Méchamment votre
Un homme asocial est assommé par sa femme et se réveille dans un monde de Bisounours où tout le monde est gentil, l’horreur absolue.
🔥 Ajouter aux favorisDécor (1)
Méchamment votre | Salon contemporain |
Un homme asocial est assommé par sa femme et se réveille dans un monde de Bisounours où tout le monde est gentil, l’horreur absolue.
🔥 Ajouter aux favorisMéchamment votre | Salon contemporain |
ACTE 1
Scène 1 : Ross / Noémie
On entend des coups de marteau. Ross entre. Il est en pyjama et de très mauvaise humeur.
Ross / C'est encore ce dégénéré qui bricole. Un dimanche ! A onze heures du matin ! On travaille toute la semaine et le week-end, on est emmerdé par des connards qui sont venus au monde uniquement pour vous pourrir la vie !
ll va à la fenêtre et s'en prend au voisin (Comme si le voisin était dans le public)
Ross / (Il crie) Ici, y'a des gens qui bossent ! Feignasse ! Face de pet ! Pignouf !
Noémie / (Elle entre, très fâchée) Non mais ça va pas ! Tu t'rends compte de c'que tu dis ?
Ross / Je suis chez moi, je dis c'que j'veux.
Noémie / Pendant que tu y'es, tu n'as qu'à lui taper d'ssus.
Ross / Si cet imbécile n'arrête pas son bricolage, ça n'va pas tarder.
Noémie / C'est un nouveau voisin, tu veux aussi te fâcher avec ?
Ross / Je me fâche avec qui j'veux !
Noémie / On aurait pu l'inviter pour faire connaissance, mais non, monsieur Ross n'aime pas les autres.
Ross / C'est ça. Allez les copains, tout l'monde chez Ross ! On prend l'apéro, on fait cuire des saucisses, et après, on les a tout l'temps sur le dos.
Noémie / T'exagères.
Ross / Les voisins, tu leur donnes ça, ils veulent ça ! (Il singe des voisins) «Vous n'auriez pas une pelle ?» ... (Il crie) J'ai pas d'pelle ! «Vous n'auriez pas une tronçonneuse ?» Et puis quoi encore ? C'est pas marqué pigeon !
Noémie / Quand je pense que celui d'avant a dû déménager à cause de toi.
Ross / Bon débarras.
Noémie / Le jour de leur anniversaire de mariage, monsieur a appelé la police, tout ça parce qu'ils avaient mis un peu de musique après dix heures. Tous les voisins étaient invités, sauf nous.
Ross / La fête, je peux la faire tout seul.
Noémie / Tu devrais voir un psy.
Ross / Je vois qui j'veux !
Noémie / Quand c'est pas un voisin, c'est l'autre.
On entend un coq chanter
Ross / Tiens ! V'là l'autre emmerdeur avec son bestiau à plumes. (Il crie à la fenêtre) Ta gueule !
Noémie / Il a bien le droit d'avoir un coq.
Ross / Est-ce que j'ai un coq, moi ? (On entend un chien qui gueule) Évidemment, ce con de coq a réveillé tout l'quartier. Maintenant c'est le chien de la folle.
Noémie / Elle n'est pas folle du tout, madame Tatin. C'est son petit chien, elle n'a que lui.
Ross / (Crié à la fenêtre) Ramasse ton clebs ! T'as qu'à t'trouver un mec !
Noémie / Et après, tu t'étonneras que personne ne te dit bonjour.
Ross / Manquerait plus que ça. J'ai pas de temps à perdre avec ces conneries.
Noémie / Quand je pense que tu as essayé de l'écraser.
Ross / Elle était en dehors des clous.
Noémie / La pauvre bête.
Ross / J'ai pas pu, y'avait la vieille au bout d'la laisse.
On entend les cloches sonner.
Ross / Tiens v'là l'curé ! (Il crie) C'est pas comme ça qu'on ira à la messe ! (Il crie) Change de disque !
Noémie / Il a bien l'droit de sonner les cloches.
Ross / Je lui sonnerais, bien, moi, les cloches. Le dimanche, c'est fait pour se reposer !
Noémie / Même quand les enfants jouent, ça dérange monsieur. Quand je pense que t'as crevé leur ballon, tout ça parce qu'il était tombé dans la cour de monsieur Ross !
Ross / Chez moi, c'est pas un terrain d'foot !
Noémie / Ce sont des enfants ; faut bien qu’ils jouent.
Ross / les parents n'ont qu'à les garder chez eux ! D'ailleurs, je vais écrire au maire pour qu'ils rangent leurs mioches.
Noémie / Naturellement, monsieur va encore dénoncer...
Ross / Je ne dénonce pas. Ca s'appelle de la citoyenneté.
Noémie / A la mairie, ils doivent mettre tes lettres à la poubelle.
Ross / Ok... (Il crie à la fenêtre) Le maire, c'est un menteur, un magouilleur, et un vendu ! (On entend une tondeuse) Et voilà ! Quand y'en a un qui commence à emmerder les autres, tout l'monde s'y met. (Il crie) Abruti !
Noémie / Il travaille dans la semaine, il ne peut faire ça qu'aujourd'hui.
Ross / Moi aussi je travaille. (Il crie) Tu f'rais mieux de t'occuper d'ta femme au lieu de ta pelouse ! (Il crie) Cocu ! .. (La tondeuse s'arrête aussitôt) Je crois qu'il a compris.
Noémie / Ce serait tellement mieux de vivre en bonne entente avec les voisins.
Ross / Je n'suis pas marié avec les voisins !
Noémie / Et après, monsieur s'étonne qu'on ne voit personne.
Ross / Je te vois, ça m'suffit.
Noémie / Même au nouvel an, y'a personne qui nous souhaite la bonne année.
Ross / Pour se la souhaiter, on a besoin d'personne.
Noémie / Tu pourrais faire des efforts.
Ross / Je suis marié avec toi, j'en fais assez.
Noémie / Ca, je l'sais ! Le jour où on s'est mariés, je me rappelle bien de la tête du maire. Il avait compris, lui.
Ross / Il avait compris quoi ?
Noémie / Que t'étais un abruti !
Ross / T'avais qu'à t'marier avec le maire.
Noémie / Le mariage, c'est la plus belle connerie de ma vie.
Ross / Pour une fois, on est d'accord.
Noémie / Mais heureusement, ça n'va pas durer.
Ensuite le ton monte de plus en plus
Ross / Tu me quitterais ? Mais vas-y ! Quitte moi ! Avec ta tronche, tu trouveras personne !
Noémie / Et la tienne ! On devrait mettre ta photo dans les maternités, ça découragerait de faire des gosses !
Ross / Des comme toi, j'en trouve autant que j'veux.
Noémie / Et toi, pour trouver le même genre, faudrait regarder dans les poubelles ! Tu n'fous rien de la journée. Les tâches ménagères, tu connais ?
Ross / Je t'ai pas épousée pour faire le ménage.
Noémie / Si je n'étais pas là, tu crèverais d'faim.
Ross / Sans toi, j'arriverais à survivre !
Noémie / Et y'a pas qu'la cuisine où t'es nul...
Ross / C'est pas d'ma faute si madame ne sait pas apprécier.
Noémie / Heureusement, c'est vite passé.
Ross / Y'en a plein qui aimeraient être à ta place.
Noémie / Mais pas de problème ! Au contraire, qu'elles viennent ! (Elle crie à la fenêtre) A saisir ! Un homme ! Enfin, presque ! Il râle sans arrêt ! Il fout rien d'la journée ! Et au plumard, il est nul !
Ross / (Crié) Si quelqu'un veut ma femme, j'la donne !
Noémie / (Crié) J'ai épousé un connard !
Ils crient tous les deux à la fenêtre
Ross / Y'a un médecin dans l'coin ?
Noémie / C'est pour mon mari ! Faudrait l'piquer !
Ross / Ferme la fenêtre !
Noémie / (Elle ferme la fenêtre) Et toi, ferme ta gueule !
Ross / Tu pourrais au moins être polie.
Noémie / Et toi, si tu pouvais être moins con, ce n’serait pas du luxe.
On sonne à la porte
Scène 2 : Ross / Noémie / Maire
Ross / On peut jamais être tranquille.
Noémie / (Elle va à la porte) Qui c'est ?
Maire / C'est l'maire !
Noémie ouvre
Noémie / Monsieur l'maire ! Quelle surprise !
Ross / (Très faux-jeton) Monsieur l'maire ! C'est gentil de passer nous voir. Vous prendrez bien un petit quelque chose...
Maire / Je ne suis pas là pour boire. Je suis là pour ça (Il brandit une liasse de lettres)
Ross / C'est quoi ? Une pétition ?
Maire / Ce sont vos lettres de dénonciation ! J'en ai ras l'bol de recevoir vos lettres de dénonciations. (Il lit quelques lettres) "Madame Priar chante à sept heures tous les matins". "Monsieur Dublou a une nouvelle voiture, et il est au chômage". "Les enfants des Dulour fument en cachette".
Ross / Je ne fais que mon devoir...
Maire / Je n'ai besoin de personne pour savoir ce qu’il se passe dans ma commune !
Ross / Mais monsieur le maire, c'est pour rendre service.
Maire / C'est aussi...