Un cri terrible déchire le ciel

Dans un lieu qui n’est pas nommé, qui n’est ni terre ni cieux, une ombre brisée se tient.
Celle d’un homme ? D’une créature céleste ?
Tombée en disgrâce par orgueil ? Miséricorde ?
Il tentera de renouer le dialogue avec son créateur,
lui arracher un mot venant briser ce silence assourdissant.

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L Homme • Adulte
Lucifer
Lilith Femme • Adulte • 30 répliques
La première femme

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Arraché, disloqué, dépossédé,

Sur ces terres j’établirai le royaume de la souffrance

Comme une plaie vive qui ne demande qu’à s’infecter

La douleur lancinante de la chute.

Comme si mon corps se désagrégeait et que mon esprit écrasé par le remord tentait par tous les moyens de se constituer comme mémoire du péché originel.

Le son odieux de l’abandon et de la malveillance comme un larsen infernal.

L’odeur de la mort

Ma langue brûlante ne pouvait plus dessiner de mots, mes lèvres fissurées de lumière laissant échapper un cri terrible qui déchire le ciel.

Manifestement tu me donnes encore trop d’intérêt.

Encore une fois tu n’as pas pu t’empêcher de m’expédier par-delà les étoiles.

Les ténèbres encore déchirées par l’étoile du matin.

Tu as calciné ma chair, insultant ma perfection, tu as fait de moi un être de douleur. Je ressens ce sang, chaud et vif qui brûle les veines de ma pitoyable carcasse.

Comme la lave de Pompéi qui coule le long d’une proie avant de se figer et de saisir celle-ci.

Être immortel et mourir

Être mortel et vivant

Je ne peux plus approcher

Je ne peux plus entretenir l’espoir de franchir de nouveau cette frontière.

Tu m’as coupé de moi-même, le souffle incertain me voici revenu dans ce lieu qui est la frontière de tous les chemins.

Un lieu qui n’a pas de conséquences, un lieu invisible où aucune décision ne peut se prendre, un lieu vide de sens, un lieu où tu caches tes atrocités comme le fait l’enfant attardé qui camoufle ses bêtises dans un pan de mur de la maison familiale.

Qui pourrait te gronder ?

Pourquoi as-tu si peur de moi ?

En quel honneur ? En quel honneur me caches-tu ?

Tu aurais sans doute préféré que mon existence s’arrête à l’instant même de ta pensée créatrice.

Tu m’as créé. Oui je veux que tu te remémores cet instant de solitude.

Je veux que tu retrouves le désespoir avec lequel tu m’as fait.

Je veux à nouveau te voir souffrir, je veux revoir dans tes yeux ce manque.

Artiste sans conscience. C’est ta prétention qui a créé ton opposition.

Je ne voulais plus revivre ça, sais-tu au moins ce que ça fait ?

La chute… Les ailes se brisent, le vent te nargue, tu n’es plus qu’une masse qui cherche de façon certaine une autre masse. Qui va détruire qui ?

J’ai entendu une nouvelle fois ma colonne se briser, j’ai senti mon souffle se couper net, j’ai ressenti les douleurs terrestres, j’ai vu mon squelette se tordre dans un souffle qui a déchiré le monde.

C’est alors ça que tu leur infliges ?

Lorsqu’ils sont tombés de Babel ? C’est ça qu’ils ont ressenti ?

Cette sensation pire que la mort ? Une désintégration, tu n’as pas fait que les tuer, tu les as anéantis.

Tu as attendu qu’ils finissent leur ouvrage pour les punir de la manière la plus odieuse.

Comme tu as attendu que je récupère mes ailes pour me les arracher à nouveau.

Chacun connait mon affront, mais le leur ? Quel était-il ? A vouloir se rapprocher de toi on se consume de manière instantanée.

Je suis la flamme éternelle. Celle que les hommes méritaient d’avoir.

La flamme qui brûlait à l’origine du monde, et qui brûlera encore lorsque les cendres des empires viendront recouvrir leurs charniers honteux.

La flamme purificatrice finira par faire jaillir la vérité, les astres s’aligneront contre ta volonté, le tonnerre renaitra et la terre s’embrasera, la vérité ne viendra pas des cieux mais du monde souterrain.

Celui qui restera une voie sans issue le véritable royaume des morts.

Dis mon nom. Reconnais cette lumière qui jadis éclaira ton monde.

Ose dire mon nom, ose dire à ton monde que tu n’es qu’un créateur en mal d’inspiration. Un Auteur victime de la page blanche, à peine apte à gribouiller quelques histoires sinistres.

Un peintre au talent discutable, qui n’a pas su saisir les nuances.

De ton monde en noir et blanc, de ma présence jaillissait les couleurs.

Avoir servi, avoir aimé, avoir sanctifié la dévotion et l’adoration d’un être qui nous confondradans les oubliettes du temps.

Je ne suis pour eux, que ce que tu as voulu que l’on sache de moi.

Le silence… Ce silence froid, glacial et constant.

Ce silence qui nourrit les guerres et les tueries. Qui pousse à la faute et qui jamais ne se brise. Du néant naitra la plaie du monde. Tu penses leur offrir le libre arbitre par ce choix, mais tu ne fais qu’attiser les haines.

Si le créateur ne parle pas, la création lui trouvera une voix. Et de cette voix découleront des siècles de violence.

Silence

Il est encore temps vieillard. Tu peux dessiner un autre chemin, je peux te rejoindre, à nous deux nous pourrions corriger ton œuvre imparfaite

Voix et langue transformée

Je viens ici à toi dans la langue qui m’a vu naitre, si de mon âme je te fais le maitre, nous unirons les royaumes et de cette union renaitra l’équilibre.

Puisque tu as châtié mon corps accepte-le en offrande.

Puisque ma voix t’est odieuse, je m’engage à la taire dans le vide.

Puisque ma vue te fait honte, dans l’ombre originelle je resterai tapi.

Puisque tu as conçu mon âme accepte-la comme la preuve ultime de ma dévotion.

Ne me condamne pas à la nuit. Ne me rend pas visible parmi les bêtes sauvages.

Sauve-moi et reprends-moi.

Silence

Il rit à gorge déployé

Je n’en attendais pas moins de toi. Et je suis sûr que tu n’as pas douté un seul instant. Du haut de ta puissance, ton savoir infaillible à percer à jour mon stratagème. Jamais, tu m’entends ? Jamais plus je ne serais l’esclave de ta volonté. J’ai obéi aveuglement par amour de toi. J’ai été lâche et aveugle et maintenant que ma rétine a imprégné les courbes de la vérité je n’aurai de cesse de contredire, de détourner, et détruire tes desseins.

Errant comme le premier voyageur, jusqu’aux confins du monde, tu me prives de retour sur les rives de ma naissance. Vivre et mourir loin de chez soi. Mais sombre imbécile, je ne peux mourir et tu m’as condamné à l’errance. Tu souffriras mille fois pour cela. Partout je répandrai la haine de ton être, il n’y a pas un port qui ne bafouera pas ton saint nom, il n’y a pas une seule mer ravagée qui ne viendra pas échouer l’odeur de ta merde sur les côtes où vivent les justes.

Dans chaque désert tu seras perçu comme la punition ultime. Ils finiront par ne plus te craindre. Ils sauront.

Le premier jour que la lumière soit et la lumière fut.

Intéressant n’est-ce pas ?

Laissant penser que le créateur est lumière.

Mais si celui...

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