Sur un plateau

L’animateur d’une obscure chaîne du câble reçoit un homme politique dont il doit assurer la promotion. Mais l’interview ne va pas se dérouler comme prévu…

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Liste des personnages (14)

Marc-Antoine Homme • Adulte • 24 répliques
Président de la chaîne de télévision (ou Présidente : Marie-Chantal)
Donald Homme • Adulte • 23 répliques
Donald (ou Daisy) : Vice-président(e) de la chaîne de télévision
Gégé Non genré • Adulte • 44 répliques
Technicien ou Technicienne
Momo Non genré • Adulte • 38 répliques
Technicien ou technicienne
Bruno Homme • Adulte • 174 répliques
Animateur
Delphine Femme • Adulte • 76 répliques
Assistante
Charles Homme • Adulte • 56 répliques
Homme politique
Claudine ou Claude Femme • Âgé • 17 répliques
Invité(e)
Philippine Femme • Adulte • 15 répliques
Invitée ou Philippe (Invité)
Cassandra Femme • Adulte • 8 répliques
Invité(e)
Ramirez Non genré • Adulte • 108 répliques
Commissaire (homme ou femme)
Sanchez Non genré • Adulte • 57 répliques
Inspecteur ou inspectrice
Samatha Femme • Jeune • 18 répliques
Stagiaire
Spectateur ou spectatrice Non genré • Adulte • 5 répliques
Spectateur ou spectatrice

Décor (1)

Plateau d'une chaîne de télé Le plateau d’une chaîne de télé dont le nom figure sur un panneau contre le mur du fond : Canal Plus Direct. Le plateau est pour l’heure vide, à l’exception d’une table basse sur laquelle sont posés trois micros. Un technicien arrive en bleu de travail. Il porte un fauteuil. Il inspecte les lieux pour vérifier qu’il est au bon endroit.

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PROLOGUE

(facultatif)

Un plateau vide, ou tel qu’il se présentera au début du premier acte. L’action peut aussi se passer devant le rideau avant qu’il soit levé, voire dans la salle.

Marc-Antoine, le président de TF2, arrive en trombe et croise son vice-président, qui arrive d’un pas plus lent tout en lisant L’Équipe.

Marc-Antoine – Ah, Donald ! Vous avez vu ça ? Notre audience a encore baissé !

Donald (pliant son journal) – Oui, je sais, Marc-Antoine...

Marc-Antoine – Que France 1 fasse systématiquement un meilleur score que nous, passe encore. Mais si ça continue, on va passer derrière Arte...

Donald – Oui...

Marc-Antoine – Dites-moi franchement, Donald...

Donald – Oui, Marc-Antoine...?

Marc-Antoine – Ça vous vient d’où, ce nom à la con ? C’est un pseudo ?

Donald – Non...

Marc-Antoine – Qui serait assez con pour prendre un pseudo pareil... Ça a dû être dur à porter, non ? Surtout quand vous étiez gosse...

Donald – Mon Dieu...

Marc-Antoine – Bon, revenons à nos moutons... Je veux dire à nos ménagères de moins de cinquante ans. C’est dû à quoi, cette érosion régulière de notre audience ? Et quand je dis, érosion... On est en train de couler à pic, Donald !

Donald – On pourrait changer le responsable des programmes...? Et remettre à sa place celui qu’on a viré il y a six mois...? Il est à la fiction, maintenant...

Marc-Antoine – Nous sommes sur le Titanic, Donald, et tout ce que vous nous proposez, c’est de changer de transat ? Je ne comprends pas. Pourtant, on a supprimé la publicité.

Donald – Justement...

Marc-Antoine – Justement quoi ?

Donald – La publicité, c’est le seul truc que les gens regardaient encore sur TF2. Alors forcément, maintenant qu’on l’a supprimée, l’audience chute... Ils vont regarder la pub sur France 1...

Marc-Antoine – Et nos fictions à la française ? Qui ont fait la réputation de notre chaîne et qui s’exportent dans le monde entier !

Donald lui lance un regard signifiant que là, il exagère un peu.

Marc-Antoine – Bon, je pensais surtout à la partie extrême-orientale du Benelux... Le Luxembourg, si vous préférez... Mais ne me dites pas qu’avant la suppression de la pub, personne ne regardait déjà plus les séries de TF2 ?

Donald – Oui... Pour patienter entre deux plages publicitaires...

Marc-Antoine – Dites-moi la vérité, pour une fois...

Donald – Je peux vous parler franchement ?

Marc-Antoine – Je ne vous ai pas embauché pour ça, c’est vrai, mais l’heure est grave.

Donald – À force de vouloir faire des séries consensuelles, on a fini par inventer les séries invisibles. En tout cas in-regardables. On voulait que nos fictions ne dérangent personne, elles ont fini par emmerder tout le monde... Vous les regardez, vous ?

Marc-Antoine – Je suis payé pour ça...

Donald – Voilà... Mais on ne peut pas payer des millions de téléspectateurs pour regarder nos fictions...

Marc-Antoine – Et dire que si j’étais né trente ans plus tôt j’aurais pu diriger l’ORTF... Pourtant, les auteurs sont très encadrés, aujourd’hui, je ne comprends pas.

Donald – C’est sûr... Pour un auteur qui écrit, on paye six conseillers de programmes pour lui dire que ce qu’il écrit c’est de la merde...

Marc-Antoine – Alors quel est le problème ?

Donald – Prenez la comédie, par exemple. C’est très difficile de faire rire un conseiller de programmes. Alors en faire rire six de la même chose, vous imaginez un peu...

Marc-Antoine – Et ils viennent d’où tous ces conseillers ?

Donald – Ça on n’a jamais su... Quand une vache pond une bouse, sait-on d’où viennent les mouches ?

Marc-Antoine – Il faut absolument qu’on trouve quelque chose tout de suite pour remonter la pente, Donald. Qu’est-ce que les gens regardent encore à la télé à part la pub ?

Donald – Le foot... Mais on a raté l’achat des droits cette année.. On n’a plus les moyens... Avec la suppression de la pub... On a pu se payer les Jeux Olympiques d’Hiver, mais apparemment, le tir à la carabine à plomb sur patins à glace n’a pas encore trouvé son public en France...

Marc-Antoine – Le foot ? Eh ben voilà ! On n’a qu’à remplacer dans nos fictions les comédiens par des footballeurs.

Donald – Des footballeurs ?

Marc-Antoine s’empare de L’Équipe que Donald tient toujours à la main.

Marc-Antoine – Tenez ! Celui-là, par exemple...

Donald (sceptique) – Il n’a pas marqué beaucoup de buts cette saison...

Marc-Antoine – Pourquoi est-ce qu’il voudrait faire l’acteur sinon ?

Donald (indécis) – Je ne sais pas...

Marc-Antoine – Si vous avez une meilleure idée... Je vous paye pour ça, non ?

Donald réfléchit.

Donald – Et si au lieu de nous épuiser à lutter contre la concurrence de France 1, on allait au bout de notre ligne éditoriale ?

Marc-Antoine – Je ne savais pas qu’on en avait une...

Donald – On arrête la fiction ! On montre la télé en train de se faire ! On pourrait appeler ça Télésurveillance, par exemple. On filme directement l’auteur en train d’écrire et de s’autocensurer. Les six conseillers de programmes en train de ne pas rire aux blagues qu’il n’a pas osé faire. Le degré ultime de la télé-réalité !

Marc-Antoine – Excellent, Donald, excellent ! J’ai toujours pensé que vous n’étiez pas un Mickey. (Il rit à sa propre blague.) Vous voyez, moi aussi je sais rire, quand je veux. Ça commence quand ?

Donald – Quoi ?

Marc-Antoine – Télésurveillance !

Donald montre les caméras de surveillance.

Donald – Ça a déjà commencé...

Noir.

ACTE 1

Le plateau d’une chaîne de télé dont le nom figure sur un panneau contre le mur du fond : Canal Plus Direct. Le plateau est pour l’heure vide, à l’exception d’une table basse sur laquelle sont posés trois micros. Un technicien arrive en bleu de travail. Il porte un fauteuil. Il inspecte les lieux pour vérifier qu’il est au bon endroit.

Gégé – Momo !

Momo (off) – Ouais ?

GégéUne Volonté, Un Destin, c’est bien le plateau numéro 2 ?

Momo (off) – Ouais.

Gégé – Ben faudrait s’affoler le minou là, on est à l’antenne dans un quart d’heure.

Gégé pose le fauteuil d’un côté de la scène. Momo, également en bleu de travail, arrive avec un autre fauteuil. Selon les besoins de la distribution, Gégé et Momo pourront indifféremment être des hommes ou des femmes (au look un peu masculin).

Momo – Eh, je ne suis pas Dieu, moi, je ne peux pas être partout. (Il pose le fauteuil en face de l’autre.) Et puis il n’y a pas le feu au lac. L’invité de l’émission est encore au maquillage…

Gégé – Elle est où, la caméra ?

Momo (désignant la régie) – Là-bas.

Gégé (interpellant la régie) – Ça va les fauteuils ? Plus au centre ?

Momo et Gégé rapprochent un peu les fauteuils.

Gégé – C’est qui l’invité, aujourd’hui ?

Momo – Un politicien.

Gégé – Qui ça ?

Momo – Je ne sais plus…

Gégé – À droite ou à gauche ?

Momo – Au centre, il me semble. Mais bon, maintenant, la droite, la gauche…

Gégé – Je te parle des fauteuils, abruti. Il va s’asseoir à gauche ou à droite, ton centriste ?

Momo – C’est ça le problème avec les centristes. On ne sait jamais d’avance de quel côté ils vont siéger…

Gégé – Tu crois vraiment qu’on a le temps de rigoler ?

Momo – D’habitude, l’invité du jour s’assoit là. Et les autres trous du cul s’asseyent en face de lui à tour de rôle.

Gégé – Et l’animateur ?

Momo – T’as raison, il manque un fauteuil.

Gégé – Ben ouais, il me semble… (Momo sort.) Il est con, lui.

Momo revient avec un fauteuil qu’il pose au centre entre les deux autres.

Momo – Et voilà.

Gégé – Tiens, assieds-toi là.

Momo s’assied à la place de l’invité et Gégé sur le siège de l’animateur.

Momo – OK. Je fais l’invité, alors.

Gégé (à la régie) – Tu nous entends, là ? OK. On fait un essai de micro. (À Momo) Alors, Monsieur Ducon de la Tronche en Biais, vous nous aviez promis pendant votre campagne électorale que les impôts allaient baisser et que...

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