Pauvres machos
Mourice
Publié le 28/10/25
Un séducteur, victime de son succès, voit débarquer chez lui, ses conquêtes anciennes et nouvelles. L’horreur.
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| Pauvres machos | Salon bourgeois |
ACTE 1
Charlotte, l'épouse de Dominique s'absente durant quelques jours. Dominique se lamente et semble chagriné par son départ.
Scène 1 : Dominique / Charlotte
Charlotte / Où est-ce que je l'ai mis ? … Pas là... Là non plus.. C'est toujours pareil avec les sacs, on ne les retrouve jamais. .. Pourtant, j'étais certaine de l'avoir posé ici.
Dominique / Ça doit être la tête..
Charlotte / Au lieu de te moquer, tu ferais mieux de m'aider à le retrouver.
Dominique / Mais je cherche. Seulement, moi, quand je cherche, je réfléchis.
Dominique cherche nonchalamment en soulevant un papier ou autre chose
Charlotte / A la vitesse où tu réfléchis, je ne suis pas près de le trouver.. (Elle cherche partout) Ah Voilà ! (Elle fouille dedans) Ma trousse de maquillage, mon agenda, mes papiers, mon porte-monnaie, la photo de maman, mon stylo, mon téléphone, mes bonbons à la menthe, mon livre de poche, mon couteau, ma fusée d'alarme, ma matraque de poche, je crois que j'ai tout...
Dominique apparaît avec une valise
Dominique / Tu oublies ta valise !
Charlotte / J'ai l'impression que ça te fait plaisir de me voir partir.
Dominique / Au contraire ! Tu reviens quand ?
Charlotte / Jamais !
Dominique / Tu n'as pas de cœur. Sans toi, comment je pourrais survivre ?
Charlotte / Le frigo est plein, il reste même du rôti de bœuf.
Dominique / C'est pas du bœuf que je veux, c'est toi.
Charlotte / Tu n'auras qu'à inviter François-Christophe. C'est ton meilleur ami, non ?
Dominique / Laisser seul son mari, ça devrait être interdit.
Charlotte / Et ça risque de ne pas s'arranger. Aujourd'hui, les femmes s'organisent. Bientôt, c'est nous qui auront le pouvoir.
Dominique / Le jour où ça arrive, je prends le maquis.
Charlotte / Toi dans le maquis ? J'espère que tu trouveras une chèvre compréhensive.
Dominique / Tu vas être partie trois jours !
Charlotte / Le pauvre lapin, il est tout triste. Mais il ne faut pas, parce que sa petite Charlotte, elle part pour son travail. Elle va à un séminaire sur la reproduction des cafards.
Dominique / Les cafards ?
Charlotte / Quand on est naturaliste, on doit s'instruire. Ce n'est pas comme lorsque l'on travaille dans l'usine à mon papa.
Dominique / Dans l'usine à ton père, je suis tout de même le directeur.
Charlotte / Grâce à qui ?
Dominique / Pourquoi ? Je ne suis pas à la hauteur ?
Charlotte / Mais si. Tu es toujours à la hauteur..
Dominique / Je fais le maximum.
Charlotte / Je sais bien que tu fais le maximum..
Dominique / (Abattu) Tu te rends compte de ce que tu dis ? Ca vexe ! Je pourrais me jeter par la fenêtre.
Charlotte / On est au premier. Tu te casserais une jambe ; essaie au moins du troisième.
Dominique / Tu ne m'aimes pas.
Charlotte / Mais si. .. Bon alors, à bientôt.. (Faussement) Chéri..
Dominique / Déjà ?
Charlotte / On est grand maintenant. Alors, on va faire un bisou à sa gentille petite Charlotte. .. Voilà.. (Elle part) Au fait, il y a aussi un reste de pâté. S'il n'est plus bon, tu n'auras qu'à le donner au chien du voisin. Il adore ça.
Dominique / (Désespéré) Charlotte !
Dès qu'elle est partie, Dominique laisse éclater sa joie. Puis il prend le téléphone et compose un numéro.
Dominique / Allô... C'est toi ? … Oui... C'est moi.. Dominique. .. Elle est partie ! .. Alors, c'est qui qui va venir faire un petit zouzou à son Dodo ? .. Oui... Je t'attends. Après, nous irons au restaurant. Oui... Oui... C'est promis.. Oui... Tu veux que je raccroche.. Non... Toi d'abord.. Oui... (il regarde le public tout en répondant à son amie) Oui... Oui... Ouuuuuuuuuui.. A tout d'suite..
Il raccroche le téléphone, allume la radio d'où sort une musique entraîne. Il danse, s'asperge de parfum, puis il reprend le téléphone.
Dominique / (Très content de lui) François-Christophe ? .. Devine ? .. Elle est partie pour trois jours ! .. T'as raison, c'est court. Et Bien, elle a eu tort. Je me prépare trois jours d'enfer. .. Elle s'appelle Jenny. .. Et je peux te dire, le prénom, c'est trompeur. Elle n'a pas inventé la poudre (Il rit tout seul). Mais pour le reste, y'a pas besoin d'explication. En plus elle est dingue de moi. Remarque, ça s'comprend. Je l'ai rencontrée il y a quinze jours, Charlotte était à un séminaire sur les puces du chien de compagnie. .. Et surtout, Motus et couche-toi d'ssus ! Tu connais ma femme, elle n'a aucun humour.
Très gai, il prépare un cocktail, puis arrange le canapé en s'amusant à rapprocher des oreillers. Le téléphone sonne..
Dominique / Allô ? Jenny ? ... Qui ça ? Valérie ? .. Valérie, Valérie qui ? .. Ah oui. .. Euh.. mais entre nous, c'est fini. … Je ne te l'ai pas dit ? .. T’es sûre ? .. Ah bon ? .. C'est vrai ; je ne peux pas dire le contraire. On a passé de bons moments ensemble. Comment ça ? … Tu croyais ? … Mais Valérie, des types comme moi, y'en a plein. .. Alors, maintenant, tu vas être gentille. On laisse Dominique tranquille. .. Tu m'em ? .. Oui, et bien c'est ça, moi aussi. .. Au r'voir madame ! (Il raccroche) Toutes les mêmes, quand t'es trop bon, elles en profitent.
Toujours content de lui, il dépose des magazines féminins. Le téléphone sonne à nouveau, il décroche.
Dominique / Je préviens ! Si c'est ! .. Oh c'est toi ma nini. .. Tu t'es perdue ! Et tu t'es perdue où ? .. Tu sais pas. .. Bon. Qu'est-ce que tu vois devant toi ? .. Un garage ? … Bien... Et qu'est-ce qu'il y a de marqué sur le garage. .. Automobiles... Bien. Alors... Tu passes devant le garage où c'est marqué «automobiles», tu fais cinquante mètres, puis tu prends la deuxième à droite, ensuite, la première à gauche, puis la troisième à droite et après tu seras arrivée. T'as compris ? … Non. .. Alors, tu Tu passes devant le garage, tu fais cinquante mètres, puis tu prends la deuxième à droite, ensuite, la première à gauche, puis la troisième à droite et après tu sera arrivée. ….. Alors... tu passes devant le garage.. Ah.. Il y a un monsieur très gentil qui veut t'aider. D'accord, tu laisses ta bagnole sur place et tu finis à pied. Je raccroche et je t'attends.
Il se frotte les mains, continue la préparation de la soirée, vérifie son effet de lumière en la baissant puis en la remettant grâce à un interrupteur. Il met une musique très douce.
Scène 2 : Dominique / Jenny/ Raoul
On sonne à la porte. Dominique va ouvrir. L'homme qui accompagne Jenny entre. Il porte une barbe, des lunettes, et a l'air inquiétant.
Jenny / C'est moi.
Dominique / Et lui ?
Jenny / Monsieur Raoul. Il m'a aidé à trouver ton adresse, sinon j'aurais jamais pu atterrir.
Dominique / Merci monsieur ; c'est très gentil d'avoir accompagné mademoiselle.
Raoul / (Il passe la porte mais reste à l'entrée, puis regarde la pièce) C'est normal, il se passe tellement de choses de nos jours.
Dominique / Merci encore. Enchanté d'avoir fait votre connaissance. Mais maintenant, au revoir.
Raoul / (Il regarde le public) Parce que y'a tellement de gens bizarres !
Dominique / Bien sûr, mais maintenant, mademoiselle est en de bonnes mains.
Jenny / J'aurais pu être attaquée.
Raoul / Avec moi, y'avait pas intérêt ! Parce que, moi, les femmes, y'a pas intérêt à y toucher !
Dominique / D'accord. On ne va toucher à rien. Alors, King-Kong, il va nous laisser et rentrer gentiment chez lui.
Jenny / (A M Raoul) Il a raison. Et merci, encore de m'avoir transportée jusqu'ici.
Dominique / C'est ça. On n'a plus besoin de vous.
Raoul / C'est sûr ? Parce que si c'est pas sûr, je peux taper !
Jenny / Pas taper ! Le monsieur, il est gentil aussi. Allez, au revoir.
Monsieur Raoul sort.
Jenny / Qu'est-ce qu'il est gentil ce monsieur ? C'est tellement difficultueux pour une jeune femme de ne pas se perdre avec toutes ces rues qui se rencontrent au milieu des carrefours. (Elle regarde l'appartement, elle s'extasie devant la décoration du salon) Qu'est-ce que c'est beau !
Dominique / J'ai tout fait.
Jenny / T'étouffais ?
Dominique / Non. J'ai tout fait !
Jenny / Ah ! T'as tout fait tout seul ! J'avais pas compris. Oh ben tu sais, moi, faut qu'ça arrive jusqu'au plafond.
Dominique / Tu aimes mes fleurs ?
Jenny / Des fleurs en vrai ! J'adore des fleurs en vrai !
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