NARRATEUR. La scène est peuplée d’ultras enflammés et de modérés prostrés, tous en partance. Ils portent valises, sacs et quelques précieux objets, souvenirs de leur ville natale. Dans ce climat de chaos, les garçons jouent aux billes, aux noyaux d’abricot, à la tchape et, tout aussi innocemment, les filles chantonnent en tournant en cercle tandis que d’autres jouent à la marelle.

 

Quand Janet, Janet, Janet allait aux fêtes,
Elle était bien si jolie,
Elle portait un chapeau de paille,
Un ruban de trois couleurs,
Blanc, bleu, rouge.

 

  • Une femme mûre et bien sage profondément affectée s’adresse aux petites-filles

Venez par-là, mes chéries ! Ce n’est plus la fête maintenant ! Vous allez toutes devoir rentrer chez votre arrière-arrière-arrière-grand-père aujourd’hui ! Janet, va porter son chapeau loin là-bas ! Vous ne la chanterez plus ici désormais. Vous en garderez un bien triste ou peut-être, qui sait, un bon souvenir !

 

Les ultras mettent le feu à la scène, vociférant et détruisant tout ce qui est à leur portée. Des voix s’élèvent, un mélange de fureur et de désespoir. Certains, abattus, demeurent aphones. D’autres, au contraire, hurlent leur révolte et saccagent tout.

Voix 1 — Allez ! On vous laisse tout, bande de bougnoules ! Détruisez bien ce que nous avons construit ! parce que vous n’avez que ça dans la caboche !

 

Voix 2 — Vous n’êtes que de piètres consommateurs insatiables, toujours en état de dépendance chronique !

 

Voix 3 — Voyez bien ! Nous avons transformé votre gourbi en un véritable palais de fée… Amusez-vous bien dedans !

 

Voix 4 — Vous le regretterez ! Ce palais s’effondrera sur vos têtes de gueux enturbannés. Quand vous l’aurez délabré, quand vous l’aurez transformé en une monstrueuse décharge à ciel ouvert, vous risqueriez, sans honte et frappés d’amnésie, vos vies et votre honneur, et vous serez à genoux là-bas, devant votre ennemi !

 

  • Voix modérée et pacifique de la dame mûre,

Faites attention à ce que vous dites ! choisissez bien vos paroles ! Soyons honnêtes et réalistes avec nous-même ! Ils ont fini par en avoir ras-le-bol. On n’a eu cesse de les rabaisser avec notre arrogance de civilisés propre à nous. Nous les traitions comme des sous hommes. Nous les avons privés de leur moindre droit. Nous avons spolié leur terre. Nous avons interdit leurs enfants de l’école. Nous avons exploité, jeunes et adultes, dans les mines de charbon et dans des guerres qui n’étaient pas les leurs… en voici le résultat ! (En écrasant une larme) ils ne veulent plus de nous !

 

  • Une autre voix féminine aussi attristée, aussi traumatisée mais un peu ou presque naïvement ultra elle aussi,

Et nous, qu’avons-nous fait pour nous chasser de notre terre natale de cette façon ? Nous destituer de notre identité ? C'est ici que nous avons vu le jour, et nous n'avons nulle part où aller ! N'avons-nous pas été des voisins paisibles et généreux ? N'avons-nous pas partagé tant de douceurs et tant de peines, les joies comme les dépits, même au cœur des conflits ? les délices et les afflictions ? Pourquoi cette injustice alors ? en pleurant « pourquoi ce crime ? »

 

  • (Elle délire parlant dans le vent comme une possédée s’adressant aux autochtones)

Nous sommes, nous aussi attachés et bien ancrés à ce sol et la guerre ce ne sont pas nous qui vous l’avions faite. Et le respect qu’on se manifestait mutuellement, vous l’avez déposé où ? Voyez, voyez comme c’est affreux de mettre tout le monde dans le même panier ! Non ! Comme vous le dites si bien d’ailleurs « Kaci meure ici » Moi je ne partirai pas d’ici ! Désormais, je resterai à vie, plantée ici !  D’ailleurs, dorénavant je ne suis plus Lucie, vous devriez tous et toutes m’appeler Kaci. Et je ne le dirais jamais assez, je resterai ici ! vous, par contre, cassez-vous si vous voulez casser ! allez, cassez-vous d’ici !

 

  • De l’autre côté de la scène, des ultras du camp adverse ripostent aux ultras rivaux en vociférant à leur tour

 

Voix 1 Bon débarras ! la valise ou le cercueil ! et ne revenez surtout pas ! Si seulement une telle idée effleure intentionnellement vos têtes de taris, on sera encore là pour redoubler de férocité !

 

Voix 2 le couteau sur la gorge ! et des couffins partout ! - Ronchonne un autre - Bande de criminels ! pillards ! pirates ! assassins ! vous ne règnerez plus sur nous ! On ne vous regrettera pas ! nous vous avons chassé de notre terre car vous êtes des monstres immondes ! de piètres spoliateurs qui se croyaient tout permis parce que pseudo-civilisés !

 

 Voix 3 cette forteresse, vous l’avez bâtie sur des rivières empourprées de notre sang versés par vos mains sanguinaires ! Allez, maintenant, partez ! on a hâte de vous voir disparaitre comme ça, comme de la poudre désagrégée dans l’air par un vent impétueux et irrésistible ! ce sont nous ce vent !

 

Voix 4 on vous les déposera là-bas ! où sont vos valises ? je m’inquiète ! allez, prenez vos caisses et partez vivants ! Autrement, on ne vous le répétera jamais assez !

 

  • La scène se fige dans un mélange de chaos et de désespoir, chaque personnage incarnant la tragédie d’un avenir incertain, tandis que le tumulte des voix résonne dans l’obscurité grandissante...

 

 

 

 

Scène trois

BOUMBOUM au-delà des nuages

 

LE NARRATEUR, D’avion en avion, au-delà des nuages, BOUMBOUM et sa clique survolent TUNIS, DAKAR, LE CAIRE, OUJDA, où, au frais de la princesse, ils séjournèrent de longues années durant, toute la période des combats.

 

Au cœur de la ville des pharaons, BOUMBOUM fréquentait un bar situé entre une mosquée et un institut de théologie de grande renommée. Il y étudiait en roulants ses cigares et en sirotant ses bières dans une ambiance de détente, profitant d'une boisson entre amis dans des moments de relaxation. Pendant ce temps, ses soi-disant frères, tombaient comme des mouches, sous les balles, la guillotine et la torture. 

 

Nous sommes vers la fin à Oujda, l'une des villes envoûtantes d'un pays emblématique de l'Afrique du Nord. BOUMBOUM, attablé, est entouré de son clan, se préparant à la ruée vers le sacre. L’impatience de retourner au bercail sur des chars et une artillerie lourde, acquise par des moyens détournés, le consume. C'est un conspirateur, un envieux, un revanchard, au caractère bestial et, on ne peut plus opportuniste.

 

  • Croisant ses pieds, BOUMBOUM s’adresse à ses alliés

L’instant fatidique, tant espéré, est enfin à nos portes ! La délivrance, le retour tant attendu, est désormais une réalité. Le pays nous appelle !

 

  • Son porte-parole FEU-AU-BOUT

Cela est vrai ! Nous devons répondre présent à l’appel de notre chère patrie.

 

BOUMBOUM, Nous assaillirons la frontière au petit matin. L’armée, main courante, nous attend là-bas, prête à accueillir notre raid. Tout est préparé pour notre succès. Un échec serait fâcheux, inadmissible. La balle est dans notre camp !

FEU-AU-BOUT, Le passage de la frontière est assuré, nous ne saurions connaître le revers ! Le peuple est derrière nous, entier et solide.

 

BOUMBOUM, Les véritables guerriers, ceux qui comptent, se légueront à nos côtés. Nous frapperons nos rivaux et nous leur porterons un coup fatal. Notre stratégie, farcie d’un discours percutant, saura séduire la peuplade. Bientôt, nos partisans, se comptant par millions, nous porteront en triomphe, sur leurs épaules, dans une célébration terrifiante et féérique.

 

FEU-AU-BOUT, Il faudra faire preuve de fermeté devant nos ennemis jaloux, tout en étant éloquents et charmeurs dans nos slogans pour berner nos suiveurs aimables, serviables.

 

BOUMBOUM, Nous devrons sortir le grand jeu contre les récalcitrants qui, sans aucun doute, finiront par capituler face à notre force.

 

FEU-AU-BOUT, Notre discours est jalonné de tournures envoûtantes, résonnant comme une mélodie mélancolique et nostalgique, tantôt vexante et tantôt enchanteresse dans les cœurs de nos adorateurs. La danse s'exécutera sur une toile de joie teintée d’une heureuse tristesse, une soumission digne, libre, et parfaite. On va rationaliser les paradoxes et châtier les hétérodoxes !

BOUMBOUM, Nos propos sont doux comme le miel, mais nos mots les plus tragiques créeront cette coexistence confuse entre bien et mal. La démocratie, le respect des libertés individuelles et collectives, la victoire et l’avenir radieux de la oumma arabe, l’agriculture, les infrastructures, la culture, et puis l’héritage historique et notre foi en Dieu pour leur clouer le bec — voilà nos mots d’ordre pour rallier la majorité à notre cause.

 

 

  • Un de ces mordus fanatiques de la mouvance islamo-arabo-baathiste

Deux mots suffisent pour embraser et éteindre les foules à la fois ; « arabité et islamité. » En synchronisant ces deux valeurs, que l’on a toujours associées à l’honneur et à la dévotion, ils verront grandes ouvertes les portes de notre palais… ainsi que celles du paradis qu’ils convoitent. Ils viendront à nous. Nous jouerons les plantons. Les hérétiques n’ont pas leur place au paradis, notre foi les expédiera en enfer. Dieu n’aime que ceux qui croient en lui ! il faut rêver de lui faire changer d’avis !

 

BOUMBOUM, le rêve est un délire dangereux, source de beaucoup de compromettants et indignes dérapages. La loi interviendra pour calmer le noctambulisme diurne ou nocturne. La plus part des rêveurs ne savent pas où marcher, inconscients, ils vont casser toutes nos porcelaines. On n’aura plus rien à présenter dans nos boutiques idéologiques.

 

FEU-AU-BOUT, ils doivent rester confinés chez eux, figés dans leur destinée, peu importe les épreuves que nous leur infligeons. De plus, nous partageons la même foi. Quiconque hétérodoxe, osera contester nos paradoxes, sera impitoyablement réduit au silence... et nous avons amplement de moyens à notre disposition, sans oublier les sourates nécessaires pour justifier nos actions (pause) et les hadiths aussi. Nous avons des Cheikhs à notre usage pour en inventer au cas où la rhétorique tombe en panne. La religion justifiera tout pour nous. C’est un de nos défenseurs le plus souverain.

 

  • BOUMBOUM et son clan se préparent à leur sinistre dessein, prêts à plonger dans le chaos et l’effusion de sang qui s’annoncent. 

 

 

 

 

 

 

L’assaut

 

LE NARRATEU, BOUMBOUM, entouré de son clan, observe le chœur qui se faufile en zigzaguant parmi eux, débitant des vers qui résonnent comme un funeste présage. Le chœur, tel un souffle collectif, annonce au public la triste nouvelle de la prise de pouvoir par cette bande d'espiègles détrousseurs.

 

Chœur,

 

BOUMBOUM à l’attitude sauvageonne,
Rentre de son exil,
Depuis ses chars il ordonne,
D’assiéger toutes les villes.

Par un discours monotone,
Il séduit quelques civils,
Mais la majorité entonne,
Tu te cachais où, pègre vile ?

Ne pense pas que tu nous impressionnes,
Tu n’es qu’un prétentieux débile,
Mais il prit l’arme et actionne,
La gâchette sur des viriles.

Et les gueux DAF époumonent,
Vive BOUMBOUM le subtil,
Il s’emparât de la couronne,
Trucidant des gens tranquilles.

Il s’est entouré d’une milice,
D’anciens vendus,
Et l’espérance matrice,
Chez les masses a fendu.

Toutes désormais,
Vont dépendre de lui,

Lui seul sait,
Et le clan qui le suit.

Ainsi accéda-t-il au trône,
Et fit des choix sélectifs,
Et depuis lors il bourdonne,
Des mots répétitifs…

 

Le chœur, après avoir délivré son sombre message, s’évanouit dans l’obscurité, laissant BOUMBOUM et son clan, figés, comme pétrifiés par la puissance de cette vérité révélée sur eux.


Scène quatre

La guerre contre la Kabylie

 

Lumière aveuglante

 

LE NARRATEUR. BOUMBOUM – ses auxiliaires – les ralliés (anciens maquisards devenus de truands hommes d’affaires et, auxiliaires de la junte arriviste) – les DAF (déserteurs de l’armée française) au service du clan BOUMBOUM.

 

  • Quelques instants après le départ des forces de l’occupation. La scène est vide. Au fond, une porte entrebâillée d’une bâtisse où campent les miliciens putschistes.

 

BOUMBOUM, sortant sa tête de l’entrebâillement de la porte laissée par de fougueux belligérants, scrute, les yeux écarquillés, exorbité par la malice, sa tête se tournant dans tous les sens comme un radar. Il veut s’assurer que la scène a été bel et bien déminée par les torrentueux rivaux, pour se permettre l’assaut fatal. Finalement, il entre avec ses sacripants, s’attaquant à la triste demeure. Ce jour où l’on croyait avoir irréversiblement libéré la ville de ses vieilles chaînes, la décrépitude était venue déconfire la hardiesse et renverser le triomphe des braves. »

 

 

 

 

 

 

Au même moment,

 

  • Intermède 

 

Les garçons et les filles de l’indépendance jouent des jeux rappelant avec exactitude, ceux récents des filles et des garçons de l’époque coloniale.

 

Scènes joyeuses et enflammées.

 

Des garçons joyeux jouent aux cerceaux, à la tchape, aux billes, aux noyaux d’abricot. Des filles ravissantes, émerveillées, se regroupent. Les unes jouent à la marelle, tandis que les autres chantent innocemment des airs glorieux que ce jardin féerique leur a bien gardés en âme vivifiante

 

Quand Janet, Janet, Janet,
Allait aux fêtes,
Elle était bien si jolie,
Elle portait un chapeau de paille,
Un ruban de trois couleurs,
Blanc, rouge, vert.

 

 

 

 

Scène cinq


Lumière.

 

La scène est consacrée à BOUMBOUM et son armée. Derrière le rideau, il s’adresse à ses alliés complices d’une offensive lâche et honteuse.

 

BOUMBOUM, La porte est bel et bien ouverte ! Les belligérants se seraient enfuis dès qu’ils ont eu vent de mon arrivée ! Entrons ! Vite ! Faites attention ! La couleur du drapeau a changé, et l’hymne aussi !

 

FEU-AU-BOUT, C’est vrai ? Vous le connaissez, vous le nouvel hymne ?

 

BOUMBOUM, Je ne sais pas, on va le découvrir après ! Si l'idée vous vient de chanter, ne chantez pas ! sinon vous allez vous tromper et nous allons être démasqués ! Suivons ce vent en poupe qui souffle dans notre direction ! Il nous portera droit vers le palais royal ! Soyez vigilants ! La main invisible dont j’ai parlé s’emmêle déjà dans les coulisses, et bientôt, nous allons la tailler en miettes.

 

Les DAFs en chœur, À l’assaut ! Vive l’indépendance ! Vive la liberté ! Vive la justice ! Mort aux séparatistes ! BOUMBOUM ! BOUMBOUM ! BOUMBOUM !

 

BOUMBOUM feint l'inquiétude face à la rapide reconversion et l’adhésion totale des déserteurs de l’armée coloniale à son complot. Avec une fausse appréhension, il interroge son porte-parole à leur sujet pour s’assurer du jeu.

 

 

As-tu vu comme ils me scandent déjà ? J’ai à peine ouvert la bouche et eux viennent juste d’arriver !!!

 

FEU-AU-BOUT, N’ayez crainte ! Ces gens-là vont nous servir comme ils ont servi les colons ! ils savent le faire à la Bacchus ! C'est un vieil héritage de père en fils, depuis une ère bien lointaine. Ils se sont toujours offerts partout. C’est dans leur sang d’être obséquieux, esclaves de luxe, en retour de quelques bas privilèges qu’ils savent manigancer à leurs galons !

 

BOUMBOUM, C’est qui Bacchus ? C’est un opposant ?

 

FEU-AU-BOUT, Un peu ou presque ! c’est un opposant genre COLLE-AU-DOS ! un DAF de l’époque romaine ! Il a livré Jugurtha en chair et en os à l’armée de Giulio César. Ce fut un DAR au lieu d’un DAF, Défenseur de l’Armée Romaine.

 

BOUMBOUM, Tu es fort en géographie FEU-AU-BOUT ! tu n’arrêtes pas de m’étonner !

 

FEU-AU-BOUT, Non c’est de l’histoire ! çà, ce n’est pas de la géographie !

 

BOUMBOUM, Ah, bon ! Jugurtha, ce n’est pas de la géographie ? Et GIULIO CESARI ! ça aussi, ce n’est pas non plus de la géographie ?

 

FEU-AU-BOUT, Non ! c’est l’empereur romain qui a capturé Jugurtha des mains de ce Bacchus ! il l’a laissé mourir de faim et de sévices dans une prison célèbre à Rome !

 

BOUMBOUM, Dans ce cas alors, ce serait moi l’empereur romain dans cette géo ah, j’allais dire dans cette histoire bien ficelée ! et ce Jugurtha ? C’était aussi un esclave !!!

 

FEU-AU-BOUT, Non ! Jugurtha, c’est comme LE CHAT-BANNI et ses compères. JUGURTHA, c’est un CHAT-BANNI des temps romains.

 

BOUMBOUM, ça alors ! je ne veux pas de Jugurtha dans mon effectif (pause) ni de ses compères ! Nous ne recrutons que de braves Bacchus qui sauront nous livrer des Jugurthas !

 

FEU-AU-BOUT, Pour ne pas se mentir, bacchus c’était COLLE-AU-DOS de l’époque romaine.

 

BOUMBOUM, COLLE-AU-DOS ? c’est qui alors ?!

 

FEU-AU-BOUT, c’est Bacchus en chef mais de notre époque ! c’est lui qui nous livrera les JUGURTHAS et tous ceux qui sèment la zizanie !

LE NARRATEUR. On entend souffler un vent furieux, accompagnant un écho du jeune colonel LE CHAT-BANNI, redoutable opposant à BOUMBOUM.

 

  • Échos du CHAT-BANNI

 Ils se plantent, comme vous, là où ça engrange des dividendes et des postes de commande ! Ils aiment, comme vous, s’aplatir à d’indignes honneurs, se tâcher de sordides promotions, tout ça en simulant la loyauté et l’héroïsme. Comme dans un théâtre !

 

  • BOUMBOUM fou furieux

 Vous avez entendu ?! Ô mon Dieu ! Vous avez entendu, je vous dis ?

 

FEU-AU-BOUT ? Entendu !!! tu as entendu quoi ?

 

BOUMBOUM, Ce que je viens d’entendre ?! l’insolent qui vient de parler ! quelqu’un se cache derrière ce rideau. C’est Jugurtha ! C’est à vous ou c’est à moi qu’il s’adresse ?

 

FEU-AU-BOUT, Non c’est LE CHAT-BANNI notre ancien allié !

 

  • BOUMBOUM s’inquiète

c’est du pareil au même ! que veut-il ? n’avez-vous pas dit que ce CHAT-BANNI est le Jugurgutha de notre époque ?

 

FEU-AU-BOUT, Il veut la peau des COLLE-AU-DOS et la nôtre avec ! en plus ce n’est pas Jugurgutha, c’est Jugurtha ! ce n’est pas le bon moment de Jugurguter !

 

BOUMBOUM, les COLLE-AU-DOS !!! C’est qui encore vos COLLE-AU-DOS ?

FEU-AU-BOUT ce sont les Bacchus modernes ! Ils choisissent toujours le camp des Giulio César. COLLE-AU-DOS c’est un de leurs représentants, leur symbole !

 

BOUMBOUM, Encore ! et c’est qui lui Giulio César ?

 

FEU-AU-BOUT, Lui ? c’est un peu de vous et un peu de nous ! on se départage la proie ! 

 

  • L’écho du CHAT-BANNI revient,

Ils adorent être dominé pour le pouvoir que leur confère leur dominateur de dominer d’autres à leur tour. Et vous comptez bien faire cela avec nous, n’est-ce pas ?

 

  • BOUMBOUM, déconcerté, s’adresse de nouveau à son porte-parole

Vous avez entendu FEU-AU-BOUT, comme ce vent insiste ? C’est une atteinte à la souveraineté de l’État ! Déjà ?! ça commence à déranger ! déjà des jaloux ! je l’ai bien subodoré ! Quelqu’un serait en train de fomenter contre nous et voudrait nous surprendre ! il nous suit et je le vois partout ! Je crains que ça ne soit quelqu’un de ceux-là qui me scandent à chacune de mes apparitions ! ces Bacchus comme tu les appelle. Ah ! j’ai des doutes !

Pensez-vous que ce soit une aubaine pour nous de recruter des gens de la lignée des Bacchus, comme ça ? S’ils sont au service du plus fort, c’est-à-dire, imaginez que moi, Giulio César, je tombe malade, ils vont se retourner contre moi ! je n’aurai même pas droit à un paracétamol ! Mais bien sûr, une fois affaibli, II vont balancer dans le camp adverse ! si la situation s’inversait en faveur de… comment il s’appelle déjà…

 

FEU-AU-BOUT Jugurtha !

 

BOUMBOUM Ah, oui ! Jugurtha ! Ils retourneraient l’arme contre moi.

 

FEU-AU-BOUT Bacchus au côté de Jugurtha !!! cela vous ne pouvez même pas le rêver dans un sommeil ! il souffle un vent sonore BOUMBOUM. C’est peut-être lui qui vous rapporte ces horribles et fausses informations ! Non, ne délirez pas ! les Bacchus ont intérêt à nous servir. Leurs ennemis, je veux dire les prétentieux Jugurthas de notre époque, leurs jurent vengeance.

Ce n’est pas possible qu’ils nous tournent le dos. Qui les protégera après ? Ils sont entre le marteau et l’enclume. Il y a zéro espoir qu’ils s’allient ailleurs si ce n’est qu’à nous. Honnis de la population, et les soi-disant Guerrero. Les tartares qu’ils ont tant servis, tant vénéré, les ont foutus à la porte, ils sont abandonnés à leur piètre sort. Ils ne sont rien sans nous aujourd’hui. Notre ennemi ne se liera jamais à eux. Vous pouvez en être sûr ! et nous, nous avons besoin du savoir qu’ils ont acquis au service de l’armée coloniale pour asseoir les fondements de la nôtre toute neuve et toute sophistiquée grâce à leur apport.

 

BOUMBOUM, Encore ! les tartares !!! c’est qui ?

 

FEU-AU-BOUT, C’est le vieil occupant !

 

 

BOUMBOUM, Désormais, on est cerné de partout ! Il faudra d’abord que j’ouvre une enquête !

 

FEU-AU-BOUT, Contre le vent !!!

 

BOUMBOUM, Non, contre celui qui se cache derrière le vent ! vous croyez que c’est le vent

qui a parlé ?

 

  • FEU-AU-BOUT en driblant

Je ne sais pas ! Cela pourrait être le cas ! N'ayez crainte ! Le vent ne parle pas, il souffle ! Vous semblez redouter les nouvelles recrues ‘pause’ et le vent avec. Vous oubliez que nous sommes les seuls à leur offrir l'occasion d'échapper au spectre de la vengeance qui les guette immédiatement. C’est plutôt une cerise sur le gâteau d’avoir avec eux un ennemi et un idéal commun. C’est le vent que vous redoutiez qui nous envoie les Bacchus ! en plus à l’époque il n’y avait qu’un seul, maintenant ça foisonne des Bacchus ! pour nous, c’est un Bonus !

 

  • BOUMBOUM toujours en proie à son appétit d’opportuniste insatiable.

Soit ! Soit ! si cela est vrai, ça devrait confirmer l'adage selon lequel « l'ennemi de mon ennemi est mon ami. Mais pensez-vous que cela soit possible de notre temps ? ou qu’il faille aussi se méfier des adages ? sinon, de pareils Bacchus, je les veux bien dans mes rangs ! surtout que c’est moi Giulio César dans cette histoire, ça ne peut qu’être logique !

Comme on dit, l’histoire est un éternel recommencement !

FEU-AU-BOUT, Il faudra qu’on leur donne des ailes, afin qu'ils puissent s'élever avec le vent qui vient de vous parler. Notre dictature est la plus moderne et est la plus séduisante que l'histoire ait connue. Les adages de nos rivaux peuvent être dangereux, ils en connaissent beaucoup, mais ils ne nous mettront pas à genoux. Au contraire, nous pourrions nous en servir à notre guise pour nourrir la violence nécessaire au maintien d’un état souverain héritier de notre combat pour les libertés individuelles et les libertés collectives. Nous saurons les contrecarrer et les tourner à notre avantage adaptant chaque adage à la circonstance qui lui convienne pour l’honneur de nos camarades tombés au champ d’honneur !

 

BOUMBOUM, C’est bien raisonnable. Cela commence à me paraître fort juste et plus

judicieux les paradoxes !

FEU-AU-BOUT, Ne soyons pas maladroits. Accueillons-les pour renforcer nos rangs. Leur soutien nous reviendra d’un profit inestimable. Nul ne pourra nous disputer le trône. Faisons preuve de générosité envers eux !

 

BOUMBOUM, Ah, oui, en effet ! Je vais dès lors, promouvoir tous ceux et toutes celles qui puissent servir de rempart contre l’invasion des Jugurthas. Les Bacchus, je vais leur accorder le soin de commander l’armée. Je ne veux ni passifs ni craintifs dans mes rangs ! J'ai besoin d'hommes vigoureux, créatifs, audacieux, actifs et sur la défensive. Comme Bacchus chez moi, Giulio César ! La ruse est essentielle pour moi... comme en temps de la guérilla. La plèbe jubilera devant notre éloquence et notre détermination à consolider son triomphe auquel nous avons collaboré pendant la guerre !

 

LE PORTE-PAROLE, Collaboré !!! pendant la guerre !!! Laquelle ?

 

BOUMBOUM, Celle qu’on n’a pas faite, je voulais dire celle qu’on a faite derrière les bâches diront nos ennemis, les ingrats et parmi eux le désormais vieil ami LE CHAT-BANNI ! Jaloux de tout ce des défis et des échelons que nous gravions ! Allons de ce pas le chasser ce gueux avec ses alliés avec !

 

Contexte, La tension monte sur scène, alors que BOUMBOUM, pris dans un tourbillon d'incertitude, scrute son entourage, craignant que le vent de la révolte pourrait bien tourner contre lui.

 

LE NARRATEUR, A l'apogée de la Kabylie, là où s'épanouissent les vestiges d'un ancien maquis, la beauté résiliente des paysannes se heurte à la brouille cruelle des maquisards. BOUMBOUM, figure de tyrannie, dirige une armée d'anciens camarades, désormais devenus des voyous de hauts rangs, aux côtés des DAF.                             

A l’instant où ces courageuses paysannes s’éclipsent, leurs voix s’élèvent sur un air vivifiant, célébrant l’amour et les joies mondaines devançant la tragédie.

 

Intermède

 

  • Des femmes kabyles, traversent la scène, fredonnant des chants joyeux de la Kabylie.

 

O toi, de qui j’ai multiplié la joie,

Viens et réjouis-toi avec moi,

Rends-moi la joie que je t’ai donnée,

Depuis longtemps, depuis si longtemps,

Nous étions dans les champs de l’ombre,

Mais voici que l’astre vient de naitre,

Déjà se répand sa lumière,

La lumière de la pleine lune (1)     

Elle est tombée dans la danse,

Nul de nous ne sait son nom,

Une amulette d’argent,

Se balance entre ses seins,

J’ai vendu pour elle,

Un champ d’olivier,

 

Elle s’est jetée dans la danse,

Anneaux tintant à ses chevilles,

Avec des bracelets d’argent,

J’ai vendu pour elle,

Un verger de pommiers

 

Elle est tombée dans la danse,

Sa chevelure s’est échappée,

J’ai vendu pour elle,

Mon champ de cerisiers,

 

Elle s’est jetée dans la danse,

Un sourire la fleurissait,

J’ai vendu pour elle,

Tous mes orangers.    (2)  

 

 

 

Scène six

L’affront

 

L’arrivée des combattants, poussés par le devoir de défendre leur territoire, se teinte d'une effusion de sang, prélude à une tragédie inéluctable. Les tyrans s’avancent, drapés dans leur arrogance.

 

BOUMBOUM, Hâtez-vous, braves soldats ! Nettoyez cette scène ! Rendez hommage aux martyrs initiateurs de notre nouvelle république démocratique et populaire, À nos compagnons d’arme qui ont offert leur vie pour les libertés individuelles et les libertés collectives, tirez sur tout ce qui vibre ! Aucune âme ne doit échapper à la purge ! Nous avons la chance d’avoir un dieu à nos côtés, Nous vaincrons le diable à nouveau !

 

Des tirs résonnent, déchirent la nuit, des corps s’effondrent dans un ballet tragique, les morts se comptent par dizaines, parmi les justes. Des soldats Kabyles, l’âme alourdie, pénètrent sur scène, traînant les cadavres de leurs frères d’armes, chantant le mauvais sort.

 

Chant Kabyle par les maquisards.

 

Ma mère,

Ô ma mère très douce,

Mon esprit est tordu comme un sarment,

Quand je me suis éveillé à moi-même,

La foule était déjà dispersée,

Et j’ai connu ma solitude,

Derrière les montagnes

Le soleil est tombé,

Vers le passé

Les ponts sont coupés. (1)

 

Le surlendemain de la purge

 

Lamentations de deux paysannes chacune sur la tombe de son mari martyr.

 

Première voix.

 

Mon cœur est toujours malade,

Malade à cause des hommes de mal,

Ils se glorifient des œuvres des autres,

De cuivre vil,

Ils fondent des bijoux d’argent,

Ils ne plantent pas,

Ils déracinent (2)

 

 Deuxième voix

Voici que mon cœur est couvert d’ulcères,

Pour d’autres blessures il n’y a plus de place,

Les sources de ma vie sont taries,

Nous nous aimions par-dessus tout au monde,        

Nous étions soudés l’un à l’autre,

De la trahison nos cœurs fuyaient l’ombre,   

Mais tel est le vouloir des anges,

La malédiction est inscrite sur mon front,

Aurais-je détruit un sanctuaire ? (3)

 

Scène sept.

 

LE NARRATEUR, Le lendemain de la purge des insurgés, BOUMBOUM se tenait là, contemplant le sol qu'il revendiquait avec une ferveur tumultueuse. Sa détermination était palpable, prête à affronter quiconque oserait s'opposer à lui, car toute résistance était perçue comme une menace envers les intérêts d’une caste et d’infime peuplade déjà à la solde sous le joug des dirigeants, dont les DAF faisaient partie intégrante et quasi - dominante.

      — S'adressant à son public, BOUMBOUM déclare

Grâce à ton dévouement, à ton attachement sans faille, ô peuple de tous les miracles, parmi tous, nous avons déjoué l’infâmie d’un groupe d’insignifiants sans culte ni origine. Je tiens à saluer l'esprit indomptable de nos guerriers, qui ont infligé à nos ennemis une défaite cuisante et mémorable. Nous avons été plus forts et plus vigilants ! Le nombre de victimes dans leurs rangs témoigne de notre puissance inébranlable.

Qu’ils brûlent en enfer. Notre pouvoir est inaltérable, notre langue inimitable, notre voie inévitable, notre demeure imprenable. Notre résolution à protéger la populace de ces vautours qui planent à ras de notre ciel est la seule voie viable, et elle demeurera intacte jusqu'à ce que justice soit rendue aux contribuables."

"Il reste quelques voix dissidentes, quelques esprits égarés qui s'accrochent à leurs mauvaises habitudes et refusent de se joindre à notre noble cause. Nous leur avons offert la chance de survivre, mais ils ont choisi l'anathème. Par conséquent, ils ont été maudits à jamais. Ils ont rejeté notre clémence, car ils désirent que nos chemins divergent. Eux, ils souhaitent vendre cette citadelle aux enchères, tandis que nous aspirons à redonner vie à cette terre mourante."
"La tâche de déloger ces traîtres vous a été confiée, ô gens courageux et virils, vous avez accompli votre devoir avec une discipline digne des successeurs de nos martyrs, vous êtes les héritiers de la révolution et gardiens de notre patrimoine plusieurs fois séculaire. C'est la promesse tenue envers nos frères d'armes ! Comme vous le voyez, ayant succombé aux combats, ils ne sont plus parmi nous"

 

  • À ces mots, les DAF échangent des regards moqueurs, tandis que BOUMBOUM, feignant d'essuyer ses larmes de crocodile avec son jouet en mouchoir, continue de sévir, 

Qu'ils soient fiers de nos exploits et de l'avènement de notre nouvelle république démocratique et populaire, avec les libertés collectives et les libertés individuelles sur lesquelles nous nous sommes mis d’accord et pour lesquelles ils sont tombés en martyrs attachés à leur sol... ces libertés leur appartiennent aussi.

 

  • Ovations délirantes des partisans de Boumboum

 

BOUMBOUM pète.

 

D’autres ovations retentirent, et BOUMBOUM, dans un geste théâtral, laissa échapper un autre éclat sonore, accueilli par un autre tonnerre d'applaudissements. 

 

 

 

 

 

 

Chœur

 

Des personnages censés être en mutation, 

Déambulent autour d’un jardin. 

LE CHAT-BANNI un jeune en ébullition,

Accoste d’un geste soudain,

Des vieux de la révolution,

Hé, vous-là ! 

Braves maquisards,

Vous êtes-là, assis 

Sur vos bancs tous peinards

Et n’êtes même pas au courant !!!

Des derniers événements…

Ses amis du maquis le coupent et lui ripostent, 

Justement nous venons de l’apprendre sur ce poste ! 

Vous parlez de la purge Kabyle ?!

Nous l’avons bien su et sommes restés immobiles !

Nous sommes tous des lâches enfin,

Nous avons laissé faire un piètre faquin,

À l’heure de la guerre il partit bien loin,

Et de sa personne il prit bien soin,

Il attendit le temps que revienne le calme,

Et pour s’introniser il enfila ses palmes.

Des membres ayant encore le sang bouillonnant,

S’élevèrent bien haut pour clairement lui dire non !

 

Voix du petit peuple qui remplit la scène en manifestant

Nous n’acceptons plus,         

Ni guerre ni répression,

Et le monstre qui nous provoque,

Paiera l’addition,

Sept ans et demi ça suffit,

Ô cerveaux infects,

Ô cerveaux bouffis,

 

 

Scène huit. 

 

LE NARRATEUR. La scène est scindée en deux. À gauche, BOUMBOUM et sa meute. à droite, le restant de ses opposants encore en vie. Chaque groupe s'anime tour à tour, chacun prenant la parole, séparément, en alternant. Le groupe de l’opposition discute de la situation déjà tragique dans son carrée.

 

Les voix opposantes.

Voix 1 Dans quel pétrin sommes-nous tombés ? Dans un ultime sursaut, au cœur de cette épreuve décisive, ils ont atteint le point culminant de leur machination habilement orchestrée. Auparavant, ils s’étaient retirés, se drapant d’un prétexte fallacieux, celui de poursuivre des études tout en feignant de soutenir la révolution depuis l’exil.

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Voix 2 Les voilà, désormais maîtres de la scène ! Jamais ils n'ont connu les affres du combat. Ils ont patiemment attendu que des âmes vaillantes défrichent le chemin, puis, tel des renards rusés, ils ont investi les lieux, escortés de chars et d'un bataillon conquis par leurs intrigues mystérieuses. BOUMBOUM, lui, n'est pas seul… Ce Moyen-Orient, avec son culte dénaturé et ses traditions altérées, s'empare de notre terre par la complicité de ses manipulateurs ! Bientôt, ils détourneront toute cette population de sa réalité, insufflant dans leurs esprits, comme une drogue, leur langue de bois perfide ! Et BOUMBOUM sera l’icône tragique de cette histoire, un héros qui fera trembler les cœurs par son inhumanité sans égale !

 

LE CHAT-BANNI, Un héros de pacotille ! comment peut-on craindre un pareil cachotier ?  C’est un guide guidé, qui n'est que le pantin de ses maîtres-proxénètes bassistes d’un Moyen-Orient qui déjà est en train de se mêler de ce qui ne le regarde pas !

 

Voix 3 Il vont nous infliger un cancer incurable ! Il faudra les raser avant qu’ils ne nous rasent !

C’est notre identité qui est mise sur un échafaud !

  • Dans la partie B de la scène. BOUMBOUM, chauffé à blanc, s’adresse au public.

 

Je dénonce ! Je m’en offusque ! Des langues zélées, endoctrinées, beuglent à l'instant même, répandant le bruit d’une attaque inéluctable et impérative, d’une razzia contre moi ! Contre ce peuple brave et désarmé, épuisé par les guerres ! Et maintenant, LE CHAT-BANNI nous arrange une honteuse démonstration de haute trahison en refusant de nous soutenir. Lui et son clan, manipulent dangereusement la situation, cela risque de se propager si ce vent-là re souffle ! si ce courant se renforce, les conséquences seront désastreuses ! Voilà pourquoi nous sommes tous réunis ici !

  • Partie A de la scène.

Voix 3 Tout a fendu comme du beurre dans l'allégeance. Les DAF lui rendent bien des services, par leur opportunisme et leur duplicité d’obséquieux-dominateur, il ne pouvait pas trouver mieux !

 

LE CHAT-BANNI, Il le doit surtout à nos anciens compagnons qui ont troqué leur combat pour des calembredaines (...)

 

Partie B de la scène.

 

  • BOUMBOUM, en proie à l'agitation, interroge ses acolytes

Voyez-vous ? C'est la jalousie qui les ronge ! Ils désirent tous me renverser ! LE CHAT-BANNI, mon camarade d'hier, prend leur défense et, pire encore, il me menace ! Vous l'avez entendu, n'est-ce pas ? Cette fois-ci, ne me dites pas que c'est le vent qui s'est exprimé !

 

  • FEU-AU-BOUT attise la méfiance chez BOUMBOUM

Cela est vrai, ils aspirent à tout nous prendre, à nous dépouiller, si nous n’y prenions garde ! Il faut les écraser sinon ce sont eux qui nous écraseraient !

 

  • Partie B de la scène

Voix 3 (…) ce ne sont pas des calembredaines, mais de grosses fortunes et d'énormes profits qu’ils raflent. Au moment où les masses se sentent affaiblies par la guerre, sans aucun espoir pour leur misère, ils ne se préoccupent plus que d'eux-mêmes et de leurs carrières.

 

Voix 4 Des intrus malvenus ! des brebis galeuses ! Un jour de malheur s'abat sur notre contrée. Il est impératif de rester aux aguets, d’attaquer même, il faut nous défendre ! c'est urgent !

 

  • Plus loin BOUMBOUM courroucé s’adresse au public

Il y a sur cette terre sainte, arrosée du sang de braves hommes et de femmes, une région qui se croit au-dessus des autres. Ce sont des impies qui l’habitent. Ils nous traitent de brebis galeuses et d’intrus malvenus. Une peuplade étrange et arriérée. Leur dialecte est d'une époque révolue et constitue un déni de notre langue sacrée, une insulte à notre patrimoine culturel et mystique.

 

  • Plus loin l’opposition s’avance pour en découdre avec le clan à BOUMBOUM prenant le public à témoin.

 

  • Voix 4 s’adresse à BOUMBOUM et ses acolytes,

Ils ne sont redevables qu’envers eux-mêmes. Leur liberté, ils l’ont conquise par eux-mêmes, ils la doivent à leurs souffrances, à leur dévouement, pas à vous. Celui qui n’est pas content, qu’il aille prolonger ses vacances au proche orient.

 

  • LE CHAT-BANNI défie

L’armée a le devoir de protéger, non de contrôler ou de réprimer. Il n’y aura jamais de place pour les DAF ! Ils méritent un bel châtiment pour ce qu’ils nous ont fait endurer pendant la guerre ! ils ont attendu que l’on vienne à bout de souffle, que nos combats se terminent, que nous déposions les armes et que nous rentrions victorieux au bercail, pour nous attaquer avec l’appui de nos ex camarades. Ces opportunistes convertis en trimards, plus que jamais décidés à s’allier avec le diable pour gouverner, pour s’enrichir et pour dominer. C’était cela le but derrière leur participation dans la lutte armée.

 

  • Plus loin les putschistes avancent.

 

FEU-AU-BOUT, Vous êtes une menace pour notre union, notre patrie, notre patrimoine, notre foi... et surtout pour la sécurité de chacun de nous, celle de notre grande famille qui mérite mieux que vous !

 

  • L’aile religieuse de BOUMBOUM rassure,

Il n’y rien à craindre ! Nous sommes unis, comme rapporté dans le livre saint « L’exemple des croyants dans leur union et leur altruisme est comme celui d’un corps sain, si un de ses organes souffre, tout le corps en pâtit » Comme le dit le Hadith !

FEU-AU-BOUT raillant, c’est le Hadith qui le dit ou bien c’est le livre saint ?

 

L’aile religieuse, C’est la même chose ! quand l’un dit l’autre confirme !

 

  • La partie B va en découdre avec BOUMBOUM en avançant vers la partie.

 

Voix 7 vous menacez de mater notre rébellion pacifique. Pourquoi vous n’étiez pas venu pendant la guerre ? 

 

  • COLLE-AU-DOS, DAF en chef défie la voie opposée en se tournant vers BOUMBOUM

Nous serons livrés à l’anarchie, nous déclinons et nous porterons aussi notre part de responsabilité si nous laissons ces prétentieux prendre la relève. Nous avons laissé faire cet oiseau de mauvais augure. Il doit être soigné, et lui, il a complètement perdu la raison (faisant allusion au CHAT-BANNI)

 

  • Un truand en fixant LE CHAT-BANNI

Il ne fallait pas attendre aujourd’hui, nous avons trop tardé à le faire ! nous vous avons loupé !

Ça ne sera plus le cas cette fois-ci !

 

  • LE CHAT-BANNI aux TRANSBANDITS.

Oui le colon vous gênait. C’était l’obstacle à votre ambition de régner. Il fallait aider à le dégager pour lui succéder aux rênes du pays. Nous restons mobilisés, nous avons le soutien de tous ceux et toutes celles qui, hier, ont combattu à nos côtés, qui étaient de bonne foi et qui n’ont pas changer de camp. Croyez-moi, nous sommes loin d'être une minorité ! et vos DAF le payeront cher !

 

COLLE-AU-DOS, Il faudra marcher sur nos cadavres, nous autres ! Notre détermination est intacte ! Vous verrez comme cela va être compliqué pour vous et pour ceux que vous prétendez défendre ! Je vous conseille de rendre les armes et de baisser les bras ! Nous n’aurons aucune pitié pour vous ! et vos piètres compagnons petit colonel de bimbeloterie ! vous me le paierez de votre vie !

 

LE CHAT-BANNI, nous, non plus ! tous les vrais guerriers de notre époque sont dans nos rangs !

 

COLLE-AU-DOS, Qui trouvera la motivation pour retourner dans le maquis ? Les gens sont épuisés et complètement désespérés. Vous n'avez plus de munitions.

 

  • Voix d’un opposant — chuchotant dans l’oreille de CHAT-BANNI-

Zut ! Nous avons rendu nos armes le lendemain du cessez-le-feu. Et maintenant, tout est entre les mains des tyrans. Tout est conspiration. C'est le Proche-Orient qui tire les ficelles de cette tragédie. On aurait dû rester sur nos gardes nous aussi, avant que ne survienne ce drame. Les spectateurs vont en avoir plein les yeux

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CHAT-BANNI, Oui, c’est une erreur d’avoir cru que c’était acquis. Encore une fois, des ennemis émergent de nos flancs. Désormais, cette histoire ne veut pas prendre fin ! et voilà nos Bacchus qui repoussent comme de l’ivraie dans cette pleine laissée aux orties !

 

Toujours séparément des opposants.

 

  • BOUMBOUM murmure à l’oreille de COLLE-AU-DOS,

Oui, adjugé ! J’ai toujours redouté ce vil personnage. Nous l’avons déjà envoyé se battre dans le désert sans munitions pour qu’il périsse loin des yeux, loin du cœur. Ni vu ni connu. Mais il nous a fait de la peine, et nous l’avons fait revenir. Mais il m’a l’air immortel, ce rustre. Il faut en finir avec lui par tous les moyens !

 

LE NARRATEUR. LE CHAT-BANNI et ses compagnons dissidents, révoltés par l’ascension de ces déloyaux DAF, s’éloignent, laissant des échos à ce personnage qui se goinfre d’adversité et à ceux qui l’escortent. Les DAF suivent les dissidents, proférant insanités et des menaces. Dans cette atmosphère de complots, d’abus et de harcèlement flagrants. Un DAF, s’adressant aux opposants qui quittent la scène, menace !

Ne vous en faites pas ! Nous prendrons notre revanche, nous aussi !

 

Un autre DAF, Et vous, allez les rejoindre dans leur brousse ! Battez-vous contre nous ! Battez-vous à leurs côtés ! Montrez-nous votre audace ! on verra de quoi vous serez capables !

 

« Vous aurez des figues et des olives en récompense ! » (Dixit COLLE-AU-DOS, défiant LE CHAT-BANNI avec moquerie)

 

  • La foule de DAF éclate d’un rire vulgaire, répétant avec le même sarcasme

Ô des figues et des olives… des figues et des olives ! Vous serez bien servis si vous survivez ! Mais il faudra ramener de grands paniers pour la cueillette !

 

  • Un autre DAF ajoute

Hier, vous nous avez chassés, aujourd’hui c’est nous qui vous chasserons. Œil pour œil, dent pour dent ! Nous sommes partout où il y a une cause juste !

 

  • Furieux, LE CHAT-BANNI laisse entendre

Ne vous inquiétez pas ! On vous a tous vus ! Vous êtes partout où elle est, pour la combattre, la bonne cause ! Pour provoquer son déclin et celui des justes qui se soucient de sa survie ! Oui, parce que vous êtes d’éternels vendus !

 

  • LE CHAT-BANNI s’éloigne, outré par l'incivisme de ces putschistes.

 

BOUMBOUM, (irrité) vous avez entendu la menace ? Ils veulent la guerre ! Ils veulent me renverser !

 

  • Les DAF à tour de rôle 

 

Voix 1 Oui, colonel, nous avons tout entendu !

Voix 2 Nous sommes là pour empêcher cette conspiration !

Voix 3 Nous allons vous venger, colonel ! 

Voix 4 Nous allons déconstruire tout cet assemblage absurde et insensé !

         — COLLE-AU-DOS, DAF en chef, toujours aussi engagé qu’à l’époque coloniale

Laissez-le-moi ! je vais l’humilier, ce goujat ! Je vais l’éliminer, ce têtu qui joue au guerrier !

 

Les DAF en chœur — Allons de ce pas l’arrêter !

 

Scène neuf

 

LE NARRATEUR. Quelques semaines plus tard, BOUMBOUM, entouré de ses militaires, traîne LE CHAT-BANNI vers un châtiment odieux. La scène s'ouvre sur une forêt sauvage, un endroit où seuls les loups oseraient s'aventurer. Les DAFs amènent, enchaîné, le jeune colonel, qui avait opposé un veto au marchand de guerre. 

 

Il lui ôte toute la légitimité pour avoir désavoué leur projet pernicieux de déraciner une famille qui n’a commis d’autre crime que celui d’être autochtone et fière de son patrimoine. On dépose le pieux insurgé au milieu d’une multitude d’arbres, dans cette forêt sombre témoin d’une trahison.

 

BOUMBOUM avec beaucoup de zèle et de dédains,

Dites-moi, Monsieur LE CHAT-BANNI ! Colonel CHAT-BANNI, si vous voulez que je me permette de vous appeler comme il vous siérait ! Quelle délicatesse de vous dresser contre nous en opposant un veto contre nous ! vous choisissez donc de prendre la défense ces arriérés !!! Que reprochez-vous à vos anciens compagnons d’armes ? Mon groupe vous répugne-t-il à ce point ? Où sont vos camarades d’antan ? vos révolutionnaires autochtones de pacotille ? Qu’ils viennent vous délivrer s’ils ont le moindre soupçon de virilité ! Qui osera se perdre dans cette forêt maudite ? N’aurait-il pas été plus sage pour vous de contribuer, de poser une pierre à l’édifice, d’ériger un État qui pourrait devenir la locomotive de tout un continent ? Il faut bien faire taire les parasites ! Les saboteurs ! J’aurais bien pu vous pardonner, mais c’est là le énième bâton que vous enfoncez dans mes roues. Heureusement que j’en ai plusieurs. Votre destin est désormais entre mes mains ! Il dépendra de moi que vous viviez ou que vous périssiez aujourd’hui !

 

LE CHAT-BANNI, Votre discours, je le trouve ennuyeux et n’émeut personne ! Je ne tournerai pas l’arme contre mes frères ! Que le destin s’accomplisse ! Ne croyez pas pouvoir me corrompre avec vos promesses d’un grand État à édifier, ni m’intimider par vos menaces. Ils ont une voix, une belle langue, et si vous ne la voulez pas pour vous, ils ont le droit d'en user comme bon leur semble ! je crois qu’on parle égyptien en EGYPTE ! même pas l’arabe que vous espériez imposer à toute une nation !

 

Le pseudo-colonel BOUMBOUM, Je vais vous faire entendre ma voix, mauvais élève ! (Il donne l’ordre à ses hommes) Attachez-le à cet arbre ! qu’il périsse aujourd’hui avant demain !

 

LE NARRATEUR. Le CHAT-BANNI se fait attacher à un arbre. Des scènes de torture se succèdent, suivies de son exécution. Il endure les supplices, étranglé avec une froide indifférence. COLLE-AU-DOS, un vendu de main promu par le tyran, l’achève de deux coups de pistolet en pleine tête, lorsqu’in extremis, il réalise qu'il lui restait encore un souffle de vie même après étranglement. 

 

Ils l'enterrent dans un recoin isolé et inaccessible de la forêt, pour qu’aucune trace ne reste de lui. Ils quittent les lieux après avoir perpétré leur crime, assurés que leur victime n’est bel et bien plus de ce monde.

Chœur

 

Les gens au départ ne voulaient que la paix,

Malgré l’avènement de cet esprit mal fait,

Usés par les guerres,

Ils cédèrent à BOUMBOUM

Qui, sans hésiter, exila les pantoums,

Ainsi s’assombrit le ciel des braves,

Au lieu d’être libres ils devinrent esclaves.

Et l’échange entre eux devint top-secret,

Les arrestations firent bien rage après.

Les doctes avisés et d’autres voix révoltées,

Des plus audacieux se faisaient arrêter.

Les foules mêlées de candides...

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