Textes

Un Reveillon De Noël

Judith, professeure de philosophie, est arrêtée le soir de Noël alors qu’elle se rend chez ses parents pour le réveillon. En tant que philosophe, elle a réfléchi, à l’instar de Frantz Fanon, à la légitimité de la violence comme moyen de protestation pour les opprimés. Elle est accusée par Thomas, un policier spécialiste des interrogatoires, d’avoir planifié un attentat terroriste avec son ex-mari ce soir même, à minuit. Il ne reste plus qu’une heure et demie pour savoir où est la bombe, si bombe il y a.
La force de ce thriller psychologique à deux personnages réside dans le fait que l’auteur ne prend pas parti, mais dote la terroriste potentielle de la même force d’argumentation que son adversaire. Le temps qui court, personnifié par l’horloge accrochée au mur de la pièce quasi vide, est comme un troisième personnage, à tel point que l’auteur a choisi le sous-titre suivant : pièce pour deux comédiens et une horloge.

Traine-Savate

Au Royaume des Fées, Traîne-Savate, un génie maléfique, a semé la zizanie en entraînant des fils de bonnes famille dans la débauche. Fortuna, déesse de la richesse et Amorosa, déesse de l’amour, se mettent réciproquement au défi de sauver les jeunes gens. Afin de montrer leurs pouvoirs, elles choisissent trois humains tombés dans la déchéance, Fil, Koll et Kordon, qui vont subitement faire fortune. Ces trois-là sauront-ils tirer leçon de leurs erreurs passées ou retomberont-ils dans la débauche ?
Traîne-Savate est une des farces les plus célèbres de Nestroy. Elle est régulièrement reprise sur scène et a été adaptée plusieurs fois au cinéma à la télévision. Elle a été représentée pour la première fois le 11 avril 1833 à Vienne, Nestroy interprétant le rôle de Kordon, Wenzel Scholz celui de Fil. La musique était d’Adolf Müller.

Rosalinde

Rosalinde est une pièce dont il serait imprudent de révéler les secrets. Disons simplement que deux dames d’âges mûrs, Mme Page et Mme Quickly, prennent tranquillement le thé dans un cottage en bord de mer. Arrive soudain Charles, un jeune homme trempé par une averse qui, par le plus grand des hasards, se trouve être amoureux de Béatrice, la fille de Mme Page. Cette célèbre actrice londonienne s’est notamment illustrée dans le rôle de Rosalinde, une jeune femme déguisée en homme, dans la comédie Comme il vous plaira de Shakespeare.
Commence alors entre Charles et Mme Page une passe d’armes étincelante, où le réel se confronte au faux-semblant, les émotions sincères aux émotions mises en scène et les ravages du temps à l’éternelle jeunesse des personnages. Un chant d’amour au théâtre et à la magie des actrices.

Purgatoire à Ingolstadt

Un groupe de lycéens dans une petite ville d’Allemagne. Olga attend un enfant de Peps qui ne s’intéresse plus à elle et lui ordonne de s’en débarrasser. Elle subit également le chantage de Rölle, un jeune marginal défiguré qui se sent l’âme d’un saint, lui qui est le souffre-douleur du groupe. Désespérée, Olga se jette à l’eau, mais Rölle la sauve…
Marieluise Fleisser a 22 ans quand elle écrit cette première pièce, dans laquelle elle dresse un tableau terrifiant de la jeunesse allemande pendant la République de Weimar. L’égoïsme, la cruauté physique et le harcèlement du groupe envers les plus faibles forment la pierre angulaire de ce drame. Un tableau tragique et grotesque de la génération qui, quelques années plus tard, portera Hitler au pouvoir.

Pionniers à Ingolstadt

Quand la troupe des pionniers (une organisation militaire chargée de créer des infrastructures, comme des routes ou des ponts) vient s’installer dans la ville d’Ingolstadt, c’est l’effervescence parmi la population, et surtout parmi les jeunes filles. Alma et Berta sont deux amies qui ont une conception très différente de la vie. Alma est pragmatique, expérimentée, et elle n’hésite pas à utiliser à son profit l’attrait qu’elle exerce sur les hommes. Berta est au contraire idéaliste et inexpérimentée, à la recherche du grand amour…
Marieluise Fleisser a 28 ans quand parait sa deuxième pièce, dans laquelle elle décrit sans fard les relations entre les filles et les soldats de passage :: humiliations, désillusions, amertume. La langue de Fleisser, rêche, lapidaire, sans fioritures ni compromis, inspirera la génération des Fassbinder, Sperr ou Krœtz et plus tard Elfriede Jelinek.

L’Homme du Destin

Napoléon 1er, à l’époque encore le jeune général Bonaparte, commandant en chef de l’armée d’Italie, se repose dans une auberge après sa victoire de Lodi. Il bavarde avec l’aubergiste tout en attendant avec impatience son courrier. Lorsque celui-ci arrive enfin, le lieutenant chargé de la mission doit avouer que les lettres lui ont été dérobées par un jeune homme qui a abusé de sa confiance. Quand arrive l’autre pensionnaire de l’auberge, une dame mystérieuse qui voyage seule, le lieutenant croit reconnaitre en elle le jeune homme qui lui a volé les lettres…
L’Homme du Destin est un délicieux marivaudage, dans lequel Bernard Shaw donne au futur empereur un (ou une) adversaire à sa taille, qui finira par le battre (ou peut-être pas).

Les Prétendants à la Couronne

Dans la Norvège du XIIIe siècle écartelée en différentes factions, deux hommes se disputent la couronne royale : le jeune Håkon, persuadé d’être l’héritier légitime du trône, et son beau-père Skule, ambitieux, capable, mais ravagé par le doute. Quant à l’évêque Nicolas, il attise leur haine afin de conserver pour lui le véritable pouvoir.
Dans ce drame aux proportions gigantesques, nous retrouvons les grandes passions qui hantent Macbeth, Othello ou le Wallenstein de Schiller : l’ambition et le doute, qui mènent à la destruction finale. Les monologues de Skule sont parmi les plus profonds jamais écrits par Ibsen, préfigurant ceux de Peer Gynt.
Les Prétendants à la Couronne a été créé au Théâtre de Christiana (ancien nom d’Oslo) le 19 janvier 1864 et figure en Norvège parmi les pièces préférées d’Ibsen. Elle n’a pas encore été représentée en France.

Le Voyage du St. Louis

La Deuxième Guerre mondiale n’a pas encore commencé. Des milliers de Juifs essayent de fuir l’Allemagne et les persécutions en embarquant à Hambourg sur le paquebot St. Louis, direction Cuba, où ils espèrent débarquer et trouver refuge. Malheureusement, ils vont se retrouver mêlés à des enjeux de pouvoir et de corruption qui les dépassent et qui vont reléguer les impératifs humanitaires au second plan.
Tous les personnages de ce périple ont vraiment existé et l’aventure du St. Louis est historique et parfaitement documentée. Mais la pièce est loin d’être seulement une leçon d’histoire. C’est aussi une fable universelle sur le sort des migrants et des persécutés de toutes les époques et de toutes les nationalités, confrontés à des dirigeants, des Etats et des organisations qui ont leurs propres priorités.

Le Portrait de Dorian Gray

Dorian Gray est un jeune aristocrate anglais extrêmement beau. Son portrait, peint par Basil Hallward, attire immédiatement l’attention de Lord Henry, qui tient absolument à rencontrer le jeune homme. La philosophie de Lord Henry, loin des normes sociales et morales strictes qui caractérisent l’époque victorienne, prônant l’individualisme et l’hédonisme, fascine Dorian. Peu à peu, le jeune homme décide de ne vivre que pour lui-même et son seul plaisir, même si cela implique de faire du mal à d’autres. Son visage, qui devrait être marqué par ses excès, reste cependant immaculé. Son portrait en revanche…
John Osborne adapte ici le célèbre roman d’Oscar Wilde. Osborne est séduit par la philosophie de Lord Henry et la manière dont Dorian Gray est déterminé à la vivre pleinement, même au risque de perdre son humanité. Ne dit-il dans la pièce : « Je refuse d’être à la merci de mes émotions. Je veux m’en servir, en jouir et les dominer. » ? Cette pièce n’a rien perdu de sa pertinence, résonnant de façon étonnante avec l’importance accordée aujourd’hui au moi, comme à notre obsession pour l’image et la jeunesse éternelle.
Le Portrait de Dorian Gray a été créée au Greenwich Theatre, à Londres, en février 1975.

Le Talisman

Titus Rougoupil porte bien son nom : c’est un rouquin flamboyant, rusé comme un renard. Mais il est pauvre, sans appuis et fortement handicapé par la couleur de ses cheveux. Grâce à un talisman qui le rend non seulement méconnaissable, mais aussi désirable, il arrivera à faire son chemin dans la bonne société. Mais jusqu’où ?
Le Talisman est une des pièces fétiches de Nestroy : comédie d’intrigue aussi bien que comédie de mœurs et de caractères, elle aborde, sous les dehors de la farce, la question des préjugés et du rejet de l’autre, sujet universel. Le succès de la pièce ne s’est jamais démenti depuis sa création le 16 décembre 1840 au Theater an der Wien à Vienne. Nestroy incarnait Titus Feuerfuchs (Titus Rougoupil). La musique était d’Adolf Müller.

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