Roulette russe au Kremlin

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Alors que l’Occident soupçonne une invasion imminente de la Poldavie par la Russie, le Président (ou la Présidente) de la France rend visite au Président (ou à la Présidente) russe pour arracher un compromis… tout en espérant qu’un tel succès diplomatique lui permettra de prendre l’avantage sur ses adversaires dans la course pour sa réélection. Mais ce face-à-face tendu entre le représentant d’une démocratie plus ou moins décadente et le tenant d’une dictature pas vraiment éclairée va s’avérer mouvementé et il connaîtra une issue très incertaine…

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Liste des personnages (2)

Boris Homme • Adulte • 188 répliques
Le Président ou la Présidente de la Russie (on la nommera Katia)
Manuel Homme • Adulte • 187 répliques
Le Président ou la Présidente de la France (on la nommera alors Marianne)

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En bande son résonnent les Chœurs de l’Armée Rouge. La lumière se fait peu à peu. On aperçoit une table avec une chaise à chaque bout. Sur le mur du fond un drapeau russe à jardin et un drapeau français à cour. Boris, immobile et visage impassible, est assis à un bout de la table, côté jardin. Un gros téléphone rouge à l’ancienne est posé sur la table. Le téléphone sonne. Il répond.

Boris – Da... Da... Da... (Il raccroche et reste un instant pensif, avant de répéter plus rapidement) Da, da, da... (On entend alors en bande son la chanson de The Police, tandis que Boris se lève et esquisse quelques pas de danse tout en fredonnant les paroles) De doo doo doo... De da da da... Is all I want to say to you...

Il reprend soudain son sérieux, et rajuste sa cravate. Il va jusqu’à un meuble et en sort une bouteille de vodka et un verre. Il remplit le verre, et le vide cul sec. Il range la bouteille et le verre. Il se rassied, et s’immobilise à nouveau, tel une statue.

Les premières mesures de La Marseillaise retentissent avec d’intenses crépitements, puis la musique s’arrête comme si le disque déraillait.

Manuel entre avec un sourire crispé sur les lèvres. Il tient à la main un petit paquet.

Manuel – Bonjour Boris.

Boris se lève pour le saluer.

Boris – Bonjour Manuel, tu as fait bon voyage ?

Manuel – Excellent, je te remercie. Comment vas-tu ?

Boris lui serre la main avec un sourire glacial.

Boris – Assieds-toi, je t’en prie.

Manuel – Merci.

Manuel s’assied, sur ses gardes. Boris s’assied également.

Boris – J’ai demandé à ce que personne ne nous dérange. Nous nous passerons aussi d’interprète.

Manuel – Pourquoi un interprète ? Ton français est absolument parfait. D’ailleurs, tu ne m’as jamais dit où tu avais appris à parler aussi bien notre langue...

Boris – À Paris.

Manuel – Tu as fait des études à Paris ?

Boris – Je travaillais pour l’ambassade.

Manuel – Diplomate, donc...

Boris – Agent de renseignement, plutôt.

Manuel (plaisantant) – Autrement dit espion... (L’autre n’esquisse pas un sourire, et Manuel reprend son sérieux.) D’accord... Pas d’interprète...

Boris – Il n’y aura aucun témoin de notre rencontre. Rien de ce que nous dirons ici ne sortira de cette pièce.

Manuel – Parfait. (Il jette un regard autour de lui.) Et j’imagine que cette conversation ne sera pas enregistrée non plus...

Boris considère le paquet que Manuel tient à la main.

Boris – Tu veux poser ça quelque part ?

Manuel – Ah oui, j’oubliais... C’est un petit cadeau pour toi...

Il tend le paquet à Boris.

Boris – Qu’est-ce que c’est ? Un colis piégé ?

Manuel – Presque... C’est l’intégrale des films de cet acteur français que tu aimes tant... Enfin, je veux dire... qui t’admire tellement.

Boris (prenant le paquet) – Merci.

Manuel lui désigne un carton d’accompagnement.

Manuel – Il a même écrit une petite dédicace.

Boris (lisant la dédicace sur le carton) – Pour mon ami Boris...

Manuel – Oui, c’est ce que je me suis dis aussi... Quelle imagination, ces comédiens...!

Boris pose le paquet sur la table.

Boris – Très bien. Tu remercieras Gérard de ma part. Je ne suis pas sûr d’avoir le temps de voir ses films en ce moment, mais bon...

Manuel – Tu regarderas ça dans ta cellule, quand la Cour Internationale de Justice t’aura condamné à perpète pour crime contre l’Humanité.. (L’autre lui lance un regard meurtrier.) Je plaisante...

Boris – Si tu me disais plutôt la véritable raison de ta venue à Moscou ?

Manuel reprend son sérieux et adopte un ton solennel.

Manuel – Comme tu le sais, Boris, l’Europe est très préoccupée par les tensions actuelles à la frontière entre la Russie et la Poldavie. Je suis ici pour chercher avec toi les bases d’un accord qui pourrait permettre de parvenir à un début de désescalade.

Boris – Vraiment...?

Manuel – La Russie a massé des troupes considérables à sa frontière avec la Poldavie. Il est légitime que nous soyons inquiets...

Boris – Ce ne sont que de simples manœuvres, qui étaient prévues de longue date.

Manuel – La Russie exerce depuis longtemps une influence sur la partie orientale de la Poldavie. Est-ce un hasard si ces manœuvres se déroulent justement aux portes de cette région russophone qui prétend à l’indépendance, pour ne pas dire à son rattachement avec la Russie ?

Boris – Si nous avions l’intention d’envahir la Poldavie, nous l’aurions déjà fait depuis longtemps. Mais nous entendons en effet que la Poldavie ne constitue jamais une menace pour notre pays, en devenant la tête de pont de l’armée américaine en Europe de l’Est.

Manuel – Un état souverain a le droit de choisir ses alliances.

Boris – Vous auriez dû dire ça à Kennedy lors de la crise des missiles à Cuba. Castro n’avait-il pas le droit lui aussi de choisir ses alliances ?

Manuel – C’était il y a longtemps, et je n’étais pas né.

Boris – Moi non plus.

Manuel – Le monde a changé, Boris.

Boris – Tu en es sûr, Manuel ?

Manuel – L’URSS n’existe plus... et la construction...

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